La manif pour tous ne recule devant rien et diffuse des rumeurs sur la théorie du genre. Entre travaux mal compris, obsessions mal placées et cynisme absolu, petit aperçu du rapport de l’extrême droite, E&R en première ligne avec le genre, les orientations sexuelles et tous ces mystères.
L’extrême droite et sa fascination de la sexualité
Les mouvements d’extrême droite entretiennent des fantasmes prononcés sur la sexualité. C’est un fait.
Que ce soit ce qu’ils considèrent comme des « perversions », homosexualité, transsexualisme ou de réelles perversions comme la pédophilie, pour eux la frontière est mince voire inexistante. Ces fantasmes se lient avec le fondamental des droites extrêmes.
Il existe pour eux un ennemi coalisé qui complote contre le pays, ses habitants et ses intérêts. Cet ennemi est tout puissant invisible, polymorphe, intérieur et extérieur et surtout, c’est une maladie qui se répand car contagieuse.
Dans cet esprit le vieux complot des élites judéo-maçonniques pour pervertir les enfants et les convertir aux dites perversions citées ci-dessus est aujourd’hui de retour…
Le problème avait déjà commencé en 2013 avec les manifestations contre le mariage homosexuel:
Délires homophobes relayés par des membres importants de l’UMP :
On avait vu fleurir les interviews de militants de droite et d’extrême droite sur les « perversions » que cette réforme allait entraîner et leur élargissement à toute la population comme si l’humanité toute entière était au fond tentée par l’homosexualité et que le simple fait de reconnaître des droits aux citoyens allait « convertir » tous les autres.
Constatation importante : pour ces militants reconnaître des droits mineurs entraînera des catastrophes majeures pour la société française : reconnaissance de la polygamie, de l’inceste, fin de la civilisation, etc… comme si le tout était lié et inévitable à l’instar d’une malédiction divine.
On ne peut s’empêcher de se demander à ce stade si de fait toutes ces personnes ne sont pas des homophobes prononcées et que -les études sociologiques le prouvent- les homophobes sont parfois largement tentés dans leur inconscient par l’homosexualité.
Expérience montrée dans cette vidéo :
Ce serait dans ce cas une « projection ».
Et au vu des mécanismes paranoïaques (au sens clinique) des « raisonnements » des droites extrêmes sur le sujet, ce mécanisme de projection ne serait guère étonnant. Les symptômes de la paranoïa sont en cohérence avec le système d’analyse des membres de l’extrême droite.
A cette heure, des mouvements d’extrême droite, « Égalité et Réconciliation » pour ne pas les nommer utilisent ces fantasmes et cette tendance paranoïaque du complotisme, jouant sur une peur désormais profonde des élites et de certains « ennemis de la nation » (juifs et francs maçons). Cette « rumeur du genre » partie de la droite dite « Républicaine » est désormais un des carburants des droites extrêmes au point que c’est désormais la droite classique qui vient s’alimenter à l’extrême droite.
Dans cette optique le groupe des Debunkers a tenté de suivre le « parcours d’une rumeur », puis de démonter cette rumeur en séparant ce qui relève du fantasme/réalité ; de la bonne volonté/de la maladresse.
Enfin nous conclurons sur le pourquoi de cette rumeur et les paradigmes qui la sous-tendent.
I) Parcours d’une rumeur
1) Les rumeurs venues de l’étranger
Les Debunkers ont aperçu cette rumeur depuis quelques temps. Et pour nous elle est partie d’Allemagne, de Suisse et d’Italie (edit 2022 : lien mort) . Cet article de l’extrême droite russe reprend déjà deux rumeurs :
- sur l’enseignement de la sexualité à l’école en Suisse. Le problème viendrait d’une « sex box » distribuée dans le canton de Bâle.
- Et de l’arrestation d’une famille Allemande qui aurait retiré ses enfants de l’école
a) La rumeur Suisse
Datant de 2011, l’extrême droite Suisse veut interdire les autorités du canton de Bâle de dispenser des cours d’éducation sexuelle très précoces. La polémique est venue, bien évidemment, de l’UDC (extrême droite) de Freysinger en Suisse Alémanique, alors qu’il n’y a pas eu de problèmes en Suisse Romande.
«Médiocrité et consternation» affirme que ces cours ont alors:
« déclenché une tempête d’indignation dans tout le pays »
Ce qui est parfaitement faux.
Un comité constitué de l’UDC, mais aussi de membres de l’UDF, du PEV et de la Lega a demandé un référendum d’initiative populaire contre cet enseignement.
Et pourtant, cet enseignement est mineur :
« Le premier concerne l’école enfantine et est axé sur la prévention des abus sexuels. Les élèves du primaire reçoivent une information sexuelle et affective. Les cours sur la reproduction humaine sont donnés à partir de 13 ans dans les cours de sciences ou de biologie. »
Mais comme nous l’avons dit plus haut, l’initiative est certainement maladroite au regard des pratiques en France.
« Suisse : la « Sex Box » qui fait scandale
À Bâle, en Suisse, un dispositif ultra moderne a été mis en place pour l’éducation des écoliers, à partir de 4 ans. Ce qui fait scandale dans le « Plan d’enseignement 21 », c’est le matériel prévu : un kit au doux nom de « Sex Box« , contenant un pénis en bois, un vagin en peluche et des poupées (roses pour les filles, bleues pour les garçons, évidemment…).
D’après le « 20Minutes » suisse, la notice propose aussi aux enfants « de se masser mutuellement ou de se toucher avec des sacs de sable chaud. Le tout sur de la musique douce ». Parler de sexe tôt, et de manière ludique, ok. Mais de là à se tripoter tous en choeur sur les conseils de la maîtresse, c’est peut-être un peu perché… »
En tous cas l’article reprend l’initiative de V. Peillon d’enseigner la sexualité à l’école et EN AUCUN CAS, il n’y est indiqué que la France compte imiter la Suisse en ce domaine. Les pratiques sont aussi variées que les pays, il n’y a pas d’uniformisation en la matière et encore moins de « complot mondial ».
Et il est bien certain que les fameuses « peluches » Suisse ne sont pas distribuées en maternelle mais « aux plus de dix ans ».
Beaucoup de rumeurs et de désinformation donc.
Et quand au fameux « Comité » et l’initiative, elle s’est lamentablement crashée en vol comme l’indique cet article :
« En raison d’un scandale de maltraitance des enfants dans ses propres rangs, le comité d’initiative à la collecte de signatures a pris fin un mois seulement après le lancement. »
Et là question : quel type de maltraitance ?
« Le quotidien alémanique «Blick» a révélé jeudi que Spühler a abusé d’une fillette âgée de 12 ans. Et cela pendant trois ans. Le tribunal de Liestal l’aurait condamné à trois ans et demi de prison en 1996. »
Ils sont beaux les donneurs de leçons !
b) Arrestation d’une famille en Allemagne
Repris sur toute la fachosphère (Civitas, E&R, Sedevacantisme, Boulevard Voltaire, etc…) cette info est considérée comme un « complot maçonnique » (vous avez bien lu-mais vous pouvez aller vérifier par vous-même ce qu’ils en disent).
Cet article de « Contrepoint » (la bible des libertariens) reprend cet événement :
4 enfants ayant été retirés à la garde de leurs parents suite à leur refus de les scolariser.
Bien sûr, cet article ne vous dira pas tout. Il se contentera de parler d’Allemagne nazie, de violation des droits de l’homme…
Article partisan donc.
Il ne vous dira pas, comme cet article le fait que la procédure fut longue, les tentatives de conciliations nombreuses, que la famille a fui en France, mais que faute de travail, ils ont du rentrer en Allemagne.
Les petits fafs qui s’offusquent sur cette histoire et hurlent à l’invasion migratoire et refusent d’accueillir des réfugiés politiques n’y voient finalement plus d’inconvénients lorsque ces opinions sont semblables aux leurs.
Toujours à propos de cet événement en Allemagne, il est relaté dans les articles de la fachosphère qu’un mouvement de protestation contre l’éducation sexuelle telle que pratiquée dans ce pays se développe. Et en particulier une récente manifestation aurait réunis… 1000 personnes à Cologne…:
Une goutte d’eau dans la mer ! Apparemment organisée par des associations du même style que la « manif pour tous » ou du mouvement de belghoul.
On remarquera les titres des articles des fachos sur le sujet, en voici une compilation :
Et oui, 4 titres identiques !
Car on n’a pas d’originalité dans la fachosphère. Quand une des pravda de celle-ci sort une vérité : tous la répètent.
Et, on comprend mieux dès lors pourquoi farida belghoul interdit à ces affidés de parler aux journalistes !
Et en l’occurrence, c’est que l’information est fausse !
