Suite à la catastrophe ferroviaire de Brétigny, nous avions tenté d’apporter un éclaircissement quant aux évènements qui se seraient produits en marge dans l’article suivant. Nous estimons aujourd’hui qu’un éclairage complémentaire est nécessaire.
Aujourd’hui, la situation n’en reste pas moins extrêmement complexe, comme nous allons le voir.
1) L’apaisement
Il semble que l’on assistait chez les journaux qui ont monté l’affaire en épingle à une tentative d’apaisement et de questionnement. Les mêmes qui ne recoupèrent aucune information (Parisien/Monde/Figaro) se lancent dans une spirale de dénégation sur les mêmes affirmations qui paraissaient sûres deux jours auparavant.
Les médias télévisés (hormis BFM TV et I Télé qui n’ont pas relayé les rumeurs) suivent la même voie.
http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/07/13/bretigny-cuvillier-n-a-pas-connaissance-de-pillage-de-victimes_3447226_3224.html
Le « Monde » fait un bref rappel des faits sans changer fondamentalement de ligne. Le diptyque de base : déclaration de la déléguée syndicale « Alliance », ainsi que des témoins contresignent les premiers éléments décrit par le « Monde ». C’est-à-dire :
« Sur Europe 1, une déléguée du syndicat de police Alliance a fait état vendredi soir de la présence, un quart d’heure après la catastrophe, d’un groupe de jeunes « qui semblent porter secours aux victimes » mais qui auraient eu en fait l’intention de « dépouiller les victimes et notamment les premiers cadavres ».
Tout de suite après l’accident, selon des témoins interrogés par Le Monde, une trentaine de jeunes venus des environs auraient tenté de voler des effets des victimes, sacs, portables ou autres. Ils auraient également caillassé les pompiers qui intervenaient, avant d’être évacués hors du périmètre par les CRS. Les échauffourées se seraient poursuivies encore quelques temps, avant de s’apaiser. »
Problèmes de cette version :
- la déléguée d’Alliance n’était pas présente sur les lieux
- Pas de recoupements des déclarations
- Qui sont ces « témoins » alors que les autres journaux affirment qu’aucun témoin ne corrobore cette version ?
Le « Monde » présente tout de même les déclarations du ministre des transports, Frédéric Cuvillier, du directeur de la communication de la Croix Rouge, ainsi que le chef de service du SAMU qui démentent tout souci grave. On note tout de même la réaffirmation d’une source policière (laquelle ? « Alliance » à nouveau ? Nul ne sait) qui confirmerait certains problèmes :
« une « situation tendue » en début de dispositif quand la Sûreté générale (SUGE), le service de sécurité de la SNCF, est arrivée pour sécuriser la zone, « comme souvent dans ces moments ». « Il y a eu quelques jets de projectiles, mais pas de caillassage », a-t-il dit. « Dans un événement complètement déconnecté, plus tard, un jeune a tenté de voler » le portable d’un secouriste, « il a été interpellé », a ajouté cette source. Il s’agit d’un adolescent de 16 ans de Brétigny selon une source judiciaire, qui confirme cette tentative : un petit groupe de jeunes qui ne voulait pas s’éloigner de la zone de l’accident, a pris à partie les médecins du SAMU, provoquant une bousculade au cours de laquelle le téléphone d’un des médecins est tombé et a été volé. »
http://www.slate.fr/france/75315/catastrophe-train-bretigny-sur-orge-caillassage-pillage-ou-pas
« Slate » qui n’a pas suivi l’emballement médiatique pose les événements, recoupe les faits. On notera ceux-ci :
« Présent sur place, le reporter de France 2 Hugo Clément tweetait que les policiers sur le terrain confirmaient des vols sur des victimes, mais que toutes sources confondues sauf Alliance niaient des vols sur les cadavres. »
« Alliance est le seul syndicat policier à s’être prononcé officiellement sur l’affaire pour le moment. Les journalistes évoquent des sources policières qui ne veulent pas être citées, refusent de confirmer ce que Nathalie Michel a dit, et relativisent la gravité des incidents. »
« Présent sur place, le journaliste du Parisien Florian Loisy a confirmé sur Twitter avoir vu le caillassage avoir lieu, ainsi que deux personnes être interpellées, et quatre personnes «foutre la merde». D’après lui la situation était tendue pendant une vingtaine de minute, jusqu’à ce que les policiers agrandissent le périmètre de sécurité et soient plus nombreux. »
Nous reviendrons plus loin sur cette situation de tension et des témoignages expliquant sans doute le pourquoi.
