Parfois les debunkers n’obtiennent pas une réponse immédiate à leurs demandes et parfois même, nous devons suspendre nos recherches faute de réponse. Nous avons une dizaine de hoaxes en suspens pour ces raisons là.
Alors quand nous finissons par avoir une explication claire, nous sommes très satisfaits. Ce hoax en fait partie:
Antoine Boutonnet, le commissaire chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme, ne prend même plus de précaution. Dans un reportage diffusé dimanche soir par « Enquête exclusive » sur M6, il est filmé (vers 17’50‘‘) dans son bureau aux côtés de maillots d’équipes de football et d’un drapeau de l’action antifasciste. Pour les lecteurs qui l’ignoreraient, il s’agit d’un symbole politique très marqué, celui de l’unité entre communistes (le drapeau rouge) et anarchistes (le drapeau noir) qui n’a évidemment rien à faire dans le bureau d’un commissaire de police de la République française. Ou alors, aux Nouvelles de France, nous allons finir par ne plus croire que le policier est garant de la neutralité et de l’impartialité de l’État ! Dans ce même reportage, nous apprenons qu’Antoine Boutonnet travaille en étroite relation avec SOS Racisme… une association parfaitement neutre et n’ayant aucun lien avec le Parti socialiste, comme chacun sait ! Le partenariat consiste à analyser les images fournies par les balances (« des repentis ») de SOS Racisme réparties dans tout le Parc des Princes pour identifier et arrêter les hooligans. Les événements de ces derniers jours en dit long sur la qualité de leur travail et les personnes qu’ils visent ou s’abstiennent de cibler… En attendant, « le patron de la DNLH veut inciter ses troupes à « poursuivre les efforts », en prêtant notamment attention aux mouvements extrémistes, de droite et de gauche », explique Le Monde du 4 février dernier. Prétendre lutter contre tous les extrémismes en affichant un drapeau d’extrême-gauche dans son bureau, ben voyons !
Fin mai 2013, suite à la découverte de ce hoax :nous avions écrit alors à la division nationale de lutte contre le hooliganisme, afin d’obtenir une explication. Et la réponse avait été rapide : « nous publierons dans les prochains jours une explication au journal officiel ».
Et depuis plus rien malgré nos rappels.
Et tout à fait par hasard, nous sommes tombés sur cette question posée à l’assemblée nationale et qui reprend l’intégralité du hoax.
Question posée (ça ne s’invente pas), par… J. Bompard.
Texte de la question
- Jacques Bompard appelle l’attention de M. le ministre de l’intérieur sur la neutralité des fonctionnaires de police. Dans un reportage de l’émission « Enquête exclusive » diffusé le 12 mai 2013 sur la chaîne M6, apparaît le commissaire chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme dans son bureau. On y voit notamment un drapeau de l’action antifasciste. Il s’agit d’une organisation dont les opinions politiques oscillent entre le communisme et l’anarchisme, mais qui se situe clairement à l’extrême-gauche. Afficher ainsi ses opinions politiques n’est pas acceptable de la part d’un fonctionnaire de police, tenu à un devoir de réserve. Il lui demande les mesures qu’il compte prendre pour rétablir la neutralité de la police chargée de la lutte contre le hooliganisme.
Texte de la réponse
Le 12 mai dernier, un documentaire diffusé sur la chaîne M6 faisait apparaître le chef de la division nationale de lutte contre le hooliganisme filmé dans son bureau à proximité d’un drapeau « antifasciste ». Cette pièce n’exprime pas une quelconque opinion personnelle, sa présence ayant une toute autre explication, simple et dénuée de toute signification politique. Ce fonctionnaire était dans son précédent poste spécialisé dans les questions d’ordre public. A ce titre, il a exercé des responsabilités dans le dispositif mis en place pour assurer la sécurité du sommet de l’OTAN à Strasbourg en avril 2009. La dernière journée de ce sommet fût le théâtre d’incidents extrêmement violents en marge d’une manifestation organisée par les opposants au sommet. Alors qu’un hôtel était incendié par certains d’entre eux, le commissaire de police concerné a dû organiser une opération de rétablissement de l’ordre dans des conditions particulièrement difficiles, ainsi que le sauvetage et l’évacuation de sept fonctionnaires de police dans l’hôtel en feu. La médaille d’argent pour acte de courage et de dévouement lui a été décernée pour ces faits. A cette occasion, il a conservé, et affiché dans son bureau, un drapeau abandonné sur place par l’un des « casseurs ». Ce drapeau rappelle donc simplement un épisode marquant de la carrière de ce fonctionnaire de police, à l’instar d’autres objets présents dans son bureau à titre de souvenir. Il peut en effet arriver à des policiers comme à quiconque de conserver tel ou tel objet témoignant d’un moment important de sa carrière. Pour autant, et afin d’éviter tout contresens regrettable, des instructions viennent d’être données afin de garantir la plus complète neutralité visuelle à l’arrière-plan des images réalisées par les médias lorsqu’ils procèdent à des interviews de fonctionnaires de police. En tout état de cause, l’essentiel réside dans le travail accompli au quotidien par la division nationale de lutte contre le hooliganisme, en appui des services territoriaux de la police et de la gendarmerie nationales, pour combattre les comportements des supporters violents et garantir au public que les rencontres se déroulent dans l’esprit festif qui sied aux manifestations sportives.
Voilà. Fin des affirmations et suppositions ridicules, on atterrit tous sur terre, tout le monde descend.
Et nous sommes contents de le dire, après 8 mois d’attente :
Debunked !!!
PS : nous serions heureux d’expliquer au député J. Bompard ce qu’est véritablement l’antifascisme et la signification de son drapeau. Ce qui lui éviterais de sortir de monumentales âneries qui prouvent sa méconnaissance politique comme :
« dont les opinions politiques oscillent entre le communisme et l’anarchisme »…
Entretemps, il pourra lire avantageusement notre article sur le sujet :
http://www.debunkersdehoax.org/la-recuperation-des-drapeaux-antifas