Le grand reset, ça en inquiète du monde, et pour des raisons différentes. Mais de quoi s’agit-il vraiment ?
Le réchauffement climatique est une réalité, niée par une poignée de sceptiques, mais certainement pas par les puissants de ce monde. Admettons. Justement, le Covid a été une crise qui a secoué tout le monde, mais ne serait-ce pas l’occasion d’un retour à zéro, un nouveau départ ? Pour les aficionados du complot systématique, c’est un signe. À Davos, le Nouvel Ordre Mondial a tout prévu pour son propre bonheur, et le cout sera terrible pour la population mondiale.
Regardons cela ensemble.
Le grand reset, un programme économique pas très secret
Faisons un pas en arrière et retournons à l’époque heureuse de l’argent magique. Le monde est tétanisé par la crise engendrée par la pandémie. La Chine est confinée et plus personne ne fabrique rien de ce côté là. C’était ce temps étrange où le litre de sp95-E10 était à 1,22€ mais où on ne trouvait plus de papier toilette dans les rayons.
Et forcément, cette crise allait en inspirer quelques uns.
Le forum économique mondial
Reprenons les choses dans l’ordre. Tout le monde connait le forum économique de Davos, mais qu’est ce c’est ? Et bien avant devenir la grand messe du nouvel ordre mondial, le forum de Davos c’est un rassemblement de tout ce qui compte d’important dans le monde capitaliste moderne.
L’idée est celle de Klaus Schwab, un économiste allemand qui choisit la riante bourgade de Davos en Suisse pour y accueillir un symposium, un congrès si vous préférez. Y défilent des spécialistes, des chefs d’entreprise, des dirigeants et tous passent quelques jours à débattre, écouter des conférences et causer des grands enjeux du monde moderne.
Davos, c’est ça. Rien ne s’y décide et pourtant à l’image du groupe Bilderberg (dont Schwab fait partie aussi d’ailleurs), ce sont des rouages important où les puissants (au sens où ce sont ceux qui ont un pouvoir dans le monde capitaliste) se retrouvent. C’est un laboratoire d’idées (un think tank) d’inspiration franchement libéral et une occasion inespérée pour faire du réseau.
Le grand reset ou la grande réinitialisation
Revenons à nos moutons. Nous sommes dans la période Covid, et les puissants de ce monde ont beau être riches à milliards (et de plus en plus), il leur arrive de philosopher parfois et de se dire « On est bien peu de chose ».
C’est à ce moment là que Klaus Schwab a une idée : une grand réinitialisation, ou le grand reset.
En clair, il s’agit de grandes lignes économiques et sociales allant vers plus d’équité et de justice pour une croissance plus respectueuse de l’environnement, et nous devons aller vers plus de science et de technologie pour mieux appréhender le réchauffement climatique. Parce que dans ce monde en état de choc, rien ne va plus.
C’est beau comme la vie, on dirait du Ferrat. Le prince (pardon, il est roi maintenant) Charles soutient ce projet : c’est l’occasion rêvée pour lancer une quatrième révolution industrielle!
Bref, c’est le sujet d’un livre publié par Schwab et le thème du forum de 2020. L’idée est accueillit favorablement, après tout, ça n’engage à rien. Notez d’ailleurs que le great reset dispose d’un site officiel.
La prospective peut-elle casser des briques ?
Soyons lucide, le grand reset relève de la prospective, certainement pas d’un plan qui engage à quoique ce soit. Le forum de Davos n’a pas ce pouvoir là. Et y promettre monts et merveille n’engage pas à grand chose dans les salons feutrés.
Promettre un capitalisme vert, ça a un nom : le greenwashing. Le capitalisme ne peut pas ne pas épuiser les ressources, et à aucun moment les capitaines d’industrie n’envisagent sérieusement de renoncer à leur activité. En tous cas pas tant qu’on ne leur garantit pas leur position social, tant que les puissants de ce monde peuvent continuer à utiliser leurs jets.