2) Décryptage tardif après recoupement (enfin !) des informations
http://www.20minutes.fr/societe/1188315-20130713-deraillement-mortel-a-bretigny-a-t-il-scenes-pillage-apres-accident
Seul point intéressant de cet article qui reprends à nouveau les grandes lignes des événements :
« Une source policière a évoqué samedi une «situation tendue» en début de dispositif quand la Sûreté générale (Suge), le service de sécurité de la SNCF, est arrivée pour sécuriser la zone «comme c’est souvent le cas dans ces moments». «Il y a eu quelques jets de projectiles, mais pas de caillassage. Dans un événement complètement déconnecté, plus tard, un jeune a tenté de voler. Il a été interpellé», a ajouté cette source, qui «déplore cette instrumentalisation indécente». »
Comme dans le premier article que nous avions déjà cité, « 20 minutes » reste très prudente et suggère des sources policières qui démentent complètement la version d’Alliance.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/pillage-a-bretigny-sur-orge_1266271.html
14/07/2013-12h12 « L’Express tente un décryptage des événements successifs et tente de les connecter au discours politique qui s’est ensuivit.
http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/07/14/97001-20130714FILWWW00046-bretignyvol-4-interpellations.php
Cet article est fondamental car il commence à remettre en cause totalement la version du pillage et de la fachosphère en général.
Deux versions se dégagent, mais les deux contredisent les versions d’Alliance :
« Deux plaintes déposées
L’incident a trouvé sa genèse quinze minutes après l’accident survenu à 17h14, quand des jeunes gens qui se trouvaient à la gare de Brétigny-sur-Orge se sont dirigés vers les quais. Un différend a éclaté entre un secouriste et plusieurs de ces jeunes car, selon une autre source proche de l’enquête, ils n’auraient pas obtenu qu’une jeune femme qui les accompagnait soit observée par le médecin.
Selon une autre source, les premiers témoignages recueillis ne font pas état de volonté de pillage comme une rumeur en fait état, mais indiqueraient que les jeunes gens disaient vouloir porter secours aux victimes. La sûreté départementale de l’Essonne est chargée de déterminer s’il y a eu pillage ou volonté de pillage. La thèse n’est pour l’heure accréditée par aucun témoignage direct. Suite à cette bousculade, deux plaintes ont été déposées: par le médecin qui s’est fait dérober son téléphone et par un policier, pour outrages lors de la première interpellation de vendredi. »
On notera bien la cause de la bousculade :
– Des jeunes « énervés » par une non prise en charge immédiate d’une jeune femme
ou bien
-Volonté de « jeunes » voulant porter secours mais contrariés par la mise en place d’une zone de sécurité
Et dans tous les cas : AUCUN témoignage direct confirmant une tentative de pillage !!!
Bien sûr, on peut désapprouver la réaction de ces personnes présentes, quelle que soit la « bonne version ». Mais dans des circonstances exceptionnelles comme celles-ci, n’est-il pas possible de les comprendre à défaut de les excuser ?
On notera que cet article (provenant du Figaro et donc peu susceptible d’être complice du pouvoir en place) va à l’inverse de la version du « Monde » ci-dessus…
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/bretigny-sur-orge-quatre-interpellations-pour-un-vol-de-portable_1266278.html
Très vite « L’express » revient à la charge et relate de nouveaux faits. Il en ressort qu’il y a bien eu deux arrestations séparées :
-Une arrestation (dont nous avons déjà parlé) concernant un vol de portable sur un urgentiste
-Une altercation avec 4 personnes
(voir article du Figaro 14/07/2013-12h12 http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2013/07/14/97001-20130714FILWWW00046-bretignyvol-4-interpellations.php)
On est très, très loin des scènes décrites de barbarie de détrousseurs de cadavre, décrite par la représentante du syndicat « Alliance), reprises sans recoupements par les médias, déformés honteusement par des représentant de l’UMP et déformés de façon ignominieuse par les représentants de l’extrême droite.
Pas question pour les « Debunkers » d’excuser un vol commis, surtout dans de telles circonstances. Certes.
Mais l’ignominie se trouve t’elle désormais encore ici ?
