>>AVERTISSEMENT<<<
Cet Article est la deuxième partie de notre article sur les Méthodologies complotistes, sa lecture avant celui-ci est plus que recommandée pour appréhender pleinement celui-ci. NDLR
En octobre 2022, nous publiions un article sur la fonctionnement méthodologique des complotistes. Et analyser par là même, leur univers mental fantasmatique. Avec bien sûr en ligne de mire: comment mieux lutter contre la complofachosphère. Nous avons eu à ce moment là l’intention de donner un catalogue d’exemples, mais nous ne l’avons pas fait pour deux raisons:
-l’article en lui-même était déjà très dense
-Cela aurait été insatisfaisant méthodologiquement. En effet, allez piocher dans diverses discussion aurait été une forme de « cherry picking«
C’est pourquoi, nous avons préféré attendre d’avoir une série « d’échanges » sur un sujet avec suffisamment d’exemples provenant du même sujet. C’est désormais chose faite.
Avec la sortie du « filmenteur » complotiste « Sound Of Freedom », nous avons analysé dans un article la propagande autour de cette oeuvre, son contexte politique et l’escroquerie de l’organisation de Tim Ballard: « Operation Underground Railways » (OUR). Vu le battage dans la complosphère autour de celui-ci et la publicité faite, nous n’avons guère été étonné de le voir repris et fortement critiqué chez leurs plus ardents défenseurs.
Ce qui a été le déclic a été d’un coté la citation de notre article par Tristan Mendès France (que nous remercions au passage) et d’une lectrice (que nous remercions également) qui a vigoureusement défendu son point de vue chez une des stars fascisantes complotistes de « TPMP« : Béatrice Rosen. Puis venue à son secours un peu plus tard, une autre star des médias dominants de la Bollorésphère: Myriam Palomba. Apparition furtive, mais tout de même. Entre complotistes bouffant à la même gamelle, on se soutient.
Et nous n’avons pas été déçus: un véritable « shitstorm » sans queue, ni tête.
Ou à ce qu’il semble au premier abord.
I) Circonstances
A) Pour ceux qui auraient vécu dans une grotte les 15 dernières années
Même si en soi, elles n’ont pas d’importance réelle dans cette histoire; puisque nous les avons juste choisit pour notre petite étude (et qu’en fait elles jouent un rôle de centre de gravité pour les complotistes) on peut se poser la question de QUI sont « Béatrice Rosen » et « Myriam Palomba »?
La première est une actrice de 4ème catégorie. Elle est apparue dans divers films comme actrice de figuration. Sa vraie reconnaissance est venue suite à la crise COVID. Remarquée depuis 2021 pour ses positions antivax, elle intègre l’émission de Cyril Hanouna « Touche pas à Mon poste » en février 2022. C’est une habituée des raids de cyber harcèlement, elle a déjà été incriminée pour une affaire semblable contre Franck Clarot, alias@Le_Doc. Son positionnement politique est facilement visible sur ses « likes » twitter:
Elle est abonnée à une grande partie des comptes d’extrême droite antivax et pro poutine que nous suivons.
Le passage de Myriam Palomba dans notre histoire est encore plus fugace. Elle se contente de lancer un twitt insultant vengeur. Son profil est pourtant encore plus caractéristique que celui de Rosen. C’est une véritable star du complotisme, régulièrement épinglée. Quand à son positionnement politique, comme B. Rosen, il est à l’extrême droite.
B) Processus
Très vite, nous avons pu constater que ces commentaires virulents obéissaient aux théories que nous avions développé dans notre article sur les méthodologies complotistes:
Ce que nous nommons ici « méthodologie complotiste » est sans doute un abus de langage. Il faudrait mieux parler de « processus mental complotiste ». En effet, ce processus comporte des points communs avec un paradigme/une méthodologique; mais il comporte aussi des différences fondamentales.
Il peut se décomposer comme suit:
- Un paradigme: l’ordre naturel »
- Un mode de raisonnement: le raisonnement circulaire
- Une méthode « expérimentale »: la méthode hypercritique.
