Connaissez-vous cette page?
Page humoristique qui casse les fachos sur leur façon unique de massacrer la langue française au nom du travail, de la famille et de la patrie (mais pas des droits de l’homme).
Elle nous a immédiatement fait penser à cette histoire de « réforme de l’orthographe » vue par les fafs. Oh disons-le de suite, nous ne sommes pas (et l’auteur de ce billet en particulier) exempts de fautes d’orthographes rédhibitoires. Mais nous ne poursuivons pas les fachos sur le sujet, sauf lorsque cela deviens complètement incompréhensible ce qui est au final très courant chez eux.
Nous avons, comme vous, subit cet acharnement de ce buzz inutile depuis plusieurs jours. L’affaire étant entendu, franchement, il y a d’autres problèmes plus graves que celui ci non? Ou dit autrement:
Cependant, l’élite facholistique de ce pays ne pouvait pas passer à coté de dire, comme à leur habitude, n’importe quoi. Comprenez les, depuis que Taubira est partie, ils ne leur restent plus que Vallaud Belkacem comme tête de turc. Et c’est pourquoi il lui ont collé cette soit-disant réforme sur le dos.
Et c’est l’UNI qui s’y est collé, avec les relais habituels.
La plus étrange est celle de J.Y. Le gallou par l’intermédiaire de l’inévitable et navrant « la gauche m’a tuer ». On se demande ce qu’il est venu faire dans cette galère. Lui un des pontes de l’extrême droite se retrouver à défendre une improbable rumeur sur un site aussi minable que la « gauche m’a tuer »… Et avec des arguments aussi improbables que sur le site de l’UNI:
1) Ce qui déjà démonté par les médias mainstream
Mais rappelons le et balayons de suite les saletés de ces textes et une bonne fois pour toute.
Non, cette « réforme » n’en est pas une. Oui elle va supprimer DES accents circonflexes, DES traits d’union et certains particularismes (nous y reviendrons plus tard), et non celle ci n’est pas imposée par Vallaud Belkacem:
- http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/02/04/non-l-accent-circonflexe-ne-va-pas-disparaitre_4859439_4355770.html
- http://www.liberation.fr/france/2016/02/04/reforme-de-l-orthographe-ce-qui-change-vraiment_1431009
- http://www.liberation.fr/desintox/2016/02/08/reforme-de-l-orthographe-les-contreverites-continuent_1431878
- http://www.lexpress.fr/education/revision-de-l-orthographe-une-manipulation-grossiere_1760437.html
Affirmons le donc une bonne fois, Vallaud Belkacem est juste un bouc émissaire dans cette insignifiante histoire!
Et cela continue car ce jour Luc Chatel vient d’affirmer une nouvelle contre-vérité:
Si cette réforme, décidée par l’Académie française en 1990, fait aujourd’hui parler d’elle, c’est parce que les éditeurs de manuels scolaires ont décidé de tous l’appliquer et de l’inclure dans leurs livres pour la rentrée prochaine. Mais dès 2008, un Bulletin officiel de l’Éducation nationale rappelait que « l’orthographe révisée est la règle ». Le président de la République d’alors était Nicolas Sarkozy et le ministre de l’Éducation nationale, Xavier Darcos. Luc Chatel, qui prendra sa succession en juin 2009, ne le conteste pas.
Mais cela ne l’empêche pas d’affirmer, sur France Inter :
– Luc Chatel : Moi je considère que c’est pas une priorité aujourd’hui et c’est pas tout à fait la même chose que de le citer dans un bulletin et d’en faire une des mesures de la réforme du collège, voilà.
– Patrick Cohen : Ah non, c’est pas une mesure de la réforme du collège…
– Luc Chatel : C’est dans le cadre de la réforme du collège, voilà. Donc moi je suis pas favorable à cette évolution, je pense qu’il y a d’autres priorités aujourd’hui pour l’école.
Ce qui est faux. Non seulement le gouvernement actuel n’est pour rien dans la résurgence de la polémique autour de cette réforme, mais la nouvelle orthographe ne concerne pas que les programmes de collège.
Nous citerons, à l’instar des Enragés cet article qui vous éclairera sur le fond de cette histoire:
http://lachaisepliante.canalblog.com/archives/2016/01/29/33287865.html
2) Les protagonistes
L’UNI vous connaissez? « L’Union nationale inter-universitaire » est LE gros syndicat universitaires des droites dont la devise est « Par l’éducation, pour la nation ». Ca claque comme une pub de mac donald.
Cékoica?
