Haro sur l’USAID ! Sus à la corruption au sein de l’institution !!! Elon Musk, à peine aux responsabilités, prend les choses en main et démantèle l’agence, véritable nid de conspirateurs.
Enfin… ça c’est le récit qu’en font les MAGA, ces fans de Trump.
Et justement, c’est un récit, une façon de raconter les choses. La grande réussite de Trump est d’avoir imposé le concept de post-vérité où les théories farfelues deviennent des « réalités alternatives », au même rang que n’importe quel consensus scientifique. Les USA ne sont pas allés sur la lune ? Au nom du premier amendement et du sacro-saint Freespeech, vous avez le droit de le dire ! Et avec la post-vérité, un tweet vaut tout le corpus de la NASA sur le sujet.
![photo tente USAID daesh terrorisme](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/usaid_terrorisme.jpg)
Il faudrait vivre dans une grotte coupée du monde pour avoir loupé la seconde élection de Donald Trump. Le 20 janvier, lors de son investiture, il exécute l’une de ses promesses : signer des tas de décrets. Parmi ceux là, celui qui acte la création d’une commission pour l’« efficacité gouvernementale » (Ou DOGE pour « Department of Government Efficiency ») confié à Elon Musk qui venait de s’illustrer par un salut nazi un lancer de cœurs à la foule.
Et le milliardaire, gonflé à bloc par sa nouvelle situation, n’a pas tardé à s’en prendre aux institutions américaines. Et notamment à l’USAID.
C’est quoi l’USAID ?
L’USAID, kézako !? Officine pédo-sataniste ou parangon de l’humanitaire ?
Présentation de l’USAID
Commençons par un peu d’histoire. À la fin de la seconde guerre mondiale, les USA déploient une aide à la reconstruction. C’est le plan Marshall qui va injecter des milliards dans une Europe exsangue. Les américains sont sympas, mais faut pas pousser mémé dans les orties, tout ça n’est pas gratuit. Les USA ont des tas de marchandises à écouler, et les prêts concédés vont permettre au pays de devenir la première puissance économique mondiale, avec une influence inédite.
En 1961, le président JFK crée la United States Agency for International Development ou USAID par décret. Son rôle est de financer et encadrer des projets de développement de par le monde. Entendons-nous bien, là non plus, le but n’est pas complètement désintéressé. L’agence est un relais d’influence. Elle distribue du riz et des médicaments en cas de catastrophe, mais a un rôle dans le développement culturel et de la démocratie.
Ces deux mots doivent être précisés : les projets soutenus par USAID ne doivent jamais contrevenir aux valeurs des USA. En ce sens, il devient évident que Washington trouve ici l’occasion d’assoir son influence au travers de la distribution de capitaux. Le pays a donc ici un outil de soft power, en renfort de l’inondation culturelle (les films, la musique, tous les phénomènes culturels et artistiques nous venant d’outre-Atlantique).
Rappelons tout de même que le pays n’a jamais rechigné à utiliser des outils beaucoup moins subtils pour assoir cette même influence, en utilisant des tactiques de renversements, en particulier en Amérique latine.
Comment on en arrive là !?
Quand Elon Musk s’en prend frontalement à USAID, c’est une demi-surprise.
Tout d’abord, il faut rappeler une chose. Donald Trump a fait campagne sur certains thèmes. USAID n’en était pas un, ou en tous cas pas directement ; il faut entendre ici qu’il a axé sa campagne sur l’immigration en premier lieu, puis une baisse drastique de la dépense publique.
Autant dire que le développement international ne faisait pas le poids face à la machine MAGA et son « America first » inspiré de Ford.
Mais l’agence n’est pas un sujet central du parti républicain. Il la critique mais pas point de la tailler en pièces dès le premier jour.
Cette tâche d’équarrisseur de l’institution a été confiée à Elon Musk dont le zèle dans la campagne n’a d’égal que ses outrances sur son propre réseau ou non. Nous avons ici le firmament de la politique menée par les businessmen ; le triomphe du « quand on veut, on peut » et d’autres conneries performatives de ce genre.