Ce processus a, comme nous l’avons dit plus haut, comme fonction, de produire une compréhension du monde. Mais une compréhension prise dans un corset puisqu’il sert à prouver la conclusion qui en est le prémisse. Il ne cherche pas à produire de nouvelles connaissances qui amélioreraient/révolutionneraient le corpus universitaire; il cherche à confirmer une vision de la société déjà établie et qui ne supporte pas d’être expliquée de façon nouvelle.
C’est en ce sens qu’il s’agit plus d’un processus mental que nous apparenterons à l’aliénation au passé et à une idéologie plutôt qu’à la production de connaissances.
Nous nous sommes référés constamment dans cet article, au précédent décrivant la méthodologie complotiste. Ce qui est logique puisque CET article, sert d’exemple in vivo au précédent. A chaque fois que nous citerons cet article, bous nous y référerons comme « source Ibid. » .
Pour que vous puissiez comprendre, nous avons donc trié ces centaines de messages en les regroupant dans des captures d’écran qui nous semblaient relever du « même sens de message », et ainsi tenter de dégager les thèmes d’attaque des trolls complotistes. Nous avons dégagé 11 thèmes. Sous chacun d’entre eux, nous expliquons ce à quoi ils correspondent, mais aussi si ils se rattachent à un biais cognitif. Nous reviendrons plus en détail sur ceux ci dans la troisième partie.
Voici les 11 thèmes:
- Ad Hominem
Un grand classique. Le sophisme d’ad hominem consiste à attaquer le messager pour dévaloriser le message. Il consiste à attaquer son adversaire sur la cohérence de ses propos en lui opposant ses propres paroles ou ses propres actions.
- Allusif
C’est une forme de « biais d’attribution hostile »:
Le biais d’attribution hostile, également appelé biais d’attribution d’intention hostile ou biais attributionel d’hostilité, se manifeste par la propension à attribuer à autrui une intention hostile et ce même si l’intention est ambiguë ou bénigne. Cette propension altère la cognition sociale et relève d’une distorsion cognitive.
Il a tout d’abord été observé dans les années 1980, sur un groupe de jeunes enfants, mais également dans un grand nombre de profils, notamment chez l’adulte et l’adolescent ou au sein de groupes.
Un groupe avec ses informations sociales et ses appartenances peut influencer l’attribution d’intentions hostiles, qui reposera alors sur des préjugés.
Les attributions d’intentions hostiles engendrent pour réponse des intentions de comportements agressifs. Toutefois, les modalités d’attribution d’intentions hostiles et l’intensité de la réponse agressive peuvent varier selon que le provocateur appartient ou n’appartient pas au groupe, ainsi que son statut au sein du groupe.
Ils relèvent tous d’une accusation unique: « si vous critiquez ce film,C’EST que vous faites partie du complot ». Avec donc en sous entendu: « vous êtes pédophiles vous même ». Ce biais de confirmation est fortement lié aux problématisations complotistes de « a qui profite le crime »:
- Circulaire
Relativement faible ici, ce sont les argumentations qui mélangent conclusion et prémisses. Elles sont peu présentes ici car manifestement le sujet ne s’y prête pas. Il ne s’agit pas d’un thread ou un complotiste présente une thèse circulaire, mais en une attaque coordonnée.
- Critique du fact checking
Un mélange d’ad hominem et de biais d’attribution hostile. Ici ce ne sont plus « les Debunkers » qui sont attaqués mais TOUS les fact checkers. Les intentions derrière sont nombreuses.
Faire des « fact checkers » un groupe monolithique qui n’aurait pas d’opposition interne. Ce qui est une méconnaissance TOTALE de ce milieu vu les nombreux conflits qui y existent. C’est aussi attribuer les « fautes » de l’un à tous les autres. Ce qui est logique vu que nous faisons tous partie du complot. Enfin il répond à la problématique « qui est derrière cette attaque contre la vérité ».
- Défense personnelle
Simple. Basique.
C’est un manichéisme flagrant. Si Béatrice Rosen défend le film, c’est que c’est une personne bonne et brillante. Et que les critiqueurs sont forcément mauvais et animés d’intentions hostiles.
- Film
Une des rares tentatives d’argumentation ad rem. Mais pensée circulaire oblige, les argumentateurs ne cherchent pas à contrer les critiques que nous faisons contre ce film, ils se contentent d’en faire de la pub. Bref à remettre les prémisses qu’ont les complotistes de ce film comme argument. Et conclusion.
