La propagande et l’extrême droite, c’est une longue histoire d’amour. Quitte à dire n’importe quoi. Et ici Madame Marion Anne Perrine le Pen le prouve, une fois de plus si il en était besoin. Car sur l’Europe, l’extrême droite raconte n’importe quoi. Quitte à confondre les instances, mentir sur des arrêts juridiques, inventer des clauses aux traités, etc…
Alors imaginez les fantasmes qui peuvent survenir sur le Brexit… Et bien en voilà la preuve avec ce twitt d’aujourd’hui de la cheftaine elle-même:
« Depuis le
#Brexit, la richesse nationale du Royaume-Uni a mieux progressé que celle de la zone euro, leur taux de chômage est au plus bas, ils ont créé deux fois plus d’emplois qu’en France, et les salaires ont augmenté après l’arrêt de l’immigration massive ! »
Tant de mensonges en une seule phrase force absolument le respect… Reprenons ces affirmations qui ressemblent plus à des incantations balbutiantes qu’à autre chose..
- « Depuis le
#Brexit, »
On commence très mal. En effet, et jusqu’à preuve du contraire, le « Brexit » n’a pas encore eu lieu… Il y a encore quelque jour la date définitive (et là aussi l’avenir nous le dira) la date butoir est repoussée jusqu’au 31 octobre 3019. Le référendum a bien eu lieu. La sortie n’est pas encore effectuée. Et rien ne dit qu’elle finira par se faire au vu de la crise politique considérable que connait la Grande Bretagne depuis ce vote.
- « la richesse nationale du Royaume-Uni a mieux progressé que celle de la zone euro, »
La première question c’est « qu’est ce que la « richesse nationale »? L’INSEE donne une lecture de dix indicatifs pour répondre à cette question. Traditionnellement, on regarde le PIB, le PIB par habitant, les inégalités de revenu, la pauvreté, l’emploi et la sacro sainte « dette publique ».
Regardons ce qu’il en est. Ce n’est guère flambant. Le PIB connait sa plus faible croissance depuis plus de dix ans. La consommation baisse, l’immobilier aussi. D’ailleurs si celui ci connait une croissance de 4% au RU, en France , il grimpe de 7%.
Le PIB par habitant croît certes de 3%, mais celui de la France croit de 7% dans le même temps.
La dette par contre a effectivement baissé. Sauf qu’elle est due à une contraction des dépenses de l’état, donc à une politique austéritaire drastique.
Quant à la pauvreté et aux inégalités elles explosent littéralement!
En fait, c’est toute l’économie britannique qui est brinquebalante.
- « leur taux de chômage est au plus bas, »
Là on est en pleine propagande ultra libérale. En effet, cela est vrai, le taux de chômage est au plus bas. Sauf que EXACTEMENT comme dans tous les pays ultra libéraux, cette baisse n’améliore en rien le sort des britanniques. Paradoxal? non.
Theresa May a brandi son bilan en matière de diminution du chômage pour justifier les décisions du gouvernement. Si le chômage est effectivement passé de 7% en 2013 à 4,1% en septembre 2018, le marché du travail s’est précarisé, souligne Patrick Cingolani, sociologue à Paris Diderot. « Avec l’émergence de contrats comme le zero hour contract ou la multiplication des indépendants sur le modèle d’ Uber, ce type d’emplois soit ne permettent pas aux plus pauvres de sortir de la précarité » affirme-t-il.
Cette « amélioration » n’a donc rien à voir avec le brexit, mais bien avec la continuité des politiques austéritaires…Comme dans l’UE…
- « ils ont créé deux fois plus d’emplois qu’en France, »
Sans doute. Sauf que cette phrase en soi ne veut rien dire. Ici MAPLP sous entends que DEPUIS que le brexit est en marche, le chômage reflue considérablement. DONC elle sous entend un lien entre les deux. Toujours le même problème de la corrélation et de la cause, vieux comme le monde à l’extrême droite.