Où sont au final les vautours dévoreurs décrit par la fachosphère ? Ne se trouverait il pas désormais plutôt du coté de ceux qui changent la réalité afin d’en récolter des fruits électoraux ? On pourrait dire qu’ils ont été trompés par le cirque médiatique. Et c’est certainement ce qu’ils affirmeront si on leur pose la question.
Mais à ce jour… OU SONT LES EXCUSES de ces gens ??? Voire même de simples explications justifiant leurs mots ?
Cette absence d’explications nous semble particulièrement significative, mais nous espérons être détrompés les jours prochains…
http://www.leparisien.fr/faits-divers/bretigny-quatre-interpellations-apres-le-vol-du-portable-d-un-secouriste-14-07-2013-2981959.php
Confirmation des faits :
– Arrestation pour vol de portable
– Arrestation pour « rébellion » de 4 personnes suite à une non prise en charge immédiate des secours d’une jeune femme (amie ? inconnue ? Extérieure à l’accident ? Personne ne le sait)
– Et en réponse à l’accusation de la déléguée d’Alliance :
« La sûreté départementale de l’Essonne a été chargée de déterminer s’il y a eu pillage ou volonté de pillage mais pour l’heure cette affirmation n’a été accréditée par aucun témoignage direct. »
- Lundi 15 juillet 2013 à 08:10
(article2) http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/47738/debordements-a-bretigny-ce-quil-sest-vraiment-passe/
Article qui en renvoie à un autre absolument essentiel car y sont relatés par des journalistes LOCAUX, les évènements dès le début de ceux-ci :
(article1) http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/47676/gare-de-bretigny-apres-un-accident-meutrier/
a) Extraits de l’article 1
On y apprend plusieurs choses. La tension décrite par les forces de l’ordre s’est ainsi passée :
« Rue Anatole France on n’entend plus que les sirènes. Au croisement du boulevard de la République ça bourdonne. Les habitants, les médias et les forces de l’ordre se bousculent. On tente de faire passer les secours, quelques voitures aux passagers tétanisés. Quelques bousculades éclatent entre riverains et forces de l’ordre pour l’accès à certaines rues barrées. Certains riverains s’énervent : « on ne peut même pas rentrer chez soi » peste ce père de famille. »
« Au croisement du boulevard de la République et de la rue Maurice Boyau les forces de l’ordre installent un premier barrage. Les esprits s’échauffent au moment où des brigades mobiles repoussent les personnes au delà d’un périmètre élargi. Certains tentent alors de rentrer à leur domicile, et se font fermement stopper. « Je dois dîner chez mon frère » s’énerve une jeune femme, « il habite à quelques mètres derrière le barrage » . Impossibilité de passer, on lui demande de faire le tour. « Mais le tour par où? » s’interroge-t-elle tout haut. »
b) Extraits de l’article 2
« Un instant plus tard, une mère de famille souhaite aller à la supérette pour acheter des couches. On lui refuse le passage et l’un des agents lui propose de « demander à [ses] voisins » . Les forces de l’ordre sont inflexibles et le dispositif de sécurité mis en place est très impressionnant. Peut-être trop ? Un groupe de personnes bloquées rue Boyau, exprime son mécontentement. Le ton monte lorsque plusieurs gardes mobiles les refoulent énergiquement au fond de la rue. Quelques insultes fusent, et un jeune homme lance à ce moment un projectile en direction des policiers. Ces derniers sortent les flashballs prêts à riposter. Mais ils n’en ont au final pas eu besoin, puisque les quelques personnes énervées se sont tout de suite écartées des lieux. »
Conclusion radicale pour les journalistes :
« Oui, une pierre a bien été lancée, cela dans un état de tension ambiante. Toutefois nul caillassage ou émeute, comme certains ont pu l’écrire, parfois dans le but de profiter d’une polémique ainsi créée sur ces soi-disant « voyous » ou « barbares » . Quant aux informations faisant état de pillage de victimes, d’histoires de vols sur les personnels de secours et les journalistes, il s’avère que rien de cela ne s’est déroulé. Seul un vol isolé dont a été victime un membre du SAMU a été confirmé. Tout serait partie d’une « source policière » et d’un membre du syndicat Alliance cités par Europe 1. Mais le soir même et plusieurs fois le lendemain, le préfet Michel Fuzeau, les services de pompiers, le SAMU ou encore la Croix Rouge ont affirmé à nos confrères que les opérations de secours s’étaient déroulées sans heurts et dans le calme. »
Et enfin :
« Cette affaire montée en épingle montre à quel point des informations peu fiables relayées par quelques commentateurs peuvent suffire à passer sous silence l’entraide dont ont fait preuve plusieurs Brétignolais, présents sur les lieux ou habitant à proximité, pour venir en aide aux personnes blessées et choquées. Très vite après l’accident, alors que le centre-ville apprend la catastrophe, une chaîne humaine, partie depuis le magasin Intermarché apporte à la gare de l’eau et des vivres. Autour de la gare, l’entraide est de mise, pour sortir les voyageurs du train déraillé, réconforter les personnes choquées et ouvrir la voie des secouristes.