En principe un syndicat universitaire « indépendant », mais qui ne se cache pas de ses accointances directes avec l’UMP/LR comme le rappelle cette archive de février 2007 de sud ouest:
En fait, l’UNI est plutôt un syndicat des droites extrêmes tant sa porosité avec des fachos bon teint est visible:
Par la suite, l’UNI entretiendra des relations extrêmement étroites avec le MIL – Mouvement Intiative et Liberté – (même responsable national, Jacques Rougeot, et même adresse) créé en 1981, mais surtout actif à partir de 1986, qui, à la différence du SAC, a pignon sur rue et se veut un mouvement de réflexion, non un service d’ordre… Le MIL, qui existe toujours aujourd’hui, fait figure de lobby très conservateur et ultradroitier au sein de la mouvance gaulliste. Dès sa création, il constitue « un curieux laboratoire idéologique où se croisent les influences hétérogènes de la droite libérale (façon reaganisme années 1980), d’un catholicisme réactionnaire et d’un gaullisme rigide. On y sert un discours musclé sur la préférence nationale, le combat contre l’avortement, la défense de l’école libre, le rejet des valeurs ‘gauchistes’, un ensemble qui n’a rien à envier au programme frontiste ». (François Audigier)
Passerelles
Des militants qui ont fait leurs classes à l’UNI tel Eric Raoult se retrouvent aujourd’hui encore au MIL.
Des passerelles vont exister avec les militants d’extrême droite dans les facs et notamment le GUD (extrême droite radicale), lequel affiche, pourtant, en privé son mépris pour les « droitards ». Il y aura ponctuellement des flirts plus ou moins poussés, et parfois des listes communes dans certaines universités. L’UNI participera dans les années 1980 à des actions musclées dans les facs, avec le renfort du GUD sans lequel elle n’aurait pas eu le rapport de forces sur le terrain.
Peu habitué aux implantations de ce style, le FN par l’intermédiaire du Front national de la Jeunesse (organisation créée en 1974 mais qui vivotera jusqu’à la percée de Le Pen) préfère dès 1987 infiltrer l’organisation de droite-extrême, très proche du RPR, qu’est l’UNI (Union nationale inter-universitaire). Cette stratégie permettra de prendre conscience des réalités du milieu éducatif, de préparer une stratégie de séduction différente de celle plus simpliste développée dans les quartiers, mais aussi, de créer les futures conditions d’implantation d’organisations officiellement rattachées au FN. Il faudra entre autres faire éclater au sein de l’UNI des débats et dissensions capables d’influencer, de créer des fractures, de radicaliser une partie de ses militants, de BANALISER les idées d’extrême droite…
Cette stratégie se traduira par l’élection, en 1991, 1992 et 1993 à Brest, de la présidente du FNJ local, candidate du FN pour les municipales de 1989 et les cantonales de mars 1992, en tant que représentante de l’UNI au conseil d’UFR de droit. Il faut ajouter à cela l’infiltration de groupuscules d’extrême droite style le GUD (Groupe union défense / Droit), le GAJ (Groupe action jeunesse)…
Mais l’activité des nationalistes frontistes ne se limitera pas à une simple infiltration puisque, durant près de trois ans, ils vont rédiger un programme pour un Renouveau lycéen et étudiant (R.L – R.E). On verra alors apparaître, on ne sait par quel miracle (UNI), des tracts et brochures signés Renouveau étudiant, nettement plus radicaux. Aucune raison de croire à l’époque, pour quelqu’un de non averti, que c’est un sous-marin du FN tellement le discours en est différent, et la thèse du nouveau groupuscule est la plus souvent retenue. Fait éminemment étrange, aucun contact ni adresse ne figure en bas de ces documents durant ces trois années. Ce n’est qu’en 1990 que l’on verra apparaître l’adresse de la rue de la Clergerie, ex-siège du FN, mais on est alors entré dans la deuxième phase d’implantation.
Cette première étape aura donc vu l’infiltration de l’UNI comme base arrière, permettant la banalisation des idées du FN et capable de créer par la suite les conditions d’implantation des futures organisations frontistes (stratégie d’ailleurs appliquée au niveau national envers le RPR [1]). La radicalité des propos tenus par Renouveau étudiant a ainsi ouvert le chemin de la banalisation au FN dont le discours ne choquera pas, apparaîtra comme raisonnable en comparaison de celui de Renouveau.
Ce gentil syndicat a même été accusé par le Cato Institute (un think tank libertarien) d’avoir été payé par le NED dans un effort des américains de lutte contre le communisme:
That mentality has resulted in AFL-CIO support for highly controversial causes. One of the French groups that received funding, the National Inter-University Union, was widely viewed as a cauldron of rightist extremism and xenophobia and rumored also to have ties to terrorists.(16) Sure ly, the U.S. government did not intend to fund authoritarian groups that work to undermine the government of a stable democratic nation.Indeed, when NED’s activities in France were publicized in an expose by the French newspaper LibÇration, the U.S. government disassociated itself from the endeavor. While no serious rift in American-French relations seems to have resulted from that diplomatic faux pas, it certainly illustrates the peril of allowing the AFL-CIO (or any other private group) to pursue an independent foreign policy with taxpayers’ money.(16) Paul E. Kanjorski, « Group Cloaked in Secrecy Meddling in Foreign Affairs, » Atlanta Constitution, May 24, 1991, p. A17.
