« Valeurs Actuelles », à nouveau au centre d’une très jolie affaire de désinformation factuelle à propos d’une conférence à l’IEP, mais cette fois avec la complicité de médias mainstreams comme CNEWS.
Une conférence à l’IEP avec le rédac’ chef de Valeurs Actuelles
Tout commence par l’organisation d’une conférence à l’IEP de Lille par une association « Les Arènes de Lille ». On retrouve ici la liste des conférences passées à l’IEP, et force est de constater que non seulement l’extrême droite y est rarement présente, mais que le « niveau » des invités y est assez haut. Économistes, sociologues, politologues, intellectuels de tout poils, haut fonctionnaires, ainsi, bien sûr que la présence de politiques de tout bord. « L’Arène de l’IEP » ne semble effectivement pas avoir un tropisme de droite ou d’extrême droite particulier dans l’organisation de ses conférences. On notera même que la présence d’Asselineau de l’UPR n’avait semble t’il pas soulevé un tel problème.
Le 22 janvier, cette même association invite Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction de « Valeurs actuelles » , ainsi que Charles de Consigny, chroniqueur bafouillant tendance ultra libérale, ultra conservatrice qui avait fait ses premières armes chez Ruquier et les « grandes gueules » sur RMC. Chroniqueur et plumitif médiocre, sans bagage intellectuel pour justifier son omniprésence médiatique… On ira plutôt chercher du coté de ses relations de « fils de » pour expliquer ceci. Bref un « germanopratin » d’extrême droite qui n’a comme qualité que d’avoir des relations qui expliquent que vous ayez à le supporter sur les ondes à défaut de la moindre once de talent ou de réflexion.
Mais en l’occurrence, il n’est pas à l’origine de la polémique.
Polémique qui se déclenche lorsque le directeur de l’établissement, Pierre Mathiot ait expliqué que la présence de Lejeune n’était pas « souhaitable » au sein de l’IEP. L’association a alors décidé d’annuler la conférence. Pierre Mathiot explique sur le compte Facebook de Sciences-Po Lille que sa décision est directement liée aux démêlées judiciaires de l’hebdomadaire :
« Le journal pour lequel [cette personne] travaille a été condamné en 2015 pour des faits particulièrement graves après la publication d’un dossier dont il avait été l’un des auteurs. »
Et c’est là que tout commence…
1) ACTE I
Bien entendu, Lejeune et « Valeurs Actuelles » dans son ensemble ne l’entendent pas ainsi et commencent une très jolie opération de com de style « lave plus blanc, ni vu, ni connu, jt’embrouille ». Le 20 janvier, VA donne donc la charge.
Sciences Po Lille censure une conférence avec Geoffroy Lejeune et Charles Consigny sous la pression de syndicats de gauche
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Auteurvaleursactuelles.com/ Lundi 20 janvier 2020 à 23:57 52
Organisé par l’association “L’Arène de l’IEP”, qui revendique de “faire vivre le débat”, l’événement a été annulé par le directeur de l’école. En cause, l’orientation politique des invités, dont le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles.
Petit à petit, la pratique devient règle : sous la pression de la gauche, une conférence à laquelle devaient participer le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune, et l’avocat Charles Consigny, a été annulée par le directeur de Sciences Po Lille. L’événement devait se dérouler mercredi 22 janvier à l’initiative de « L’Arène de l’IEP » de l’école lilloise. Une association qui revendique, sur son site, de « promouvoir et de faire vivre le débat au sein » de l’établissement. « L’association est totalement apolitique, et son unique prétention est d’offrir aux étudiants l’occasion de construire, conforter et échanger leurs opinions », peut-on encore lire.
