02 février 2024 | Temps de lecture : 2 minutes

Chère Thaïs

À propos de cohérence

Le 8 décembre 2021, Thaïs d’Escuffon, ex-porte parole de Génération Identitaire annonçait avoir porté plainte pour une agression sexuelle. Elle raconte la façon dont s’est déroulée la scène, que son agresseur était tunisien, qu’il a fuit au bout d’une demi-heure.

Vous le savez, nous combattons les identitaires (et l’extrême droite en général) de toutes nos forces. Mais par souci de cohérence, nous devons à n’importe quelle femme victime de violences sexistes et sexuelles (VSS) de la croire. Alors on le formule clairement » Thaïs, on te croit. »

Alors quand le 28 janvier 2023, soit 13 mois plus tard, elle publie un tweet dans lequel elle remet en question la notion même de consentement, on a un problème. Parce que qui mieux qu’elle, qui a explicité son non-consentement, peut savoir ce qui signifie un « non » pas respecté.

capture twitter thais suite capture tweet

Depuis un peu plus d’un an, la militante s’est reconvertie dans une autre forme de militantisme, un mix de discours politiques et de coaching à destination de sa cible, les femmes, ainsi que la sphère masculiniste. Elle y porte un discours que l’on peut associer à la mouvance « red pill » ou tradwife. Et ce dernier tweet pose une question, croit-elle vraiment en ce qu’elle dit ?

Elle est parfaitement libre d’instrumentaliser son agression. C’est même souhaitable que toutes les femmes arrivent à parler. C’est difficile, et pour certaines, ça sera à jamais impossible. Elle a également choisi de situer son récit politiquement. Elle est également libre de le faire, dont acte. Nous n’attendions pas autre chose de la part d’une militante aussi déterminée. Notre empathie a des limites.

Par contre, si nous nous efforçons d’être cohérent, elle, pas vraiment. En important les « trends » trouvées sur les réseaux américains, elle se retrouve devant une contradiction, celle de promouvoir la culture du viol. Et oui, c’est problématique ! Ce discours fait du mal, il discrédite un peu plus la parole des victimes et encourage les agresseurs.

L’avertissement « tweet risqué », du genre des « unpopular opinion » est un hameçon (bait) destiné à créer de l’interaction. C’est une démarche cynique pour se vendre, pour être plus visible et porter à la fois son petit business d’influenceuse (elle trouve des sponsors pour ses vidéos) et son discours identitaire. Une double casquette qui pose quelques problèmes de cohérence.

 

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