Au milieu de cette foule, beaucoup de personnes perdues, ne sachant pas où elles se trouvent. Les personnels de la SNCF sortent également au devant des victimes, et ne compteront ce soir là pas leurs heures supplémentaires. Solidarité de mise également en ville, où plusieurs Brétignolais et habitants des alentours ramènent les personnes sans solution de transport. Comme cette femme qui propose naturellement à cette habitante de Saint-Michel-sur-Orge de la conduire chez elle, celle-ci ne sachant pas comment faire.
Ce type d’intox touche malheureusement de plus en plus le journalisme. Il ne s’agit pas ici de mettre en défaut les journalistes, mais de mettre en lumière un système global.
A l’heure de Twitter et de l’Information mort-née, car périmée à l’instant même où elle apparaît, l’immédiateté de l’actualité se révèle le pire ennemi du journalisme d’investigation. Le temps des médias empêche la prise de recul et le temps long de l’analyse, de la vérification et confrontation des sources, en somme du sens critique. Les pires dérives sont alors possibles, la raison laisse place à l’affect, et un événement aussi tragique que ce déraillement de train peut devenir l’outil d’une instrumentalisation plus politique et pernicieuse. «
Il nous semble aux « Debunkers » que nous n’avons pas tenu un autre discours…
http://www.lepoint.fr/societe/exclusif-deraillement-a-bretigny-quatre-interpellations-prolongees-15-07-2013-1704967_23.php
L’information essentielle est la suivante :
« « T’as trouvé quoi dans les bagages ? » C’est un des messages découverts sur le téléphone portable d’un des quatre individus interpellés dimanche matin, dans le cadre de l’enquête sur les délits susceptibles d’avoir été commis en marge de l’accident du train Paris-Limoges. Signe ou non du sérieux de la piste, lundi matin, leur garde à vue a été prolongée. Le parquet d’Évry a confirmé au Point.fr le prolongement de détention des quatre suspects, dont certains sont mineurs, au commissariat d’Arpajon. En revanche, le même parquet ne veut « ni confirmer ni infirmer » la teneur des textos des mobiles des suspects analysés par les enquêteurs de la Sûreté départementale de l’Essonne. »
Information relayée à nouveau par la fachosphère et Fdsouche qui semble reprendre du poil de la bête sur ce point de détail.
« Point de détail » car quelques heures plus tard :
http://www.leparisien.fr/faits-divers/vol-du-portable-d-un-secouriste-a-bretigny-les-suspects-remis-en-liberte-15-07-2013-2984701.php)
Les 4 personnes sont remises en liberté…
- Lundi 15 Juillet 2013 14h35
http://www.foutebol.com/Pillages-a-Bretigny-D-Europe-1-a-la-fachosphere-comment-la-fausse-rumeur-s-est-propagee_a1783.html
Un excellent article qui relaie nos interrogations et redessine le schéma que nous avions réalisé quelques jours auparavant et pose des questions auxquelles nous n’avons pas de réponses, notamment:
– Pourquoi une déléguée d’un syndicat de police TRES à droite (et non présente sur les lieux) à pu faire une telle déclaration sans que celle-ci ne soit recoupée avec d’autres sources policières et journalistiques ?
– Pourquoi une ou deux lignes de l’édition du « Parisien » ont-elles été reprises, amplifiées et déformées complètement à l’aune de cette déclaration ?
– Pourquoi sur le site d’Europe, le témoignage de la déléguée d’Alliance est il accompagné du tweet d’un militant du FN ? Tweet retiré depuis sur le site.
Paul Alexandre Martin est en effet un « cadre du Front national de la jeunesse » :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_de_la_jeunesse
Il fut successivement chargé des Communiqués de presse et de la communication interne, puis en aout 2012, il est devenu adjoint de Rochedy, le président du FNJ.