Toutefois, le forum de Davos a des opposants. Tous les ans, des anti-capitalistes viennent de toute l’Europe pour se montrer dans cette station de ski, comme lors des contre-sommets des G8 ou G20. Comme de bien entendu, ça occasionne des manifestations parfois violentes. Excepté pendant la période Covid avec ses confinements.
Donc pour résumer, ni les anti-capitalistes, ni les capitalistes ne prennent tout ça très au sérieux. Ceux qui prennent le grand reset au pied de la lettre, ce sont les complotistes.
Les théories économiques du grand reset : un monde sans riches ?
Ainsi, nous entrons dans le monde merveilleux et bigarré des théories du complot. S’offrent à nous tout un éventail de suspicions à l’égard de la grande réinitialisation. D’emblée, on retrouve un premier point commun qui nous servira de dorsale dans cet article : il s’agit d’un plan. Nous allons ensuite répartir ces différentes théories, celles qui reposent sur un régime politico-économique, puis une fois échauffé nous verrons celles qui ont trait à un plan visant à réduire la population mondiale.
La guerre en Ukraine, départ du grand reset monétaire
Nous entrons dons dans les théories que nous qualifierons de politico-économiques. Dans cette première interprétation du grand reset, nous avons un effondrement de l’impérialisme américain au profit d’une alliance sino-russe.
Essayons d’éclaircir ça ensemble. Nous avons un postulat : les USA tiennent le monde avec le dollar, la monnaie étalon. C’est à dire la monnaie de référence.
La dernière décennie a été marquée par une guerre économique entre les USA et la Chine, en particulier sous la présidence Trump. Le monde a besoin de toujours plus de dollars, seulement seule la FED (banque centrale) peut en émettre. Et cette agence doit jongler en émettant la quantité juste pour éviter une dévaluation ou une trop grande inflation (parce que l’inflation est normale dans un contexte de croissance, tant qu’elle est maîtrisée). Pour essayer de rester simple, faire marcher la planche à billet signifie créer plus de monnaie que de richesses (c’est à dire injecter plus d’argent nouveau dans l’économie que la croissance n’a crée de richesses correspondantes), c’est à dire créer de la dette.
Vous suivez ? Tant mieux, on continue.
Dédollariser le monde
Un grand nombre de transactions sur la planète se fait donc en dollars. Mais certains pays ne veulent pas, comme la Russie ou la Chine et espèrent la dédollarisation de leur économie. Et pourquoi me direz-vous ? Pour plusieurs raisons, à commencer par le fait qu’il n’est jamais raisonnable de mettre tous ses œufs dans le même panier, imaginez un instant que l’économie américaine s’effondre, vous seriez engloutit. On peut également rappeler que les USA sont coutumiers des sanctions et appliquent leur législation à toute transaction en dollars.
D’où l’intérêt pour plusieurs pays opposés aux USA de sortir de son giron économique (Iran, Chine, Russie, etc..). D’autant plus que Trump a beaucoup usé du protectionnisme, stratégie politique qui consiste à surtaxer les importations pour privilégier la production nationale.
Mais quel rapport avec l’Ukraine ?
Après ce petit précis d’économie, passons à la géopolitique. Nous entrons désormais dans la dimension complotiste de notre théorie. La tension monte entre les USA et la Chine. Et justement cette dernière, avec la Russie a très envie de s’émanciper du pouvoir américain.
https://www.youtube.com/watch?v=_FIdAzQQeHw
Voici donc venue l’heure du grand reset monétaire ! Moscou va donc profiter que les USA soient en perte de vitesse dans un monde en pleine recomposition multi-polaire pour éprouver le vieux lion blessé. Ainsi, une attaque de l’Ukraine permettra de savoir si la puissance américaine est encore si importante. Si non, il suffira d’une pichenette pour que l’atlantisme soit enterré.
Dans l’éventualité de la chute de l’empire américain, un nouvel ordre mondial (encore un !) verra le jour, un monde multi-devise où le bitcoin aura une grande place.
Ce qui est cocasse dans cette théorie, c’est qu’elle émane d’influenceurs en crypto-monnaies qui voient tout sous l’angle du crypto-monde et qui espéraient quelque part un crypto-reset, fusse-t-il meurtrier.
