Qu’est ce que c’est cette histoire de maire d’Alep dont Thierry Mariani s’est fait l’écho?
Il est une fange, pardon frange, de la droite qui n’a eu de cesse ces dernières années de se rapprocher de l’extrême droite. Nous appelions cela les « droites extrêmes ». Et pour certains ils s’en sont tellement rapprochés qu’il devient difficile de distinguer le bleu du brun. Thierry Mariani est de ceux là.
Thierry Mariani, un ami des dictateurs
Sa frénésie d’amendements (deux mille huit cents en six ans)/projets de lois fumeux aux plus craspects est connue:
- Exonérer les congrégations religieuses des 35 heures
- Réglementation des rave parties
- Autorisation de recours aux tests ADN lors de la délivrance des visas de plus de trois mois au titre du regroupement familial, en cas de doute sérieux sur l’authenticité de l’acte d’état civil (amendement supprimé en commission au Sénat) ;
- Autorisation de statistiques raciales et ethniques. Rejeté car inconstitutionnel ;
- Division par deux du délai de recours pour les demandes d’asile (amendement no 69, article 9, du 17 septembre 2007) ; amendement adopté ;
- Interdiction d’hébergement d’urgence « aux personnes en situation irrégulière » (repris dans les médias par la désignation « SDF sans-papiers »). (amendement no 209, article 18, du 17 septembre 2007) ; amendement adopté dans un premier temps par l’Assemblée nationale, puis supprimé par le Sénat.
Mais il est aussi remarqué pour un voyage très controversé en Irak, avec des personnes non moins controversées. Le tropisme des extrêmes droites/droite extrèmes pour les régimes baasistes dictatoriaux ne ‘est jamais démenti puisqu’on le retrouve encore aujourd’hui à faire l’apologie du boucher assad. Le FN/RN jamais non loin non plus de ce genre de relations…
Il fallait bien qu’un jour nous l’épinglassions (à l’imparfait du subjonctif). Et bien c’est chose faite suite à notre rencontre virtuelle de ce 5 décembre.
Ce jour là, un de nos contacts nous a averti sur une publication assez curieuse du sieur sus cité et que voici (la publication, pas le monsieur):
Souvenir…Il y a exactement 2 ans,la FakeNews type ! Média et pouvoir nous présentaient partout un “Maire d’Alep Est’’ pour nous décrire la situation de cette ville. 2 ans après,on sait (comme je le disais alors)que ce personnage n’avait JAMAIS été Maire!
Un peu sceptique, nous sommes allé jeter un coup d’œil aux articles de la presse mainstream sur ce fameux « maire ». Et sans aller plus en avant, nous avons pu en conclure que non, la plupart de ces médias ajoutaient des guillemets à cette appellation ou bien expliquaient dans l’article qui était réellement ce monsieur. M. Mariani nous a alors pris au mot et répondu.
Petit échange qui a pris cette tournure:
Debunkers: « »Partout »? Non, la plupart mettaient des guillemets à cette appellation en en expliquant le sens. Pour le coup, c’est vous qui faites une
#FakeNews. Mais en même temps venant de vous nous sommes habitués. »T. Mariani: « Eh….je les cherche les guillemets !!! Mais, la manipulation étant aujourd’hui connue, vous allez me dire que je l’ai rêvé. Petits rappels ….et regardez ou écoutez les passages TV ou radio … . Les guillemets étaient bien rares »
Maire ou pas maire d’Alep ?
Et pour le coup, M. Mariani accole sa réponse à 4 captures d’écran qui étaient censées illustrées la véracité de ces dires. C’est là que cela se corse… Parce que nous sommes allé vérifier dans les dis articles eux-mêmes qui, de Mariani ou nous, avions raison… Voyons donc voir ensemble… Rappelons que nous affirmons que les fameux articles, PUR LA PLUPART, expliquaient dans l’article lui -même ce qu’il en était réellement.
Ça commence bien mal pour notre Mariani national… En effet, on trouve bien dans l’article une explication du rôle de M. Brita Hagi Hassan:
Rien à redire c’est très clair.
Debunkers 1/ Mariani 0
Décidément…
Explication dans l’article claire nette et précise « équivalent du maire ».