Cet ajout n’est donc pas innocent….
– Et enfin à de rares exceptions, pourquoi en dehors de médias alternatifs (comme cet article) ou bien celui des « Debunkers », aucun journaliste « attitré » ne remet il en cause cette version pourtant bien fragile et colportée par la fachosphère comme un feu de paille ???
http://www.lepoint.fr/societe/bretigny-sur-orge-remise-en-liberte-des-4-individus-interpelles-15-07-2013-1705084_23.php
15.07.2013, 20h37
http://www.leparisien.fr/faits-divers/vol-du-portable-d-un-secouriste-a-bretigny-les-suspects-remis-en-liberte-15-07-2013-2984701.php
Les deux articles précédents reprennent enfin la nouvelle de la libération des 4 personnes.
Avec une précision de taille :
« Aucune plainte déposée par des passagers
A la suite de cette bousculade, deux plaintes ont été déposées: par le médecin qui s’est fait dérober son téléphone et par un policier, pour outrages lors de la première interpellation de vendredi. Le parquet d’Evry a indiqué qu’aucune plainte n’avait été déposée par des passagers pour des vols commis en marge de la catastrophe. »
3) Et les réactions des droites extrêmes dans tout ca ?
Le discours est, comme d’habitude, extrêmement uniforme.
- Les seules sources « valables » sont celles d’Alliance.
- Introduction d’éléments sémantiques accusant « les maghrébins », « les jeunes », généralisations abusives, le tout est très classique.
- Accusations de « complot », de manipulations des journalistes qui iraient contre leur version.
- Aucune citation d’articles ou d’éléments qui iraient à décharge de leurs thèses.
- Reprise en masse de la note tirée du « Point » (voir partie 4 ) qui confirmeraient totalement leurs dires.
a) Les sites/pages/tweets
- Le Salon beige
- « Fdesouche »
Toujours de façon très étonnante, fdsouche reste d’une timidité de violette. Finalement peu d’articles divers sur son site concernant cette affaire. Du grand article réalisé il y a quelques jours et à aujourd’hui, le site ne reprends que la note du « Point »…Et sans en ajouter trop…
On notera la fine allusion aux charognards…
b) Les partis
- Le FN et sa pravda : « nations presses »
La rhétorique est habituelle et posée :
« policiers et secouristes, journalistes honnêtes » et « certains relais médiatiques serviles ».
Le sous entendu est évident :
- – Tous les policiers et secouristes ont témoigné de « caillassages et pillages »
- – Les journalistes « aux ordres » sont ceux qui posent des questions et émettent des doutes, recoupent leurs infos.
Ceux qui reprennent sans question « Alliance » et la fachosphère sont « honnêtes ». C’est une vision complètement manichéenne, manipulatrice et complètement symptomatique dont le FN conçoit le journalisme. Il y a le dogme et les autres.
C’est bien sûr « oublier » complètement que seule UNE source policière (jusqu’à l’article du Point ) ont parlé de ces pillages/caillassages. Toues les autres sources policières, et TOUS les secours (contrairement à ce qu’affirme marion anne perrine le pen) ont totalement démentis TOUT problème…
Un article complètement putassier puisqu’il reprend la grande antienne du FN : jeunes= immigrés. L’affiche du parti est là pour le confirmer ! Sous entendu : si une garde à vue est prolongée, c’est que la personne est coupable ! Et c’est oublier que les 4 personnes ont été relâchées. Petit tacle au passage de Taubira dont on se demande ce que cela viens faire là, sinon rappeler que le PS est « laxiste » en matière de sécurité, puisque les 4 n’ont pas été condamnés immédiatement.
- Les déclarations de représentants d’Alliance http://french.ruvr.ru/2013_07_16/Bretigny-sur-Orge-le-caillassage-et-les-vols-sur-des-cadavres-confirmes-3913/
Dans ce média d’extrême droite russe, Frédéric Lagache, secrétaire général adjoint du syndicat Alliance se répand en conjecture. Il ne parle que de complot et ne fait même pas semblant de parler des autres sources contradictoires.
Un commentaire engagé pour un syndicat engagé, dans un média pour le moins engagé.