- Insulte
Une pure décharge de colère de style ad personam.
- Inversion accusatoire
Regroupe toute tentative d’inverser les éléments de l’équation.
- Sophismes
Classiques sophismes. Peu présent (voir à arguments « circulaires »).
- Tentatives de discussion
Les rares tentatives de discussion que nous avons pu avoir. Des échanges de plus de deux posts qui échouent toutes au demeurant.
- Whataboutisme [Source Ibid.]
Whataboutisme
Un des procédés les plus utilisés après l’inversion accusatoire. Tellement que l’on se tâte à lui consacrer un article entier. Ce procédé rhétorique consiste à ignorer les arguments/attaques exposées en déviant sur celle d’une autre personne ou d’un autre groupe. C’est la variante du « Oui, mais » qui vous permettrait de ne jamais répondre au oui. En cette période précise il es particulièrement utilisé par les trolls pro Poutine. Quand vous leur parlez de crimes de guerre russes, d’attaque unilatérale, de morts en Ukraine; le poutiniste va botter en touche sur « les USA », « l’OTAN », « la France », ou même « l’UE ».
C’est très pratique. C’est une technique qui dit en quelque sorte qu’un crime en excuse un autre.
C)Critique
Il est temps pour nous, avant d’aller plus loin, d’émettre des réserves pour ce travail présenté ici.
- Tout d’abord mea culpa. Nous voulions un échantillon suffisamment dense pour pouvoir réaliser notre étude. Pour cela, nous avons rajouté de l’huile à la mayonnaise. C’est à dire qu’au lieu d’ignorer les trolls, ou de les bannir industriellement comme nous faisons d’habitude, nous leur avons répondu. Parfois vertement. Mais jamais plus haut que l’intensité des « attaques subies ». On pourrait nous accuser d’avoir faussé le résultat en agissant ainsi. Nous acceptons l’argumentation, mais elle ne tient pas. Même avant nos réponses, le tour que prenait les discussions était le même. Nous avons juste accentué un phénomène.
- La production de posts a été intense. Nous avions au départ l’intention de TOUS les relever. A l’observation, nous nous sommes aperçus que cela aurait été redondant. Différents threads, même observations. Nous avons donc choisis de relever les posts D’UN SEUL THREAD.C’est un choix totalement arbitraire. Cependant nous invitons tout critique à aller observer les autres threads lancés: les résultats sont les mêmes.
- Comme vous allez le voir nous avons classés les posts par type « d’argumentation ». Argumentation est un bien grand mot, disons plutôt par « tentative de passer un message ». Sauf que certains posts contenaient plusieurs messages. Un message d’insulte peut contenir un élément de « whataboutisme » qui nous a conduit à le classer là dedans plutôt que dans les insultes.
- Il vous semblera peut-être que les intitulés des « regroupements de twitts » par « sens de message » sont parfois subtils. Par exemple la différence entre « insultes » et « attaques ad hominem ». Pourtant la différence existe, l’insulte est une pure décharge de colère, l’ad hominem consiste à vouloir dévaloriser le messager pour altérer la qualité du message lui-même.
- Enfin soyons réaliste, ce travail n’est pas un travail scientifique. C’est une modeste tentative d’illustrer nos théories. Il n’a pas d’autres prétentions. Vous pourrez donc en le lisant y trouver d’autres points critiquables que nous n’aurions pas détecté.
II) Les regroupements, une analyse plus globale
A)Captures d’écran
- Ad Hominem
Comme vous pouvez le constater, comme nous le disions plus haut, le regroupement est parfois compliqué du fait du recoupement des styles « argumentatif ». On considérera que nous avons regroupé ici les attaques personelles qui tentent de déconsidérer le messager (« nous »). On reliera ce style d’attaques à la composante « chiens de garde de la pensée de groupe »[Source Ibid.]:
La pensée de groupe
le phénomène psychologique qui se produit au sein d’un groupe de personnes dans lequel le désir d’harmonie ou de conformité dans le groupe entraîne un résultat de prise de décision irrationnel ou dysfonctionnel . Les membres du groupe essaient de minimiser les conflits et de parvenir à une décision consensuelle sans évaluation critique des points de vue alternatifs en supprimant activement les points de vue dissidents et en s’isolant des influences extérieures.