Hélas, le drame, en novembre 2022, les crypto-monnaies, bitcoin en tête subissent un crash historique, pendant que l’Ukraine est aidé par ses alliés et résiste à l’invasion russe.
Le FMI va remettre les compteurs à zéros
c’est Breizh infos qui a attiré notre attention sur cette menace. Le site d’extrême droite relaie une vidéo de Charles Sannat, l’éditeur du site Insolentiae. Ce dernier tient une chronique sur son site et sur Youtube, spécialisée dans l’économie et les monnaies.
Sa thèse est celle ci, en tous cas dans les grandes lignes : avec la crise du Covid, nous avons atteint un stade particulier de l’économie, une croissance nulle malgré une masse monétaire et une dette qui explosent. Ce système n’est pas tenable, un reset de la monnaie est inéluctable. Cela dit, on ne sait pas par quoi sera remplacé notre monnaie.
Pour le site économie matin, il commente :
« Et le problème, vous le voyez bien, c’est que l’on peut échapper à une crise boursière en n’ayant pas d’actions, on peut échapper à une crise obligataire en n’ayant pas d’obligation.
Mais il est impossible d’échapper à une crise monétaire sauf, à ne pas détenir de monnaie…
Ne pas détenir de monnaie est donc la clef pour résister à une crise monétaire. Et dans ce cas tout est bon. Mieux vaut avoir de l’immobilier, des actions, ou des métaux précieux, des terres agricoles ou une Tesla électrique, tout mais pas de la monnaie !
Mais ne vous précipitez pas pour tout dépenser.
Nous ne sommes pas encore au stade de la réforme du système monétaire international.
Il va falloir une crise, une grosse crise pour vous donner envie d’accepter les contours pas toujours très sympathiques du grand reset que les Hommes de Davos vous préparent. »
le 11 janvier 2022
Survivalisme et livret A
Sur son site, il finit ses éditos par Il est déjà trop tard, mais tout n’est pas perdu. Préparez-vous ! Dans son univers, la crise est permanente et l’effondrement inéluctable. Sannat publie environ 3 à 4 vidéos par semaine sur sa chaîne Le grenier de l’éco, dont les thèmes tournent autour de l’économie, de la conjoncture et du pouvoir des chats, ma bonne dame.
Au milieu de ce contenu qui a le charme du conseiller fiscal, on trouve des titres (dans les vidéos comme les articles) avec des teneurs plus douteuses ; ce n’est pas pour rien que Breizh info le partage d’ailleurs, Insolentiae bénéficie d’une bonne image dans les milieux ultra-libéraux et identitaires, notamment pour ses analyses qui montrent une certaine fascination pour la Russie comme le montrent certains articles récents : Depuis 2019, Chine, Inde et Russie peuvent se passer du système SWIFT. Et nous? ou Depuis 2019, la Russie s’est entraînée à se couper de l’Internet mondial et nous ? et Sanctions. Pactole de 158 milliards d’euros pour la Russie. (On voit ici un discours récurent sur les sanctions à l’encontre de la Russie qui seraient sans effets)
Bien entendu, pour avoir les meilleurs conseils, il faut payer. À l’image des influenceurs en cryptos, Charles Sannat vit de son contenu. Il propose un abonnement à sa lettre quotidienne, des brochures et de la pub. Une petite entreprise qui vit mieux en temps de crise, visiblement.
Larouche contre les nazis de la banque centrale
Mais jusqu’ici, nos théories ont encore un pied dans le réel. Peu plausibles, ça reste de la prospective de consultants ou influenceurs qui s’adresse à des petits porteurs. Et après tout, il faut bien trouver des trucs à raconter tous les jours.
Passons la seconde, et regardons donc vers des théories un peu plus ambitieuses. En effet, Solidarité & progrès, le parti du candidat malheureux Jacques Cheminade nous propose leur interprétation du grand plan de réinitialisation. Encore une fois, il s’agit d’un plan de réforme monétaire. Justement, chez Solidarité & progrès, on se méfie des cryptos et de cette élite qui veut imposer sa réforme via une dictature de la banque centrale.
