Si on vous dit « Les dinosaures n’existent pas », quelle sera votre première réaction ? Une des beautés de l’activité de Debunkers, c’est de tomber sur des articles/vidéos tellement grotesques qu’ils en deviennent drôles.
Le problème, c’est quand ceux-ci se targuent de « scientificité » et appuient leurs bouses par des « arguments » pseudo scientifiques, voire très franchement faux.
C’est une des constances de ces œuvres se targuant de s’attaquer à la théorie de l’évolution. Et celle-ci ne fait pas exception, qui est bien au contraire, un modèle du genre.
Quelle ne fut donc pas notre surprise de tomber sur une vidéo issue d’un obscur site ultra réactionnaire fondamentaliste intitulée : « De la non-existence des dinosaures » datant de nov. 2019. Avec un sous titre de la même eau : « Récapitulatif de la lucrative invention des dinosaures. Résumé historique et quelques informations. ».
Tadam…
Avec un titre comme ca, on allait voir ce qu’on allait voir. Ouais. On a vu.
1) Contexte
Soyons réalistes, ce genre de vidéos pullulent. « Eilishean » par ex en a publié une:
Et des centaines du même tonneau existent. Avec les mêmes pseudos arguments faux.
Et c’est bien normal. Ne nous y trompons pas, pour ces intégristes là, le réel problème, c’est ce que l’existence des dinosaures impliquent :
- Une datation de la terre ne correspondant pas aux dires de la Bible
- Des preuves supplémentaires de la théorie de l’évolution
- Et donc des éléments objectifs prouvant la non-existence de Dieu et du créationnisme
Insupportable.
En son temps, la « Tronche en Biais avait sorti une très intéressante vidéo en deux parties (2016 et oui c’était le bon temps) décryptant une conférence d’un abbé intégriste sur la théorie de l’évolution :
On y retrouve déjà tout ce qui caractérise la vidéo qui nous intéresse aujourd’hui : incompréhension de concepts de base de la science, incompréhension de la théorie de l’évolution, et carrément fausses infos.
Le site qui publie notre vidéo débunkée ici est à l’avenant:
Les sujets sont éloquents : pseudos sciences, complotisme et promotions d’auteurs contemporains résolument d’extrême droite:
- David Icke
Auteur complotiste néo nazi, promoteur de la théorie du complot des « reptiliens » - Amnon Yitzhak
Rabbin israélien complotiste ultra orthodoxe, promoteur de théorie du complot sur le COVID, le « nouvel ordre mondial » et les puces. - René Guenon
Esotériste français longtemps anti maçon absolument inclassable. Un temps proche de l’Action Française qu’il finit par rejeter, il est souvent une référence pour les extrêmes droites et Julius Evola le décrit comme source d’inspiration.
Le fond de la vidéo lui-même est caractéristique: pas de sources, une litanie ininterrompue d’affirmations fausses facilement démontables, des raisonnements complotistes circulaires.
2) Décryptage
Maintenant, nous allons reprendre les assertions du hoaxeur les unes après les autres afin de montrer leur fausseté.
Un dogme ?
Selon l’auteur de cette vidéo, l’existence des dinosaures serait un « dogme » car établis comme une vérité qu’on ne peut remettre en cause. Et les définitions et l’étymologie du mot « dogme » ne souffrent pas de détours. Un dogme ne peut s’utiliser que dans un cadre religieux de croyance, il est exclu du discours scientifique par nature. Et quand il est utilisé , c’est dans une intention polémique. Le dogme est directement lié à la notion d’autorité, selon le Vocabulaire technique et critique de la philosophie de Lalande (PUF). Sous-entendu donc dès le départ : les dinosaures n’existent pas, c’est une croyance établie parles « autorités ». C’est donc un complot. Et un complot costaud vu la masse de preuves incontestables plus communément dénommés « fossiles ».
« De ces grandes créatures »
C’est un détail, mais arrêtons nous un instant. L’auteur parle de « grandes créatures » pour désigner les dinosaures. Le mot lui-même de dinosaures (« lézards terribles ») a été construit sur cette erreur fondamentale de départ. Erreur volontiers colportées par le grand public et pourtant fausse. Si les dinosaures qui frappent l’œil et l’imagination sont gigantesques, tous ne l’étaient pas, loin de là. Comme le Compsognathus longipes, petit dinosaure bipède, qui mesurait autour de 0,65 cm pour un poids de 3 kg.