On notera, pour la bonne bouche, les captures d’écran faites par « Copwatch » sur le mur d’un policier « d’Alliance »…
https://copwatchnord-idf.info/?q=node/207
Et cette phrase inoubliable :
« Ca sert à flinguer »
Média largement critiqué sur la forme tant que le fonds (http://fr.wikipedia.org/wiki/Metula_News_Agency ), menapress y va de la fibre complotiste et nous sort une fantastique interview : un flic dont nous ne connaitrons ni le nom, ni la fonction, ni le grade nous assène une histoire abracadabrantesque, dont voici un extrait savoureux :
« Damien : C’est normal, tout est cloisonné. La compagnie de CRS qui est intervenue à Brétigny a été spécialement rassemblée par son commandant et a reçu l’ordre de ne rien dire, de ne rien raconter aux proches de ce qui s’était passé, car il ne s’est rien passé !
La Ména : Il ne s’est réellement rien passé ?
Damien : Il y a eu un attroupement de jeunes des banlieues autour des victimes, des blessés et des morts, qui leur ont fait les poches. Ils se sont également livrés à des vols et des rackets sur les secouristes. Cela s’est déroulé « en champ ouvert », selon l’expression que nous utilisons, pas en champ fermé, devant les yeux de tout le monde, pas en petit comité.
La Ména : Les autorités parlent d’un seul secouriste qui se serait fait dérober son téléphone.
Damien : C’est totalement faux. D’ailleurs, si on n’avait volé qu’un seul téléphone, comment y aurait-il eu quatre interpellations ? Ils se mettent maintenant à quatre pour chouraver un portable ? Il y a eu de nombreux vols et plus encore de tentatives de vols sur les secouristes. Et il y a eu un affrontement en règle CRS-jeunes. Au départ, ils étaient une quinzaine, vingt peut-être ; lors de l’affrontement, leur nombre a pratiquement doublé. Les hommes ont dû faire usage de la force et de petites grenades DMP, à la fois fumigènes et lacrymogènes. Nous avons essuyé des jets de pierres et de canettes nourris. »
Le mythe du complot bat son plein en ignorant allègrement tous les autres témoignages qui sont bien sûr « truqués ». Nous avons même trouvé des hypothèses délirantes sur un forum : l’accident a été provoqué par les « jeunes « des banlieues de Brétigny pour, tel des naufrageurs modernes, pouvoir piller les voyageurs du train…. Délirant, on vous dit.
4) Polémique 2.0
Comme relaté plus haut, le Point sort un article le 18/07/2013 à 16:19
http://www.lepoint.fr/societe/exclusif-bretigny-sur-orge-des-scenes-de-vol-et-de-caillassage-ont-bien-eu-lieu-18-07-2013-1706136_23.php
Cet article reprends une note de la :
« Direction centrale des compagnies républicaines de sécurité (DCCRS) dans lequel une page est consacrée à l’opération de sécurisation mise en place après la catastrophe ferroviaire par deux sections de la CRS 37-Strasbourg venues du cantonnement de Meaux. »
Et cet article reprend la note sur les points suivants les plus importants :
« « À leur arrivée, les effectifs de la CRS 37 devaient repousser des individus, venus des quartiers voisins, qui gênaient la progression des véhicules de secours en leur jetant des projectiles » »
« « Certains de ces fauteurs de troubles avaient réussi à s’emparer d’effets personnels éparpillés sur le sol ou sur les victimes. » «
« « Les fonctionnaires protégeaient ensuite les lieux de l’accident pour favoriser le travail des enquêteurs et des techniciens et sécuriser la visite des nombreuses autorités (président de la République, Premier ministre, ministre de l’Intérieur, ministre des Transports, ministre de la Santé…). »
Une relation des faits extrêmement grave apparemment donc.
Rappelons nous aussi quelques faits :
– Le ministre des transports dément les faits
– La sous préfecture également
– Croix rouge et Samu ne relatent aucun problème
– Luc-Didier Mazoyer, le directeur départemental de la sécurité publique de l’Essonne, persiste et signe :
« J’étais sur place, il y a certes eu des tensions pour repousser des individus, mais je n’ai vu ni scène de pillages ni violences urbaines. J’ai déclenché une enquête pour en avoir le coeur net. », selon le Point
– Les 5 personnes interpellées ont été relâchées, leurs appartements pourtant fouillés de fonds en comble sans résultats
– Aucune autre plainte pour vol de portable que celle de l’urgentiste
– Aucune plainte des voyageurs, même des blessés légers ou indemnes (si on peut parler d’être indemne après un tel choc !)