Carrément le nazisme !
Dans l’épisode précédent, Charles Sannat nous mettait en garde contre cette prise de décision (pas très claire toutefois) assez peu démocratique. Mais cette fois, c’est la dictature. Pire, ça cause malthusianisme et eugénisme. Comprenez ici que seuls les plus forts survivront. Carrément le fascisme !
Solidarité et progrès, c’est le parti qui incarne le larouchisme en France. C’est à dire les préceptes de Lyndon Larouche, un politique américain sont les principes reposent sur une économie réelle (pas de planches à billet, pas de dette et pas de banque centrale). Voilà le vrai grand reset indispensable.
Et ce que dénonce l’indispensable parti français, c’est l’influence de ces banques centrales, outil de domination anti-démocratique, voir carrément architecte de la solution finale. Contre le nazisme des banques centrales, le larouchisme !
L’hyperinflation comme chaos contrôlé
On continue chez les larouchistes avec cette vidéo de Marc-gabriel Draghi pour l’institut Schiller, think tank crée par Helga Zepp-LaRouche, compagne de Lyndon Larouche. Draghi est un économiste, connu pour avoir une grande influence sur Louis Fouché, le fondateur de RéinfoCovid. Mais il a également publié un livre, le règne des marchands du temple où il écrit : « Ces mêmes familles qui, sans jamais s’exposer elles-mêmes, sont en passe d’imposer leur projet messianique, à savoir l’établissement, de gré ou de force, d’un gouvernement mondial dont Jérusalem serait la capitale. »
Sa théorie est qu’il existe une hyperclasse (la bourgeoisie ++ qui se retrouve à Davos, en gros) qui saisit le contexte du Covid pour laisser filer l’inflation. Cette hyperinflation serait un chaos contrôlé pour entraîner une crise historique qui balaierait les petits au profit des gros. Selon le principe too big to fail, les gros opérateurs du marché (comme Blackrock) négocierait une abolition des dettes, en échange de quoi l’hyperclasse monnaierait la fin de la propriété privé. Pour justifier ce malthusianisme écologique, les mêmes instaureraient un système hybride socialiste/néolibéral rendu possible par la technologie, ainsi qu’une monnaie mondiale, le govcoin.
Il a d’ailleurs été invité sur Tv Liberté et FranceSoir pour donner son avis. Décidément…
Le forum de Davos est un repaire de schtroumpfs marxistes
Pas de nazis, la menace est rouge ! En effet, le forum économique mondial est un repaire de marxistes qui veulent transformer la planète en un gigantesque kolkhoze. Si c’est vrai, c’est très grave.
Les théories autour du grand reset ont pour elles d’être très variées et souvent de se contredire. Dans celle-ci nous avons un axe général : Davos en veut aux riches. Mais elle contient elle-même deux sous-théories : Davos veut en finir avec les riches et Davos veut imposer une gouvernance socialiste au monde.
Allégorie des Schtroumpfs
Grand Angle est une chaîne de vulgarisation économique qui sert à vendre du conseil en investissement. C’est un certain Richard Détente qui l’a crée en 2017. La tonalité de ses vidéos est globalement toujours un peu la même : ne soyez pas un moutons, investissez intelligemment. (et donc, payez pour mes conseils avisés, une stratégie commerciale que l’on commence à connaître.)
Et Richard Détente, installé en Suisse comme il l’explique dans sa démonstration, a une vision imagée du grand reset : celle du village de Schtroumpfs. En gros, les écolos français veulent s’en prendre aux riches et Schwab veut supprimer la propriété avec son grand reset.
Hors, avec une solide démonstration statistique, il nous explique que plus il y a de riches, moins les pauvres sont pauvres. Donc, si le grand reset s’en prend aux riches pour sauver la planète, il se tire une balle dans le pied. Mais il y a une astuce !