- Allusif
Cette « argumentation » est au cœur de la pensée complotiste. Nous y reviendrons plus loin. Nous invitons les lect(rices)eurs à noter le degré de violence collective de ce genre d’attaque. Et de comprendre que c’est en grande partie ce qui rend les complotistes potentiellement dangereux. En effet, les plus fragiles et les plus convaincus pourraient se prévaloir d’actions violentes contre leurs ennemis imaginaires, comme ce fut déjà le cas. Exemple avec le « pizzgate« .
- Circulaire
Disons le, nous publions celle ci avec grande réserve. Notre interprétation est que ces personnes justifient la véracité du film avec des prémisses qui montrent que effectivement DES réseaux pédophiles existent, mais que pour eux ils justifient la théorie des réseaux pédophiles généralisés internationaux à grande échelle. Et au passage que les médias sont complices.
Précisons que nous n’avons jamais nié l’existence de ces réseaux. Juste leur importance mondiale dans le phénomène de la pédophilie:
Loin de nous de nier totalement l’existence de réseaux pédophiles ou de trafics d’enfants. C’est la réalité.
Ce que nous dénonçons ici ce sont les dénonciations calomnieuses, les histoires diffamatoires dégueulasses inventées de toutes pièces par ces gens, et les affaires d’enlèvements pour soustraire des enfants à des crimes fantasmatiques.
D’une possible « bonne intention », ces gens ont brodé des mécanismes et des histoires fausses pour malheureusement une seule raison: le fric. Paradoxal… des activistes d’extrême droite dénonçant une horreur en faisant des trucs dégueulasses, pour en tirer des subsides et en vivre…
- Critique du fact checking
Comme expliqué plus haut il s’agit ici d’une attaque basé sur le biais d’intention hostile généralisant. Pour ces gens TOUS les « fact checkers » se connaissent, sont organisés par les « états profonds », sont monolithiques. On leur attribue de façon exhaustive les turpitudes de certains.
Nous sommes assimilés par exemple à l’affaire Daoust. Alors que ces gens ignorent que nous avions rompu avec « Fact and Furious » depuis bien longtemps.
Et à notre grande surprise à « l’affaire Marianne ». Nous avions oublié que les complotistes crée de nouvelles théories du complot en reliant abusivement les événements entre eux eux sans aucun début de commencement d’élément de preuves[Source Ibid.]:
Corrélation illusoire
La corrélation illusoire est le phénomène de perception d’une relation entre des variables (généralement des personnes, des événements ou des comportements) même lorsqu’une telle relation n’existe pas.
- Défense personnelle
Quelque part, on pourrait affirmer que cet argument est un mélange de « pensée de groupe » et d’ad hominem inversé. La pensée complotiste est avant tout une tentative « incohérente systématisée » d’explication du monde. Or ces explications sont portées par des leaders infaillibles, des « leaders charismatiques ». Une des caractéristiques de la pensée d’extrême droite. Le leader à toute les qualités, l’opposant est exogène au groupe d’appartenance du complotiste et forcément « satanique ».
- Film
Comme expliqué ci dessus nous regroupons ici les posts renforçant la crédibilité en l’histoire de ce film. Notons que nous avons re-cités ici les arguments circulaires ci dessus. Nous avons volontairement agis ainsi vu l’extrême corrélation de sens qui nous semblait émerger ici.
C’est discutable cependant, nous en avons conscience.
- Insulte
En dehors de la violence contenue , il n’y a pas grand chose à en dire ici. Nous allons y revenir dans la dernière partie.
- Inversion accusatoire
A nouveau c’est un regroupement qui pourra sembler artificiel à certain(e)s. Nous y avons regroupé tous les posts qui retournent la réalité. De la simple accusation d’être un troll; à celle d’avoir « insulté » (alors que bien malin sera celui qui pourra retrouver un de nos posts qui soit insultant envers quelqu’un.
