18 juillet 2013 | Temps de lecture : 4 minutes

Armée et ramadan

Le Ramadan dans l’armée Française.

Depuis quelques jours une photo circule sur Facebook, photo d’un document concernant les fêtes religieuses au sein de l’armée française. Ce document rappelle le début du ramadan et la date de l’Aïd el Fitr (fin du ramadan), une grande fête musulmane. Le détenteur de la page qui a édité la photo du document a surligné un passage « pourra bénéficier de permissions non décomptées à l’occasion de cette fête ».

armée ramadan

Nous pourrions très bien nous attarder sur la source :
https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10201555858486737&set=a.10201516138373759.1073741825.1485636823&type=1&theater

6000 partages en quelques jours, voilà bien la viralité d’un Hoax d’Extrême droite. Pour le document, on ne le trouve que sur les sites d’extrêmes droite :
http://www.facebook.com/l.php?u=http%3A%2F%2Fripostelaique.com%2Fle-drian-soumet-larmee-francaise-aux-regles-de-lislam-et-son-ramadan.html&h=CAQHsXiXE

 

Ramadan et armée « française » : des privilèges incroyables pour les soldats musulmans !

http://www.islamisme.fr/le-drian-soumet-larmee-francaise-aux-regles-de-lislam-et-son-ramadan/

 

S’appuyant sur la source suivante :

Minist–re-de-la-D–fense—26-juin-2013

On peut facilement douter de la fiabilité du document, mais le fond paraît bien plus important :

  • Le bulletin aux armées du 23 septembre 1967 autorise les fonctionnaires désireux de participer à des fêtes ou à des cérémonies religieuses qui ne sont pas inscrites au calendrier des fêtes chômées à demander une autorisation d’absence http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2009/04/cir_21683.pdf
  • L’instruction n°201710/DEF/SGA/DFP/FM/1 du 4 novembre 2005 dans son article 21 prévoit : « Afin de permettre au militaire de participer à une fête religieuse correspondant à sa confession, des autorisations d’absence peuvent être accordées aux dates fixées chaque année par le ministère de la fonction publique »http://www.boc.sga.defense.gouv.fr/pdf/2010/2010_005_p_defp0953392j_50661.pdf7
  • Le ministère de la fonction publique, quand à lui, par la circulaire du 10 février 2012 prévoit d’accorder en fonction des services des autorisation d’absence « pour participer à une fête religieuse correspondant à leur confession dans la mesure où cette absence est compatible avec le fonctionnement normal du service »
    Le fêtes concernées sont arméniennes, orthodoxes, musulmanes, juives, bouddhistes et sont énoncées ici : http://bjfp.fonction-publique.gouv.fr/-recup-par-id-/C_20120210_N0002.pdf

On remarquera que, concernant les religions catholique et protestante, il est bien précisé que les principales fêtes sont prises en compte au titre du calendrier des fêtes légales

==> Ces principales fêtes sont en effet des jours fériés dans notre calendrier.

Oui, l’armée est laïque et c’est dans ce souci de laïcité qu’elle accorde les permissions pour les grandes fêtes religieuses. C’est clairement explicité dans le texte de la loi de 1905, dite loi de Séparation.

ARTICLE PREMIER. – La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions édictées ci-après dans l’intérêt de l’ordre public.

ART. 2.- La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. En conséquence, à partir du 1er janvier qui suivra la promulgation de la présente loi, seront supprimées des budgets de l’État, des départements et des communes, toutes dépenses relatives à l’exercice des cultes. Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d’aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons.

Concernant le message accompagnant le document, l’auteur manifeste une profonde méconnaissance (volontaire) du pays qu’il défend (nous avons laissé les fautes) :

« Bonjour, voici un document qui pourrait vous intéresser; il s’agit d’une note de service qui donne droit aux militaires musulmans d’avoir un jour de permission non décompté à l’occasion de la fin du ramadan quand les autres n’auront rien. Si mes souvenirs sont bons, notre l’armée est un organe de notre état qui se dit laïque. Je ne comprends donc pas pourquoi une différence serait faite entre les militaires d’une confession religieuse, ceux d’une autre, ou encore ceux qui n’en ont pas. Que sont devenues nos vieilles rengaines: « à l’armée, c’est tout le monde à la même enseigne! » Il faut croire que le temps, bien aidé de nos chefs actuels… aura finalement eu raison de cela aussi. Si nos soldats ne peuvent plus se battre au nom d’un drapeau qu’on ne peut plus brandir sans se faire traiter de raciste. S’ils ne peuvent plus se battre au nom d’une liberté enchaînée par la peur de sortir de chez soit de crainte de se faire agresser. S’ils ne se battent plus pour une fraternité dont une tranche de la population nous a bien fait comprendre qu’elle ne voulait pas. S’ils ne peuvent plus se battre au mon d’une égalité qui se voit bafouée au sein même de leur institution….. POUR QUI OU POUR QUOI NOS SOLDATS SE BATTRONT ILS? »

La présentation est plutôt basique : l’armée accorde aux militaires de confession musulmane des permissions.

Comme nous l’avons vu plus haut, ces permissions sont aussi accordées aux diverses confessions, ce qui, au nom de « laïcité » ne gêne pas l’extrême-droite, mais pour l’islam, c’est un signe d’une soumission de l’État à une religion et non un signe d’égalité.
L’Extrême-Droite d’aujourd’hui a choisi plusieurs « combats » afin d’attirer un maximum de crédules : le féminisme, l’identité, l’écologie, la cause animale, la famille et ici la laïcité.

Toutes les causes sont bonnes pour véhiculer leurs idées nauséabondes ? C’est au nom de ces combats fédérateurs que l’extrême-droite se défend d’être xénophobe, homophobe, islamophobe..
Le Front National par exemple, utilise bien souvent la laïcité comme argument contre le multiculturalisme, taclant désormais les musulmans d’aujourd’hui (à la place des « maghrébins » d’hier), appelant à l’assimilation, ce qui revient à opposer musulmans et français.

Pour le dernier paragraphe, nous avons le droit à un mélange d’affirmations et de divers amalgames, placés à la suite d’un texte clairement islamophobe, insistant sur le fait que l’ensemble est lié :

« Si nos soldats ne peuvent plus se battre au nom d’un drapeau qu’on ne peut plus brandir sans se faire traiter de raciste. S’ils ne peuvent plus se battre au nom d’une liberté enchaînée par la peur de sortir de chez soit de crainte de se faire agresser. S’ils ne se battent plus pour une fraternité dont une tranche de la population nous a bien fait comprendre qu’elle ne voulait pas. S’ils ne peuvent plus se battre au mon d’une égalité qui se voit bafouée au sein même de leur institution…..
POUR QUI OU POUR QUOI NOS SOLDATS SE BATTRONT ILS? »

faudrait il rappeler à l’auteur qu’un militaire défends le pays et ses intérêts, que le choix de s’engager n’est pas anodin ? Et que c’est au nom de l’égalité, de la liberté et de la laïcité que ces dispositions sont mises en place ?

 

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