Nous voici donc dans le village des Schtroumpfs où chacun a renoncé à sa propriété et est protégé par le grand Schtroumpf, le plus sage d’entre tous. Vous avez compris qu’ici, Davos est le grand Schtroumpf et le reste de la planète est peuplé de Schtroumpf qui ne schtroumpfent rien à l’économie et qui feraient mieux de renoncer à se faire remarquer. Ainsi, seul le grand Schtroumpf est riche, mais c’est pour le bien des autres, c’est pour leur bonheur, brisant ainsi toute mobilité sociale vendu à grand renfort de bitcoin et d’investissements en métaux précieux. C’est la liberté qu’on assassine, l’égalité écolo et la dictature socialiste, la vraie.
Alors que rien ne vaut une saine richesse capitaliste qui bénéficie aux autres, ça tombe sous le sens.
La gouvernance mondiale
Philippe Herlin est un autre économiste spécialiste de la question monétaire. Oui, encore ! Ce pur produit des écoles de commerce diffuse sa vision ultra-libérale du monde dans une production frénétique de bouquins.
Et comme c’est un spécialiste, il est régulièrement invité par des médias pour causer de son domaine d’expertise. Soit. Herlin a le bon gout de nous en faire la liste sur son site, une liste sans équivoque :
Dans son analyse du livre de Schwab, le grand reset, il manque de s’étouffer et livre ses conclusions ; nous allons droit à la catastrophe !
On comprend la finalité, il s’agit de tuer le capitalisme, le libéralisme, le libre marché, désigné ici sous le terme de néolibéralisme : «Avant tout, l’ère post-pandémique inaugurera une période de redistribution massive des richesses, des riches vers les pauvres et du capital vers le travail. Ensuite, la COVID-19 sonnera probablement le glas du néolibéralisme, un corpus d’idées et de politiques que l’on peut librement définir comme privilégiant la concurrence à la solidarité, la destruction créative à l’intervention gouvernementale et la croissance économique au bien-être social. Depuis quelques années, la doctrine néolibérale tend à perdre en puissance, de nombreux commentateurs, chefs d’entreprise et décideurs politiques dénonçant de plus en plus son « fétichisme du marché », mais la COVID-19 lui a porté le coup de grâce.» (1.3) […]
« L’objectif c’est l’étatisation de la société »
Recension du livre de Schwab par Philippe Herlin
Philippe Herlin regrette d’ailleurs que le livre ne cite pas les antifas qui ont un rôle majeur dans cette opération. Selon lui tout du moins. C’est évident qu’une poignée de militants antifascistes est déterminant pour imposer un régime totalitaire mondial. Mais cette pensée, quoique lunaire est reprise par d’autres.
Au final, toutes ces théories sont soutenues par des gens qui ont quelque chose à vendre. Et dans la plupart des cas par des conseils en investissements, qui ont vu la crise se profiler et voudraient profiter de la panique de ceux qui ne savent plus à quel saint se vouer.
Grand complot et grande reset : le génocide en question
Avec la complosphère, on a l’habitude d’une évolution, un parcours. Au début, le novice en théorie du complot adhère à une seule théorie, pas aux autres. Le complotiste rôdé fonctionne différemment. En effet, il inverse les étapes : chaque évènement doit avoir une place dans son raisonnement dont il a déjà la conclusion.
Passons donc au niveau supérieur. Car, rappelons le, il n’y a jamais de limites à la surenchère. Et justement, le grand reset s’inscrit parfaitement dans la théorie du nouvel ordre mondial. Ces théories sont assez variées, et nous voyons ici différentes déclinaisons.
Le grand plan ou les dents de l’amer
Nous entrons dans cette dernière partie dans l’univers des obsessions des théories du complot : la fin du monde, la disparition de l’humanité, le génocide, etc… Et tout ça a beaucoup à voir avec le Covid, comme nous avons pu le voir avec ces soit-disant leaks canadiens.
Délire millénariste, la catastrophe mondialiste
Nous avons vu dans la partie précédente des projets de gouvernance mondiale dont le cœur de chauffe est monétaire. Mais ce qui se joue ici est encore plus grand (et s’accorde assez bien avec certaines théories).