Retenez son nom, nous y reviendrons plus loin.
Mais beaucoup d’autres sont connus.
Pourquoi s’arrêter sur ce détail ? Parce que comme les vidéos de la Tronche en Biais citées plus haut, cette vidéo se veut œuvre « scientifique ». Un minimum en tout cas. Et quand on s’intéresse à un sujet on en étudie les contours… Normalement.
Une erreur grossière donc montrant le niveau de sérieux de celle-ci.
Et beaucoup plus prosaïquement la taille des dinosaures est en elle-même une « preuve du complot ». En effet, le fait que les dinosaures soient gigantesques fait partie du « folklore » de ceux-ci et sont censés renforcer la crédulité du public. Or si il existe de « petits dinosaures », l’argument s’effondre.
« il y a soit disant 240 millions d’années »
Non. Et même deux fois non.
Tout d’abord ; ce n’est pas une date aussi précise mais un écart. Les fossiles de dinosaures les plus anciens datent effectivement de 240 millions d’années au Trias moyen. Mais les « derniers dinosaures » se trouvent jusque dans les strates du crétacé paléogène, il y a 66 millions d’années.
A noter qu’ils n’ont pas réellement disparu, car la famille des théropodes ont donné naissance à la branche avienne des oiseaux.
Enfin, ce n’est pas une question de « soit disant ». La datation des fossiles est chose sérieuse et plus qu’argumentée.
–Datation radiométrique
Les premiers essais de datation radiométrique coïncident quasiment avec les premiers pas de la radioactivité sur la scène scientifique. La datation semble une des applications les plus naturelles de la radioactivité. La désintégration d’un élément radioactif obéit à la loi de décroissance exponentielle formulée en 1902 par Ernest Rutherford et Frederick Soddy. Ce phénomène régulier permet en principe de dater des événements que l’on peut associer à la production ou à l’accumulation d’un élément radioactif en un lieu donné et dont l’âge est de l’ordre de grandeur de la demi-vie de cet élément.
La datation de minéraux contenant des éléments radioactifs de demi-vie radiochronologiquement donne, dès la fin des années 1910, une estimation raisonnable des durées géologiques en âge absolu. Il devient dès lors possible de délimiter les durées géologiques à l’aide de repères temporels, certes plus ou moins précis, mais référencés par rapport au présent. Cette quantification, dont la précision et la complexité se sont notamment accrue au cours de la seconde moitié du XXème siècle, a révolutionné la plupart si ce n’est toutes les branches de la géologie, permettant par ailleurs l’essor de nouvelles disciplines telles que l’étude des paléoenvironnements.
Une fois les couches datées, on en déduit l’âge des fossiles contenus dans ces strates.
Et par la suite il devient possible de dater certaines strates par les fossiles que l’on découvre.
« Sans aucun indice ou fifrelin de preuve »
C’est là qu’on attaque le dur du sujet. Notre hoaxeur prétend que « l’inventeur » des dinosaures le paléontologue anglais Richard Owen en avril 1842 n’avait pas le moindre début de commencement de preuves. Selon le vidéaste, jamais un fossile de dinosaure n’avait été découvert. A part quelques dents de taille importante dont on aurait déduit la forme et la taille des dinosaures.
Puis que la communauté scientifique « dans son ensemble » accepta la découverte.
La première preuve ne vint qu’en 1854, Ferdinand Vandeveer Hayden découvrit des ossements de dinosaure dans le Montana.
Mais d’après lui avant, on n’avait jamais découvert un squelette ou partie de squelette de dinosaures.
Rien n’est plus faux.
Tout d’abord parce que les ossements de dinosaures sont connus dès l’antiquité. Des récits de découvertes d’ossements parsèment l’histoire et sont probablement à l’origine de grands mythes humains sur les créatures géantes fantastiques comme les dragons.
