C’est quoi un récit ? Non, parce que chez les Debunkers on cause régulièrement récit, méta-récit et narratif. Et derrière ces mots on peut comprendre ce qu’on a envie. Voici donc venu le moment d’être un peu plus précis sur ces notions.
Pour se faire, nous nous appuierons sur un texte de Roland Barthes, Introduction à l’analyse structurale des récits publié à l’origine en 1966 dans la revue Communications (créée par Edgar Morin, Roland Barthes et Georges Friedmann en 1961) et rééditée dans le recueil de textes de Roland Barthes L’aventure sémiologique en 1985.
De plus, sous ces formes presque infinies, le récit est présent dans tous les temps, dans tous les lieux, dans toutes les sociétés; le récit commence avec l’histoire même de l’humanité; il n’y a pas, il n’y a jamais eu nulle part aucun peuple sans récit; toutes les classes, tous les groupes humains ont leurs récits, et bien souvent ces récits sont goûtés en commun par des hommes de culture différente, voire opposée 1 : le récit se moque de la bonne et de la mauvaise littérature : international, transhistorique, transculturel, le récit est là, comme la vie.
Introduction à l’analyse structurale des récits – Roland Barthes – Communications, 1966
Comme préalable, avant même d’en proposer une définition, intéressons nous à la fonction du récit. Dés que l’on doit retranscrire une histoire, il y a récit. Dés qu’il y a point de vue, il y a récit. L’historien par exemple (et cet exemple n’est pas fortuit), cherche, analyse et compile des sources. Le résultat qu’il livre, par exemple sous forme d’une publication, est un récit. Le récit peut être fictif ou réel, il est une représentation nécessaire pour donner du sens.
On peut étudier l’histoire sous un angle matérialiste, en envisageant les rapports de force inhérents dans toute société (en particulier d’un point de vue marxien sous l’angle des modes de production), sous un angle relativiste, en partant du principe que chaque époque est régie par ses propres principes moraux (et qu’il prédomine à un jugement anachronique avec le regard d’aujourd’hui) ou encore s’en remettre au roman national, articulant l’histoire autour des grands personnages et des grands évènements. Tous sont des récits, à la différence que ces grands récits sont des façon de se représenter le monde.
Si nous avons besoin de manipuler le récit comme objet, c’est que le complotisme (et ses avatars, les extrêmes droites) émet du récit en abondance.
C’est quoi debunker ?
Avant de regarder le récit de plus près, il faut poser un préalable : notre tâche, le debunking, relève de quelle démarche ?
Il en existe deux :
- la méthode inductive consiste en une approche empirique, prendre l’objet ou le fait et l’analyser et d’en déduire les grandes lois générales. On part du particulier vers le général.
- la méthode déductive consiste en une approche inverse. On formule une hypothèse et on l’éprouve avec ce qui est observé ou observable.
Pour aborder un récit avec la méthode inductive, il faudrait connaître tous les autres récits et à trouver ce qu’il y a d’universel à tout récit. Ce qui est bien évidemment impossible au vu de la quantité de ce qui est observable. Roland Barthes le formule ainsi :
Où donc chercher la structure du récit? Dans les récits, sans doute. Tous les récits? Beaucoup de commentateurs, qui admettent l’idée d’une structure narrative, ne peuvent cependant se résigner à dégager l’analyse littéraire du modèle des sciences expérimentales : ils demandent intrépidement que l’on applique à la narration une méthode purement inductive et que l’on commence par étudier tous les récits d’un genre, d’une époque, d’une société, pour ensuite passer à l’esquisse d’un modèle général.
Introduction à l’analyse structurale des récits – Roland Barthes – Communications, 1966
Le problème de l’induction repose également sur l’idée, par exemple dans notre histoire de complotisme, que ce qui est faux dans un cas le sera toujours. Or les complots, les vrais de vrai, ça existe.
Nous sommes donc tenus à une analyse déductive, à défaut de renoncer à « sortir du modèle des sciences expérimentales ».