« Un flot ininterrompu de désinformation »
Mais le débat ne « vivra » pas mercredi, a annoncé le directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot. « J’ai fait savoir aux organisateurs que si le thème de la conférence et le déroulé qui en était prévu, notamment la présence d’un enseignant chercheur comme modérateur, correspondaient à mes attentes, en revanche la participation de l’un des invités ne m’apparaissait pas souhaitable », a-t-il écrit sur Facebook. Et d’ajouter, ciblant, sans les nommer, Geoffroy Lejeune et Valeurs actuelles : « Il ne s’agit pas pour moi de juger ou d’évaluer les idées de cette personne, mais simplement de partir d’un constat : le journal pour lequel il travaille a été condamné en 2015 pour des faits particulièrement graves après la publication d’un dossier dont il avait été l’un des auteurs. » « Après avoir pris connaissance de ma décision, les organisateurs de la conférence ont estimé en conscience, et je comprends parfaitement leur position, qu’il n’était plus pertinent de maintenir cette conférence », conclut la publication.
Une décision qui survient après que de nombreux syndicats de gauche se sont mobilisés pour faire annuler l’événement, ainsi qu’en atteste un tract. « Les invités ne se sont pas fait remarquer par leur modération », peut-on lire. Ou encore : « Geoffroy Lejeune est directeur de Valeurs actuelles, un journal ouvertement d’extrême droite qui revendique constamment son islamophobie, son racisme et son homophobie. » « Le journal propage notamment la théorie du grand remplacement ou le climato-scepticisme et ouvre fréquemment ses colonnes aux idées les plus nauséabondes et à un flot ininterrompu de désinformation », poursuivent les auteurs du texte.
« Est-ce qu’Emmanuel Macron est d’extrême droite ? »
Ces derniers s’en prennent aussi à Charles Consigny, « un homophobe notoire, ancien soutien de Christine Boutin et opposé à la loi Taubira en 2012 » et qui « s’est illustré comme fustigeur de la “bien-pensance” de façon toute réactionnaire sur les différents plateaux de télévision qu’il a fréquentés, une excuse bien pratique pour étaler son racisme et son homophobie ». « À une époque où la crise climatique s’accélère gravement, [où] l’extrême droite tue en masse et [où] l’islamophobie atteint des sommets, il est scandaleux, irresponsable et dangereux de tenir cette conférence », explique le tract. Et de conclure : « Nous demandons à l’Arène de l’IEP et à la direction de Sciences Po Lille de prendre ses responsabilités pour que cette conférence n’ait pas lieu. »
L’association organisatrice de la conférence, elle, rappelait sur Facebook, le 16 janvier, avoir déjà convié d’autres personnalités à des événements de ce type, depuis le début de l’année, dont le journaliste de Mediapart, Fabrice Arfi. « Il est ahurissant que l’invitation de personnalités identifiées comme appartenant à l’autre bord politique suscite de telles réactions d’hostilité », écrivait-elle, revenant sur certaines des accusations formulées par les syndicats de gauche. « S’agissant de Geoffroy Lejeune, c’est un journaliste qui intervient sur toutes les chaînes de télévision, dans de très nombreuses émissions, y compris sur le service public, lesquelles ne le recevraient probablement pas s’il était aussi sulfureux que le disent nos détracteurs », indiquait le communiqué. « Il a même reçu les confidences d’Emmanuel Macron. (…) Est-ce qu’Emmanuel Macron est d’extrême droite ? Est-ce que les personnalités qui ont participé à la soirée débat organisée par Valeurs actuelles et animée par Geoffroy Lejeune (…) sont d’extrême droite ? » interrogeait « L’Arène de l’IEP », se disant « inquiète et choquée » que « des associations (…) s’arrogent le droit de censurer certaines opinions ».