Ces sites ont lié de façon tout à fait abusive les deux histoires susdécrites, sans qu’il y ait le moindre rapport.
c) La légalisation de la pédophilie en Italie
Troisième élément : un jugement aurait permis en Italie à la justice de légaliser la pédophilie. Trouvé sur des sites fachos comme « les chroniques de Rorschach », « Inagist » ou « meta TV »
« La Cour de cassation de Calabre vient de revoir le jugement rendu en première instance et confirmé en appel condamnant le violeur présumé d’une mineure qui a maintenant 13 ans. Selon le verdict de la Cour de Cassation, il n’y a pas eu d’abus sexuel !
Il y avait une « relation amoureuse » ont considéré les juges à propos de cette affaire qui, en juin 2011, a conduit la fillette -âgée alors d’à peine 11 ans- dans le lit de Pietro Lamberti, 60 ans, travailleur social en relation avec la famille de l’enfant. »
Sauf que l’affaire est plus compliquée que ne veulent bien faire semblant de croire les fachos.
Nos excellents collègues de « Hoaxbuster » ont fait une petite enquête et la sentence est sans appel. Ils ont traduit un article du « Quotidien de la Calabre » qui relate les faits (et rien que les faits) :
« La décision de la Cour suprême fera sûrement débat. Les deux avaient été surpris en flagrant délit dans un chalet ( villa) de Catanzaro et l’homme avait été déclaré coupable dans le procès à cinq ans pour agression sexuelle contre un mineur. Maintenant la décision est de tout revoir en reconnaissant la circonstance atténuante « de relation sentimentale »
Lui, 60 ans et elle 11 ans. Lui, employé dans les services sociaux de la municipalité de Catanzaro, elle, enfant de famille défavorisée.
La mère l’avait confiée à ses soins. Et lui l’avait prise sous son aile.
Mais lorsque la police avait perquisitionné le Chalet(Villa) au bord de la mer, ses bras la tenaient étroitement serrée sous les draps del lettone (del letton est une partie du lit, je crois une sorte de moustiquaire mais je ne suis pas certaine). Tous les deux nus. Mais aussi amoureux.
Aujourd’hui les juges de la Cour de Cassation écrivent, que, entre les lignes d’une sentence qu’il ne manquera pas de faire discuter, ils déterminent une circonstance atténuante dans le consentement de la victime à user de rapports sexuels avec l’accusé. Ainsi la peine d’emprisonnement de 5 ans, deux fois infligée à Pietro Lamberti, a été annulée et ils renvoient les actes à la Cour d’appel de Catanzaro et ils ordonnent un nouveau procès qui partira de là.
La Villa a été transformée en alcôve d’un amour interdit fait de coups de téléphone quotidiens et de rencontres à toute heure.
« Mais tu m’aimes » lui demandait romantiquement la mineur. Et il a tenté en vain d’arrêter, puis il se laissait aller aux commentaires érotiques. Jusqu’à ce que la peur de la grossesse, l’aurait fait s’arrêter. Puis la parade nuptiale a remplacé la peur. Comme en témoigne les centaines d’écoutes électroniques recueillies par les policiers.
Elle lui faisait une sonnerie et quand il se trouvait tout seul a la maison il la rappelait du portable, exception fait pour le week end. « Ne m’appelez pas le samedi et le dimanche parce que je suis avec la famille « , a-t-il prévenu. Et elle obéit.
Comme il aurait fait ce matin de soleil du 22 juin d’il y a trois ans, au le moment de mettre la jupe pour pouvoir « le rencontrer en voiture, parce que revenir dans la maison de Roccelletta aurait été trop risqué, « son homme » lui aurait fait remarquer que depuis quelque temps il se sentait observé par sa mère, et lui recommandait continuellement de ne pas ouvrir bouche avec personne et de ne pas raconter l’histoire de la maison de Roccelletta, « parce que ceci est un secret que nous devons nous apporter jusqu’à la tombe. »
Mais le secret a été découvert. Et Lamberti tombé directement dans le réseau de police qui, après avoir intercepté le rendez-vous l’avaient suivi et pris en flagrant délit. »
En fait, l’homme est toujours en prison en attendant un second procès. Ce qui a été abandonné, ce sont les charges de « viol avec violence » sur la victime. Les autres accusations de pédophilie, abus sur mineure, etc…restent.
Et c’est ce mélange improbable avec lesquels nos conspirationnistes vont faire un vaste mélange pour obtenir la rumeur qui en France nous intéresse.
2) Rumeurs sur des personnes
La sénatrice Laurence Rossignol
« Laurence Rossignol, sénatrice PS, déclarait le 5 avril 2013, sur le plateau de l’émission « Ce soir ou jamais » :
« « Les enfants n’appartiennent pas à leurs parents, ils appartiennent à l’État. Vous devez dire STOP et NON « Le but de la morale laïque et de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix ». «
Trouvé par exemple ici, sur le site du « libre penseur », compagnon de route de soral/dieudonné avant leur dispute pour une sombre histoire d’argent.
Mais surtout popularisé par Civitas qui en à fait même une pétition ! Le début de la citation est un hoax, et la sénatrice va attaquer E&R et JRE pour diffamation.
La seconde partie n’est pas d’elle, mais de Peillon, dans un contexte très précis :
« Le but de la morale laïque est de permettre à chaque élève de s’émanciper, car le point de départ de la laïcité c’est le respect absolu de la liberté de conscience. Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d’arracher l’élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix ».
A lire, la totalité de l’article, et afin que personne ne doute voici l’extrait vidéo qui le prouve.
Vincent Peillon
Autre hoax, le ministre Vincent Peillon aurait commandé à la FSU un programme incluant la »théorie des genres » . Démonté de façon complète par Hoaxbuster.
3) Parcours de la rumeur en France
Le SMS incriminé :
Ce parcours est bien identifié selon une répartition géographique précise. La rumeur suit ce chemin :
« « La journée de retrait de l’école » est menée par une romancière et cinéaste Farida Belghoul, une figure historique du mouvement Beur des années 80. Son message est relayé par un certain nombre d’associations dont Égalité et Réconciliation, l’association d’Alain Soral, proche de Dieudonné.
D’ailleurs, dans le guide du militant de la Journée de retrait de l’école, que l’on trouve sur le site internet « www.jre2014.fr », il est conseillé aux personnes désireuses de créer un comité local, de se tourner vers des associations telles que La Manif pour tous, Égalité et réconciliation, les Veilleurs, le Printemps français, ou encore l’Action française. Il est aussi conseillé de ne contacter que les élus favorables au mouvement, de ne pas prévenir les enseignants avant l’absence de l’enfant et d’indiquer le motif a posteriori.
Sur la page Facebook du mouvement, on trouve également quelques références aux manifestations contre le mariage Gay ou au débat sur le récent toilettage de la loi sur l’IVG. » »
« Face à ce mouvement, les enseignants se sentent « consternés, tristes et inquiets ». « On instrumentalise la peur des gens », soupire une directrice d’école. Dans le Doubs, l’inspection d’Académie dénonce cette campagne nationale et pointe clairement du doigt la coupable : Farida Belghoul, soutenue par l’association Égalité et réconciliation, présidée par Alain Soral. Ce dernier, anti-gay, anti-féministe, antisionniste (pour ne pas dire plus), est lui-même un proche de Dieudonné. Voilà qui vous pose un homme… »
« Sonia se défend d’être intégriste et/ou d’extrême droite. Mais l’initiative rassemble des mouvements proches de ces groupes et du mouvement contre le mariage homosexuel. On y trouve par exemple Béatrice Bourges, animatrice du mouvement contre le mariage homosexuel, ou Stéphane Blanchonnet, président d’Action Française. À l’origine de la JRE, Farida Belghoul, la romancière et cinéaste, autrefois militante de la marche pour l’égalité de 1984, est aujourd’hui sympathisante du mouvement Égalité et Réconciliation. Animée par Alain Soral (proche de Dieudonné) cette association se revendique « nationaliste de gauche » mais est plus souvent identifiée comme proche de l’extrême droite. Des associations catholiques ou des mouvements décrivant une école publique à la dérive se sont aussi associés à l’opération. Selon la directrice d’école de l’agglomération lyonnaise, les familles qui n’ont pas envoyé leurs enfants en classes vendredi dernier sont très défavorisées et maîtrisent mal la langue française. »
« Les parents d’élèves de la région sont nombreux à recevoir des SMS les alertant sur l’introduction d’une éducation à la sexualité dans les écoles. L’organisation controversée « Journée de retrait de l’école » appelle ainsi au boycott des écoles du Nord – Pas-de-Calais le 7février. Reportage à Roubaix, Wattrelos, Oignies et Libercourt, où l’inquiétude des parents confine au surréalisme. »
« « Journée de retrait à l’école »
L’initiative « Journée de retrait de l’école », qui a reçu mardi le soutien de l’institut Civitas proche des catholiques intégristes et de la présidente d’honneur du Parti chrétien démocrate de Christine Boutin, a été lancée en janvier par Farida Belghoul. Contactée par l’AFP, cette dernière a refusé de s’exprimer. Cette militante, qui avait organisé en 1984 une manifestation intitulée « Convergence » dans la foulée de la Marche des Beurs de 1983, proche de l’essayiste d’extrême droite Alain Soral, vise en fait une expérimentation baptisée « ABCD de l’égalité », engagée à la rentrée par le ministère dans dix académies. Ce projet vise à lutter contre les stéréotypes filles-garçons à l’école pour corriger les inégalités entre les sexes dès le plus jeune âge. »
Les auteurs et leurs mouvements sont bien identifiés, la population visée est musulmane de préférence. On se demande comment ces personnes ont eu les N° de téléphone…
Ce que souligne l’article de Street Press :
« Au ministère de l’Éducation nationale, on ouvre discrètement une enquête pour comprendre de quelle manière les militants de « La Journée de retrait de l’école » se sont procurés les numéros des parents d’élèves. »
Quand à l’ampleur de cette rumeur, elle est importante :
« d’abord l’agglomération lyonnaise et l’Alsace, donc. Puis lundi l’Île-de-France, avec des pics d’absentéisme à Meaux (40% dans un établissement et au total 20% des 3.500 écoliers de ZUS ne s’étaient pas rendus en classe, selon Le Parisien). Même scénario dans l’Oise (jusqu’à 60% dans une maternelle de Creil) et le Val-d’Oise. »
Mais les Musulmans ne sont pas les seuls concernés :
« L’auteur de ce mail se revendique donc musulman. Impossible de vérifier, mais si les observateurs notent que l’action de Faridha Belghoul a rencontré un certain succès auprès d’un public musulman, l’affaire n’est pas aussi simple. Car d’autres écoles à la sociologie similaire ne se sont que très peu mobilisées. Derrière ces épicentres, on peut voir la présence de relais locaux bien implantés.