Une campagne parallèle
En revanche, c’est intéressant de voir une espèce de campagne parallèle menée par des influenceurs. Il ne faut pas sous-estimer le poids des plateformes dans des élections (Souvenons nous de Cambridge Analytica ou des élections roumaines). Et justement, dans ces dernières élections, les réseaux sociaux ont été des relais d’importance, à commencer par Twitter… et Elon Musk, lui-même n’a pas ménagé ses efforts.
Il faut surtout aller chercher sur les canaux conspirationnistes abreuvés au discours QAnon et qui vouent une dévotion à Musk pour y trouver des traces. Musk lui-même n’en parle que très peu avant le 2 février. Par conséquent, avant l’investiture, le 20 janvier, tout le monde s’en cogne à part quelques hurluberlus.
À partir de l’annonce le 3 février de faire des coupes sévères dans l’USAID en premier, c’est l’effervescence dans les relais du trumpisme. Comme Joe Rogan, ci-dessous.
Une purge
Chaque élection est suivie de son renouvellement du cadre politique, dans un mode de fonctionnement plus brutal qu’en France. Le DOGE devra être spectaculaire, offrir du sang et des larmes à un public qui n’en attend pas moins. Dans le contexte normal américain, remplacer la direction est plutôt classique. Dans le contexte Trump, ce sera de ne garder que 300 employés sur les 8000, et de couper le site Internet tout en accusant l’institution de tout et surtout de n’importe quoi.
![capture site usaid](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/Capture_usaid_site.jpg)
Le coup porté à l’USAID est aussi un coup porté à certaines personnalités démocrates. Par exemple, le sénateur du Maryland Jamie Rifkin a pris publiquement la défense de l’institution. Ce progressiste a non seulement revendiqué l’importance du programme pour les droits LGBT+ dans le monde, mais en plus de ça, il est l’un des sénateurs démocrates qui ont participé à la commission d’enquête sur l‘attaque du 6 janvier sur le Capitole. Autant dire qu’il est l’incarnation du mal dans l’imaginaire MAGA.
Les narratifs autour de l’USAID
Pour l’essentiel, ces accusations viennent de la liste livrée à la presse par la porte parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
Nous pouvons traduire ceci par « la liste des dépenses frauduleuses/crapuleuses » de l’USAID. Et cette liste, la voici :
Here is the list Leavitt brought to the briefing.
1.$2 million for sex changes and “LGBT activism” in Guatemala.
2.$6 million to fund tourism in Egypt.
3.Spent $20 million on “Ahlan Simsim” — a new Sesame Street show in Iraq.
4.Over $4.5 million to “combat disinformation” in Kazakhstan.
5.Up to $10 million worth of USAID-funded meals went to al Qaeda-linked terrorist group the Nusra Front.
6.$500,000 to group that “empowers women” in an attempt to solve sectarian violence in Israel just 10 days before Hamas’s Oct. 7 attacks.
7.Awarded nearly $25 million to Deloitte to promote green transportation in Georgia (the country).
8.$4.67 million to EcoHealth Alliance, one of the key nongovernmental organizations funding bat virus research at Wuhan Institute of Virology, in late 2021. Later refused to answer key questions about the funding.
9.$20 million for the Strengthening Transparency and Accountability through Investigative Reporting program which used the Organized Crime and Corruption Reporting Project as its implementing partner. The OCCRP was cited four times in the whistleblower letter that led to the Russiagate impeachment.
10.USAID’s 2022-2030 climate strategy outlined a $150 billion “whole-of-Agency approach” to building an “equitable world with net-zero greenhouse gas emissions.”
11.$7.9 million to a project that would teach Sri Lankan journalists to avoid “binary-gendered language.”
12.$1.1 million to an Armenian LGBT group.
13.$1.2 million to the African Methodist Episcopal Church Service and Development Agency in Washington, D.C., to build “a state-of-the-art 440-seat auditorium.”
14.$1.3 million to Arab and Jewish photographers.
15.$1.5 million to promote LGBT advocacy in Jamaica.
16.$1.5 million to “rebuild” the Cuban media ecosystem.
17.$1.5 million for “art for inclusion of people with disabilities.”
18.$2 million to promote “LGBT equality through entrepreneurship … in developing Latin American countries.”