« Nouveau cas de censure dans l’enseignement supérieur »
Après l’annonce de l’annulation de la conférence, l’avocat et ancien chroniqueur de l’émission « On n’est pas couché » sur France 2, Charles Consigny, a dénoncé « la pression de diverses associations grotesques qui demandaient cette censure ». « Je suis évidemment consterné par cette décision, comme je l’ai écrit au directeur de l’IEP. La liberté d’expression régresse », a-t-il ajouté. Une position partagée par le syndicat étudiant de droite, UNI, qui estime qu’il s’agit là d’un « nouveau cas de censure dans l’enseignement supérieur ». « Ce n’est pas dans les IEP qu’il faut chercher le débat d’idées », cingle encore l’UNI. « Je suis consterné par la décision de Sciences Po Lille, Geoffroy Lejeune est un excellent journaliste. Céder aussi facilement aux pressions de quelques associations ridicules n’est pas digne de Sciences Po. On annule une conférence pour délit d’opinion. Liberté d’expression en recul ! », a renchéri Charles Consigny, sur Twitter. « Merci Charles. Je suis triste de ne pas pouvoir exprimer nos désaccords mercredi à Lille, mais nous trouverons bientôt un espace de liberté sans mini-censeurs et apprentis bolchéviques pour le faire ! », lui a répondu Geoffroy Lejeune.
Au delà de l’aspect victimaire dont fait preuve l’article, que dit il réellement?
- Que la conférence est annulée.
- Sous pression de « syndicats de gauche »
- Que ce sont les idées de Lejeune et de Consigny qui sont visées.
- Que leurs idées sont censurées partout
- Que le directeur de l’IEP prend un prétexte brièvement évoqué
C’est un peu court jeune homme…
2) ACTE II
L’UNI, le syndicat passerelle entre les Républicains et l’extrême droite ayant pris très vite le parti de VA, la suite est encore plus prévisible que « Fast and Furious 26 ». La droite « tradi » reprend l’indignation par l’intermédiaire de la porte-parole des Républicains Lydia Guirous:
Et tout aussi bien entendu, une partie (prévisible) des Républicains embraye.
ACTE II, Scène 2
Dans le même temps, le RN, mais aussi divers groupuscules d’extrême droite embrayent également. Les twitts de soutiens pleuvent.
Et bien entendu la fachosphère:
Et c’est là que l’on note les miracles du « lave plus blanc » de Valeurs Actuelles. Oh miracle dans aucun de ces articles il n’y est question du fond du probème: « Valeurs Actuelles » est un journal CONDAMNE par la justice…
« Valeurs Actuelles » qui est d’ailleurs en difficulté depuis la judicieuse campagne des copains des « Sleeping Giants » doit penser que la meilleur défense c’est l’attaque puisque tombe le couperet dans un nouvel article: le sieur Mathiot est un « islamo gauchiste »:
De quoi instaurer définitivement la thèse de la censure et SURTOUT faire oublier les faits.
Cette thèse de la censure est tellement installée que l’ont peut désormais l’élargir à des médias mainstreams. Car en effet si on regarde le nombre de retweets, on s’aperçoit que cette affaire malgré l’agitation de la fachosphère reste une tempête dans un verre d’eau. Or si le contexte actuel de Valeurs Actuelles est difficile comme nous venons de l’évoquer, la fachosphère en général est aussi confrontée à une difficulté d’actualité. L’extrême droite a besoin d’un buzz permanent pour exister qui tourne autour de ses obsessions. D’où notamment cette production industrielle de #FakeNews que nous dénonçons sur ce site. Nous sommes actuellement dans une période d’agitation sociale où les obsessions de l’extrême droite sont loin reléguées derrière les préoccupations sociales. C’est donc un triple bénéfice que Valeurs actuelles recherche.
Faire oublier sa condamnation judiciaire qui était ressortie à l’occasion de cette affaire. Se poser en victime de la « censure de gauche ». Et enfin replacer les projecteurs sur l’extrême droite.
3) ACTE III
Le sieur Pascal Praud, soutier officiel de l’extrême droite sur CNEWS, chaîne officielle de propagande de la fachosphère remet cent franc dans le nourrain:
Et c’est là que cela devient amusant.
