25 août 2023 | Temps de lecture : 3 minutes

Pourquoi soutenir les Ukrainiens?

« Qu’elle soit nécessaire, ou même justifiée, ne croyez jamais que la guerre n’est pas un crime. » Ernest Hemingway

 

Nous avons déjà critiqué des guerres. Les USA en Irak par exemple, ou en Afghanistan, pour des raisons très différentes. Et nous avons aussi critiqué les non-guerres. Il aurait fallu intervenir en Syrie, et on n’en serait peut-être pas là aujourd’hui.
Il n’y a rien de pire que la guerre. La guerre tue, mutile, détruit. Il n’en existe pas de juste. Mais la guerre, si injuste soit-elle, peut être nécessaire. Or, une guerre nécessaire ne survient que rarement.
En fait elle ne survient que lorsque vous êtes agressé par un autre pays.
C’est précisément ce qui se passe dans la guerre russo-ukrainienne.
La Russie est depuis des années en état de dictature d’extrême droite. Elle est dirigée par une oligarchie mafieuse qui a mis à sa tête un nationaliste aux idées suprématistes panslavistes.
Le Kremlin ne va bien entendu pas le dire.
Il va donc agiter une propagande accusant l’Ukraine des pires maux : les « ukronazis », « l’invasion de l’OTAN », etc. Nous l’avons analysée, tant dans ses ressorts que ses relais de propagande en Europe, et particulièrement en France.
Poutine a été pendant des années le soutien indéfectible et le modèle idéologique de l’extrême droite française.

Sans compter les fonds qu’il a dégagés pour la nourrir.
Les relais français de la propagande poutinienne ont tous reçu de l’argent de la Russie.
Idéologie et argent combinés ont fait leur œuvre.
La démocratie ukrainienne est certes imparfaite mais elle tente de s’améliorer et, au-delà, manifeste une volonté imprescriptible de se détacher de la Russie.

Le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…
C’est très exactement ce droit qui rend cette guerre-là nécessaire. Les ukrainiens ne veulent pas vivre sous joug russe.
Les arguments avancés par la Russie s’effacent devant cette volonté. La Russie mène dès lors une guerre d’annexion impérialiste et colonialiste.

Un fait confirmé par de nombreux éléments. Nous en citerons deux :
Tout d’abord les écrits de Poutine lui-même, peu lus en Occident. On se référera utilement au texte « De l’unité historique des russes et des ukrainiens ». Poutine y nie à la fois l’existence historique de l’Ukraine et son existence en tant que nation. Il y tient également un discours complotiste selon lequel l’Ukraine n’existerait que grâce aux « complots » de l’Occident. Voilà un discours éminemment impérialiste que tout citoyen se réclamant de la gauche doit réprouver.
Ce projet est bel et bien défini en Russie sous le nom de « Novorossia » ou « Nouvelle Russie », et soutenu par l’idéologue Pavel Goubarev. Avec en arrière plan une politique génocidaire…
Le 11 octobre 2022, Goubarev déclarait dans une interview :

« Nous ne venons pas pour vous tuer, mais pour vous convaincre. Mais si vous ne voulez pas être convaincus, nous vous tuerons. Nous tuerons autant que nous le devrons : 1 million, 5 millions ou vous exterminer tous ».

Aujourd’hui,  les ramifications de ce discours s’étendent, puisque des narratifs émanant du Kremlin affirment désormais que la Russie doit reprendre la totalité de l’ancien empire soviétique et pourrait s’étendre militairement jusqu’à Paris ou Londres.
C’est une menace récurrente. (Se souvenir à ce propos des relations cordiales de Marine le Pen avec Maria Katasonova, idéologue terroriste néo nazie russe peu avare en menaces.)

Un tel discours s’apparente complètement à celui de « l’espace vital » de sinistre mémoire.
Ne pas stopper la Russie aujourd’hui, c’est rendre possibles dès demain d’autres guerres impérialistes et colonialistes.
Deuxièmement, rappelons-le, la Russie n’en est pas à son ballon d’essai avec l’Ukraine. Elle avait déjà agi de manière identique en Géorgie puis en Tchétchénie, elle avait armé, organisé et payé des forces « séparatistes ». Elle y avait également introduit des forces russes avant de hurler à « l’agression des populations russophones », et enfin, elle avait affirmé la nécessité d’agir.
La Russie n’a rien inventé à ce sujet depuis l’annexion des Sudètes par le 3ème Reich en 1938.

Bien entendu, et nous ne sommes pas dupes, le soutien occidental est AUSSI motivé par des motifs économiques et géostratégiques. Nous sommes lucides sur le fait que l’Occident n’est pas désintéressé. Mais nous sommes tout aussi lucides sur l’éventualité que la future Ukraine libre ne soit pas un pays de gauche comme nous pourrions l’imaginer.
Est-il néanmoins souhaitable d’en appeler à la « pureté idéologique » dans ce cas-là ? Sur ce point, il nous semble qu’on ne peut avancer qu’au cas par cas.
Et la priorité, tout de suite, est de soutenir militairement l’Ukraine par tous les moyens. Quelque part à l’instar d’une république espagnole qu’on aurait dû soutenir contre les fascistes de Franco.
Quant à la paix, elle est loin, très loin.
Elle ne pourra être basée que sur ce SEUL objectif : l’Ukraine devra retrouver pleine et entière souveraineté sur ses territoires de 91.
Donetsk, Luhansk et la Crimée doivent réintégrer le giron ukrainien. Tout le reste pourra être discuté ensuite, avec un point de mire : la Russie ne devra pas imposer quoi que ce soit sur les désidératas de la population ukrainienne.

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