Les Grecs anciens connaissaient et identifiaient les fossiles marins depuis la fin du VIème siècle av. JC. Le plus ancien auteur qui les mentionne est Xénophane de Colophon, le philosophe fondateur de l’École d’Élée (vers 570-475 av. JC.). Au cours de ses voyages en Méditerranée, il avait observé à de multiples endroits, à Paros, Malte et Syracuse, des empreintes (typoi) de fossiles marins:
« Xénophane croit qu’il y a union de la terre avec la mer, et que la terre se trouve dissoute au cours du temps par l’humide ; il en avance comme preuve qu’au milieu de la terre et sur les montagnes on trouve des coquillages (konchai), qu’à Syracuse on a trouvé dans les carrières de pierres une empreinte (typos)1 de poisson et de phoque, à Paros une empreinte de laurier (ou de corail ?) au fond de la pierre et à Malte des nageoires de toutes sortes d’animaux marins. Cela s’est produit, déclare-t-il, lorsqu’autrefois tous les animaux barbotaient dans la boue et que leur empreinte dans la boue a séché. Les hommes ont tous péri lorsque la terre, en tombant dans la mer, est devenue boue ; ensuite a recommencé de nouveau leur génération et ce changement se produit dans tous les mondes. »
Au 4ème siècle avant JC, Chang Qu, un historien chinois, identifia malencontreusement des ossements d’un stégosaure pour un dragon chinois.
En 1676, le naturaliste britannique Robert Plot a réalisé la première illustration connue d’un os de dinosaure, un mégalausorus nommé ainsi au XIXème siècle):
La première identification scientifique des fossiles n’a eu lieu qu’en 1824, lorsque le paléontologue William Buckland a identifié les ossements d’un dinosaure comme étant ceux d’un « grand lézard » qu’il baptisa Megalausorus.
Quand à la soit disant absence d’ossements pour Owen, pardon…
En 1822, la paléontologue Mary Ann Mantell trouva dans le Sussex des dents énormes, qu’elle présenta à son époux, le médecin et géologue amateur Gideon Mantell, qui pensa immédiatement qu’elles devaient appartenir à un énorme lézard. Gideon Mantell remarqua que ces dents ressemblaient à celles des iguanes d’Amérique du Sud. Le géologue l’appela alors iguanodon (dent d’iguane) et le présenta aux autres scientifiques en 1825. Mary Ann Mantell réalisa 364 dessins de dents d’Iguanodon, utilisées dans les publications de son époux. Ce fut le deuxième dinosaure découvert, après le Mégalosaurus décrit en 1824 par William Buckland (même si à l’époque le terme « dinosaure » n’existait pas).
Voilà la réalité. Si Owen a crée un nouveau nom, c’est en raison de découvertes successives de différents ossements attribués à un nouveau taxon.
Et encore.
Au milieu du XIXème siècle, à leurs premières descriptions scientifiques, les dinosaures non aviens furent considérés par les scientifiques comme des lézards géants, des reptiles (groupe aujourd’hui reconnu comme paraphylétique) à sang froid, patauds et lents, ayant disparu à la fin du Mésozoïque victimes de leur stupidité.
Amorcée par le paléontologue américain John Ostrom, en 1969, la « renaissance des dinosaures » se caractérise par un regain d’intérêt pour l’étude des dinosaures disparus, qui furent dès lors reconnus comme des animaux actifs, probablement endothermes même si toutes les études ne sont pas d’accord, et ayant des comportements sociaux complexes.
Et depuis cela ne s’est pas arrangé avec les découvertes de fossiles complets absolument remarquables:
Ou souvenez vous de notre Compsognathus:
Pire on retrouve désormais de rarissimes fossiles momifiées qui donnent des informations absolument hallucinantes:
Enfin l’argument du complot organisé par des « spécialistes » ne tient pas vu que ces fossiles peuvent être découverts par des amateurs:
Et tout ceci nous mène tout naturellement vers le véritable objectif de cette vidéo :
3) La remise en cause de la théorie de l’évolution.
a) Estocade
Notre hoaxeur attaque tout d’abord sur le grand père de Charles Darwin, Erasmus. Avouons le : ce n’est pas clair. De vagues sous entendus qui laissent entrevoir la pensée complotiste du hoaxeur. Puis vient le premier obstacle. La théorie de l’évolution resterait une théorie non prouvée.
Il semble que notre hoaxeur laisse à penser que la théorie de l’évolution soit née d’un seul coup au XIXème siècle sous l’action mystérieuse dont on ne sait quels dirigeants occultes.