Et si le Covid était une invention destinée à créer un choc dans la population mondiale ? Pourquoi faire, me direz-vous… Et bien c’est très simple, il s’agit tout simplement d’imposer une nouvelle religion, « le mondialisme ». Ce serait une sorte de dictature universelle qui reposerait sur la mise en esclavage de l’humanité grâce à la fois à la suppression de la propriété privée mais aussi à une stratégie de contrôle total.
Cette stratégie repose sur un usage plus grand de la technologie : intelligence artificielle, transhumanisme, robotisation, miniaturisation. On y parle volontiers de totalitarisme :
L’objectif de cette guerre est d’établir une société de contrôle absolu sur le modèle chinois en utilisant les technologies numériques. Le pass sanitaire avec son QR code (forme papier ou sur le téléphone portable), n’est qu’une étape vers l’obligation de porter en permanence un identifiant numérique. Le but est de pouvoir contrôler tous les êtres humains de la planète, de leur naissance à la mort. L’implantation des humains rendra le processus irréversible, ce sera alors une humanité transformée et la naissance d’un monde post-humain. Dans ces conditions il y aura une disparition totale du libre arbitre et de toute forme de spontanéité : ce sera un régime totalitaire mondial. La création d’une monnaie unique ou crypto-monnaie, sera la pierre angulaire du contrôle absolu rendu possible en utilisant la « technologie 5G » qui est en train d’être mise en place.
Cercle Saint-Robert Bellarmin – https://csrb.fr/blogs/infos/extrait-offert-le-covidisme-dans-la-revolution-mondiale
Il s’agit d’une guerre hybride, allant du terrorisme aux guerres en passant par un virus créé :
Le plan de l’ennemi : Une attaque sur plusieurs fronts
Selon leurs propres dires, l’élite mondiale et les méga-corporations qui dominent le monde se sont donné comme objectif principal d’asservir la population mondiale en quelques années. Ils auraient planifié une pandémie virale, assortie de toute une panoplie de mesures toutes plus absurdes et destructrices les unes que les autres. Ils sont astucieux. Tout a été fait dans le secret, clandestinement et soigneusement depuis des décennies.
https://lafinducovid.com/controle_ultime?shrt_lnk=controle_ultime
c’est vaguement truqué non ?
Comme on le voit dans ce schéma, la 4ème révolution industrielle intègre Covid et grand reset. Même si le vrai document disponible sur le site du Forum économique mondial est celui-ci, et ne contient finalement que des points de prospectives dans un jargon managerial. Revenons donc à nos mougeons :
En d’autres termes, c’est un féodalisme mondial « efficace » qui va beaucoup plus loin que son frère médiéval puisque le scanner est omniscient : chaque personne, chaque minéral et chaque baie sont étiquetés et suivis numériquement.
Le grand reset pour les nuls
Bon courage pour étiqueter les cailloux dans le désert !
L’exorciste a perdu la boule
On est pas loin de la venue de Satan sur terre. C’est ce qui inquiète l’archevêque Carlo Vigano. Ce pourfendeur de prêtres pédophiles, lanceur d’alerte au Vatican à ses heures perdues a été ambassadeur de la cité papale aux USA jusqu’en 2016. Mais il continue d’apporter son soutien à Donald Trump et fait siennes les théories des Qanon.
Le 25 octobre 2020, il écrit un courrier au POTUS. L’ensemble vaut le détour, mais on vous en cite un passage :
Dans les intentions de ses architectes, cette crise servira à rendre irréversible le recours des nations à la Grande Réinitialisation, donnant ainsi le coup final à un monde dont ils veulent complètement annuler l’existence et la mémoire même. Mais ce monde, Monsieur le Président, comprend les gens, les affections, les institutions, la foi, la culture, les traditions et les idéaux: des gens et des valeurs qui n’agissent pas comme des automates, qui n’obéissent pas comme des machines, parce qu’ils sont dotés d’une âme et d’une cœur, parce qu’ils sont liés entre eux par un lien spirituel qui puise sa force d’en haut, de ce Dieu que nos adversaires veulent défier, tout comme Lucifer le faisait au début des temps avec son «non serviam».