Ainsi à Asnières, le collectif « Touche pas à nos gosses » avait invité Faridha Belghoul, le 11 janvier dernier. Un mouvement local créé par Zouhair Ech Chetouani, par ailleurs porte parole d’un collectif de locataires d’un bailleur social, également cofondateur du collectif « Ni Proxo Ni Macho » en réaction à l’association « Ni Pute, ni soumise ». En Alsace, ce serait la communauté Turque qui se serait beaucoup mobilisée, explique-t-on au ministère. Comme Guillemette en Auvergne, on a également vu des catholiques suivre le mouvement. »
Ce qui signifie que l’action est concertée, préparée et faite en réseaux.
Et lorsque l’on voit cette rumeur reprise sur un site d’habitude paisible et réservé dans ces opinions, on ne peut que comprendre l’inquiétude des autorités.
II) Etudes sur le genre/La sexualité infantile/L’éducation/L’enseignement/Le vrai, le faux
(et non malgré son apparence cette affiche n’est pas humoristique-du moins dans la tête de ces concepteurs- l’escargot hermaphrodite est censé représenter la menace qui pèse sur les enfants)
1) Les réponses apportées
Libé contre attaque avec du lourd et du sérieux :
« Le dernier exemple de cette «perversion» serait selon eux l’enseignement imminent de la masturbation dès la maternelle. Une rumeur circule de fait sur des sites proches de ces mouvances, comme 24heuresactu, Boulevard Voltaire, de Robert Ménard ou Egalité et Réconciliation. Le premier annonce par exemple dans un article du 14 janvier qu’un «rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) serait actuellement examiné par le gouvernement socialiste. Ce rapport propose notamment d’encourager la « masturbation enfantine » et de permettre à l’enfant d’exprimer « ses besoins, ses désirs » sexuels». »
Et précision :
« Rappelons-le, ce n’est pas une loi, mais des recommandations d’un bureau fédéral allemand, traduit par une organisation suisse. En France, il n’a aucune valeur législative, évidemment. En Allemagne non plus, où ces décisions se passent plutôt au niveau régional. L’un des quotidiens de référence germaniques, Die Welt, consacrait récemment un long papier à la question de l’éducation sexuelle, qui fait aussi débat dans ce pays. Dans une classe de 11-12 ans, huit enfants se seraient évanouis après avoir vu des organes sexuels dessinés en cours de biologie. Du coup, polémique. Mais si le journal explique qu’il devient de plus en plus difficile de débattre sereinement de ce sujet, il n’évoque pas une seule fois ce rapport qui inquiète tellement certains milieux chez nous, preuve de son importance toute relative.
En jouant sur la peur d’organisations internationales qui réguleraient tout, les combattants du «gender» font de fait un amalgame entre ce rapport étranger et les modules ABCD de l’égalité qui vont être mis en place dans des académies tests en France dans des classes de maternelle et de primaire. »
Le reportage de BFM TV lui se fait l’écho de la croyance en ces rumeurs.
Le Huffington décrit un directeur qui fait de la résistance locale :
« Ce qui a le plus effaré le directeur c’est la teneur du discours tenu par les parents. « J’ai vraiment tout entendu. Que nous allions recevoir des intervenants gays et lesbiens qui viendraient expliquer aux enfants comment on s’embrasse, que des associations juives viendraient voir le sexe des enfants et leur dire qu’ils pourraient changer de sexe s’il ne leur convenait pas, que l’école diffuserait des films porno. Tout cela est bien évidemment archi-faux », raconte-t-il.
« Si c’est sur Internet, c’est que c’est vrai »
Mais le pire, selon lui, ce n’est pas tant le contenu du message que sa viralité. « Cette histoire est affolante parce qu’elle prouve qu’on peut faire circuler n’importe quoi. Et les parents me disaient ‘si c’est sur Internet, c’est que c’est vrai’ et comme le site est bien fait les parents les plus crédules tombent dans le piège », s’alarme le directeur. »
Et en tous cas il est clair que ces mouvements ultra réactionnaires trouveront un écho auprès de l’UMP :
« Il y a quelques jours, sur son blog, Bernard Debré, député UMP de Paris, allait même encore plus loin: « C’est une déviation, une folie, mais je crois même qu’il s’agit d’un crime. On n’a pas le droit d’aller contre la vérité et la théorie du genre est un mensonge ».
En décembre, quelque 70 députés UMP avaient déjà réclamé une « commission d’enquête » sur l’introduction et la diffusion de la théorie du « gender » en France. Il dénonce une théorie « contre nature car s’opposant à ce que nous donne la nature, en particulier les corps sexués et comme contradictoire avec l’équilibre social et politique », explique Réjane Sénac, chercheur au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po. »
Alors qu’en est-il réellement de ces croyances infondées ?
2) Le pseudo rapport de l’OMS
a) Pourquoi PSEUDO ? Et bien parce que les infos données par les fafs sont fausses, totalement fausses comme nous allons le prouver. Ce point est PRIMORDIAL car c’est sur ce rapport que la fachosphère soralo/dieudonniste et consort appuie toute son argumentation.
C’est cet article publié le 15 janvier qui avait attiré notre attention en premier. Nous n’avions que ces informations à ce moment là.
Extraits :
« Un rapport de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) serait actuellement examiné par le gouvernement socialiste. Ce rapport propose notamment d’encourager la « masturbation enfantine » et de permettre à l’enfant d’exprimer « ses besoins, ses désirs » sexuels. La gauche idéologue au pouvoir, c’est maintenant !
Ce rapport immonde intitulé « Standards pour l’éducation sexuelle en Europe », a été rédigé en 2010 en russe et en anglais. Cette année, Santé sexuelle, un organisme suisse semblable à notre planning familial, a produit une traduction française de ce document. Depuis, le gouvernement socialiste, Najat Belkacem en première ligne, se penche sur ce document pour préparer le grand lavage de cerveau de nos enfants et permettre à l’école de les transformer en « hommes nouveaux », chers à toute dictature. »
C’est à partir de ce moment là que le délire a commencé.
Nous avons souligné le lien de l’article qui menait vers la source d’origine (Boulevard Voltaire) publié le 16 décembre 2013… Si le rapport est connu depuis plus d’un mois la dieudosphère a mis un certain temps avant de « tilter » !
Différence notable et primordiale pour comprendre : là où «Boulevard Voltaire» attaque ce rapport, «24hactu» y ajoute une désinformation totale et radicale qui n’existe pas dans l’article de base, d’après eux le gouvernement , Najat Vallaud Belkacem est en tête :
« Depuis, le gouvernement socialiste, Najat Belkacem en première ligne, se penche sur ce document pour préparer le grand lavage de cerveau de nos enfants et permettre à l’école de les transformer en « hommes nouveaux », chers à toute dictature. » (dixit l’article de 24hactu)
On notera pour la bonne bouche la petite citation de Clemenceau sur le coté droit de la capture d’écran qui illustre tout à fait les manières de « 24h actu » :
«Tout le monde peut faire des erreurs et les imputer à autrui : c’est faire de la politique»
Comme cela, ils pourront dire que c’était de l’humour !
En tous cas les questions sont posées :
- Quelles sont les sources de « 24h actu »?
- Si ils en ont pourquoi ne pas les avoir données ?
- Ne sont ils pas dépassés désormais par le mensonge mis en branle ?
