08 mars 2019 | Temps de lecture : 12 minutes

Profanations des lieux de culte. Et surtout: manipulations des ultras cathos (2)

En 2015, nous écrivions un article pour dénoncer (et démonter) la propagande autour des actes de dégradations et de profanations de lieux de culte et cimetières. Nous avions pu y démontrer que ces actes n’avaient rien d’actes « antichrétiens » contrairement à ce que propageait la fachosphère.
Et depuis?
Et bien ces actes ont continué. Mais c’est 4 ans plus tard que la fachosphère se réveille à nouveau afin de nous refaire avaler la même pilule. En effet, si ces actes se sont multipliés ces derniers mois, nous ne sommes toujours pas dans des actes « antichrétiens. Démonstration.

1) Faits et chiffres sur les profanations

Tout d’abord, quelle est l’ampleur de ce phénomène?
Selon Euronews, le chiffre de 2018 de 1036 actes de ce genre est « stable ». Pas d’explosion donc. Mais même « Euronews » parle d’actes « antichrétiens », est ce vraiment le cas? En effet si on note que les motivations des actes dans les mosquées ou les synagogues sont souvent marquées par des motivations racistes est ce réellement le cas dans les actes « contre » les églises?
Nous avions souligné dans notre article de 2015 que:

« Le bilan 2012 des atteintes aux sites chrétiens (édifices religieux et sépultures) marque une légère augmentation du nombre des actes commis par rapport à l’année précédente : 543 en 2012 au lieu de 527 en 2011, soit + 3 %. La plupart sont des dégradations, des vols d’objets ou encore des actes de simple vandalisme, dont les motivations apparaissent rarement fondées sur une idéologie précise. »

Qu’en est il?
D’après Odon Vallet, spécialiste des religions:

« Dans le cas des actes antichrétiens, encore une fois, peu d’informations existent sur les profils des auteurs. “Les autorités de police communiquent très peu à ce sujet »

D’autant qu’il faut relativiser ce chiffre qui semble extrêmement important comme l’explique « Libération » :

« Difficile, cependant, de définir un acte de vandalisme à caractère anti-religieux, tant ce terme regroupe une large variété de faits. Ainsi, tout graffiti sur un bâtiment religieux peut être considéré comme une dégradation, au même niveau qu’une atteinte à un tabernacle ou du matériel religieux saccagé. Le ministère de l’Intérieur évoque par exemple des inscriptions sataniques, le nombre 666, le A barré de l’anarchie, des croix gammées, des tags nationalistes ou néonazis, mais aussi des inscriptions islamistes, comme Allah Akbar («Dieu est le plus grand»). Interrogé sur la proportion de dégradations par revendication (anarchiste, nationaliste, anti-clérical, islamiste, etc.), le ministère refuse toutefois de détailler, et rappelle que «tout bâtiment religieux doit être respecté». »

A l’identique, les motivations semblent loin d’une campagne systématique d’actes « anti chrétiens ».
Et d’ailleurs qui peut, mieux que les autorités catholiques elle-même, relativiser ce phénomène?

Début février, plusieurs églises ont été visées par des actes malveillants en France. Des croix ont été renversées, des hosties émiettées et des autels incendiés. Mais tous ne relèvent pas de la profanation, une distinction qui doit être soulignée, même pour la Conférence des évêques de France.

Jamais les églises de Houilles et Maisons-Laffitte, dans les Yvelines, n’avaient subi de tels actes. Dans l’une, la croix de l’autel a été brisée, tout comme la statue de la Vierge, irréparable. Dans l’autre, le meuble qui porte le tabernacle a été jeté à terre. Le diocèse de Versailles ne souhaite pas s’étendre davantage sur le sujet et ne considère pas ces actes comme anti-chrétiens. Dans l’une des deux paroisses, c’est une personne sans domicile souffrant de troubles psychiatriques qui semble être à l’origine des faits.

Dans le Tarn, c’est la cathédrale de Lavaur, récemment rénovée, qui a subi d’importants dégâts. Le plus grave sans doute, l’autel de l’une des petites chapelles du lieu a été incendié. « Deux personnes ont mis le feu à des toiles qui étaient sur une table d’autel, renversé un Christ en croix et généré une fumée noire considérable dans une cathédrale dont toutes les peintures avaient été restaurées », regrette le maire de la commune Bernard Carayon. Depuis cinq ans, l’édifice vieux de 700 ans fait l’objet d’importants travaux de restauration, un budget de deux millions d’euros a été engagé pour l’occasion. Deux lycéens ont reconnu être l’auteurs de ces dégradations, qui pour les paroissiens relèvent plutôt de la bêtise de jeunesse que d’un réel esprit anti-religion, l’un d’eux est d’ailleurs venu prêter main forte pour réparer les dégâts causés.

