CE DOSSIER A ÉTÉ MIS EN PAGE ET EST DISPONIBLE EN VERSION PDF POUR UNE MEILLEURE LECTURE.
VOUS Y TROUVEREZ ÉGALEMENT DES SOURCES SUPPLÉMENTAIRES, ET LES NOTES DE BAS DE PAGE.
Enfin, nous allons pouvoir utiliser les données accumulées dans les premières parties de cette étude afin de répondre à plusieurs problématiques. La première étant de répondre à la question maintes fois posée et mainte fois récusée par les intéressés eux-mêmes : « le Front national est t-il d’extrême droite ? ». Par la suite, nous cataloguerons et classerons différents groupes d’extrêmes droites afin d’en dégager des familles.
A. Le FN est-il un parti d’extrême droite ?
Posée de façon aussi simple, la question peut faire sourire. Pourtant, au vu de l’objectif de cette étude, la question est primordiale. Effectivement, nous n’avons pas conçue cette étude uniquement pour vous informer, vous faire comprendre et découvrir. Ce très long article a surtout pour objectif de vous faire acquérir des outils de connaissance indispensable pour argumenter, répondre, contrer un adepte de la pensée sous fasciste.
Or si la question ne se pose pas pour certains groupes (comme « Troisième Voie », « Breizatao », etc.), beaucoup d’autres nient totalement leur appartenance à cette famille politique. Le FN en fait partie, d’où des phrases « célèbres » comme celle de Jean Marie le Pen qui se définit comme : « Socialement je suis de gauche, économiquement de droite et, nationalement, je suis de France ». Citation qui trouve son écho dans « ni droite ni gauche : français », et d’où l’extrême variété des appellations que l’extrême droite donne pour se qualifier : « droite nationale », « mouvement national », « droite populaire », « nationalistes », « patriotes » ou simplement « droite ».
Reprenons donc notre liste d’invariants afin de l’appliquer au FN…
➥ Une histoire du pays et/ou de la nation fantasmée dont résulte une propagande galopante et une réorganisation de l’éducation et de l’enseignement selon des critères dogmatiques
➥ Croyance en des lois intangibles
➥ Enjeux ésotériques et complotistes
- Avec Marine le Pen, plus rumeur, tu meurs
- Le FN relaye la rumeur du 93
- La théorie du complot au FN
- Les fake news au FN
Marine le Pen et la rumeur historique des Protestants sous Richelieu - Le FN défend le Maréchal Pétain et la thèse dite du « glaive et du bouclier »
- Le FN défend une vision fantasmée de la colonisation
- Et enfin tous nos articles sur le FN…
➥ Une vision organiciste excluante du groupe : « nous » et « eux ». Pour une organisation tribale de la société.
Un programme de 144 mesures dont plus de dix parlent de l’immigration, un programme qui lie explicitement immigration avec criminalité et terrorisme.
➥ Populisme et démagogie
Le slogan de la campagne 2017 « Au nom du peuple » est particulièrement parlant. Qui lui a donné le droit de parler « au nom du peuple » ? Représenterait-elle « le peuple » dans son intégralité ? Qu’adviendrait-il des autres, ceux et celles qui ne se reconnaissent pas dans le « credo » frontiste — Leur refuserait-on l’accès, à ce peuple ? En seraient-ils exclus, et de quelle façon ?
Reprenons les dires Marion Anne Perrine le Pen :
« Mais le déni de démocratie, et tous ceux qui me suivent le savent bien, ne se situe pas qu’au niveau de l’élection présidentielle : à l’Assemblée nationale, 15 à 20% d’électeurs français — les nôtres — sont privés chroniquement de représentation, sans que cela pose plus de problèmes que ça aux représentants des autres partis, si sourcilleux, en paroles, avec les grands principes démocratiques. Mais ce refus de prendre en compte les aspirations d’une grosse minorité ou d’une nette majorité (…) du peuple français, va bien au-delà de la simple représentation de notre courant: les Français, en effet, ne sont pas consultés sur les grandes questions les concernant, de l’immigration à la souveraineté, précisément parce que les élites mondialisées qui nous gouvernent ne veulent plus entendre parler d’identité et de souverainetés nationales. »
D’autres slogans du FN répondent également à cette question :
➥ Rhétorique particulière : discours « anti-système », « novlangue »
➥ La désignation de boucs émissaires étrangers au groupe comme cause de déclin, de l’unité et du fonctionnement du groupe
➥ Dédain des droits de l’homme, sexisme, éloge des valeurs ultra réactionnaires, homophobie, persécution voire élimination des boucs émissaires, des opposants politiques
Le FN et les femmes- Un cadre du FN raconte l’arrière boutique
- Le double visage du FN sur l’homosexualité
- Compilation des dérapages FN sur l’homophobie et l’islamophobie
- Ménard plus réactionnaire que le FN
- La galaxie d’extrême droite autour du FN
➥ Un chef charismatique : Césarisme, autoritarisme, dictature, totalitarisme
On trouvera avec intérêt des « hymnes « à la gloire du chef, des déclarations d’amour, des « je mourrais pour toi », des « vive marine », etc. un peu partout sur les réseaux sociaux.
➥ Un éloge du nationalisme dont découle naturellement une glorification des valeurs martiales, de l’armée
➥ Une obsession de la sécurité nationale envers les ennemis extérieurs mais aussi intérieurs d’où une obsession du sujet de la criminalité
- Le programme du FN: une obsession sécuritaire mal renseignée
- FN: l’obsession sécuritaire
➥ Primauté de la police sur la justice (discours sécuritaire)
➥ Diminution voire suppression des corps intermédiaires
- Le FN crée son propre syndicat
- Comment les maires FN musellent les associations
- Le FN dissout les associations « dissidentes »
- Contre les associations, les maires FN règnent par la terreur
Bref, le FN est un parti qui répond aux huit critères que nous avons défini. Ce parti est donc bien un groupement d’extrême droite.