Cette union nationale des républicains et des droites extrêmes autour de cet intox n’est donc guère étonnant…
Et encore moins étonnant de voir le fn s’en emparer également:
Quand à l' »observatoire des réformes scolaires », il s’agit d’une des deux excroissances de l’UNI crées en 2012 avec « l’observatoire de la théorie du genre ». Tout un programme.
3) Et maintenant du croustillant
Et notre modeste pierre à ce démontage? Rassurez vous, on y arrive.
Tout d’abord reprenons le texte de la pétition de l’UNI:
L’UNI et l’Observatoire des programmes scolaires lancent une pétition contre la réforme de l’orthographe imposée par Najat Vallaud-Belkacem
Najat Vallaud-Belkacem, ministre de l’Education nationale, veut imposer une réforme de l’orthographe dès la rentrée prochaine, qui aboutira à un véritable appauvrissement de la langue française : les accents circonflexes sont amenés à disparaître, tout comme les traits d’union. Enfin, l’orthographe de 2 400 mots va être modifiée afin de s’approcher de l’écriture phonétique voire sms (oignon s’écrira désormais ognon et nénuphar/nénufar, imbécillité perd un l pour devenir imbécilité… )
D’un trait de plume, la ministre se croit ainsi autorisée à bouleverser les règles de l’orthographe et de la langue française.
Depuis des mois, la ministre s’emploie à déconstruire l’enseignement du français avec notamment :
la suppression de nombreuses classes de latin et de grec qui permettaient de comprendre l’étymologie de notre langue
le remplacement de l’enseignement de l’orthographe par un simple appel à la « vigilance orthographique ». (texte officiel sur les programmes scolaires)
Le remplacement de l’enseignement de la grammaire par « l’étude de la langue ». Dans les nouveaux programmes scolaires, il n’est pas question de leçons de grammaire, et encore moins d’apprentissage de certaines de ses règles mais bien d’accompagner l’élève dans « l’étude de la langue », « de manière à mettre d’abord en évidence les régularités du système de la langue » (p. 113 des nouveaux programmes). L’élève devant tirer seul de ces régularités les règles dont il a besoin pour écrire correctement le français.
la non mise en place de la dictée contrairement à ce qu’elle avait annoncé.L’UNI et l’Observatoire des programmes scolaires lancent une pétition pour le respect de la langue française et la défense de l’orthographe. Ils invitent la ministre à renoncer à son projet de réforme de l’orthographe et à refaire de l’enseignement du français une priorité.
Tout d’abord, vous ne remarquez rien? C’est normal l’UNI a modifié le texte pour effacer subrepticement deux fautes qui se trouvaient dans le texte originel:
Les vilains!
L’argument de l’écriture SMS
Rien n’est plus faux. Contrairement à la croyance populaire, le langage SMS ne nuit pas à l’orthographe bien au contraire:
Pour la première fois en France, une étude, publiée mardi 18 mars par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a de quoi les rassurer. Non, le langage SMS ne nuit pas à l’orthographe traditionnelle. Ce n’est pas parce qu’un élève écrit « tu fé » dans un SMS qu’il ne sait pas que le verbe « faire », conjugué à la deuxième personne du singulier, s’écrit « fais ». Il existe un registre de l’écrit traditionnel et un registre de l’écrit SMS ; les deux sont indépendants l’un de l’autre.
Les travaux en question, réalisés par des chercheurs du Centre de recherche sur la cognition et l’apprentissage (Cerca, université de Poitiers), ont consisté à observer pendant un an des collégiens de 6e et de 5e qui ne possédaient pas de téléphones portables avant le début de l’étude. « Nous les avons équipés d’un téléphone mobile en échange de quoi ils se sont engagés à nous livrer leurs SMS tous les mois », explique Josie Bernicot, de l’équipe du Cerca. « Au total, près de 5 000 SMS ont été recueillis auprès de 19 jeunes âgés de 11 et 12 ans. »
Nouvelle occasion de pratiquer l’écrit
Les chercheurs ont scruté à la loupe les « textismes » – ces variantes dans un mot par rapport à l’orthographe traditionnelle (comme « koi » au lieu de « quoi »). Ils se sont aussi basés sur les bulletins scolaires des élèves et sur leurs résultats à une dictée standardisée. Au bout d’un an, leur conclusion est formelle : les élèves forts ou faibles en orthographe sont restés respectivement forts ou faibles, quelle que soit la densité de textismes contenus dans leurs SMS. « Les SMS n’ont pas d’influence sur l’orthographe des collégiens », résume Mme Bernicot.