- Quel est leur intérêt dans cette accusation mensongère, qui sont les journalistes ?
b) La réalité de ce rapport
Voici le fameux rapport traduit en français que nous vous enjoignons à lire DANS SA TOTALITÉ et non les extraits que veulent faire avaler les fafs.
Les différents points auxquels s’attaquent les membres de la fachosphère sont les suivants :
- L’enseignement de la masturbation infantile
- Les parents sont rejetés de cette éducation donnée à l’état
- Enseigner l’éducation sexuelle aux enfants surtout depuis la prime enfance est un signe de décadence qui veut ôter aux enfants la période d’âge innocent et en faire des personnes sans réelles différences.
- Enseigner l’éducation sexuelle aux enfants depuis la prime enfance a pour but de nier les différences
- Enseigner l’éducation sexuelle aux enfants est un moyen de les pervertir afin qu’ils soient plus malléables aux désirs pédophiles des adultes (sous entendus les gauchistes/franc maçons/juifs)
Les fachos s’appuient sur un extrait du texte :
« le plaisir et la satisfaction liés au toucher de son propre corps, la masturbation enfantine précoce » (p.38)
Pour affirmer (sans rire) qu’en fait ce texte enjoint l’école à apprendre aux enfants la masturbation…
Reprenons d’autres extraits du texte qui démontent complètement ces affirmations :
(p.29) « Le sentiment de sécurité des élèves est une condition essentielle pour l’éducation sexuelle. Les élèves doivent être assurés que leur sphère privée et leurs limites seront respectées. S’ils sont encouragés à parler ouvertement, leurs expériences personnelles n’ont pas à être partagées en classe. Elles n’y ont pas leur place et pourraient rendre vulnérables les élèves concernés. »
(p.29) « L’éducation sexuelle doit être dispensée dans un langage adapté aux enfants et aux jeunes. Soit un langage qui les aide à acquérir une terminologie adéquate afin de renforcer leurs compétences de communication dans le domaine de la sexualité. La communication est centrale en éducation sexuelle. »
(p.30) « L’âge, le sexe, la classe sociale, l’orientation sexuelle, le niveau de développement et la capacité d’apprentissage individuel sont également d’importants facteurs d’influence. Les programmes spécifiques, qui déterminent l’ampleur et les contenus de l’éducation sexuelle et les droits humains fondamentaux qui doivent la sous-tendre, figurent le contexte plus large. »
(p.35) « Pourquoi commencer l’éducation sexuelle avant l’âge de quatre ans? Nous l’avons dit à plusieurs reprises: l’éducation sexuelle doit être comprise dans un sens large et holistique, et la sexualité considérée en tant que potentiel positif de l’être humain. L’enfant est un être sexué dès sa naissance, même si sa sexualité est différente de celle des adultes à de nombreux égards, notamment dans son expression, ses contenus et ses objectifs. A chaque âge, chaque étape de développement, il aura des questions et des comportements spécifiques (p. ex. découverte et exploration de son corps et de celui de ses camarades en jouant au docteur, se plaire à montrer son corps et à regarder celui des autres, faire preuve de pudeur envers autrui, etc.) auxquels il s’agira de réagir par une pédagogie adaptée. Le développement psychosexuel pendant l’enfance va de pair avec le développement de compétences physiques, émotionnelles, cognitives et sociales. »
(p.35) « L’éducation commence dès la naissance, d’abord principalement au travers de messages non verbaux, puis, plus tard verbaux. L’éducation sexuelle fait partie intégrante de l’éducation générale; elle est de toute façon dispensée aux enfants, même si ce n’est pas de manière explicite ou consciente. Par leur propre comportement relationnel, les parents donnent aux enfants des exemples vivants du fonctionnement de relations interpersonnelles. Les parents servent encore de modèles pour les rôles différenciés des deux sexes et pour l’expression des émotions, de la sexualité et de la tendresse. Même en ne parlant pas de sexualité (p. ex. en n’appelant pas les parties génitales par leur nom), les parents enseignent quelque chose à propos de la sexualité (leur silence peut en l’occurrence être interprété comme de l’embarras). »
(p.35) « Parallèlement, les enfants apprennent qu’il existe des limites individuelles et des règles sociales à respecter (tu ne peux pas toucher qui tu veux où tu veux). Plus important encore, ils apprennent à prendre conscience de leurs propres limites, à les exprimer et à les défendre (tu peux dire non; tu peux demander de l’aide). Dans ce sens, l’éducation sexuelle est aussi une éducation sociale et contribue à prévenir les abus sexuels. »
(p.39)Information : la responsabilité des adultes envers la sécurité des enfants
(p.39)Information : Les règles sociales et les valeurs et normes culturelles les rôles sexuels la distance sociale à maintenir avec différentes personnes l’influence de l’âge sur la sexualité et le comportement adapté à l’âge les normes concernant la nudité
(p.39) Aider l’enfant à développer : Une conscience de ses propres droits qui contribue à une meilleure assurance l’attitude «mon corps m’appartient» le sentiment qu’il est possible de décider pour soi
(p.39) Aider l’enfant à développer : Le respect de son propre corps et de celui des autres l’acceptation des règles sociales concernant la vie privée et l’intimité le respect du «non» ou «oui» des autres
Rappelons que la « masturbation infantile » existe que ces gens là le veuille ou non, et que EUX AUSSI L’ONT PRATIQUE. Seulement pour ces personnes la libido des enfants est la même que celle des adultes, or rien n’est plus faux !
Nous conseillons à nos lecteurs cet article qui résume ces faits.
Voilà nous avons fait le tour des arguments contre le raisonnement spécieux des organisations présentant ce document comme étant l’ouvre du diable.
Ce n’est guère nouveau, la droite classique et les droites extrêmes voient toute éducation sexuelle comme une tentative de contrer l’ordre établi, voire « l’ordre naturel ».
C’est vrai qu’apprendre les limites du corps, de ce que l’on peut faire, les risques, le droit de dire « non » aux avances indésirables, les risques de maladies sexuelles, c’est quelque chose d’indésirable dans l’éducation. Mieux vaut laisser faire le non dit, les croyances imbéciles, la publicité sexiste ou les films pornos faire leur œuvre, les enfants apprendrons « naturellement »…. On voit bien ici que ce qui est à l’œuvre, c’est une interprétation partielle et partiale de ce texte et que le problème n’est pas ce qu’il dit, mais la bigoterie, la fausse morale, la pudibonderie et la manipulation politique.
- Le document ne propose nulle part d’apprendre l’enfant certains comportements sexuels qui soient « moralement discutables ».
- Quant à ce qui est moralement discutable, c’est très subjectif. Certains pensent encore qu’avoir des relations sexuelles hors mariage est moralement discutable…
- Rien dans le document n’indique que la masturbation infantile est encouragée.
- Le « jeu du docteur » est un exemple qui est cité pour illustrer la compétence « exprimer ses propres besoins, désirs et limites ». Le sortir de son contexte pour sous-entendre que les enfants vont être encouragés à procéder entre eux à des attouchements sexuels ou encourager les adultes à le faire est de l’ordre de la manipulation.
- Rien dans le document ne fait allusion à l’exploration des relations sexuelle entre personnes de même sexe avant six ans.
La position des soralo/dieudonnistes donc est fondée sur des amalgames, des interprétations erronées et des mensonges.
Il n’y a pas d’interprétation qui conviendrait ou pas, il n’y a que la compréhension ou pas du sens que les auteurs du document en donne.
c) Le « gender »
Et oui «le gender» parce que quand c’est américain, c’est bien !
(Et d’ailleurs, à votre avis pourquoi les « Debunkers » ont ils pris un nom américain? 😉 )
Tous les amalgames, les bêtises que l’on peut croire sur les études du genre, sont résumées ici.
Reprenons un peu ce que les fachos et les membres de la droite classique appellent « la théorie du genre » et QUI N’EXISTE PAS.
Et non. Les « »antis » font juste semblant de nous fait croire que la « gender théory », ce sont les « gender studies »). C’est-à-dire confondre « théorie du genre » avec « études sur le genre ».
C’est subtil.
On peut être contre une théorie, on ne peut pas être contre des études… C’est pourquoi vers 2010, les membres des droites extrêmes ont commencé à manipuler le terme sur des études qui existent depuis plus de 40 ans et qui n’avaient jamais provoqué un tel tollé tant que l’on comprenait ce dont il s’agit.
D’ailleurs nous invitons toutes personne qui nous affirmerait que cette théorie existe de ne pas nous baratiner avec des blablas justifiant d’où viendrait cette théorie, soit disant par quelle organisation occulte elle aurait été développée, etc…
Non à une personne comme celle là nous demandons de répondre sur ces deux questions, préalables à toute discussion :
- Nous dire où est écrite la « théorie du genre »
- Quel est son auteur, dans quel livre l’a-t-il défini et la page.