B. Classement des mouvements et partis selon ces critères
Nous pouvons maintenant nous lancer dans une catégorisation des différentes familles politiques de l’extrême droite française. Nous catégoriserons tout d’abord les « groupes » (partis, etc.) puis les sites de la fachosphère.
Voici les groupes que nous catégoriserons.
(Nous avons volontaire ignoré les groupes les plus petits)
• Les partis/syndicats et assimilés/associations •
• Classification
L’importance des centres d’intérêts est catégorisée par un code de couleur que voici:
« Aucun » [X] | « Intérêt mineur » | « Moyen » | « Majeur » | « Primordial » |
Après la réalisation de ce classement, il est possible de catégoriser ces mouvements par rapprochements de sensibilités proches.
C. Les sites de la fachosphère française et francophone
Nous allons maintenant procéder au même classement avec les sites de la fachosphère afin que vous vous y retrouviez quelque peu dans cette jungle !
Bien entendu, nous allons éliminer le critère « Utilisation de la violence » qui n’est guère pertinent pour des sites internet — quoique certains de ces sites représentent des groupes qui professent parfois l’usage de celle-ci.
*Ainsi que tous les sites de « réinformation » locaux.
↳ cf. notre article sur le sujet
Pour savoir qui est derrière ces sites consulter cette page
Enfin, nous avons mis à part les sites représentants des intérêts de groupes d’extrême droite dans des pays tiers, mais influents en France. Leurs boucs émissaires son intimement liés aux intérêts des dirigeants de ces sites.
À présent, il nous reste à aborder brièvement une partie sur une extrême droite un peu particulière, les « rouges-bruns ».
D. Rouge-brun / confusionnisme / complotisme
L’extrême droite « rouge-brune » est très difficile à cataloguer, à tel point que certains « libéraux » de droite ou de centre droit ne l’utilisent pas comme un positionnement politique mais comme une injure excluante.
D’autres l’utilisent même pour cataloguer toute position critiquant la politique actuelle de l’état d’Israël. Et pourtant… le site « Socialisme libertaire » en a fait un article humoristique, mais très intelligent résumant bien la situation :
« Oui, c’est vrai, et le risque d’être empoisonné est important. Mais quelques règles sont à suivre si vous voulez éviter d’être piégé par le Rouge-Brun, en croyant avoir autre chose de tout à fait comestible en face de vous. La première chose à faire, est de voir combien de caractéristiques centrales du Brun sont présentes : au dessus de 50%, soyez certain, c’est un Brun. Pour l’aspect rouge, ça se complique, parce que de nombreux courants qui ne sont pas proches des Rouge-Bruns sont très similaires : il vous faut donc vérifier si votre Rouge soutient du Brun, s’accorde avec des caractéristiques propres au Brun.
S’il est bien Rouge (au dessus de 30% c’est déjà pas mal) et qu’il s’accorde avec les 50% des caractéristiques des Bruns, c’en est un ! Mais attention, cette variété est rusée et tente souvent de se camoufler en autre chose, pour qu’on ne la repère pas. Par exemple, vous avez le Rouge-Brun qui défend les Arabes, et ne voit pas de problème avec l’islam, ou bien n’en parle pas. Testez-le un peu sur la Shoah, regardez par exemple s’il apprécie ou soutient les révisionnistes. Observez sa réaction si vous l’aspergez de populisme bien gras, de souveraineté et de retour au franc, et de sortie de l’euro. En général, si c’est un Rouge-Brun, il saute dessus et s’emballe : gagné, c’en est un ! »
Ainsi, le « rouge brun » combinerait les positions suivantes :
Il est finalement aisé de comprendre à cette lecture, que la position « Rouge » est une imposture, un dévoiement des positions de la gauche.
Les « Rouges » sont fondamentalement internationalistes et anti capitalistes. Le « rouge brun » veut bien d’un capitalisme, mais « national », comme l’extrême droite classique. Un « rouge » sait très bien que l’oligarchie en place est une résultante d’un système économique. On parlait autrefois de la « bourgeoisie », des possédants. L’oligarchie est interchangeable, peu importe qui est au pouvoir, on ne vise pas les gens qui seraient « mauvais » comme le pense le rouge brun, mais représente une idéologie, une doxa ! Le rouge brun est par essence populiste.
Enfin l’anti américanisme du rouge brun est une position complotiste, pas une position d’analyse sociale, politique et économique.
D’après l’historien Nicolas Lebourg, cette notion serait née dans les années 90. Cette dénomination péjorative est née en Russie en 1992 pour fustiger le Front de salut national, qui regroupait l’extrême droite populiste et les conservateurs communistes.
N. Lebourg souligne le travail de l’historien Philippe Burrin qui explique que le fascisme ne crée pas de clivage: il les traverse sans les annuler, il tente de les fusionner. Par exemple, en créent une « alliance nationale » censée supplanter la lutte de classe… mais qui ne l’annule pas pour autant. C’est exactement ce que fait le rouge brun, mais aussi une bonne partie de l’extrême droite ! Les tentatives de définition du « mondialisme du FN », les « révolutions nationales » de Pétain, etc. Sans que le clivage supposé disparaître ne cesse d’exister.