Que dire alors de l’analyse narrative, placée devant des millions de récits? Elle est par force condamnée à une procédure déductive; elle est obligée de concevoir d’abord un modèle hypothétique de description (que les linguistes américains appellent une « théorie »), et de descendre ensuite peu à peu, à partir de ce modèle, vers les espèces qui, à la fois, y participent et s’en écartent : c’est seulement au niveau de ces conformités et de ces écarts qu’elle retrouvera, munie alors d’un instrument unique de description, la pluralité des récits, leur diversité historique, géographique, culturelle.
Introduction à l’analyse structurale des récits – Roland Barthes – Communications, 196
Heureusement, nous ne sommes pas dans un laboratoire à éprouver nos hypothèses dans des tubes à essais gradués. Néanmoins, il est important de se situer dans cet environnement et la façon dont on aborde le matériau brut à partir duquel on va mener une réflexion et une analyse.
Nous aurions pu répondre prosaïquement que debunker, c’est juste dire ce qui est vrai et ce qui est faux.
Traiter le matériau
Ce que Ferdinand de Saussure, le célèbre linguiste helvète a théorisé, c’est le signe. Une combinaison de phonèmes donne un mot, un signe qui possède deux caractères : le signifiant (le mot prononcé) et le signifié (le sens du mot). Voilà la base de la linguistique dont découlent plusieurs disciplines et leurs approches : l’herméneutique, la sémantique et la sémiotique.
Faisons simple et court, en toute conscience de trancher dans le vif, les trois approches permettent de dégager le sens d’un texte en analysant les signes, les symboles, puis le discours. Pour comprendre le texte, il s’agit de découper des unités (la phrase étant la plus petite unité possible selon Barthes) et de dégager, petit à petit la fonction et la valeur connotée de l’unité puis de tout le texte.
De façon générale, on peut faire une analogie grossière entre signifiant/signifié et histoire/discours. Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de lire le dernier mot de la dernière phrase d’un récit pour en comprendre les intentions, pour Roland Barthes, le sens est vertical. Cette analyse, chaque lecteur la fait inconsciemment.
Ce que Barthes apporte de très intéressant n’est pas tant sur la méthode (dont les grandes lignes ont été posées par la Grèce antique), mais sur la nature même du récit ; le récit dépasse l’objet linguistique, il devient toute forme de communication : texte, image, son, film… À partir de là, on peut donc élargir le champ de l’analyse à toute une production qui n’est pas circonscrite à une production écrite. La linguistique aborde le langage, on aborde tout récit, tout objet relevant du récit comme un langage.
Tentons donc de définir les termes de notre propre sociolecte (nous avons déjà abordé la notion de sociolecte ici) :
- Le récit est la façon de raconter une histoire, de faire passer un message. Il est important de distinguer l’objet (le sujet de l’étude : un texte, un tweet, un extrait vidéo, une affirmation) du grand récit historique, celui qui donne un sens général, une lecture du monde.
- Le méta-récit est une sorte de « super » récit, concaténation de récits qui se font référence (on parle aussi d’intertextualité). Les arguments antisémites habituels sont des méta-récits, les récits d’enlèvements et de sacrifices (d’enfants) se succèdent et se répondent, à travers l’espace et le temps.
- Le discours est le signifié du récit, ce que l’émetteur dit de façon consciente ou non au travers du récit.
- Le narratif est un élément récurrent (éléments de langage) propre au récit. Il faut comprendre ici que le narratif est une unité en soi.
Cette grille permet aussi des associations cocasses comme : « le discours d’un homme politique est un récit, dont l’analyse de la structure permettra de dégager le discours pour l’inscrire dans un grand récit. »
Le récit est une construction, c’est le produit d’une pensée, d’une idéologie, d’une volonté. C’est un vecteur de communication. Ce vecteur est une façon de modéliser les liens entre chacun. Et si le récit est une construction, on peut le déconstruire pour pouvoir comprendre « qui parle à qui ? » et « qui dit quoi ? », et donc quels sont les rapports de force et de domination à l’œuvre.
