Voilà qui est spectaculaire, il y a trois fois plus d’étrangers mis en cause dans des violences conjugales graves et homicides intrafamiliaux que de français ! C’est un de nos lecteurs sur la plateforme threads qui nous alerte dessus et qui a commencé à debunker lui même l ‘affaire tant ça paraît fou.
Je suis récemment tombée sur des statistiques qui me turlupinent et j’aimerais bien qu’on en parle ensemble.
Voilà comment « La lanterne », une militante d’extrême droite qui a percé sur la plateforme débute sa vidéo. Répondez à ça les gauchistes ! Ok, on vous prend au mot, on va y répondre.
D’où viennent ces chiffres
La lanterne
La lanterne c’est un compte qui se revendique identitaire et antiwoke très actif sur tous les réseaux sociaux. Et Threads l’a rapidement mis en avant dont notre fil, allez savoir pourquoi, peut être qu’on parle des mêmes thèmes. Les voies des algorithmes sont impénétrables.
On ne sera pas étonné de voir que son linktree (un agrégateur de liens, qui permet de faire une sorte de carte de visite en ligne) commence par un lien versl e dernier projet en date de Jean Messiha. Et si vous voulez voir sa vidéo, la voici.
Marc Vanguard
La lanterne cite le statisticien (data-analyste comme il se définit lui même) Marc Vanguard. Très actif sur Twitter (enfin X… ), il publie de longs threads avec plein de graphiques très clairs sur l’immigration essentiellement. Il ne semble d’ailleurs pas faire mystère de ses affinités politiques.
On retrouve le graphique utilisé par La lanterne dans un thread du 28 novembre. Le point numéro 3 évoque une surreprésentation des étrangers extra-européens. Il utilise pour se faire la brochure n°53 d’interstats dédiée aux violences intrafamiliales. Il s’agit ici des chiffres du ministère de l’intérieur, donc effectivement c’est solide !
Ce que disent ces chiffres
Ouvrons donc cette brochure ensemble…
La thèse de l’extrême droite
La thèse de la vidéo est limpide, les étrangers sont plus violents avec leurs femmes.
Il y a trois fois plus d’étrangers mis en cause dans des homicides intrafamiliaux que de français. c’est un ratio colossal ! Nous n’utilisons pas le conditionnel ici, la source est imparable.
Une seconde information dans ce document : 17% des violences conjugales ont été commises par des étrangers vivant en France. Alors qu’ils ne représentent QUE 8% de la population. Donc, il y a une surreprésentation, voilà c’est un fait.
Fermez le ban, les sources sont solides !
Et les Debunkers en disent quoi ?
Alors déjà ce rapport est passionnant. Il dit plein de choses que nous allons voir ensemble. Mais revenons d’abord sur ce chiffre de 36% des mis en cause seulement sont français. Le statisticien doit souvent se méfier des « données aberrantes », le genre d’anomalie qui jure dans un tableau ou pourtant les valeurs semblent relativement homogènes. Le doute s’installe, d’autant que la brochure explicative ne s’attarde pas sur cette valeur, il y aurait tant à dire.
Regardons donc une autre année, pour être certain ! En 2020, ce chiffre n’est pas disponible dans la base SSMSI (le site interstats en clair). Par contre en 2022, il l’est.
On trouve des données plus cohérentes. 82% des mis en cause dans des affaires de violences conjugales sont des ressortissants français, ce qui implique que 18% (ou 17% et des brouettes) sont étrangers. Notons au passage que Vanguard parle de ressortissants extra-européens ce que le rapport ne précise à aucun moment.
En d’autres termes, il s’agit très probablement d’une erreur dans le rapport 2021. Le chiffre de 36% est donc bidon. Merci Ockham et son rasoir.
Que dit le rapport ?
Oui regardons un peu ce que dit le rapport 2021 qui sert de matériau à nos influenceurs identitaires. Car il est très intéressant.
Il détermine qu’avant même le fait d’être étranger, immigré ou descendant d’immigré, il y a des critères déterminants : l’âge, le sexe et le degré d’urbanisation.
- 88% des mis en cause dans les violences intra-familiales graves sont des hommes. En terme de surreprésentation dans un groupe social donné, ça se pose là.
- Le rapport IA53 montre également une surreprésentation d’une classe d’âge : 70% des mis en cause ont entre 20 et 46 ans (50% ont entre 30 et 46ans). La population en France est de 68 millions, environ 24 millions ont entre 20 et 46ans, soit 35% de la population. Encore une surreprésentation.
- Enfin un dernier indice intéressant, c’est le déséquilibre entre les zones urbaines et rurales. Il y a une surreprésentation dans les villes moyennes, alors que les communes rurales sont très sous-représentées.
Nous avons donc dans ce rapport un chiffre intéressant, c’est la surreprésentation d’étrangers parmi les mis en cause. 17% quand la proportion d’étrangers est de 8% de la population. Et ce chiffre là n’est pas bidon. Alors comment on l’explique ?
Comme les victimes, la grande majorité des mis en cause
enregistrés en 2021 pour violence conjugale sont français
(83 %). La part des étrangers (17 %) est globalement supé-
rieure à celle des étrangers vivant en France (8 %), […]
Et bien par l’âge des étrangers vivant en France. Les immigrés (au sens de l’INSEE, étrangers vivant en France ou naturalisés) arrivent sur le territoire en majorité à l’âge de travailler. Ainsi, regardons l’immigration extra-européenne qui est principalement une immigration de travail. La surreprésentation sur ces classes d’âge est flagrante : 46% des immigrés venant d’Afrique et d’Asie ont entre 18 et 46ans, pour 31% de non immigrés pour cette seule classe d’âge.
Pour nous, c’est clair. Ce sont les hommes d’une classe d’âge qui se montrent plus violents. Et c’est précisément cette classe d’âge qui est représentée de façon plus importante parmi les étrangers. La superposition des deux facteurs créent effectivement un gonflement de cette statistique. Ajoutons à ça la concentration en zone urbaine, la promiscuité, etc… On explique effectivement la délinquance par la sociologie et la socio c’est beaucoup de stats. Foutus gauchistes !
Conclusion
Donc c’est bidon. Ce schéma impressionnant repose sur des chiffres faux. Et si on creuse un peu, il y avait matière pour les fafs d’exploiter le second chiffre qui montre une surreprésentation des étrangers dans les violences conjugales, mais là encore il s’explique. C’est beaucoup moins spectaculaire, et surtout c’est à double tranchant.
Mais surtout ce rapport amène des informations importantes. D’abord, ces chiffres ne reposent que sur des dépôts de plainte. Certaines disparités peuvent alors être expliquées par les non dépôts dans certaines zones ou certains milieux. Et il n’y a pas de quoi s’en féliciter. C’est l’objet de l’enquête Genese menée par le ministère de l’intérieur et ses conclusions sont toujours aussi inquiétantes. Une victime sur quatre ne porte pas plainte.
Le rapport exprime également clairement que si les chiffres augmentent, ils concernent également des faits parfois plus anciens. Effet direct d’une libération de la parole (notamment avec le mouvement #metoo), et ça c’est une excellente nouvelle.
Quoiqu’il en soit, debunked !
En savoir plus :
- L’ensemble des stats du rapport « cadre de vie et sécurité » du ministère de l’intérieur
- Le site de Noustoutes qui synthétise de nombreux chiffres sur la question des violences faites aux femmes.