Le responsable de Valeurs actuelles (donc l’hebdomadaire) a bien été définitivement condamné pour sa couverture sur les Roms. Et Geoffroy Lejeune avait bien écrit cet article, titre compris. Le Directeur de Sciences Po. Lille n’est pas un menteur. Pascal Praud l’a diffamé. « VA » a même été condamnée deux fois. La condamnation de la « Marianne Voilée » a été annulée en cassation, mais pas le premier article. Et qui est bien de Geoffroy Lejeune comme le montre la capture de Marc Gral:
L’article et notamment le titre qui pose problème sont donc bien de Geoffroy Lejeune. Ce dont parle Geoffroy Lejeune, c’est d’une autre condamnation, avec en couverture une Marianne voilée. Cette condamnation a bien été annulée en Cassation. Lejeune a créé la confusion, avec la complicité de Praud.
En réalité, le Directeur de Sciences Po Lille avait publié un communiqué sur Facebook, et il ne l’a jamais effacé. Après avoir menti, Praud sera obligé de le reconnaître plus tard dans l’émission. Le communiqué est toujours en ligne. En somme, tout ce que le Directeur de Sciences Po. Lille a écrit dans son communiqué est vrai.
La réalité est chafouine pour l’extrême droite.
Et en parlant de réalité allons un peu plus loin.
- Tout d’abord, comme le dit le vice-président le « La Maison des Potes » dans l’article de l’Express cité ci-dessus:
Valeurs actuelles « booste ses ventes avec des Unes à caractère raciste », qu’en est il? Pour Libé, l’affaire est « pliée » depuis bien longtemps. Mais pour vous faire une idée par vous même on vous conseille ce petit « pot pourri » des unes de VA.
Des unes tablant sur du buzz, de l’agressivité, la victimisation permanente, la dénonciation quasi permanente des « islamistes » et des « islamos gauchistes », bref une ligne destinée à instiller la peur et à annihiler tout semblant de réflexion.
- Deuxièmement rappelons que « Valeurs Actuelles » est un média militant de propagande. Mensongère de surcroît. VA ne fait pas passer une info, mais une ligne politique. Quitte à tordre le bras de la vérité, ce que nous avons dénoncé très régulièrement.
- Troisièmement le mensonge de la « censure » ne tient pas. Ses éditorialistes et chroniqueurs hebdomadaires ou réguliers sont invités en boucle sur plusieurs médias, dont ceux du service public, qu’on en juge:
Éditorialistes:
- François d’Orcival, président du conseil d’administration, président du comité éditorial
- Yves de Kerdrel, journaliste, ancien directeur général
Chroniqueurs hebdomadaires
- Philippe Barthelet, écrivain
- Éric Brunet, journaliste
- Maud Fontenoy, navigatrice
- Gilles-William Goldnadel, avocat
- Basile de Koch, écrivain
- Sophie de Menthon, chef d’entreprise
- Catherine Nay, journaliste
- Denis Tillinac, écrivain
Chroniqueurs réguliers
- André Bercoff, journaliste
- Charlotte d’Ornellas, journaliste
- Jeannette Bougrab, juriste
- Chantal Delsol, philosophe
- Yves Roucaute, philosophe
Par exemple, Charlotte d’Ornellas, plumitive de Valeurs Actuelles intervient régulièrement sur plusieurs médias: Boulevard Voltaire, Présent, L’Orient-Le Jour, L’Incorrect, Aleteia, Famille chrétienne, La Nouvelle République du Centre-Ouest, mais aussi TV Libertés, Radio Courtoisie, CNews, Paris Première, France Info (Les Informés) et BFM TV.
Bien loin de la censure, nous sommes plutôt sur une omniprésence!
CONCLUSION
En bref une petite opération de propagande pour Valeurs Actuelles qui leur permet de se complaire dans leurs mensonges et la victimisation abusive sans que personne ne les reprennent là où ils sont invités, c’est à dire partout.
NB: Article réalisé en collaboration avec « Marc Gral« , citoyen antifasciste, avec qui nous sommes en contact.