Étude de cas
Pour faciliter la compréhension, essayons d’illustrer notre démonstration. Chaque image ici est à considérer comme un récit autonome, l’objectif est de dégager le discours. Notre hypothèse préalable est qu’elles contiennent tous les trois un propos antisémite.
La singularité de notre démarche est de partir du récit en tant qu’objet pour dessiner les contours d’un grand récit, une façon d’interpréter le monde. Ces trois images sont issues de comptes Twitter différents appartenant à une même bulle (ou sphère).
La première étape est d’analyser chaque image indépendamment l’une de l’autre, d’en découper des unités pour en dégager le discours, le signifié. Commençons par les découper.
Image 1 :
L’image est une illustration. Le medium n’est pas connu.
Une main dont la couleur se confond avec le fond. Sur chaque doigt, des fils sont reliés, un drapeau israélien est placé devant la main.
Deuxième segment, deux mains sont reliées par des fils. La couleur est différente (plus proche d’une couleur de peau humaine), un drapeau américain flotte devant. Troisième segment, des petits soldats (5 debout, 4 couchés) sont reliés par des fils, les soldats debout ont un drapeau collés devant eux : dans l’ordre Allemagne, Ukraine, Grande Bretagne, Canada, France.
Nous avons extraits ici les signifiants de l’image en la découpant en trois unités ou segments. Il est important de dégager le signifié. La première main est reliée aux deux mains du dessous qui sont reliées aux petits soldats par des fils. La position des doigts est celle d’un marionnettiste, les fils évoquent l’ensecrètement (la technique du marionnettiste pour articuler les fils et pouvoir animer la marionnette). Le procédé de la marionnette est une façon de représenter l’idée de manipulation. La main du haut manipule la paire de main en dessous qui manipule les soldats. Les drapeaux permettent d’associer le procédé à des pays (ou des peuples) : Israël manipule les américains qui manipulent les autres.
Il est important de relever le jeu de couleur. La main du haut est teintée de bleu, se confondant avec le fond : on peut supposer qu’elle se trouve dans l’ombre. Une autre interprétation serait de déshumaniser la personne, les deux interprétations ne se contredisent pas l’une l’autre.
Image 2
L’image est un montage photo.
Le découpage des segments suivra ici les plans dans l’ordre. Le premier segment est le premier plan, un texte « En marche vers le Chaos mondial ». Le second segment représente la terre avec une aura (lueur interne/externe). Le troisième montre Emmanuel Macron, bras en l’air, avec un brassard rouge, un symbole dollar sur fond blanc. Le quatrième plan montre derrière et au dessus de Macron des visages en transparence. De gauche à droite, Patrick Drahi, Jacob Rothschild et jacques Attali. Enfin, le cinquième et dernier plan en incrustation montre un drapeau américain, des billes (en dollars et en euros) et un drapeau israélien.
Le texte ici signe le logo du parti d’Emmanuel Macron « En marche » en rajoutant la mention « vers le chaos mondial ». La figure de Macron en relation avec la terre montre l’idée de contrôle. Le brassard fait référence à un brassard nazi. Les personnalités incrustées sont des figures de pouvoir, qui ont en commun d’être Juives. Les drapeaux évoquent la même idée de pouvoir et de contrôle. Enfin, les références à l’argent ici, que ça soit le logo « dollar » ou les billets font référence aux puissances de l’argent.
(Notons que ce travail a déjà été fait sur cette image par le média Slate)
Image 3
L’image est une photo d’une fresque murale. Elle doit être traité d’abord comme photo, puis la représentation picturale, sujet de la photo.
La photo est construite sur trois plans. Un escabeau au premier plan, le mur peint au second, un espace urbain (ici un parking) au dernier plan. La peinture représente une marionnette avec le visage d’Emmanuel Macron manipulée par Jacques Attali. Un dernier plan de la fresque montre des rideaux qui font songer à un décor de théâtre. Le fait de voir l’escabeau et le manque de certains détails laissent penser que la photo a été prise en cours de réalisation, peut être pas son auteur.