Des profanations à Dijon et Nîmes

À Nîmes, les dégradations sont bien moins importantes. Mais en jetant des hosties au sol, « c’est le cœur de la foi qui a été visé » a déclaré le curé de l’église Notre-Dame. Ici, le diocèse n’hésite pas à parler de profanation. Tout comme à Nîmes où une croix a été dessinée au mur à l’aide d’excréments, des hosties émiettées puis jetées au mur. Une plainte a été déposée mais l’enquête n’a pas encore abouti.

Des actes anti-chrétiens stables

Selon les chiffres du ministère de l’Intérieur, les actes anti-chrétiens sont stables d’année en année. En 2018 par exemple, 1 063 actes anti-chrétiens ont été recensés, soit 25 de plus qu’en 2017. Le secrétaire général de la Conférence des évêques de France relativise ces données, déjà parce qu’il y a 45 000 églises en France mais surtout parce que tous ne relèvent pas de la profanation.

Il y a des cambriolages, on vole des œuvres d’art, c’est une attaque à un lieu de culte mais ce n’est pas la même chose qu’une profanation. La profanation est quelque chose de très spécial. C’est ouvrir le tabernacle, prendre les hosties et profaner ce qui pour nous est le cœur de notre foi, c’est-à-dire la présence de Jésus-Christ dans les hosties. Et ça, c’est quelque chose qui est terrible pour nous, c’est dramatique. Mais il y a aussi beaucoup de gens qui ne savent pas ce que c’est qu’une église, qui y entre pour voler, pour dégrader, donc il faut différencier les attaques contre les lieux de cultes. – le père Olivier Ribadeau-Dumas

Ces dégradations et profanations actuelles sont semblables à celles qui ont eu lieu au XIXe siècle explique l’historienne Rita Hermon-Bélot, directrice d’étude à l’EHESS et qui travaille sur la pluralité religieuse et la laïcité. À l’époque, les profanations ont entraîné « des débats parlementaires extrêmement importants et l’adoption d’une loi, dite sur le sacrilège, qui elle-même a été si problématique qu’elle a entraîné la chute du régime politique du moment » explique l’historienne avant d’ajouter « la France du XIXe siècle est un pays où il y a une très large majorité catholique, croyante et pratiquante ».

Pour la Conférence des évêques de France, développer l’enseignement du fait religieux permettrait sans doute de restreindre de tels actes, grâce à une meilleure connaissance des religions et d’instaurer aussi plus de respect et de dialogue entre elles.

INTERVENANTS

 

Réactions de la CEF sur France Culture
Réactions de la CEF sur France Culture

Réactions qui ont d’ailleurs mis en fureur la communauté des intégristes ultras cathos (voir plus loin).

Qu’en penser aujourd’hui? Bien difficile de le dire en l’absence de nouvelles études comme celles que nous citions dans notre précédent article sur le sujet.
On notera tout de même cet article  de 2017 qui ne dit pas autre chose:

Comme l’avaient déjà relevé des études précédentes, les passages à l’acte se produisent souvent en groupe, après une consommation excessive d’alcool, par désœuvrement, ou sont l’œuvre de personnes souffrant de troubles psychiatriques. Mais, si les cimetières de confessions chrétiens représentent à eux seuls 85 à 90% des théâtres des profanations, on parle aussi d’actes à connotations sataniques. Ces actes interviennent souvent le 30 avril (qui est à la fois l’anniversaire d’Adolf Hitler) et de la fondation de l’Église de Satan aux Etats-Unis.

Exemple: dans la nuit du lundi 30 avril au mardi 1er mai 2007, 114 tombes chrétiennes sont vandalisées au Mesnil-sur-Oger, petit village de la Marne: des croix sont descellées pour être placées selon des rites sataniques, et un Christ est renversé et recouvert de peinture. D’autres pics sont observés les 31 octobre de chaque année et les jours suivants, au moment des fêtes d’Halloween et jour de l’an sataniste, mais aussi lors des dates des solstices et d’équinoxes.