– Aucune vidéo, enregistrement sonore n’atteste de tels actes…
– Le parquet d’Évry a ouvert une enquête préliminaire pour vol en réunion avec violences, donc aucune volonté de la justice, de cacher quoi que ce soit…
Mais la note de synthèse de la DCCRS semble attester du contraire, alors intéressons nous y.
- Et tout d’abord avec « Le Progrès » qui pointe le doigt sur une contradiction ESSENTIELLE de cette note :
le 19/07/2013 à 12:22
http://www.leprogres.fr/france-monde/2013/07/19/bretigny-incoherence-entre-les-vols-decrits-par-les-crs-et-leur-heure-d-arrivee
« Selon une source préfectorale de l’Essonne, une première moitié de la CRS 37 dont l’intervention est relatée dans le document révélé jeudi par Le Point est arrivée vers 19 heures soit une heure et demie après l’arrivée des premiers secours qui étaient sur place entre 17 heures 25 et 17 heures 30.
«Ca ne colle pas» avec la description «de scènes de pillage qui n’existent pas», a insisté cette source, précisant que la seconde partie de la CRS est arrivée à 20 heures 23. »
Incroyable…
Comment une note peut être qualifiée de digne de fois avec une telle contradiction ????
La première partie de la compagnie 37 est arrivée UNE HEURE ET DEMIE après l’accident tandis que la deuxième est arrivée TROIS heures après !!!!
Incohérent, impensable !!!
Et le Progrès précise :
« L’enquête est en cours, avec des auditions de policiers, de secouristes et l’analyse d’images de vidéosurveillance. »
- Le journal « Essonne Info » lui est encore plus clair dans ses affirmations :
le Vendredi 19 juillet 2013 à 09:19
http://essonneinfo.fr/91-essonne-info/47905/pas-de-pillages-ni-de-caillassages-a-bretigny/
Et ils publient tout d’abord la SEULE photo connue existante du moment de « l’élargissement du cordon de sécurité » :
Ou voyez-vous des émeutes et du caillassage ?
Le journal enfonce le clou :
« Depuis lundi midi cependant, de nombreux
trolls agissent en ligne contre
Essonne Info et les journalistes de notre rédaction. Il s’agit d’une opération de masse visant à décrédibiliser notre publication et nos témoignages.
Quatre membres de notre journal étaient bien présents à Brétigny vendredi 12 juillet en fin d’après-midi, des deux côtés de la gare, mais aussi à l’intérieur et l’extérieur du périmètre autorisé. Nous avons observé la tension palpable, ainsi que les quelques altercations entre policiers et riverains. Nul caillassage, comme prétendu, mais des mots plus hauts que d’autres et quelques projectiles lancés par énervement. »
Des trolls en ligne ? Souvenons-nous au passage de l’article du Midi Libre , publié il y a quelque temps (octobre 2012) : http://www.midilibre.fr/2012/10/16/revelations-sur-l-ultra-droite-comment-la-fachosphere-a-reagi,578910.php
« Tellement de commentaires pour si peu de personnes
Tirons quand même notre chapeau aux blogueurs de fdesouche : notre article à peine publié sur midilibre.fr, leur réplique était en ligne. Et avec elle, les commentaires ont afflué sur notre serveur.
Mais, malgré l’énorme masse de commentaires, l’essentiel des critiques contre Midi Libre provenaient… de seulement 6 adresses IP différentes. Une excellente illustration de ce qu’affirmait notre témoin : « On créait des profils juste pour donner l’effet de masse, donner l’impression que c’était la « base » des gens qui pensait comme nous. » »
Et « Essonne Info » donne le coup de grâce :
« Aucune preuve tangible de caillassage et pillage
Présents au moment des faits, nous disposons de sources sérieuses et diverses, qui confirment toutes qu’à part un acte isolé dont a été victime un personnel du SAMU (une enquête est d’ailleurs en cours), tout le reste n’est qu’allégations. Nous avons recueilli les témoignages de voyageurs qui ont assisté au drame, de riverains, de membres des équipes de secouristes et d’agents de la SNCF présents ce soir là. Aucun ne fait état d’incidents majeurs dans la gare et ses alentours. Une semaine après l’accident, il n’y a pas d’éléments probants ou preuves réelles (vidéo, photo, témoin direct) permettant d’affirmer le contraire. Le parquet d’Evry a par ailleurs indiqué à nos confrères jeudi soir qu’aucune autre plainte n’avait été déposée.