Rappelons les faits en détaillant les explications données par les différents médias:
Déjà le 29/06/2013, Rue89 sort un excellent article qui résume parfaitement les faits :
« Loin d’être une théorie, le genre est un concept. Il s’agit d’un outil d’analyse, qui permet aux chercheurs d’étudier divers phénomènes sociaux, et à tout le monde de mieux comprendre comment s’articulent notamment les identités d’homme et de femme. On pourrait argumenter qu’une théorie spécifique est fausse, en avançant des preuves à son encontre, on ne peut pas dire de même d’un outil analytique. Parler de « théorie du genre » permet de supposer que le genre n’est pas vrai. Or en tant que concept, le genre peut être plus ou moins pertinent ou utile, mais pas vrai ou faux. »
« Le concept de genre permet par exemple d’étudier les comportements individuels ou collectifs et des expressions culturelles qui ne sont pas imputables au sexe biologique. Dans ce sens les adversaires de la « théorie du genre » ne se trompent pas ; au lieu d’accepter que tout ordre social qui traite les hommes et les femmes différemment soit immédiatement explicable par la biologie, les études du genre cherchent des explications sociales. Or, ce serait une erreur de maintenir, comme le font certains médias, que les études du genre nient « toute distinction » entre les sexes biologiques. Au contraire, la majorité des chercheurs du genre acceptent ce fait. Or, ils l’interrogent pour porter un regard critique sur la manière routinière de vouloir tout expliquer, et justifier, par la biologie. »
« Afin de faciliter la compréhension de l’égalité des chances entre femmes et hommes, ou la discrimination fondée sur le sexe ou l’orientation sexuelle, on fait une distinction analytique entre :
-orientation sexuelle ;
-sexe biologique ;
-catégorie sexuelle ;
et genre.
L’orientation sexuelle touche à nos désirs sexuels. Sommes-nous excités par les femmes ou les hommes ? Ou parfois par les femmes et souvent par les hommes ? L’orientation sexuelle d’une personne peut parfaitement être indépendante du sexe biologique, de la catégorie sexuelle et du genre. »
Le genre est l’ensemble des pratiques, comportements et attitudes que la société considère comme étant approprié à une certaine catégorie sexuelle. En d’autres termes, c’est la classification des comportements comme étant « masculins » ou « féminins ».Le genre représente les critères de cette catégorisation binaire qui constituent des normes dans nos sociétés. Les filles sont sensibles et les garçons sont durs, dit-on. Mais un garçon qui exprime sa sensibilité en se mettant à pleurer risque de se faire réprimander avec un « Ne pleure pas comme une fille ! Le genre n’est donc pas seulement une réflexion de l’ordre majoritaire ; les normes de genre ont un pouvoir prescriptif : « Tu ne dois pas pleurer, puisque tu es un garçon. » Les sociologues, historiens et anthropologues ont montré que les définitions du masculin et du féminin ont évolué au fil du temps, et qu’elles ne sont pas les mêmes d’une culture à l’autre. »
« Longtemps, la place de la femme a été cantonnée à la sphère domestique, son rôle étant principalement d’élever des enfants. Mais cette position attribuée aux femmes n’était pas neutre, elle les a longtemps privées du pouvoir en les écartant de la sphère publique et de la politique. L’analyse du genre est donc une analyse critique, susceptible de remettre en cause des relations de pouvoir entre les sexes. C’est pourquoi il n’est en rien antinomique à « l’égalité filles-garçons » réclamé par Vincent Peillon. Bien au contraire, les études du genre, qui doivent en partie leur existence aux mouvements féministes, sont susceptibles de proposer des moyens d’atteindre l’égalité entre les sexes. »
Cette opposition viens de deux conceptions radicalement différentes de la vision de la société : l’essentialisme (cher à la droite et base du « raisonnement » des droites extrêmes) et le constructivisme .
« Sciences et Avenir » enfonce le clou sur le même mode:
« Les études de genre’ qui ont intégré en 2011 les manuels scolaires enquêtent depuis quarante ans sur les rapports sociaux entre les sexes et les codes qui façonnent les rôles masculins et féminins.
« Elles placent au cœur de leur approche la rupture avec ‘l’essentialisme’, dans le sillage du mot célèbre de Simone de Beauvoir selon lequel « on ne naît pas femme (il faudrait ajouter “ni homme”), on le devient », explique Laure Bereni, chercheuse au CNRS et enseignante à la New York University. »
« Après Nicole-Claude Mathieu ou Michel Foucault, qui ont conduit cette réflexion au sein du CNRS, à l’EHESS et à l’université Paris-VIII, des centaines de chercheurs y travaillent en France [Sur les études de genre-NDLR], notamment à l’Institut Émilie-du-Châtelet. « Ces études se heurtent toujours à de puissants discours qui rapportent les différences perçues et la hiérarchie entre les hommes et les femmes à un invariant naturel », souligne Laure Bereni. »
Et comme l’explique Le Monde; il n’y a pas une «idéologie du genre»:
« C’est la première escroquerie des anti-« gender » : ils postulent qu’il existe une « idéologie » du « gender », une sorte de théorie philosophique et politique, voire d’agenda précis qui serait suivi par les tenants de ce « courant », avec un but à atteindre.
Or, c’est tout simplement faux. Les anti ont réussi assez brillamment à amalgamer deux notions très différentes. Il y a d’un côté les « gender studies », issues des Etats-Unis, qui sont un paradigme universitaire : dans les années 1960 et 1970, plusieurs chercheurs ont étudié les raisons des inégalités hommes-femmes, dont ils ont fait un matériau d’études. En réalité, ces « gender studies » se traduisent par « études sur le genre », et sont donc une discipline universitaire, en aucun cas une idéologie ou une théorie politique. D’autant qu’au sein de ce courant universitaire les oppositions sont vives. »
En fait les « antis » confondent (sciemment ???) les études de genre avec l’idéologie du « queer » comme le montre ce site de la fachosphère que nous vous invitons à survoler.
Bien entendu, tout ceci n’est qu’amalgame, fake news et mensonges. PAS UNE PREUVE ne viens étayer leurs affirmations.
Un très bon article de « Sysiphe » tente d’expliquer la confusion :
« Voici la clé de l’énigme. Pendant les années 90, les théoricien-ne-s et activistesqueer ont élaboré une nouvelle façon de parler du genre. Leur approche présentait bien sûr des points communs avec le vocabulaire féministe plus établi, mais elle présentait un accent différent ; une théorie différente la sous-tendait. Il s’agissait au fond de la théorie postmoderniste de l’identité, associée à la philosophe Judith Butler, bien que je doute que Butler elle-même dirait que les féministes n’avaient pas d’analyse critique du genre. Il découla de cette nouvelle approche des choix de politiques très différents. Pour les gens qui ont acquis leur formation dans ces années-là – soit en côtoyant la théorie féministe universitaire, soit en s’impliquant dans le système de pensée et l’activisme queer –, c’est le sens que prit le concept de « genre ». »
Et en AUCUN CAS, « l’idéologie du queer » n’est au programme des écoles en France. C’est là que réside toute la manipulation des « farida belghoul » et consorts !
Et pour conclure cette partie c’est un média plutôt inattendu qui fait une démonstration implacable :
« Or ce sont bien les détracteurs des études de genre qui sont dans le déni, lorsqu’ils réfutent la réalité sociologique du genre. Et pour vous en convaincre, voici un extrait de l’ouvrage de Michael Schwalbe, The Sociologically examined Life (via et traduit par uneheuredepeine) :
« Pour faire l’expérience que je vais décrire, nous aurions besoin d’une paire de nouveaux-nés, des vrais jumeaux. Nous aurions aussi besoin d’une grande boîte dans laquelle un des jumeaux pourrait vivre sans aucun contact avec un autre être humain. La boîte devrait être telle qu’elle lui fournirait à boire et à manger, et évacuerait les restes, de façon mécanique. Elle devrait aussi être opaque et isolée, de telle sorte qu’il ne puisse y avoir d’interactions au travers de ses parois.
L’expérience est simple : un des enfants est élevé normalement et l’autre est mis dans la boîte. Au bout de dix-huit ans, on ouvre la boîte et on compare les deux enfants pour voir s’il y a quelques différences entre eux. S’il y en a, nous pourrons conclure que grandir avec d’autres personnes a son importance. Si les deux enfants sont les mêmes au bout de dix-huit ans, il nous faudra conclure que la socialisation (ce que l’on apprend en étant avec d’autres personnes) n’a que peu d’importance et que la personnalité est génétiquement programmée.