Pour les lieux juifs et musulmans, les profanations prennent un caractère raciste et antisémite. Exemple: environ 500 des 576 tombes du carré musulman du cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, situé près d’Arras (Pas-de-Calais), sont profanées dans la nuit du dimanche 7 au lundi 8 décembre 2008: de grandes lettres tracées à la peinture noire forment des inscriptions insultant la religion musulmane et citant également nommément la ministre de la justice de l’époque, Rachida Dati.

Autre exemple: la synagogue de Melun est totalement profanée dans la nuit du 22 juillet 2010 tout au long de sa longueur, sur environ 70 mètres de long, chaque inscription antisémite fait 70 centimètres de long ou de hauteur, environ. En janvier 2010, une trentaine de tombes du cimetière juif de Cronenbourg près de Strasbourg sont profanées, certaines taguées d’inscriptions antisémites et nazies.

Par contre nous pouvons nous pencher sur les affaires de ces dernières semaines évoquées à grand bruit par la fachosphère. C’est un début.

2) La propagande

Les exemples qui suivent montrent bien l’activisme qui a saisit la fachosphère sur le sujet des profanations de lieux de culte. Comme à leur habitude, si ils citent des sources, jamais ils ne suivent les « affaires ». Car ce suivi démontre bien les propagandes à l’œuvre, comme nous allons le voir. Avec « Résistance Républicaine » à l’honneur, car il mérite un paragraphe à lui tout seul.

A) « Résistance Républicaine » de Tasin

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Les accusations sans fondements de C. Tasin

A plusieurs reprises, nous avons surnommé Mike Borowski  « frère Borowski de la très sainte propagande »; mais chaque année qui passe nous fait penser que C. Tasin, raciste virulente mériterait aussi une telle appellation. Car cette propagandiste gère parfaitement les codes de la propagande de l’infox. Et cette capture en illustre parfaitement la réalité.
Décryptage.

  • Le titre « Ils s’en prennent à la basilique Saint-Denis, gardien de notre histoire et joyau de notre architecture » est un modèle du genre. Un titre accrocheur qui vous donne envie de lire le reste puisque « l’ennemi » n’y est pas désigné nommément. Mais on y vient vite.
  • « Voir qu’en territoire islamisé il y a d’autres lieux de culte que des mosquées en insupporte-t-il certains ? » Un joli euphémisme bien raciste pour désigner le 93…
  • Et on continue dans le bréviaire du racisme le plus crasse, toujours basé sur les convictions de Tasin et sur AUCUN fait: « Est-ce cette perspective qui en rend fou certains ? L’idée de voir se dresser, au loin, cette flèche qui dit qu’ils sont chez nous, et que, quoi qu’ils fassent, quoi qu’ils disent, ils ne sont pas chez eux, leur insupporte-t-elle ? »
  • « Peut-être. En tout cas, il faut s’attaquer à ce qui est unique, il faut le salir, le détruire. Il faut s’attaquer à ce qui dit notre histoire. A ce qui dit comment une nation libre a émergé, chrétienne pendant près de 2000 ans. » Tasin est soit disant agrégée de littérature. Par contre elle est inculte au niveau de l’histoire. En effet, il faut rappeler que la notion de « nation » n’a émergée qu’au 19ème siècle après la révolution. La plupart de sites fachosphérique situent « la fondation de la France » avec le baptême de Clovis, ce qui est déjà une absurdité historique. Tasin les explosent en la faisant remonter au début du christianisme! Pas moins. Ce qui est d’une stupidité sans nom. Le mot « franc » n’émergera que 3 siècles plus tard et le baptême de Clovis n’a lieu qu’en 496…(supposément…). On rappelera que la notion de « nation » se pose dès lors que se pose la question de « citoyenneté ». Or avant 1789, cette question ne se pose pas car la France n’est pas une nation, mais un royaume. Ce royaume appartient au roi du royaume de France, qui administre TOUS les sujets y vivant, quels qu’ils soient. Élève Tasin: 0/20
Bulletin note
Bulletin note
  • La bougresse insiste dans la méconnaissance de notre histoire. « Et, en plus, ils violent le repos de nos rois.  Nos rois ont incarné la France, ils incarnent notre histoire, qu’on soit républicain ou monarchiste ne change rien à l’affaire. »… Doit on rappeler que les corps des rois de France ne reposent plus dans la basilique depuis plus de deux siècles? Elle nous objectera la « Réparation » menée par Louis XVIII en 1817…. Sauf que celle ci relève de la propagande et que les restes qui y furent ramenés ne furent probablement pas les vrais.
  • Et en conclusion, un salmigondis raciste parsemé d’infoxs. « Les dhimmis qui nous gouvernent et qui font tout un fromage pour une tranche de jambon sur la porte d’une mosquée ne réagissent même pas à la dégradation de notre basilique. Pas de déplacement en fanfare de Castaner, pas de visites et d’excuses à l’épiscopat…Rien. Un fait-divers parmi tant d’autres. Une dégradation d’église parmi tant d’autres. Qui ne scandalise personne, à part les lépreux… » Car contrairement à ce qui est affirmé ici ou dans les articles suivants de la fachosphère, ces profanations ont bien été relatées, et la classe politique en a bien parlé. Tasin ne lit elle pas les journaux? Ou bien plus probablement ment elle comme elle respire? On vous laisse réfléchir. En tout cas l’image suivante vous donne idée des articles écrit sur le sujet:
Revue de presse google
Revue de presse google