- Sophismes
Très rares ici. On retrouve ici le sophisme dit d’ad populum ou « point popularité »:
et celui que nous avons expliqué dans notre article sur les méthodologies, le fameux « à qui profite le crime [Source Ibid.]:
La méthodologie complotiste ne connait qu’une problématisation. Son objectif n’est pas de chercher des causes, mais le responsable. Autant les méthodologies scientifiques favorisent les explications multi causales, la pensée complexe; autant la pensée complotiste favorise la pensée rigide unicausale.
Mais ce raisonnement bien connu de la pensée complotiste est en fait une variante du biais cognitif dénommé « Biais d’attribution hostile ». Comme nous l’avons déjà vu dans notre dossier sur les extrêmes droites; celle ci est une pensée agressive par réaction à une vision du monde qui ferait du sujet un agressé
On notera avec gourmandise la provenance de ce « et qui »: Ariane Walter, une des papesses (mais un quatrième couteau) du complotisme que nous avons vu progresser, il y a dix ans au début de nos activités. Voici trois de nos captures sur ces œuvres qui vous montrerons qui est cette personne:
- Tentatives de discussion
Encore plus rare: les tentatives de discussion. Bon on reconnait que nous n’y mettons probablement pas du nôtre. Mais en même temps nous en avons eu 4 de ce style et même sur celle où nous sommes restés « de marbre », les réactions de l’interlocuteur furent peu ou prou les mêmes.
- Whataboutisme [Source Ibid.]
Peut-être les réactions les plus intéressantes que nous avons pu capter. Nous y reviendrons abondamment dans la partie suivante.
B) Plus globalement
Il faut le constater, que ce soit dans ce thread choisit, mais aussi les autres qui se sont déclenchée dans cette shitstorm, PAS UN posteur soutien du film « Sounf Of Freedom » n’a objecté quoique que ce soit aux faits que nous avons exposés dans notre article sur ce sujet.
Pas un.
Corollaire évident, si un ou deux l’ont lu, c’est bien le diable.
Et c’est bien le problème à plus d’un titre.
Faisons un point sur nos « recherches » sur le complotisme.
A ce jour notre définition du complotisme est la suivante:
« Le complotisme est un système de pensée globalisant qui consiste en une tentative d’analyse et d’explication du monde par des récits (les « théories du complot ») composant un narratif monocausal fantasmatique systématisé. Les élites y sont accusées d’être organisées en groupe d’influence tout puissants responsables de tous les événements politiques, sociaux, ou plus généralement des événements qui affectent la planète. Ceux qui adoptent ces récits progressivement (les « complotistes ») sont persuadés de leur cohérence. Les extrêmes droites sont la traduction politique du complotisme. «
Et c’est précisément ce que nous voyons ici.
- « Globalisant »: cette affaire est assimilée à d’autres, par des association s d’idées abusives. Une théorie du complot non prouvée sert de preuve à une autre et ainsi de suite.
- « des récits »: à nouveau les exemples sont nombreux dans les accusations/réponses qui nous sont apportées: c’est un récit, une fable.
- « monocausal »: les responsables, le fameux « et qui » est omniprésent.
- « Fantasmatique »: comme dit au dessus, il n’y a jamais de preuve avancée, pire ca ne les interessent pas.
- « systématisé »: la pensée complotiste fonctionne en réseau, un point du délire justifie un autre et ainsi de suite. Le tout à une logique interne incompréhensible à ceux qui doutent.
- « des événements qui affectent la planète »: la diversité des accusations montre bien ce point; pour ces gens là, tout est lié.
- « cohérence »: ce point se relie au fait que ces discours sont systématisés. On pourrait y ajouter que ces gens fonctionnent comme » gardiens de la pensée de groupe »:
Les huit symptômes de la pensée de groupe identifiés par Irving Janis sont divisés en trois types.
Premier type : surestimations du groupe, de son pouvoir et de sa moralité :
- L’illusion de l’invulnérabilité crée un excès d’optimisme et encourage la prise de risques extrêmes ;
- La confiance aveugle en la moralité inhérente au groupe conduit ses membres à ignorer les conséquences éthiques et morales de leurs décisions.
Deuxième type : l’étroitesse d’esprit :
- Les efforts collectifs de rationalisation visent à ignorer les alertes et signaux qui pourraient conduire les membres à reconsidérer leurs présupposés avant qu’ils ne confirment leurs décisions passées ;
- Les images stéréotypées des dirigeants adverses vus comme trop mauvais pour permettre une vraie négociation, ou trop faibles ou trop stupides pour contrer les risques pris pour tenter de les empêcher de parvenir à leurs fins.