https://blogs.mediapart.fr/eric-labbe/blog/020321/covid19-tout-etait-ecrit-et-programme
Ça ne se présente pas très bien pour nous, les humains…
Un ecclésiastique en plein complotisme, c’est aussi un relais d’influence de l’idéologie Qanon chez les catholiques américains. Mais quand en plus, il est salué par le président lui-même…
Et il faut comprendre cette réaction, qui d’autre pourrait s’opposer au mondialisme et à la fin de la chrétienté que le président du pays le plus puissant de la planète, qui a mis en place une politique protectionniste assimilable à un anti-mondialisme. Qui plus est, dans l’optique d’une gouvernance mondialo-dictatoriale-totalitaire, les USA ne seraient plus un pays souverain, et le président ne serait qu’une marionnette manipulée par Satan ou l’état profond, on ne sait même plus.
Hasard de l’histoire, Trump ne sera pas réélu. Et c’est pas sur Biden qu’il faudra compter.
L’horreur, carrément le nazisme
Car oui, on vous demande de nous croire, la complosphère a beau flirter avec ses thèses, elle est comme Indiana Jones, elle déteste le nazisme. Nous l’avions vu avec Hallstein, le IIIème Reich revient régulièrement dans les théories de plan de contrôle pour la planète.
Ce n’est donc pas à un hasard de trouver un article sur le site iatranshumanisme (.com) nommé Klaus Schwab et son Grand Reset Fasciste, qui commence par ce paragraphe :
« Né à Ravensburg en 1938, Klaus Schwab est un enfant de l’Allemagne d’Adolf Hitler, un régime d’État policier fondé sur la peur et la violence, sur le lavage de cerveau et le contrôle, sur la propagande et le mensonge, sur l’industrialisme et l’eugénisme, sur la déshumanisation et la « désinfection », sur une vision effrayante et grandiose d’un « nouvel ordre » qui durerait mille ans. »
Ainsi soit-il ! C’est la preuve que le plan de Schwab est un plan eugéniste du nouvel ordre mondial.
Holocauste écologique
Qu’est-il arrivé à Monique Pinçon-Charlot ? Qu’est ce que fait la sociologue, directrice de recherche au CNRS et militante de gauche avec son défunt mari, dans le documentaire complotiste Hold Up de Pierre Barnérias ? Se serait-elle fait avoir en participant à un film dont elle ne connaissait pas ou mal l’objet ?
Hélas, ce n’est pas une erreur et c’est même tout à fait logique dans un parcours qui finit plutôt pas très bien.
Pour celle qui a analysé la violence des riches, ce qui se joue ici est une guerre de classe, mais elle reformule vite ça en holocauste écologique. Voici son raisonnement : la bourgeoisie spécule, c’est dans sa nature et toutes les COP du monde n’y feront rien, la spéculation se fait surtout contre la nature. Du coup, incapables d’arrêter le train qu’ils ont lancé, ils spéculent encore plus sur des produits financiers pourris pour acheter des terres à l’abri et y construire des bunkers.
Dix milliards d’habitants sur la planète, c’est beaucoup trop selon elle. C’est insupportable pour la bourgeoisie qui peut compter sur le progrès technologique (l’ia, la robotisation, etc..) pour faire tourner le système capitaliste.
Un crime contre l’humanité
Et qui est la première victime des grandes catastrophes ? Les pauvres.
Ce n’est pas finit! Dans le film de Barnérias, elle explique que le Covid vient s’ajouter à ces grands fléaux et s’abattre sur les plus pauvres. Reconnaissons lui ceci, les plus pauvres sur notre planète sont effectivement ceux qui ont le moins de moyens pour se protéger et qui subissent les effets des catastrophes : montée des eaux, canicules, famines, maladies…
Pour Monique Pinçon-Charlot, c’est un crime contre l’humanité, on parle ici de 3.2 milliards de personnes dont les riches n’ont plus besoin, et qui feraient les frais de ce grand reset. Un génocide effectivement dont les victimes seraient juste abandonnées à leur sort.
La dépopulation
Voici une vieille panique morale qui a été décliné à la sauce grand reset : la baisse de la natalité serait une menace pour l’humanité.