C’est faux.
De telles révolutions conceptuelles ont toujours des prémices.
Et ceux là datent.
En fait ces questions sont au nombre de 3:
- Temps court ou temps long?
- Et sa question étroitement corrélée: D’où viennent les fossiles?
- L’origine de la diversité du vivant
L’archéologie a une histoire
Nous ne saurions trop vous conseiller de lire cet article pour une meilleure compréhension de la complexité et de l’âge de ces controverses.
Les hommes ont cherché l’origine de la diversité du vivant dès la période antique. L’idée d’évolution est déjà présente chez des philosophes grecs et romains (Empédocle, Démocrite, Épicure, Lucrèce).
Au cours du Moyen Âge, les débats philosophiques en Europe occidentale sont limités par la dominance du dogmatisme chrétien. Les autorités religieuses condamnent fermement toute idée remettant en cause les écrits bibliques.
Dans le monde musulman, l’idée d’évolution resurgit par intermittence. Au IXe siècle, Al-Jahiz défend l’idée que non seulement les espèces évoluent au cours du temps, mais propose aussi une première théorie cherchant à expliquer cette évolution. Dans son ouvrage « Le Livre des animaux », il dit notamment :
« Les facteurs environnementaux poussent les organismes à développer de nouvelles caractéristiques pour assurer leur survie, les transformant ainsi en de nouvelles espèces. »
À la Renaissance, des savants comme Jérôme Cardan, Giordano Bruno et Giulio Cesare Vanini remettent en cause le dogmatisme religieux, posent la question de l’origine de la vie, défendent des théories polygéniques, voire l’idée d’un ancêtre commun aux humains et aux singes. Face à l’Inquisition, certains vont le payer de leur vie. La première théorie véritablement scientifique d’une évolution des espèces vivantes est avancée par le naturaliste Jean-Baptiste de Lamarck. Après un long travail de classification des espèces et sur la base d’une théorie physique des êtres vivants, Lamarck développe la théorie transformiste.
Au début du XVIIIe siècle, la paléontologie et la découverte de fossiles de squelettes ne ressemblant à aucun squelette d’animal vivant ébranlent les idées fixistes et font naître l’idée d’une Histoire de la nature et des espèces. Des savants redécouvrent l’idée d’évolution comme Pierre Louis Moreau de Maupertuis avec son intérêt pour l’hérédité et Georges Louis Leclerc, comte de Buffon, qui transforma le Jardin des plantes en un centre de collection et d’étude (qui deviendra le Muséum national d’histoire naturelle). Pour concilier ces découvertes avec les textes bibliques, Georges Cuvier expose sa théorie catastrophiste selon laquelle il y aurait eu une succession de créations divines entrecoupées d’extinctions brutales au cours des temps géologiques. Il admet ainsi que les espèces terrestres n’ont pas toujours été celles observées aujourd’hui, sans pour autant accepter l’évolution des espèces (il y aurait eu plusieurs vagues successives de création), et que les six mille ans estimés jusque-là pour l’âge de la Terre sont insuffisants pour y intégrer ces extinctions successives.
Charles Darwin publie en 1859 son livre De l’origine des espèces où il expose une suite d’observations très détaillées et présente le mécanisme de la sélection naturelle pour expliquer ces observations.
Mais on le voit, Darwin vient couronner des siècles d’hypothèses concernant la non fixité des espèces mise en évidence par la découverte des fossiles et d’espèces non répertoriées jusque là.
La recherche des fossiles est une science
Et ne croyons pas que cette théorie se termine là. Les découvertes de Mendel sur les caractères héréditaires viendront préciser les hypothèses de Darwin dans son ouvrage de 1868, une « hypothèse de la pangenèse » censée explique la transmission des caractères acquis. Dans les années 1940, la théorie synthétique de l’évolution née de l’articulation entre la théorie de la sélection naturelle darwinienne et celle de la génétique mendelienne continuerons à améliorer la théorie de l’évolution. Et ainsi de suite.
Mais en attendant de théories contraires, la théorie de l’évolution est une des théories les plus solides du monde scientifique. Et c’est là que vient le contre sens de notre vidéaste complotiste.