Le rapport de la DCCRS cité par Le Point provient d’une synthèse de la CRS-37 de Strasbourg, établie à Meaux. Arrivée sur place plus d’une heure trente après l’accident, cette brigade a eu en charge la sécurisation des lieux avec le renforcement du périmètre. Ajouté à la version du syndicat Alliance, il s’agit des uniques propos faisant état de pillages et caillassages. Aucune autorité ou personne mobilisée ce soir là ne confirment ces dires, tandis que les responsables de la DDSP de l’Essonne les contredisent. Sans remettre en cause la fiabilité de ce rapport, suffit-il à lui seul comme preuve ? »
Conclusion implacable de leur part :
« Nous ne doutons pas de la bonne foi ni de l’intelligence de toutes les personnes qui se sont saisies de notre article. Mais tandis que la polémique fait son effet, on oublie la solidarité à l’œuvre vendredi dernier, le sort des victimes et surtout l’instrumentalisation dont elles font l’objet. Entre gens de raison et ayant connaissance de cela, si le doute persiste encore, cela posera la question d’une réelle manipulation. Il est aujourd’hui nécessaire de savoir à qui profite la diffusion de ces rumeurs. »
CONCLUSION sans doute provisoire… car il nous semble qu’il y aura un épisode 3…
Voilà ce que, à ce jour, nous pouvions dire.
Notre analyse est délibérément celle d’un parti pris :
– Nous remettons en cause les affirmations d’une déléguée syndicale qui n’était pas sur les lieux de l’accident. Syndicat classé très à droite au demeurant…
– Nous remettons en cause la deuxième source, c’est-à-dire un tweet publié à la suite de la déclaration de la déléguée alliance, rédigé par un cadre bien connu du FN…
– Nous remettons en cause l’insupportable développement médiatique qui s’est fait sur du vent, c’est-à-dire ces deux allégations partiales et partielles
– Enfin nous remettons en cause en raison de sa contradiction majeure, la note de la DCCRS…
Nous pensons plus crédibles les sources rapidement présentes sur les lieux comme les journalistes d’Essonne Info, ainsi que les secours du SAMU, de la Croix Rouge et pourquoi pas du SDIS91 qui à ce jour ne relate que ceci :
« Au-delà de la tristesse, j’ai vu des Brétignolais, des Essonniens, des Franciliens, se serrer les coudes et s’entraider.
À la gare de Brétigny tout le monde voulait être utile, tout le monde se sentait solidaire.
C’est le sentiment que j’ai eu dès mon arrivée sur les lieux, j’ai vu cette vivante idée de la fraternité, qui, au-delà des drames, fait que nous faisons vivre une certaine idée de la solidarité.
Une fraternité en actes, d’abord grâce à nos sapeurs pompiers et à toutes les forces de secours qui ont fait preuve d’un sang froid et d’un professionnalisme reconnus par l’ensemble des autorités de l’Etat. » J. Cauet, président du SDIS91 [http://www.jeromecauet.fr/tag/SDIS%2091]
Oui, c’est un parti pris que nous assumons pour de bonnes raisons. Car nous savons de part notre activité, les manipulations dont sont capables les droites extrêmes à des fins de propagande électorale.
Nous ne visons personne, nous visons tout le monde.
Car pour autant que nous puissions parler de parti pris dans cette affaire, nous ne sommes pas aveugles.
Si jamais l’enquête venait à confirmer malheureusement ces affaires, nous serions les premiers à le dire.
Nous pensons d’abord aux victimes, à leurs familles et à leurs amis.
Mais nous pensons aussi à toutes celles et tous ceux qui ont tentés de venir au secours des victimes et qui aujourd’hui se voient suspectés de l’innommable… Que penseront ces gens la prochaine fois qu’ils devront porter secours à une personne ? Se souviendront ‘il de la manipulation, de la généralisation dont on les accuse ? Ou bien réagiront ils de la meilleure façon : faire CE QU’ILS PEUVENT en face de l’horreur et en se moquant de la façon dont certains politocards les traitent pour agiter leur misérable petite tambouille médiatique ?
Nous le souhaitons.
Et nous souhaitons que chacun réfléchisse à cette essentielle question :
Qui peut avoir intérêt, et pour quelles raisons à ces manipulations ?
Tweet de Steevy Gustave, maire adjoint de Brétigny sur Orge