Troisième type : la pression de la conformité :
- L’autocensure des déviations par rapport au consensus du groupe reflète l’inclination de chacun à minimiser l’importance de ses doutes et de ses contre-arguments ;
- L’illusion partagée de l’unanimité au sujet des jugements de la majorité (résultant en partie de l’autocensure, accrue par le présupposé erroné que le silence vaut accord) ;
- La pression directe sur tout membre qui exprime des arguments solides contre un stéréotype, une illusion ou un engagement du groupe, précisant clairement que ce type de désaccord est contraire à ce qui est attendu des membres loyaux ;
- L’émergence de gardiens de la pensée, des membres qui protègent le groupe d’informations contraires qui pourraient briser la complaisance partagée au sujet de l’efficience et de la moralité de ses décisions.
Lorsqu’un groupe présente la plupart des symptômes de la pensée de groupe, les conséquences d’une procédure de décision défaillante peuvent être attendues : analyse incomplète des autres options, analyse incomplète des objectifs, défaut d’examen des risques du choix favori, défaut de réévaluation des options initialement rejetées, piètre recherche d’information, biais de sélection dans le traitement de l’information disponible, défaut de préparation de plans de secours.
On voit une telle congruence entre ses critères, notre définition du complotisme, ainsi que l’observation réelle du comportement de ces gens que nous reviendrons probablement sur ce sujet un jour. Une partie III…
- « Traduction politique »: ce n’est pas pour rien que nous suivons les complotistes. En immense majorité, leurs idées, les leaders et les idées suivies sont celle des extrêmes droites. Et c’est parfaitement normal, le complotisme EST L’ADN DES EXTRÊMES DROITES. L’extrême droite n’accouche pas du complotisme, c’est l’inverse:
7 – Selon leur vision mystique
Stéphane François est un historien des idées et politologue français qui travaille sur les droites radicales et les sous-cultures « jeunes » ses recherches portent sur les relations entre les sous-cultures comme les skinheads, ou en particulier les sous-cultures musicales, comme la culture gabber, le néo-paganisme, l’ésotérisme et les droites radicales européennes, dont la Nouvelle Droite et ses dissidences, ainsi que sur le milieu culturel dans lequel baignent les sous-cultures politiques occidentales d’extrême droite, un milieu constitué d’éléments disparates — dont l’ésotérisme est l’un des plus importants — qui forment une protestation contre les savoirs « officiels ».
Une des constantes de l’extrême-droite est le refus des sciences « officielles » qui ne serait pas une vérité mais des faits relatifs, mis en valeur par « le système politique officiel en place » pour empêcher « le vrai peuple » d’arriver à une réelle connaissance de lui-même, de son histoire et de son destin. On retrouve dans cette tentative de définition un lien profond avec l’anti intellectualisme de l’extrême droite et son profond mépris pour les chercheurs.
Certaines parties de l’extrême droite nient les sciences sociales, mais d’autres vont jusqu’à nier les sciences dites « dures » comme la physique ou la médecine. On entre alors dans la soupe complotiste, professant une véritable remise en cause des événements historiques comme le négationnisme, les « fakes news » (« théories » du 11 septembre), les « chemtrails », mais également l’émergence de sectes (néo paganismes), de théories sur les phénomènes dit « paranormaux », ou même niant les concepts les plus simples de la physique comme les théories de la terre plate. À cet effet, les tenants de ces « sciences alternatives » ont substitué à la méthode empirique une approche « hyper critique ». Les écrits de Julius Evola et de René Guenon sont à cet égard des textes fondateurs de l’extrême droite.
CONCLUSION
Comme nous l’expliquions dans notre article sur les méthodologies d’extrême droite, une véritable méthodologie implique une observation sur le terrain. Ce que nous avons tenté de faire ici. Tenté… La réussite ou non de cette petite expérimentation nécessiterait des moyens et un temps que nous n’avons pas. Cependant nous avons tenté de respecter une certaine méthodologie et un processus.
PS suite à la suppression de notre compte twitter, le thread n’est plus observable.