17 avril 2013 | Temps de lecture : 4 minutes

« Moi, de la CRS 29, je vous dis ce qu’on ne dit pas aux infos »

Encore un témoignage bidon

« ce qu’on ne dit pas aux infos » voilà un message bien mystérieux. Mais derrière ce cache un bon vieux hoax. Ce « témoignage » d’un prétendu CRS,  qui circule sur le net , et qui fait bien peur :

« VOILA CE QUE L’ON NE DIT PAS AUX INFOS NATIONALES :
Collègues de la C.R.S.29,
Salut à tous
et aussi à vous braves gens crédules qui ne croyez que ce que vous voyez ou entendez aux infos.
J’étais sur les « Tarterets », hier soir, pris à partie. …. 
Et là, déferlement de violence, les mecs ont essayé de rentrer à l’intérieur,
les collègues qui étaient derrière tenaient les portes pendant que Régis se faisait éclater la tête à bout portant par des pavés
(17 pavés à l’intérieur du véhicule entre 500 g et 1 kilo, du sang partout, radio explosée),
j’ai vu le véhicule : c’est un truc de fou.
UN a réussi à rentrer par derrière (en ouvrant la porte par pesée !!! AVEC UN PIED DE BICHE)
et a tiré la caisse munition qui, heureusement, était quasiment vide car les potes s’étaient bien équipés.  ………
C’est juste un miracle que Régis soit en vie aujourd’hui (nez fracturé, plancher orbital enfoncé et plaies diverses),
parfois on a des réflexes de survie insoupçonnables, car s’il perd connaissance,
les mecs rentrent dans le boxer et, là, je pense qu’il y a mort d’un côté ou de l’autre.
Les autres potes sont choqués par la violence de l’agression. lis ont la haine de ne rien avoir pu faire. UN a réussi à rentrer par derrière (en ouvrant la porte par pesée !!! AVEC UN PIED DE BICHE)
et a tiré la caisse munition ………….  »

Justement, chez les Debunkers, nous ne sommes pas connus pour être crédules, et nous sentons une drôle d’odeur derrière ce « témoignage ».

Ce qu’on ne dit pas aux infos…

Odeur de  hoax : encore un « témoignage », sans date, « hier soir ».

Ce n’est pas la coutume du langage policier…
Tantôt on comprend que les faits viennent de se produire, en avril 2013, tantôt la date des « événements » se confond avec la date de diffusion sur le net, octobre 2012, août 2012, mars 2012, octobre 2011.

Odeur de hoax : deux signatures différentes pour ce « témoignage ».

Au début, on est censé croire que cela provient d’un membre -anonyme-  de la CRS 29, et qui aurait  été présent au moment des « événements ». Mais à la fin du témoignage, apparaît une signature qui n’a rien à voir la première :
« Service Technique de Recherches judiciaires et Documentation – Division des Applications Judiciaires – Groupe Administration JUDEX 01, Boulevard Théophile Sueur – 93111 ROSNY SOUS BOIS »

Odeur de  hoax: pas vraiment le « style policier »

Les policiers, CRS ou pas, sont habitués à lire et à écrire des PV dans un style administratif-maison, bien reconnaissable.  « les mecs », « les autres potes », « truc de fou » , « ils ont la haine »etc : c’est un langage tout à fait inconnu dans les rapports policiers.

Odeur de  hoax : le vol d’une caisse de munitions

Sur Hoaxbuster, un internaute,  qui semble bien connaître les pratiques policières, précise :  « Il est extrêmement improbable (pour ne pas dire impossible) qu’une caisse de munitions soit embarquée dans un véhicule de patrouille. On rempli les chargeurs et on approvisionne les armes avec ces chargeurs avant le départ en service. Si il faut emporter des munitions supplémentaires, elles sont aussi dans leurs chargeurs, et chaque homme à son équipement. Remplir un chargeur prend du temps, se serait suicidaire de réapprovisionner cartouche par cartouche !
Les seuls à manipuler les caisses à munitions sont les armuriers, et même si on emmenait des caisses sur les lieux d’une intervention, ce serait dans un véhicule de soutien, en retrait, pas un véhicule de première ligne, encore moins dans un véhicule de patrouille isolé !

Odeur de  hoax : aucun communiqué de la police, ni des syndicats policiers…

En réalité,  …

C’était  à Gennevilliers, et pas aux Tarterets

C’était en 2010. Sous Sarkozy. Pas en 2012, sous Hollande

Et en réalité, la presse en a parlé.

Exemple :  Paris Match, 21 septembre 2010 :  Gennevilliers: le cauchemar des policiers caillassés .  ( des faits graves, certes, mais qui sont éloignés du film que nous décrit ce prétendu témoignage)

C’est une constante dans les extrêmes-droites : se plaindre du silence, de la censure des médias pour faire croire à la nécessité et à la réalité de leurs multiples sites et pages de  prétendue « ré-information »,

Pourtant, TF1,LCI, RTL,  RMC, Le Figaro, Le Parisien, le JDD, Le Point, etc, ne sont pas connus pour être particulièrement silencieux en matière de faits-divers et d’insécurité…

De nombreux partisans de l’extrême-droite sont touchés par une véritable épidémie, quasiment un trouble de l’identité : dans leurs frustrations, ils s’imaginent, se travestissent  en policiers, militaires ou gendarmes qui vont partir en guerre contre tout ce qui leur paraît non-conforme.

Trois exemples, parmi d’autres :

1) Les lettres de menaces de mort envoyées au nom de « IFO / Interaction des Forces de l’Ordre »

2) Un groupe de lepénistes et identitaires, en paramilitaires :  Déçus du FN, ils prônent la lutte armée et les meurtres racistes

(…….) Ils se définissent comme « des hommes et des femmes prêts au combat », doivent jurer « d’être un soldat brave et fidèle, prêt à faire le sacrifice de ma vie pour la France », se présentent comme des anciens du SAC, le Service d’Action Civique, d’anciens militaires ou policiers à la retraite. Ils ont des grades : chef national, chef de région, chef de département, instructeur, chef de section ou chef de rang. Ils ont un uniforme : pantalon et une veste de treillis noirs, béret noir, paire de rangers et tenue de camouflage. Ce sont les membres du FDF (Front de Défense de la France), mouvement encore inconnu il y a quelques semaines et qui va tenir son premier rassemblement dans l’Hérault à la fin du mois d’avril. Multipliant les références néo-nazis, il veut se structurer comme un véritable groupe para-militaire. (……..)

3)  Exemple en image Avec ce « Capitaine Faf – Préfecture de Police «  sur la page facebook nommée « Pour Le Respect, le Retour«    :

To top