Vous vous dites sans doute « Bien sûr que la socialisation fait une différence ! Il n’y a pas besoin d’élever un enfant dans une boîte pour prouver cela ! ». Mais il y a beaucoup de gens qui disent que ce qu’une personne devient dépend de ses gènes. Si c’est vrai, alors cela ne devrait pas avoir d’importance qu’un enfant soit élevé dans une boîte. Son patrimoine génétique devrait faire de l’enfant ce qu’il ou elle est destinée à être, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur de la boîte. »
Et de développer :
« Le genre féminin a aujourd’hui encore une connotation négative. De nombreux exemples illustrent toute la place que ces stéréotypes de genre occupent toujours dans l’espace social. Si les femmes peuvent porter le pantalon sans que cela ne fasse hausser le moindre sourcil, il n’en est pas de même pour les hommes et la jupe. La jupe est un vêtement féminin. Récemment, un iranien était condamné à une humiliation publique : défiler dans les rues habillé en femme. Cette sentence avait fait réagir les associations féministes, de nombreux hommes s’étaient alors parés de vêtements « féminins », en solidarité avec les femmes, pour assurer que non, être une femme, être habillé en femme, ce n’est pas dégradant. On est d’accord qu’aucun vêtement n’a de chromosome XX ou XY, par conséquent, il n’y a rien de naturel dans le fait de porter une jupe pour une femme, ni a fortiori, de « contre nature » pour un homme d’en porter.
Du genre découlent des inégalités sociales, comme l’écart de salaire qui persiste toujours entre les hommes et les femmes. Cet écart persiste, nous dit-on, parce que les femmes osent moins, réclament moins (les primes et augmentations), prennent moins en charge « leur carrière », sont moins impliquées dès lors qu’elles ont des enfants, etc.
Mais tous ces traits de caractère que l’on prête aux femmes en général (comme si « les femmes » formaient un ensemble uniforme) ne sont pas inscrits dans le code génétique des femmes. Ce sont des conséquences de l’éducation différenciée, dispensée aux petites filles d’un côté, aux petits garçons de l’autre. »
d) Le programme ABCD
Le plus important des syndicats de l’enseignement et la plus importante fédération de parents d’élèves sont montés au créneau. Ils rappellent que l’ABCD » de l’enseignement n’a rien à voir avec le genre. Et que sous un autre nom, ces enseignements existaient déjà depuis des dizaines d’années !
- SNUIPP
FCPE
Le nouvel obs revient sur ce qu’est véritablement ce dispositif :
« Le projet du gouvernement part d’un constat : « les inégalités de traitement, de réussite scolaire, d’orientation et de carrière professionnelle demeurent bien réelles entre filles et garçons ».
Pourquoi ? Parce que « les pratiques ordinaires dans la classe constituent des phénomènes souvent sexués, sans que les enseignants, l’ensemble des acteurs de l’éducation, les élèves et leurs familles en aient nécessairement conscience ». Les jeux des enfants, leur manière d’occuper l’espace dans la cour de récréation, les sanctions ou récompenses de l’enseignant obéissent ainsi à « des représentations sur les compétences supposées des unes et des autres », insiste-t-on sur le site de l’ABCD de l’égalité. Des préjugés et des stéréotypes qui peuvent entraîner des discriminations.
L’objectif du dispositif gouvernemental, mis au point par des chercheurs, des enseignants, des inspecteurs de l’éducation nationale et des acteurs du réseau des droits des femmes, est donc d’aider les enseignants et leurs élèves à prendre conscience de ces préjugés, dans et hors de la classe, première étape dans un changement des pratiques. »
« Le gouvernement souhaite agir dès l’école primaire pour « transmettre dès le plus jeune âge une culture de l’égalité et du respect entre les filles et les garçons ». L’école primaire, c’est-à-dire l’école maternelle (dès 3 ans) et l’école élémentaire. »
Il ne s’agit pas d’un enseignement à proprement parler. L’objectif est plutôt d’amener les élèves à réfléchir autour de certaines questions: les filles sont-elles moins intelligentes que les garçons ? La danse est-elle réservée aux filles ? Une femme peut-elle être maçon ? Un homme ‘sage-femme’ ?
Une éducation à l’égalité et au respect qui doit être pensée dans une approche transversale engageant l’ensemble des matières enseignées et des activités vécues : français, art, histoire, sport… »
D’ailleurs nous invitons nos lecteurs à aller consulter le site gouvernemental de l’ABCD afin d’en voir ce qu’il en est réellement au delà des fantasmes des dieudo soraliens. Les Debunkers ne peuvent attendre qu’on les croit sur leur bonne gueule, allez donc vérifier amis lecteurs et encouragez votre entourage à faire de même.
Et de rappeler la réalité :
Autant de sujets que l’on ne PEUT PAS COMPRENDRE que les « antis » ne voudraient pas voir aborder à l’école. Sauf si on connait leurs concepts, leurs paradigmes et leur réflexion.
3) Petits paradigmes entre amis fascistes
a) La forme
Nous vous avions déjà indiqué plus haut un site reprenant tous les mensonges des antis, mais nous vous invitons aussi à voir ce qu’en pense le citoyen d’extrême droite lambda manipulé. Encore une fois, tous les faux concepts, les détails de mots mal compris ressortent ici.
On ne peut que trouver des similitudes très fortes entre ces raisonnements et la méthode « hypercritique » des conspirationnistes et des négationnistes.
Qu’est ce que c’est ?
« Principe
Cette méthode revient généralement à une analyse suspicieuse et à charge de détails insignifiants ou connexes à un sujet, afin de repousser une théorie adverse, alors même que les preuves amenées par celle-ci ne sont, elles, pas négligeables.
La méthode hypercritique est difficile à contrer, dans la mesure où elle lance un grand nombre d’affirmations péremptoires (et rapides à formuler), qui demandent du travail afin d’être vérifiées. »
Le but est d’arriver au schéma suivant :
- Certains détails sont peu clairs, pas vraisemblables, à l’encontre du bon sens, voir contradictoires
- C’est « troublant »
- Donc toute l’explication est fausse
- Donc ceci réfute l’explication
C’est la méthode par excellence des conspirationnistes. On vous conseille les belles histoires de Reopen 911 pour comprendre de quoi nous parlons…
Mais c’est aussi la méthode des négationnistes et aujourd’hui de toute la fachosphère sur le net. C’est une source de discussion infinie et qui permet à ces gens de tout écarter d’un trait de plume.
Le site PHDN, spécialisé dans la lutte contre le négationnisme reprend par l’absurde et avec grand humour pourquoi le débarquement en Normandie n’a pas eu lieu, analysé avec la méthode hypercritique.
Un très bon exemple appliqué à cette histoire, ce sont les phrases malheureuses de Peillon et de Vallaud Belkacem.
Les deux ont parlé à un moment de « théorie du genre » dans une phrase malheureuse. Et les deux doivent maintenant batailler en affirmant que « la théorie du genre » n’existe pas. Belle aubaine pour nos antis !
Bien sûr ils s’accrochent à ce détail (langue qui a fourché, volonté d’être didactique, bref toute explication qui dans une discussion normale passerait) pour affirmer que :
- C’est un lapsus de leur part
- Donc c’est bien la preuve que cette théorie existe
- Donc c’est un complot caché
- Mais nous sommes plus malin qu’eux, parce que nous on voit clair
Le fait que Vallaud Belkacem explique simplement cette phrase ne suffit pas.
Voilà en substance, ce à quoi s’accrochent les « antis », et le fait de rappeler les faits incontestables que vous trouverez dans notre petite recherche ne sert à rien : eux s’attachent à des détails…
Est-ce à dire que nous ne devons rien faire ? Certainement pas ! et les Debunkers s’attachent justement à dénoncer la forme comme le fond.
b) Le discours anti pédagogique
Le site suivant met bien en exergue que le discours actuel des « antis » n’est qu’une énième reprise du sempiternel discours de l’extrême droite sur l’école.
« Chacun connaît les fondamentaux de la rhétorique « antipédagogiste » installée depuis une quinzaine d’années au sommet des discours en vogue sur l’école et du prêt-à-penser pour politiques en panne de programme. L’école, en proie à un « effondrement », aurait renoncé à la transmission comme à l’autorité. Un « constructivisme » sans limites règnerait dans des classes qui ne sont plus des classes, mais des lieux de débats forcés où l’élève doit construire lui-même ses savoirs, etc. Ce discours désormais éculé connaît une infinité de déclinaisons, de droite (beaucoup) à gauche (moins mais fréquent). Du plus chic au plus vulgaire, depuis le mépris de nombreux universitaires envers toute démarche pédagogique, présentée comme antithèse du « savoir », jusqu’aux diatribes éruptives à la Brighelli, prince littéraire de l’exécration, ou aux ridicules recyclages de Rama Yade sur une Education nationale qui aurait été transformée en « Woodstock » permanent.