(Nous préciserons que nous avons déjà traité de cette image dans notre présentation du dogwhistle)
Cette photo est un récit, mettant en scène une fresque qui est un autre récit. Il est important de la considérer en tant que photo en premier.
Comparaison
Les trois images font appel à des signes communs, ce que nous appelons narratifs :
- La figure du marionnettiste
- La figure de Jacques Attali
- Le drapeau israélien
Dans la série d’images ci-dessus, nous avons un signifié commun à plusieurs signifiants. En d’autres termes, les narratifs ont la même signification, mais sont agencés de façon différente.
Le discours est le suivant : les Juifs (incarnés par des hommes de pouvoir et le drapeau israélien) manipulent le monde, les USA et les puissances de l’argent. Nous avons bien un discours antisémite.
[Aparté sur le dogwhistle]
Le cas du dogwhistle est intéressant. Il s’agit de codes compris par les seuls initiés afin de passer les filtres au sein d’un groupe social pour passer un message non consensuel.
Parler d’arbre à la place d’arabe, dans un certain contexte, ne traite pas de l’objet arbre. Le signifié prime toujours sur le signifiant, et ici l’intention est de diffuser un discours raciste à l’abri de la désapprobation du reste du groupe social. L’astuce du dogwhistle est que le signifié est troublé par l’usage d’un signifiant détourné, l’émetteur peut plaider l’erreur et laisser planer le doute.
Cette technique permet de contourner les systèmes de filtrage mis en place sur les réseaux sociaux qui ne peuvent reconnaître que des signifiants (par exemple des listes de mots, ou des associations de mots).
[/Aparté sur le dogwhistle]
Le discours, produit politique du récit
Nous avons donc extrait un discours à partir d’un ou plusieurs objet « récit ».
L’une des critiques que l’on peut faire à cette méthode est qu’elle repose sur une base de connaissances, de culture générale et d’imagination dans l’interprétation et l’articulation des signifiés (la signification de chaque unité isolée). Là où la sémiologie se distingue de l’herméneutique et de la sémantique c’est qu’elle traite des signes en général, pas seulement du langage ou de l’écriture. Or notre monde est fait de signes et ces signes sont produit par le social, la société. Tout est signe, tout a du sens, tout est politique.
Le récit est donc une accumulation de signes, donc le récit a une portée politique. Mais pour comprendre le discours contenu, le signifié du récit, nous ne pouvons nous contenter de l’analyse structurale, il faut placer le récit dans un contexte, identifier le mode de production. Pour ça, il faut pouvoir répondre à ces questions : Qui ? Quand ? Où ? Comment ?
Revenons sur notre série de photos antisémites. Cette méthode consiste en un examen du contenu, il impose un cadre général, mais objectivement, on en avait compris le sens avant même une analyse minutieuse. C’est une question d’expérience qui permet : d’une part, de connaître l’intention de l’auteur une fois que l’on connaît ces narratifs, d’autre part, en parallèle, de connaître les intentions de l’auteur parce que situées dans une bulle caractérisée par ses habitudes politiques. En d’autres termes, les antisémites ont coutume de produire des contenus antisémites.
Tout comme les complotistes patentés sont plus susceptibles d’émettre des récits de nature complotiste et les fascistes de produire des récits fascistes, etc…
Cette critique n’en est pas une dans le fond, elle implique surtout de définir le champ d’étude au delà du matériau seul, extrait de tout contexte. Pourtant, ce premier examen permet déjà de dégager beaucoup de choses. Mais vous l’aurez remarqué, nous ne travaillons jamais sur un document sans contexte. De fait, intégrer intentions et imaginaires dans la démonstration repose nécessairement sur une interprétation subjective.
L’autre critique que nous pourrions émettre sur cette méthode est qu’elle ne repose que sur ce qui est formulé. Permettons-nous une lapalissade, nous ne pouvons analyser ce dont on ne parle pas. Or, le récit politique repose aussi sur l’omission. Au delà du lien explicite/implicite, que le rapport signifiant/signifié permet de démêler, on ne peut extraire ce qui n’est pas dans un récit.
