Le 8 décembre 2021, Thaïs d’Escuffon, ex-porte parole de Génération Identitaire annonçait avoir porté plainte pour une agression sexuelle. Elle raconte la façon dont s’est déroulée la scène, que son agresseur était tunisien, qu’il a fuit au bout d’une demi-heure.
Vous le savez, nous combattons les identitaires (et l’extrême droite en général) de toutes nos forces. Mais par souci de cohérence, nous devons à n’importe quelle femme victime de violences sexistes et sexuelles (VSS) de la croire. Alors on le formule clairement » Thaïs, on te croit. »
Alors quand le 28 janvier 2023, soit 13 mois plus tard, elle publie un tweet dans lequel elle remet en question la notion même de consentement, on a un problème. Parce que qui mieux qu’elle, qui a explicité son non-consentement, peut savoir ce qui signifie un « non » pas respecté.
Depuis un peu plus d’un an, la militante s’est reconvertie dans une autre forme de militantisme, un mix de discours politiques et de coaching à destination de sa cible, les femmes, ainsi que la sphère masculiniste. Elle y porte un discours que l’on peut associer à la mouvance « red pill » ou tradwife. Et ce dernier tweet pose une question, croit-elle vraiment en ce qu’elle dit ?
Elle est parfaitement libre d’instrumentaliser son agression. C’est même souhaitable que toutes les femmes arrivent à parler. C’est difficile, et pour certaines, ça sera à jamais impossible. Elle a également choisi de situer son récit politiquement. Elle est également libre de le faire, dont acte. Nous n’attendions pas autre chose de la part d’une militante aussi déterminée. Notre empathie a des limites.
Par contre, si nous nous efforçons d’être cohérent, elle, pas vraiment. En important les « trends » trouvées sur les réseaux américains, elle se retrouve devant une contradiction, celle de promouvoir la culture du viol. Et oui, c’est problématique ! Ce discours fait du mal, il discrédite un peu plus la parole des victimes et encourage les agresseurs.
L’avertissement « tweet risqué », du genre des « unpopular opinion » est un hameçon (bait) destiné à créer de l’interaction. C’est une démarche cynique pour se vendre, pour être plus visible et porter à la fois son petit business d’influenceuse (elle trouve des sponsors pour ses vidéos) et son discours identitaire. Une double casquette qui pose quelques problèmes de cohérence.