Un nouvel avatar
Chaque fois que l’on croit pouvoir tourner la page, quitter le théâtre des polémiques délirantes pour de nécessaires confrontations argumentées (dont le dialogue Meirieu/ Kambouchner pourrait être un modèle), ce type d’atrocité intellectuelle ressurgit, inépuisablement relancé par une quelconque entreprise éditoriale ou politique peu scrupuleuse. Un nouvel avatar en est apparu là où on ne l’attendait pas, preuve supplémentaire de l’extrême « portabilité » de ce discours. »
Après avoir visionné une vidéo de Farida Belghoul voici ce que l’auteur en conclue :
« Nouvelle surprise : les trois-quarts de son intervention consistent en une reprise en version hard et « conspirationnisée » du discours antipédagogiste. L’école publique y est décrite comme totalement à la dérive : il n’y a plus de maîtres, plus de classes, plus d’autorité, plus de savoir et une sorte de propagande gaucho-bobo effrénée y étend son emprise. Tous les poncifs y passent : l’apprentissage de la lecture compromis par les mauvaises méthodes, l’orthographe abandonnée, les règles de grammaire bafouées, les œuvres littéraires remplacées par l’étude du gansta rap et celle du « schéma actanciel », les IUFM acteurs du désastre constructionniste, l’appel à rétablir un ministère « de l’Instruction publique », etc.
Rampe de lancement
Le tout servant de rampe de lancement à l’appel à la mobilisation contre ce qui est présenté comme l’axe central de la politique de Vincent Peillon : la « propagande LGBT », destinée, selon ce discours qui prend alors des accents proprement délirants, à « apprendre l’homosexualité » aux enfants contre les valeurs de leurs familles et à tenter d’éliminer toute différence entre les sexes. Les « ABCD de l’égalité », des modules pédagogiques pour lutter contre les stéréotypes, sont dénoncés comme le vecteur d’une entreprise de « rééducation » des enfants, arrachés à l’influence de leurs parents par de nouveaux Gardes rouges. Un programme de démolition morale et sociétale qui serait soigneusement mis en œuvre, main dans la main, par la hiérarchie de l’éducation nationale et le SNUIPP. »
Et conclu ici :
« Et son discours, au moins sur ce terrain des mœurs, converge désormais à plein avec celui de l’autre branche, traditionnelle, de l’extrême droite. Aussi faut-il absolument jeter un coup d’œil au site de la « Journée de retrait de l’école », où l’on peut lire un appel intitulé « Protégeons la pudeur et l’intégrité de nos enfants ». Où l’on peut voir aussi que ce type d’action est en train de se coordonner nationalement. Où l’on peut voir, enfin, au bas d’un « Manifeste », voisiner notamment les signatures de Farida Belghoul, de Béatrice Bourges (le « Printemps français) et… de l’association Lire-Ecrire.
Celle-ci, air connu, se présente comme « un groupe de parents et de grands parents qui, devant la situation faite aux enfants dans l’école, ont décidé d’agir pour faire changer le fonctionnement du système scolaire ». Elle compte dans son conseil d’administration et dans son comité d’honneur quelques noms connus de la « réacosphère » éducative, que je ne citerai pas ici pour ne pas pratiquer d’amalgame avec le mouvement d’Alain Soral. Précaution qui ne doit cependant pas empêcher de faire le constat, aujourd’hui, sur un terrain précis, d’une convergence flagrante. »
A nos lecteurs qui douteraient de ce fait voici un exemple de site éminemment soralo/complotiste qui reprennent exactement cette antienne.
Tout y est : le rapport de l’OMS caviardé, les détails de l’hypercritique, les réflexions sur une complicité des élites pour enseigner la pédophilie, et bien sûr, la critique de l’école.
Le tout sans aucune preuve !
c) L’homophobie
Le site suivant est aussi un avatar du deuxième fond de l’extrême droite : une homophobie latente, permanente. Le sous-entendu est simple : l’homosexualité est « enseignée » aux enfants à l’école. Et l’homosexualité est moralement condamnable.
On notera pour la bonne bouche le culot du propriétaire du blog : appeler « fawkes » son site –par allusion à la BD et au film- « V Pour vendetta » et dans lesquels le héros lutte contre une dictature fascisante, menteuse et manipulatrice.
Manifestement, il n’a pas tout compris.
Ou au contraire très bien et il connait les vertus du Gramscisme . Et ce site montre bien que les fachos connaissent très bien les vertus et l’efficacité de celui-ci.
Les relations entre homosexualité et extrême droite ont toujours été complexe.
Mais globalement le discours d’aujourd’hui de l’extrême droite est sur un rejet complet et total de celle-ci comme nous l’ont montrées les « manifs pour tous », le « jour de colère » pardon « de flop », ou les déclarations de soral.
Car bien sûr de la haine de l’homosexuel, au complot il n’y a qu’un pas. Complot homosexuel qui est en fait un complot pour imposer la « théorie des genres » :
Voilà comment fonctionne l’extrême droite à ce sujet. Pour eux tout est complot imbriqués les uns dans les autres, le principe des poupées Russes… Les élites savent ce qu’elles font et tout est calculé… Et lorsque de surcroît cette extrême droite agite la religion et tente d’instrumentaliser les Musulmans. On se demande jusqu’où l’agglomérat des haines va aller.
NB des Debunkers : nous ne faisons pas d’amalgame, nous savons très bien que la majorité des catholiques et des musulmans français ne tomberont pas dans le piège !
Dans le même genre d’idée, cette vieille rengaine de la féminisation des hommes et de la virilisation des femmes.
« Après la Grande Guerre, des écoles « géminées » se multiplient : des écoles de filles et de garçons dans lesquelles les élèves sont regroupés par tranche d’âge (l’institutrice s’occupant des petits, l’instituteur des grands) et non par sexe.
Le camp clérical, ancêtre de la Manif pour tous, proteste vigoureusement. En témoigne ce communiqué musclé de l’Union des associations catholiques et des chefs de familles, daté de 1935, et exhumé par Johanna Barasz :
« La coéducation et la gémination sont en effet immorales. Par la promiscuité des filles et des garçons, elle excite leurs sens plus tôt qu’on ne le pense, elle enlève aux jeunes filles la réserve et la pudeur et en fait des GARÇONNES dès l’âge de 13 ans. »
L’Union des associations catholiques et des chefs de famille vous informe.
La conclusion du communiqué est croquignolesque :
« Que sera-ce lorsque, à l’exemple des Soviets, abominables apôtres de la coéducation, la promiscuité des sexes se pratiquera dans l’internat et dans la serre surchauffée des dortoirs, après que dans la journée on aura donné à filles et garçons réunis l’enseignement sexuel avec exercices pratiques de pièces anatomiques articulées ? » »
Et comme le dit l’article, ne rigolez pas, on ne fait pas mieux aujourd’hui :
« …Yves Thréard, dans Le Figaro, et qui commençait ainsi :
« Homme ou femme en France, ne formerons-nous bientôt plus qu’une espèce d’être asexué (ni mâle ni femelle, ni père ni mère), non identifié (ni Blanc, ni Noir, ni Jaune) et privé de toute vie intime ? C’est peut-être exagéré, mais c’est à se le demander depuis dix-huit mois que la gauche est au pouvoir. » »
L’extrême droite ou l’art de faire du vieux avec du vieux…
d) Ce mouvement ne sert QUE des intérêts politiques fascisants
Les méthodes des réseaux soraliens sont efficaces :
« 1. Instrumentaliser des populations sensibles aux peurs culturelles, engluées dans une culture religieuse institutionnelle et archaïque.
L’objectif apparaît de manière très claire : il s’agit de coaguler, sur fond de conservatismes entretenus par les institutionnels religieux de tous bords, les craintes et les angoisses de populations culturellement fragiles.
Ce n’est pas un hasard si l’ultra-catholique populiste Béatrice Bourges se retrouve dans la fabrication de l’ennemi imaginaire « théorie du genre enseignée à l’école » aux côtés de la soralienne Farida Belghoul.
- User de toutes les viralités offertes par les techniques de communication contemporaines.
L’opération, née sur les réseaux sociaux, s’est propagée par SMS. Cela suppose une organisation politique, matérielle et technique considérable, et préparée de longue date.
Savoir à qui l’on s’adresse, de façon précise, implique que des données ont été recueillies sur ces cibles, bien avant le déclenchement de l’opération.
-
Falsifier la nature anti-laïc du mouvement en le parant des vertus d’une non-violence travestie. »
Cet article montre bien la nature de la coagulation autour du mouvement de soral et pointe les responsabilités médiatiques et politiques.
Le site «Abadinte» pointe extrêmement bien et avec cruauté les liens entre les incohérences décrites dans cet article et les intérêts politiques des affidés de « Médiocrité et Consternation » (NDLR « E&R ») »
« Ensuite, que les parents qui pensent que l’Education Nationale va fournir à des élèves de maternelle des godmichés ou des boules de geisha qui plus est en bois sont dans un déni total et sont entrés dans un délire collectif. Imaginent-ils que les enseignants vont passer la vidéo de Bareback Obama ou des 3 petites cochonnes à Lesbos ? Un peu de sérieux voyons ! En toute logique, ceux qui ont reçu ce SMS devrait se poser certaines questions :
– « En quoi Farida Belghoul, cette femme d’extrême-droite, connait-elle le programme de l’Education Nationale ? »
– « Farida Belghoul est-elle sincère dans ses propos étant donné son appartenance à la nébuleuse soralienne ? »
– « Farida Belghoul a-t-elle une quelconque connaissance de ce qu’est la théorie du genre ? »
A ses trois questions la réponse est non, non et non. »
Et d’enfoncer le clou là où ca fait mal :
« Farida Belghoul n’est bien entendu pas sincère. Son action est uniquement un moyen pour crétiniser les enfants. Normal. Plus un enfant est crétin, plus il est manipulable et on peut lui faire gober n’importe quoi… comme le fait que l’on va apprendre aux enfants à devenir homosexuels.