Debunkers 2/Mariani 0
« Président du conseil communal d’Alep Est »… CQFD
Debunkers 3/Mariani 0
Et pour finir:
Cette fois rien à redire, point pour M . Mariani:
Debunkers 3/Mariani 1
Il semble que la mission soit réussie pour les Debunkers qui affirmaient que la plupart des médias mainstream mettaient des guillemets et expliquaient ce qu’il en était dans l’article. C’est parfois très court (France Inter), mais c’est dit.
Maintenant intéressons nous au fond. Mais pourquoi M. Mariani veut il ABSOLUMENT contester à M. Brita Hagi Hasan, le titre de « maire d’Alep Est »?. Comme M. Mariani ne nous donne pas d’explication, extrapolons.
Quel est le rôle de ce monsieur Brita Hagi Hasan?
L’article de Télérama, cité au dessus, est très explicite.
« Quand l’Armée Syrienne Libre reprend la partie Est d’Alep, à l’été 2012, il revient et crée avec d’autres amis le « Collectif des ingénieurs libres. » Leur travail : faire l’inventaire de toutes les destructions et lancer des travaux d’infrastructure et de reconstruction. C’est la face civile de la révolution, peu montrée dans les médias. Pendant ces premiers travaux, les ingénieurs constatent un manque patent de structures administratives. Les écoles, les réseaux d’électricité, l’eau, les soins médicaux : il faut définir ce qui est urgent, ce qui ne l’est pas. Organiser. »
On a beau se gratter la tête, mais force est de constater que ce dont s’occupe ce conseil est bien du travail « communal »…
Est-ce que cette personne serait autocrate et non élue? Que nenni:
« Ils forment donc un conseil local, sorte de mairie de fortune, non élue, en août 2012, puis des conseils de quartier cette fois-ci élus par les habitants. « C’est une expérience démocratique, sourit Brita Hagi Hassan. Des élus n’avaient jamais œuvré avant en Syrie. » Le conseil de la ville d’Alep est le plus ancien. Il est créé officiellement le 4 mars 2013, administre les 70 % de la ville d’Alep tenus par la rébellion et deux millions d’habitants. »
Et pourtant c’est -en partie- ce que dénonce M. Mariani. Il y a un an, quasi jour pour jour, il twittait le même genre d’infox depuis une autre grande démocratie: la Chine (en même temps soyons honnête, il était député en 2012, de la 11 ème circonscription des français de l’étranger, circonscription qui comprend la Chine).
Conclusion
Ne soyons pas naïfs, au milieu d’une guerre civile un processus démocratique est quasi nécessairement entaché d’erreur. Mais c’est tout de même un processus démocratique difficile à nier. Du coup, il n’y a plus vraiment de maire à Alep monsieur Mariani.
Le souci, c’est que M. Mariani est solidement ancré sur la position du tsar du Kremlin. Un autre grand démocrate… D’ailleurs, la Crimée, c’est très cool, depuis que Poutine y a foutu ses talons de bottes.
D’ailleurs, Saddam était cool, Poutine est trop cool, Assad est super cool…
La position du Kremlin sur la révolution Syrienne est la même que le régime de Damas: pas de révolution, que des terroristes. On comprend un peu mieux les dires de M. Mariani, COMME les réfugiés d’Alep Est sont des terroristes, pas d’administration légale, pas de maire. Le seul pouvoir légal est celui de Assad.
C’est un peu la position que l’on aurait eu pour nier toute représentativité à de Gaulle et aux français libres réfugiés à Londres. Le seul gouvernement légal, c’est Pétain et Vichy…
[-On sait, on sait- … « reductio ad hitlerum », « point godwin », tout ca, tout ca; et ben désolé nous n’avons pas trouvé d’exemple plus parlant. Fin de la parenthèse.NDLR]
Ceci étant dit, si nous recevons un point godwin attribuons un point daesh à T. Mariani qui affirme -sans preuves- l’affiliation de Brita Hagi Hassan à al nosra/daesh. Alors que celui ci le nie complètement.
Bref, tant sur le fond que sur la forme, pour dénoncer les infox des médias mainstream, M. Mariani devra travailler un peu plus son sujet.