19.$2.1 million so the BBC can strengthen the media ecosystem in Libya, “designed to value the diversity of Libyan society.”
20.$2.3 million for “artisanal and small-scale gold mining” in the Amazon.
21.$2.5 million to promote “inclusion” in Vietnam.
22.$3.9 million to LGBT causes in the Western Balkans.
23.$5.5 million to LGBT in Uganda.
24.$6 million to advance LGBT in “priority countries around the world.”
25.$6 million to “Transform Digital Spaces to Reflect Feminist Democratic Principles.”
26.$6.3 million to men who have sex with men in South Africa.
27.$8.3 million for “USAID Education: Equity and Inclusion.”
28.Another $16.8 million to a separate group in Vietnam for “inclusion.”
https://www.washingtonexaminer.com/news/white-house/3311863/usaid-long-list-crap-karoline-leavitt-wasteful-spending/
Nous avons également suivi les narratifs émis par la complosphère francophone.
La corruption
Donald Trump a beaucoup utilisé ces narratifs autour de la corruption : corruption des esprits, des élites, des institutions. Au final, le mot est tellement utilisé par son camp qu’il en perd son sens. On comprend quand même qu’il dénonce la corruption morale, ça évite de devoir prouver des allégations lancées au pif.
Très concrètement, dans le domaine de la coopération internationale, la corruption est une variable qu’il faut intégrer au mode de fonctionnement. Mais pas la corruption au sein de l’agence, plutôt dans les relais locaux. Si tant est qu’on puisse encore se permettre de savourer l’ironie en ces temps plutôt sombres, c’est l’USAID qui, en 2021, dénonçait la corruption en Éthiopie, jusqu’à mettre fin à son programme en 2023.
Péril woke sur l’Amérique latine
L’obsession entretenue par les MAGA sur les personnes transgenres et le wokisme fut l’un des moteurs de la campagne. Une bonne vieille panique morale conservatrice, certes, mais qui a amené l’agent orange à nouveau dans le bureau ovale.
C’est bien joli de le dire, mais encore faut-il le prouver. Dans la liste de Leavitt, on trouve des financements à des budgets de fonctionnement d’associations LGBT. Ça défrise évidemment les réacs, mais rien de scandaleux.
En revanche, notre complosphère française va retenir un cas évoqué à l’oral, l’opéra de Bogota.
Un opéra trans en Colombie ?
![capture au bon tweet wokisme](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/Capture_telegram_aubontweet.jpg)
L’affaire a été traitée par le média PinkNews, et l’explication est croquignolette :
Leavitt faisait référence à une production de 2022 d’un opéra appelé As One, un opéra de chambre de la compositrice américaine Laura Kaminsky, qui se concentre sur le voyage intérieur d’Hannah, une femme transgenre, et son processus de découverte personnelle depuis son enfance dans une petite ville.
Trois représentations de As One ont été mises en ligne à Bogota, en Colombie, en mars et avril 2022, grâce à une coproduction entre La Compaa Estable et l’Université los Andes.
Le chiffre de 47 000 dollars cité par Leavitt semble être lié au fait qu’Universidad De Los Andes à Bogota a reçu 25 000 dollars au titre d’un programme du Département d’État alloué à « l’expansion et le renforcement des relations entre le peuple et le gouvernement des États-Unis et les citoyens du reste du monde ».
Les 22 000 dollars restants pour la production n’ont pas non plus été financés par le gouvernement fédéral, selon NOTUS, une publication de Washington du Allbritton Journalism Institute, non partisan, à but non lucratif.
Traduction auto de l’article No, the US Agency for International Development didn’t fund a transgender opera in Colombia
Du point de vue réac, ce n’est donc même pas l’exemple le plus efficient. Mais il est surtout faux, USAID n’a rien à voir dans ce cas précis.
DEI en Serbie
Un autre narratif qui revient régulièrement, ce sont les 1.5 millions de dollars alloués à la DEI en Serbie. L’acronyme de « Diversité, équité et inclusion » (transparent en anglais) hérisse littéralement les MAGA. Il n’y a pas grand chose à en dire, si ce n’est que USAID continue de financer des programmes dans les Balkans, et donc, dans une Serbie où les poutinophiles pullulent.