Il donne au mot « théorie » (sous entendu « scientifique ») un sens erroné. Erreur qui est courante. Dans la vidéo de la TEB G. Durand explique exactement le même problème.
Une théorie scientifique (du grec theoria, « contempler, observer, examiner ») est un ensemble cohérent d’explications, de notions ou d’idées sur un sujet précis, pouvant inclure des lois et des hypothèses, induites par l’accumulation de faits provenant de l’observation, l’expérimentation ou, dans le cas des mathématiques, déduites d’une base axiomatique donnée. Le sens que lui donne notre hoaxeur est celui que l’on donne au terme « hypothèse ».
La théorie est le couronnement de l’enquête scientifique ; une fois établie sur la base d’une observation minutieuse des phénomènes, elle nous permet à son tour de les prédire au moyen d’une déduction rigoureuse. La notion de théorie est à la fois la forme la plus aboutie et systématique de la connaissance scientifique, et ce qui, par essence, peut toujours être remis en question.
On le voit donc l’assertion du hoaxeur « ce qui est tout à fait remarquable du point de vue du timing » ne tient pas. Au contraire de ce qu’il avance, ces supputations sont extrêmement anciennes et les hypothèses d’évolution ont précédé les hypothèses de Darwin. En fait ces évolutions scientifiques ont convergé au XIXème siècle, d’où l’émergence de la théorie de l’évolution.
Et dès lors il devient licite de se poser la question de l’origine de l’homme et de ses ancêtres.
Le hoaxeur s’emballe par la suite sur de fumeuses supputations entre son assertion de départ (pas de dinosaures découverts avant le XIXème siècle) et la profusion découverte ensuite. D’après lui cela défie les « lois de la probabilité ».
Dont il n’a probablement pas idée de ce dont il s’agit…
Mais reconnaissons le, il y a une différence quantitative de découvertes avant le XIXème siècle et celui-ci.
Et aussi une véritable quête
Beaucoup d’explications possibles:
- Tout d’abord ceux ci sont rares. Incroyablement rares. On estime entre 0,01 et 0,1 % la proportion d’organismes qui se fossilisent.
- Il faut trouver des grands fossiles. Or si on ne les cherche pas délibérément il est rare d’en trouver directement à la surface du globe (Sahara suite à l’érosion éolienne, certaines régions des USA…). Or justement ce sont les découvertes de la stratigraphie orientant les recherches qui ont permis ce saut quantitatif.
- Il faut que les os de ces squelettes aient été maintenus ensemble. Quand vous trouvez un os isolé vous ne savez pas à quoi ou à qui l’attribuer. D’où ces légendes anciennes sur la découverte de « monstres », de « géants » avec des attributions gentiment farfelues des « cryptozoologues ».
- Il faut de solides connaissances des squelettes actuels pour identifier un os isolé de vertébré fossile et le rattacher à un groupe connu. Les premiers paléontologues se concentrent sur les mammifères. Il faut un saut qualitatif énorme, et une culture anatomique effarante, lorsqu’on a trouvé un os géant pour avoir l’idée de le comparer avec ceux d’une bestiole actuelle de quelques centimètres ou quelques dizaines de centimètres, lézard ou oiseau (encore que la taille des dragons de Komodo ou des autruches !).
- Il faut ensuite planter le décor de l’âge pivot des sciences naturelles, le XVIII ème siècle, l’âge ou les sciences naturelles au sens moderne du terme commencent à naître. Au XVIII ème , on oscille entre vérité révélée et recherche des connaissances par l’étude des faits. Il ne faut pas oublier le poids du savoir antique porté par les textes d’Aristote et d’Hérodote, maîtres à penser de l’Église. Ce poids est tel que si l’on s’écarte de ces vérités immuables, on devient un dangereux hérétique. Créationnisme et fixisme règnent alors sans partage. Vers la fin du XVIIIème siècle, l’âge des lumières commence à éclairer les réflexions de brillants esprits naturalistes comme Cuvier, Jussieu, Lamarck, Linné. Linné posera les bases de la taxonomie, cette science qui permet d’établir la classification des êtres vivants. En même temps, n’oublions pas que la géologie en est à son balbutiement notamment grâce aux travaux de Cuvier. Le contexte d’avant cet âge pivot ne permet pas de deviner ce que sont ces fossiles. Point d’anatomie comparée, point de taxonomie pour classer ces restes d’être vivants, point d’études stratigraphiques pour les replacer dans leur contexte spatio-temporel. Alors pourquoi s’intéresser à ce qui ne présente pas d’importance? Pour faire simple à la limite ce sont des phénomènes de foire ou de mythes et légendes. Il a donc fallu la conjonction des travaux de Linné, de Cuvier, de Lamarck puis de la création de la stratigraphie par Alcide d’Orbigny (1802-1857) pour que se mettent en place les conditions nécessaires et suffisantes à l’étude moderne des fossiles et bien sur de ceux des dinosaures. Donc ce contexte n’aboutit qu’au cours du XIXème siècle.