Quant aux réactions des politiques , elles existent bien. On pourrait déplorer qu’elles soient peu nombreuses et en deçà de ce que l’on estime à son aune personnelle de son indignation, mais elles existent: Wauquiez, Marine le Pen (le contraire aurait été étonnant), le premier ministre
On pourrait déplorer aussi la récupération qu’en font les responsables de l’extrême droite qui accusent sans aucun fait pour l’étayer « les musulmans ». Les profanations c’est vendeur, et quand ça touche à l’intime comme des cimetières ou des lieux de culte, ça permet de détourner les regards sur un bouc-émissaire.

B) La fachosphère dans tous ses états

  • Le Salon Beige
Le salon beige
Le salon beige
  • « Media Presse Infos »
"Medias Presse Infos"
« Medias Presse Infos »
  • « Riposte Catholique »

« Riposte » met le focus sur la réaction des évêques de France (comme nous vous le signalions plus haut). C’est le moins pour un site intégriste de critiquer ses représentants lorsque la réalité qu’ils décrivent ne correspond pas avec celle qu’ils voudraient imposer.

Les larmes de crocodiles de Riposte Catholique
Les larmes de crocodiles de Riposte Catholique
  • « La gauche m’a tuer »

L’ineffable site de frère boro:

La sainte propagande frère Borowski
La sainte propagande frère Borowski

Article qui a eu le mérite, au moins, d’attirer notre attention sur un lien vers « L’observatoire de la Christianophobie » qui recenserait les actes de ce type.

3) Les profanations de 2019

Nous allons maintenant revenir sur le déroulé des enquêtes des affaires ayant affolé la fachosphère. Nous avons relevé 5 affaires. Ainsi que l’affaire de la basilique St Denis.

Quel schéma peut on tirer de ces affaires, peut on en conclure à une « série d’actes antichrétiens » réellement motivés? La réponse est non, en aucun cas. Le deux types de suspects arrêtés ne permettent pas de dessiner quoique ce soit. Et SURTOUT PAS, comme le beuglent nos sites fachosphériques, une responsabilité « des musulmans » (coucou Tasin).
On ne devrait donc à cette heure pas se permettre de faire des conjectures…
La racisme et l’antisémitisme eux courent toujours.
A suivre.

Mise à Jour du 20 avril 2019

Les différentes enquêtes ont progressé depuis la rédaction de cet article et nous avons suivi ces affaires comme prévu. Avec l’incendie de Notre Dame, la fachosphère relance les rumeurs, à nouveau, à l’instar de Zemmour en « conférence » à Marseille:


Or contrairement à ce que laisse entendre la fachosphère, le déroulé de ces enquêtes ne fait que confirmer nos diagnostics, jugez en.
Lors de la rédaction de cet article, l’état d’avancement des enquêtes avait atteint ce point:

Nous allons maintenant revenir sur le déroulé des enquêtes des affaires ayant affolé la fachosphère. Nous avons relevé 5 affaires. Ainsi que l’affaire de la basilique St Denis.

Aujourd’hui:

Deux arrestations et à ce jour toujours aucune motivation « anti chrétienne », mais au moins un cas psychiatrique lourd et un en cours d’analyse…
A suivre.

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