Or justement les statistiques sont claires: ce reflux a commencé AVANT le vote du Brexit:
Et comme nous l’avons vu au dessus ce reflux du chômage est la conséquence de l’explosion du travail hyper précaire, de « l’UBERisation » de la société. Grande Bretagne ou pas. Europe ou pas. Brexit ou pas. On ne voit pas très bien où on devrait se réjouir, à moins que le FN/RN ne compte mener exactement les mêmes politiques.
Mais en l’occurrence il est clair que cette soit disant amélioration (amélioration pour qui à part le patronat?) n’a rien à voir avec le brexit.
- « et les salaires ont augmenté après l’arrêt de l’immigration massive ! »
A nouveau le problème de la corrélation et de la cause. Pour l’extrême droite, c’est clair « immigration=chômage ». On connait cela dès les premiers temps du FN.
Sauf que c’est un peu moins clair lorsque l’on se penche sur les « détails » du programme du FN/RN.
Car il faut être clair, et ce n’est que sur les publications de ce parti que cela le devient, il y a deux sortes d’immigrés: les « souhaités » et les « non souhaités », en bonne novlangue « être pour une immigration choisie ». Qu’est ce que l’immigré indésirable pour le FN/RN? Ce n’est même pas celui qui ne présente pas de formation et donc un « intérêt économique ». Non. L’indésirable c’est l’immigré du sud.
La description est claire, l’immigré gênant c’est celui qui vient de pays « déstabilisés » par les guerres ou les changements climatiques. Ce n’est donc pas l’européen, le russe ou l’américain. Donc si le brexit a « stoppé l’immigration massive » selon le Pen, c’est l’immigration du sud. Pas de bol ce n’est pas le cas.
« Toutes nationalités confondues, l’immigration nette globale vers la Grande-Bretagne a augmenté de 249.000 en 2016 à 282.000 en 2017, un chiffre qui demeure cependant inférieur au record pluriannuel de 332.000 enregistré en 2015, indique l’ONS. En revanche, l’immigration nette de citoyens de l’UE vers la Grande-Bretagne a chuté de 133.000 en 2016 à 101.000 en 2017. »
On ne peut vraiment pas dire que le brexit ai fait chuter cette immigration « indésirable » selon les dogmes de St Facho…
Enfin nous avons vu que la baisse du chômage, avait commencé AVANT le brexit. Celui ci n’en est donc pas la raison profonde.
Reste l’augmentation des salaires.
Et effectivement, c’est un point souligné universellement par les extrêmes droites, les salaires augmentent:
Le nombre de candidats pour les postes inoccupés a chuté de manière conséquente. La demande est passée de 24 postulants à 20 pour les emplois peu qualifiés, de 19 à 10 pour les emplois moyennement qualifiés et de 8 à 6 pour les emplois qualifiés. Les secteurs les plus touchés sont ceux qui ont toujours compté sur la main-d’œuvre non britannique: la vente, la manufacture et la restauration.
Le départ des immigrés européens qualifiés serait donc une des raisons.
Sauf que ces mêmes raisons sont peu rassurantes dans un second temps:
Mais ce ne sont pas les seuls. «47% des employés non-britanniques qualifiés au Royaume Unis pensent à quitter le pays dans les 5 prochaines années», selon une étude dirigée par le cabinet Deloitte en 2017.
Bon courage pour les remplacer…
Et enfin, un détail vient perturber le tout: l’inflation.
L’inflation est la principale raison avancée par les entreprises interrogées par le CIPD pour anticiper une hausse des salaires dépassant 2% et on peut se demander si cette poussée ne sera pas momentanée dans la mesure où l’inflation est retombée en deçà de ce pourcentage.
Il est donc difficile de savoir ce qu’il en sera par la suite d’autant que les salaires du public, eux, stagnent, comme en France.
Par ailleurs, les traitements de la fonction publique n’augmenteront pas autant que les salaires du secteur privé, avec une hausse de 1,1% attendue cete année, après une brève poussée à 2%. En conséquence, les revalorisations salariales dans l’ensemble de l’économie après négociation restent inchangées à 2%.
On en restera là.
Mais une fois de plus les élucubrations du premier parti troll de France, nous aurons convaincu que l’économie, décidément, c’est pas leur truc! Par contre, la propagande…