En fait, c’est l’inverse qui se produit : c’est l’orthographe traditionnelle qui influe sur la pratique des SMS. Les résultats de l’étude montrent que les meilleurs élèves en orthographe déforment plus rapidement les mots ; autrement dit, ils s’emparent plus vite du langage SMS. Les élèves faibles sont plus lents à apprivoiser ce nouveau registre.
Argument donc? Non, à peine une argutie.
Ognon, nénufar et imbécilités
Encore trois arguties.
Démonstration.
- Le mot « oignon » vient du latin populaire ūniōnem, accusatif de ūnio (chez Columelle : « sorte d’oignon qui n’a pas de caïeux »). En ancien français, le graphème -ign- notait le n palatal (\ɲ\) : besoigne (« besogne »), estraigne (« étrange »), montaigne (« montagne »), etc. avant d’être simplifié en -gn-. Nous gardons trace de l’ancienne notation dans seigneur et oignon.
Autant dire qu’un mot originaire du latin populaire (donc fait pour le peuple) ne pourrait plus évoluer à l’usage du peuple d’aujourd’hui? Et que nous devrions garder UNE exception alors que la logique grammaticale soit que ce phonème -ign- s’allège progressivement en -gn- ???
D’ailleurs la secte des coupeurs d’oignons en quatre en pleure sans arrêt depuis cette nouvelle:
2. « Nénuphar et nénufar »
Vous lisez comme nous cette phrase qui suit dans le texte écrit sur le site de l’UNI?
la suppression de nombreuses classes de latin et de grec qui permettaient de comprendre l’étymologie de notre langue
Sous-entendu: l’orthographe est facilitée par l’étude des langues anciennes/mortes et il faut respecter l’orthographe donnée par ces mêmes langues.
Bim, boum, badaboum.
Tout d’abord le mot « nénuphar » ne vient pas du latin/grec mais…du Perse….
Beurk.
http://www.cnrtl.fr/definition/academie9/n%C3%A9nufar
Qui lui connait quelle graphie?
« Nilufar ».
Oups.
La graphie « nénuphar » provenant d’une ERREUR de l’académie Française en 1935…
Fichtre bougre.
3. « Imbécile et imbécillité »
La proposition est aujourd’hui de supprimer un « L » à « imbécillité ».
L’origine de ces mots?
(XVe siècle) Du latin imbecillus (« faible ») qui donne imbécille en moyen français. L’orthographe avec un seul l est fixée dans le Dictionnaire de l’Académie française de 1798, sans doute afin d’éviter la prononciation du -ille final comme celle de fille.
Au final, ce changement rompt avec l’étymologie (mais comme l’avait fait l’académie française en 1798 en supprimant un « L » à « imbécile ») , mais réintroduit la cohérence avec l’orthographe d’imbécile .
Réformes successives de l’orthographe et de la grammaire
1. Latin et grec
L’UNI ment lorsqu’elle affirme que le latin et le grec vont être supprimés:
Selon toute vraisemblance, malgré ces ajustements du ministère, les collégiens qui sont actuellement les plus motivés par le latin et le grec devraient donc voir leur nombre total d’heures diminuer – en tous cas dans les collèges et lycées qui n’en feront pas une priorité. Mais il demeure exagéré de voir dans ce projet la fin des langues anciennes.
Diminuées pour quelles raisons? Parce que les réformes annoncées par le gouvernement actuel donne plus d’autonomie dans les choix pédagogiques des collèges et lycées…
Et devinez quoi? Mais l’UNI, ainsi que son think tank préféré l’IFRAP défendent becs et ongles cette autonomie dans tous les établissements…
Ils devraient donc être heureux?
2. Plus d’orthographe et de grammaire?
Mais bien sûr! et le chocolat il met le papier alu dans la marmotte!
http://eduscol.education.fr/cid59714/orthographe.html#lien0
Quant aux raisons pourquoi nous écrivons plus mal qu’autrefois:
3. Rajoutons une dernière pour la route: le trait d’union
Indignons nous sur la suppression du trait d’union, notamment pour:
– Radioactif, faitout, passeport, portefeuille…
Et tant d’autres.
Comment ca, la règle est DÉJÀ de les écrire sans traits d’union?
Et oui. Pourquoi absolument vouloir conserver les exceptions? Pourquoi vouloir conserver éternellement une langue figée dans une forme, telle qu’elle est aujourd’hui? Puisque, au fond, c’est cela que demandent nos ultra réacs?
Qu’est ce qu’une langue figée?
Une langue morte.