Prenons une exemple. Des partis politiques français ont pris position sur l’invasion de l’Ukraine par la Russie en demandant la constitution d’une conférence, préalable à des négociations. Manuel Bompard formule même cet argument « une solution de paix doit pouvoir garantir la sécurité de la Russie ». Ce narratif repose sur une omission : c’est la Russie qui a agressé son voisin, le belliqueux est déjà garant de sa propre sécurité (en plus, en tant que puissance nucléaire, mais passons). C’est le récit hémiplégique.
Cette façon de formuler le récit, sans jamais contenir l’implicite qui permet de comprendre l’intention réelle repose sur une vraie malhonnêteté. Un discours optimiste, avec un ethos pacifiste peut contenir l’intention inverse, reconnaître la légitimité de l’agresseur. Mais elle montre aussi l’impossibilité d’isoler le récit, comme une expérience de laboratoire. Pour comprendre les enjeux, il est nécessaire de constamment rappeler le contexte, clé pour déterminer le signifiant correct.
Notre rôle dans tout ça
Revenons un peu arrière « Nous aurions pu répondre prosaïquement que debunker, c’est juste dire ce qui est vrai et ce qui est faux. ». Voilà comment nous concluions notre première partie. Et c’est juste, c’est même une attente de votre part. Seulement, c’est faire abstraction de ce qu’est le debunking, dont la traduction littérale est démystifier.
Et c’est ça qui nous intéresse, quand le récit porte un discours qui dérive vers le mythe. Il est important de comprendre que toute société fabrique du mythe, et qu’il ne s’agit pas de combattre l’idée même de mythe, ça serait absurde. D’un point de vue plus réaliste, nous parlons ici de mystification de la réalité, donc une tromperie, dans le but de servir un intérêt politique.
C’est pour ça qu’il est fondamental de traiter le récit dans sa structure, mais également les conditions de la constitution du récit. Se contenter d’une simple vérification de la véracité d’une affirmation est une impasse, ça ne convainc que ceux qui le sont déjà. En revanche, se pose la question de la fonction d’un récit permet d’aborder la question d’une façon plus générale, d’identifier des contraintes, des rapports de force, des intentions, des tropes culturelles au travers du discours.
Cette approche implique également de visualiser les liens et les relations entre les protagonistes (sujet, narrateur, émetteur/récepteur), des liens complexes qui structurent les rapports sociaux. Ça s’appelle déconstruire le récit, c’est une démarche qui consiste à répondre à cette question « qui parle à qui ? ».
Le travail des Debunkers ne relève pas de l’approche rigoureuse d’une discipline comme la sémiologie ou l’analyse de discours, ni de l’histoire. À ce sujet, il faut considérer que le travail militant que nous fournissons, hors de tout cadre formel, relève de l’amateurisme. Un amateurisme assumé et même revendiqué, qui n’est pas pour autant un passe-droit pour faire n’importe quoi. Nous espérons vous avoir donné ici un aperçu de notre approche de ce qu’on pourrait résumer à une sorte de socio-linguistique.
Pour conclure, il ne s’agit par de définir une approche scientifique de notre travail, mais plutôt une approche méthodologique, une conception qui nous permet de traiter toute production en tant que récit et de l’aborder avec un minimum d’outils prédéfinis à l’avance.
Le récit est un produit de son époque, de son contexte, des contraintes et des rapports de force qui structurent nos sociétés. Il est un matériau précieux qu’on ne peut dissocier de son auteur, de ses intentions et du débat public, il reste important de comprendre sa structure pour en dégager un discours qui permet d’appréhender les structures des rapports de force et des interactions sociales et politiques.
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Il est nécessaire de distinguer l’étude du signe (la sémiologie) de l’étude du cygne (l’animal étant relativement un oiseau, son étude relève de l’ornithologie). La discipline est probablement au moins, sinon plus passionnante que la sémiologie, mais ne nous est d’aucune utilité ici, si ce n’est de laisser le dernier mot à Gotlib, ce qui est la moindre des choses, nous direz-vous.
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