- On comprend dès lors que la conjonction de la découverte de ces théories scientifiques et l’interêt qu’elles suscitent provoquent cette véritable chasse au trésor de restes de dinosaures. Rien de sorcier là dedans, pas de complot nécessaire. Sauf si on cherche à partir de la conclusion comme le fait notre hoaxeur.
Pas de squelettes entier
Là encore c’est faux:
Et même si effectivement le plus souvent les excavations ne permettent que de découvrir des parties, ces « parties » sont désormais tellement importantes pour affirmer avec certitude qu’on ne fait plus des « puzzles ».
Le brontosaure n’existe pas
Assertion selon laquelle le brontosaure serait composé de deux squelettes est pour le moins … squelettiques justement. Et sur tout « oublie » certaines détails énormes.
b) « Le fameux chaînon manquant »
Avouons le on attendait celà depuis le début et il nous a fallu attendre jusqu’à la moitié de la vidéo (a 9 mn) pour enfin l’entendre prononcer la fatidique expression.
Mais déception le hoaxeur repart sur autre chose sans expliciter ce fameux chaînon manquant.
Alors il louvoie sur un hoax reconnu (et contrairement à ce qu’il affirme cela montre les sérieux des recherches) puis sur le fait que TOUS les fossiles de dinosaures exposés seraient en résine. Bon, c’est pas très clair disons le.
Et surtout faux.
Les pièces plus « petites » sont également de vraies pièces.
Et le saviez vous ce n’est peut être pas par les plus grand fossiles que viendra la prochaine étape de la connaissance, mais par le minuscule, puisque certains chercheurs se demandent si ils n’ont pas découvert de l’ADN de dinosaure fossilisé! Même si cela reste hypothèse à ce jour.
Les copies
Vient ensuite un interminable monologue gloubi boulga sur les copies en résine et les chinois. Si, si. Et vient la conclusion: en fait les squelettes de dinosaures seraient des copies placées sous terre pour ensuite être découvertes.
On hésite entre rire et pleurer.
Bien entendu pas une preuve, des conjectures hasardeuses tirées de la conclusion pré établie de l’auteur.
Et on repart sur des affirmations qui s’accélèrent, les dinosaures n’existent pas, on crée à l’homme un passé imaginaire, on a inventé les ossements d’homme préhistorique car le saviez vous tout cela n’est « qu’invention franc-maçonne » (dixit). La conclusion est à l’avenant, ca sent le délire conspi à plein nez.
Bref 4 minutes de conclusion confuses sur des théories du complot tout aussi confuses. On sent que les prémices étaient tellement fragiles que ça ne pouvait mener qu’à ce fatras.
Et le chaînon manquant dans tout ça?
Il faut savoir que c’est une invention des créationnistes… Hé oui! Nous ne saurions que vous conseiller de regarder les vidéos de la TEB citées ci dessus pour en savoir plus.
CONCLUSION
Une vidéo confuse et mensongère comme il en existe tant. Rien de neuf au fonds dans le merveilleux monde des conspis fachos intégristes. Le créationnisme a malheureusement de beaux jours devant lui.
Mais pour qu’ils restent un tant soit peu convaincants, il leur reste à trouver autre choses que de fabriquer des vidéos interminables basées sur deux trois assertions facilement démontrables comme fausses. Les vidéos/articles qui tentent de démontrer et ainsi conçues:
Alors si A, alors B, puis C, et donc D et enfin E ne méritent pas plus que de démontrer que « A » est faux. Et que par conséquent le reste l’est aussi. Inutile désormais de s’arrêter sur le détail de leurs délires.