Pourtant, le raccourci serait néfaste : la Serbie est tiraillée entre différents pôles. L’extrême droite lorgne sur Moscou, quand une majorité des serbes demande plus de libertés et de démocraties, un programme plutôt en phase avec la ligne américaine précédente.
Les opérations clandestines
Un outil de soft power comme faux nez des activités de la CIA, voilà comment résumer le narratif utilisé ici. Il y a un paradoxe qui relève du syncrétisme : la suprématie US dépend en partie des saletés de leurs agences qui ont largement œuvré dans des déstabilisations (en Amérique latine à l’époque Reagan par exemple). Depuis 2001, la CIA a déployé d’immenses moyens dans la lutte contre le terrorisme.
C’est là que le bas blesse. Considérons que le Watergate est un point de bascule ; la CIA est aussi au cœur de l’imaginaire complotiste. Un bon complot mobilise au moins des poncifs antisémites ou la CIA (voir les deux, mais là c’est grand luxe). Rendre la suprématie à l’Amérique en s’en prenant à la CIA est tout de même assez difficile à admettre, d’un point de vue tactique, à nos yeux.
Pour résumer, la CIA est vue comme un état dans l’État, donc un concurrent à l’Amérique de Trump.
![meme DOGE USAID](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/usaid_meme.jpg)
Que des services secrets scrutent les activités d’une autre agence n’est pas tellement étonnant, en particulier pour USAID qui agit dans des pays en tensions, admettons. Mais de là à dire que USAID est un faux nez de la CIA, il y a un monde.
Justement, cette théorie se retrouve tant dans le milieu QAnon que dans les canaux de certains proxys russes, comme par exemple ce site en .az (extension de l’Azerbaïdjan). Le contenu est un condensé d’un podcast de Joe Rogan, rallié à la cause MAGA et déjà évoqué plus haut, qui fait son miel de ce genre de polémiques.
Un site russophone qui relaie ses théories en anglais, on comprend immédiatement à qui ils s’adressent.
Financement du terrorisme
« Up to $10 million worth of USAID-funded meals went to al Qaeda-linked terrorist group the Nusra Front. »
Là, ça confine à la mauvaise volonté. Al Quaeda a volé pour plus de 10 millions de $ de nourriture et c’est USAID qui en devient responsable. Il n’y a pas grand chose à gratter ici, si ce n’est en tordant les faits (voir la photo d’illustration de l’article).
Combien de millions en armes l’EI a récupéré à Mossoul, tout au frais du contribuable de l’Iowa ? Voilà comment retourner cet argument, le procédé n’en demeure pas moins assez capillotracté.
L’Ukraine
Il est parfaitement logique de retrouver l’Ukraine comme raison du courroux trumpiste. L’agence y finance des programmes depuis longtemps. On ne va pas se mentir, ce n’est pas du luxe. Il faudrait également être de mauvaise foi pour dire qu’il n’y a pas de corruption dans le pays. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le clan russophile au pouvoir jusqu’en 2014 était appelé « la mafia de Donetsk ».
Ici, nous avons le canal Telegram Kompromat, tenu par Alexandre Keller qui reprend cette théorie : les biolabs en Ukraine est un narratif complotiste déjà largement utilisé avec l’affaire Hunter Biden. Aucune surprise de voir un propagandiste pro-russe utiliser les paniques morales américaines, catalysées par les enjeux de politique intérieure (ici, c’est RFK Jr, expert en la matière, qui s’en charge chez Tucker Carlson).
Nous avons donc tous les ingrédients : Biolabs, CIA et… un soupçon d’antisémitisme.
Rappelons, à toutes fins utiles, que la Russie a expulsé USAID en 2012.
Ou encore cette proposition très hollywoodienne sur le versement d’argent à des stars pour acheter leur soutien. Aucune dignité ces acteurs.
![capture usaid stars](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/Capture_telegram_bbptv01.jpg)
Faut pas s’étonner que l’armée ait détruit leurs maisons de Los Angeles avec des lasers (ou alors c’est pour effacer les preuves dans l’affaire P Diddy).