En 2010, l’extrême droite catholique intégriste s’inquiétait de cette baisse :
Les agents de la Haute Finance et de la Franc-Maçonnerie, des mondialistes, entreprennent un plan de dépeuplement de l’univers pour établir les structures du gouvernement mondial. Un peuple affaibli se laisse plus facilement contrôlé. Ils voudraient détruire un fort pourcentage des nations avec leurs programmes de planification des naissances.
https://www.versdemain.org/articles/gouvernement-mondial/item/un-plan-de-l-onu-pour-depeupler-l-univers
C’était il y a plus d’une décennie, et pourtant on peut y lire les grandes lignes des théories complotistes sur le grand reset. Et on comprend ce que ça implique pour les catholiques qui s’opposent à l’avortement, à la contraception, etc..
Et cette panique revient à la mode avec le livre de Schwab, notamment avec Egalité&réconciliation qui nous annonce le 15 novembre 2022 que le plan est toujours d’actualité. C’est une véritable angoisse : les médias font de la retape pour la liberté de procréer, voir carrément de ne pas céder à l’injonction à la reproduction. Revenir à 4 milliards d’habitants sur terre se fera sans doute avec une bonne guerre contre la Russie, signe que l’OTAN ne recule devant rien (admirez comme on inverse les responsabilités), parce qu’on ne pourra pas compter sur ces européens fragiles pour se reproduire.
Et effectivement, le thème de la natalité semble faire son petit bonhomme de chemin dans la sphère politique, le RN n’a d’ailleurs que ça à la bouche dans un débat sur la réforme des retraites où le partie de Marine Le Pen se tient discret.
Et pourquoi pensez-vous que l’extrême droite est si attachée à ce sujet ? Parce que comme l’image ci-dessus l’explique en peu de mots, c’est carrément le peuple européen qui est en danger. On ne saisit pas très bien pourquoi
Conclusion
Que faut-il garder de tout ça ?
Pour commencer, que penser du projet de grand reset ? Après tout Schwab ne propose pas vraiment des choses nouvelles : rompre avec le PIB est déjà une idée qui date et qui n’est pas inintéressante. Une croissance verte est un vœu pieu, et tout ça ressemble à un inventaire à la Prévert des tendances du moment. À l’image de cette « Agile governance », un pur produit du langage managérial.
Finalement, on sait bien que ce projet n’engage à rien. Il n’est qu’un symptôme de son époque, tiraillée entre modernisme et réaction, pas un grand plan de transformation.
La question démocratique n’est pas ridicule non plus. Quelle est la légitimité du forum de Davos ? Bien entendu, il ne s’agit que de cercles de réflexion, qui développe des projets pour ne pas avoir rien fait. Mais si les puissants de ce monde prennent la peine de se déplacer, c’est que ces rassemblements ont un intérêt pour eux. Pas de gouvernance mondiale (qui va a rebours de leurs intérêts), mais un jeu d’influence, loin des préoccupations du citoyen.
Le déclinisme comme logiciel
Dans cette histoire, la tendance conspirationniste, c’est de prendre au sérieux cette théorie de grand reset. Soyons précis, c’est même prendre le grand reset comme une théorie alors qu’il ne s’agit que d’un essai. Il n’y a pas de complot, parce qu’il n’y a même pas de volonté de mettre tout ceci en branle.
En revanche, ces interprétations en disent long sur les préoccupations de leurs auteurs. Le monde va à vau l’eau entre guerres et catastrophes (pandémie, séismes), et le fatalisme n’est pas à la mode, il faut trouver une explication rationnelle. C’est là que s’opère la rupture : à chercher de la rationalité à court terme, on se perd dans des explications simplistes. Et enfin le logiciel prend le dessus : c’est un complot!
La peur du grand reset, c’est le constat erroné du déclin de l’humanité. Et les théories vont en ce sens. Entre les économistes charognards qui vivent de la spéculation et attisent les braises, et les complotistes qui voient des signes de la fin des temps dans tout, c’est une vision décliniste qui s’impose.
Mais en grattant un peu, c’est surtout le déclin d’un monde pour un nouveau. Rien ne dit qu’on gagne ou perd au change.