Covid 19
« $4.67 million to EcoHealth Alliance, one of the key nongovernmental organizations funding bat virus research at Wuhan Institute of Virology, in late 2021. Later refused to answer key questions about the funding. »
Reconnaissez que là, ils font fort ! Ecohealth alliance est une ONG qui étudie les menaces infectieuses. Et devinez quoi ? Ils ont étudié des zoonoses de la chauve-souris à…. Wuhan, épicentre probable de la pandémie de Covid.
Le financement dans la recherche est un monde particulier. Mais alors quand il rencontre celui des complotistes, ça fait des étincelles. On retrouve l’accusation de compromission avec la CIA, dont on se demande si aux yeux des complotistes, l’agence ultra-secrète est encore une agence américaine… Et puis paf, ça fait des Chocapic.
Très rapidement, on en arrive à cette formulation : USAID a financé la création d’une arme bactériologique.
![](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/Capture_telegram_canal17.jpg)
La fonctionnement est circulaire. Chacun se repartage jusqu’à Musk, et si Musk le partage alors tout le monde le repartage. Des preuves ? Rien, nada, walou.
Politico
Politico est un média de référence dans le monde politique. Dans ce cadre, il s’en est régulièrement pris à Trump. Tout part d’un tweet d’un certain Kyle Becker. L’affaire a été debunkée ici, et nous en parlions sur Bluesky. Pas de 8.2 millions de dollars, juste un abonnement et pas pour 8,2 millions de dollars.
![capture x usaid politico](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/capture_poulin.jpg)
Mais l’affaire tourne (et retourne) et fini par être utilisée par Karoline Leavitt. De la rumeur à la Maison Blanche… à la rumeur. Circulaire, on vous dit.
Conclusion(s) : des effets dévastateurs
USAID, c’est un budget de 42,8 milliards. Les sommes évoquées dans cette liste, quoiqu’on pense de la nature de ces dépenses, restent marginales.
![capture musk twitter psy op](https://www.debunkersdehoax.org/wp-content/uploads/2025/02/Capture_musk01.jpg)
Mais ça suffit à dézinguer l’ensemble de l’institution. Et ça va avoir des effets dévastateurs :
- D’abord sur l’institution elle-même. La colère est grande chez ceux qui y travaillent. Même si c’est inaudible pour le DOGE et ses supporters, c’est une logique court-termiste. C’est d’abord se séparer de beaucoup de compétences, mais également de perdre un outil d’influence.
- Le premier pourvoyeur d’aide dans le monde coupe le robinet d’une traite, ce qui laisse beaucoup d’organisations inquiètes. La question de l’aide humanitaire ne peut pas être débattue pendant six mois, c’est souvent une urgence constante. Les tergiversations de Washington risquent d’avoir un coût humain.
- Ce retrait soudain risque de faire une place pour de nouveaux acteurs en recherche d’influence : Chine, Russie…
Quelles leçons en tirer ?
- Sur la forme : les milieux complotistes alimentent la tête de l’État, qui alimente les gros comptes… qui valent pour validation pour les milieux complotistes. C’est le scénario du pire, les théories de la complosphère ne sont plus contraintes à ce seul milieu, condamnées à agir par porosité, elles atteignent directement le sommet du pouvoir.
- Sur le fond, nous voyons un changement de paradigme se profiler : l’impérialisme US ne disparaît pas, il change de forme. Il y a une certaine arnaque ici. En prétendant en finir avec la mondialisation, les USA annoncent un repli sur soi du pays. Difficile de croire que les américains renoncent à leur influence pour autant, la façon de faire risque donc de changer.
Musk a annoncé la suite : D’abord la FAA, l’agence de l’aviation civile. Trump avait dénoncé l’impact de la DEI dans l’agence, expliquant selon lui, deux crash en 48h. Puis, ce sera au tour de la CIA. Ensuite, la FDA (food and drugs administration, notre DGCCRF). Difficile d’imaginer qu’il va licencier tous les employés de toutes les agences américaines. Les économies seront là, à n’en point douter, mais cette obsession libertarienne contre l’administration risque de créer de sacrés manques sur le long terme, à l’heure où le pays doit envisager de grands chantiers sur ses infrastructures vieillissantes.