Enfin, Farida Belghoul n’a aucune connaissance de ce qu’est la théorie du genre. Ainsi, dit-elle que la théorie du genre c’est l’égalité entre les hommes et les femmes. Oui, Farida Belghoul conçoit la femme comme un sous-homme. Elle refuse aussi la lutte contre les stéréotypes. Certainement, cette dame serait ravie que les instituteurs apprennent aux enfants que les juifs dirigent un complot mondial visant à diriger le monde qu’ils dirigent déjà car ce sont des reptiliens et que Barack Obama en est un aussi, que les arabes sont tous des voleurs, que les noirs ont des gros sexes mais puent et que les rousses sont des sorcières, prostituées qui puent du sexe… Bref… Un ramassis de connerie. »
Car au bout du bout que défend finalement ce mouvement ou plutôt de quoi s’inquiète-t-il ?
Nous l’avons bien vu l’origine de cette rumeur est basée sur de faux prémices, sur une analyse tronquée et mensongère d’un rapport, sur un amalgame entre ces conclusions tronquées et les mesures gouvernementales, des traficotages de déclarations, le tout disséqué sans talent avec une méthode complètement contestable par un groupuscule d’obédience fascistoïde.
« Contrairement à ce que ces groupuscules clament, il n’existe pas de «théorie du genre» mais une multitude de recherches, issues de tous champs disciplinaires, dont l’enjeu n’est pas le sexe, mais la hiérarchie qui existe entre les hommes et les femmes et entre les sexualités. Il faut être aveugle ou alors particulièrement de mauvaise foi pour nier ou caricaturer ces travaux. Ces rapports sociaux inégalitaires sont révélés par de multiples indicateurs tels les violences conjugales, les écarts des salaires, la pauvreté, etc. Des centaines de rapports ont été publiés avec une même conclusion : les pouvoirs politique, culturel, médiatique, technologique, financier, militaire et religieux sont toujours principalement entre les mains des hommes. »
Ah ah on s’approche.
« Cette hiérarchie, qui est au centre de nos sociétés, n’est pas fondée en nature. Elle ne se justifie pas par des compétences «spécifiques» propres à chaque sexe. Là encore les références ne manquent pas pour distinguer la spéculation et les faits scientifiquement avérés.
Cette hiérarchie a produit un ensemble de normes pour se justifier elle-même : les femmes seraient destinées à rester dans l’espace privé, elles seraient douces et aimantes, elles seraient facilement influençables, elles auraient l’esprit pratique et non théorique. Les hommes seraient alors supposés être l’inverse et par un tour de passe-passe, cette complémentarité est présentée comme nécessaire à l’équilibre social, puisque naturelle. Or, il ne faut pas oublier que le terme «complémentarité» n’a jamais été un synonyme d’égalité : les enfants de huit ans savent que si 8 et 2 sont complémentaires à 10, 8 et 2 ne sont pas égaux ! »
Et en conclusion :
« Liberté de penser
Nous voyons aujourd’hui que certaines organisations ont peur de laisser aux enfants une liberté de penser dont leurs membres n’ont jamais pu bénéficier. Face à cette angoisse, elles sont prêtes à brader une des valeurs les plus essentielles de la République : l’égalité. Nous refusons qu’au XXIe siècle, nos enfants, nos élèves soient endoctrinés par les stéréotypes de sexe. Nous demandons au ministère de l’Education nationale de faire preuve de la plus grande fermeté face à ces manœuvres qui visent à déstabiliser l’école publique. Nous lui demandons de soutenir sans ambiguïté les «ABCD de l’égalité» en coupant court aux rumeurs. Nous lui demandons de réaffirmer concrètement sa volonté de former tous les futur-e-s enseignant-e-s à l’égalité entre les filles et les garçons, et d’y consacrer les moyens nécessaires pour que nous soyons tous et toutes armé-e-s contre la discrimination. »
CONCLUSION
En conclusion de ce travail, détaillons un peu les réactions politiques, intellectuelles et le devenir de tout cela.
Dans un premier temps le ministre de l’éducation s’est essayé à calmer le jeu ;
28/01/2014 (édit lien cassé)
« Il n’y a pas d’enseignement de la théorie du genre à l’école mais une « éducation à l’égalité fille-garçon », a déclaré mardi Vincent Peillon pour rassurer les parents, après un appel à boycotter l’école un jour par mois. »
Puis a tenté de faire les gros yeux tout en rassurant :
« Cette initiative vise à « expliquer » aux intéressés « la réalité des choses » et à « leur rappeler que dans notre pays il y a une obligation scolaire à l’égard des enfants », a-t-il déclaré devant la presse à la sortie du conseil des ministres. Et d’asséner :
« Il y a un certain nombre d’extrémistes qui ont décidé de mentir, de faire peur aux parents. Ce que nous faisons à l’école, c’est enseigner les valeurs de la République et donc du respect entre les femmes et les hommes. Tous les manipulateurs, tous les fauteurs de troubles et de haine qui répandent ces rumeurs, je leur demande d’arrêter. » »
Heureusement certains universitaires se sont élevés contre cette manipulation.
Un député clairvoyant a demandé une enquête et que des poursuites soient engagées contre les auteurs de cette rumeur :
« Le député PS de l’Hérault Christian Assaf a adressé jeudi une lettre au Ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, dans laquelle il lui demande de poursuivre en justice les personnes à l’origine des rumeurs d’un prétendu enseignement de la théorie du genre. « Ces rumeurs infondées, devenues une croisade nauséabonde, sont responsables de troubles à l’ordre public évidents et conduisent au non-respect de l’obligation de scolarisation des enfants », écrit le député. »
Bien entendu les auteurs de la rumeur vont continuer à capitaliser sur la colère engendrée par cette fausse information et tenter de menacer :
« « « Ceux des vôtres qui la ramèneront sur ce sujet en conseil d’école seront automatiquement ciblés. » Les sections départementales franciliennes de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE) ont reçu, mardi 28 janvier, un mail menaçant leur demandant de « stopper [leurs] activités pro théorie du genre », révèle Le Parisien (abonnés). La fédération de parents d’élèves a réagi en envoyant, jeudi matin, une plainte pour « menaces » au procureur de Melun (Seine-et-Marne).
Le courriel anonyme qui leur a été adressé évoque « des réseaux insoupçonnés en terme d’influence » au sein du mouvement de contestation mené par Farida Belghoul, réseaux qui pourraient prendre « des mesures nouvelles répressives » contre la FCPE. « On n’en restera pas là, vous pouvez nous faire confiance. (…) On vous le redira pas cinquante fois », prévient l’auteur du mail, qui affirme avoir relevé le nom des « activistes » de la FCPE « école par école ». »
Bien sûr les dirigeants de LMPT eux aussi avancent leurs pions pendant ce temps. Dimanche 2 février est organisée la première manifestation en France sans motifs de manifester puisque toutes les revendications sont basées sur des rumeurs/fausses informations !
Une première pour la droite, mais nettement moins pour l’extrême droite !!!
Bien sûr la communication est cadenassée de A jusqu’à Z.
Et comme de bien entendu, l’extrême droite Européenne joue sur ces mêmes peurs, les mêmes causes, les mêmes manipulations conduiront aux mêmes effets. On notera que cet article est similaire à notre enquête…
Au vu de toute cette affaire, les Debunkers ne peuvent qu’être extrêmement inquiets sur les développements futurs de cette affaire et des autres qui se produiront nécessairement. Nous alertons les médias et les politiques depuis trois ans sur ce genre de manipulation et s’il semble y avoir un début de prise de conscience, il est bien en déca de la réponse nécessaire à y apporter. Les partis politiques semblent ignorer le danger des manipulations de masse qui sont faites sur internet du fait de sa spécificité de communication virale, mais aussi des intérêts politiques qui s’y jouent. Il est facile de dire : « tout cela n’est que du virtuel » sans prendre en compte la réalité :
l’arme de la rumeur est une arme atomique entre les mains des fascistes.
Il est impensable de ne pas répondre AU PLUS VITE et de façon adaptée à ce danger. Encore plus impensable est la complicité passive (mais de plus en plus active) entre les tenants de la droite classique et l’extrême droite.
Comme à chaque fois que la droite tente d’utiliser l’extrême droite, c’est elle qui se fera phagocyter au final.
Ce fût l’honneur de la droite classique d’abandonner ces argumentations spécieuses, ces rappels nauséabonds sur les « races » ou les homosexuels à la fin de la seconde guerre mondiale. C’est aussi ce qui permit à la France d’avancer vers une paix relative et des rapports sociaux apaisés. C’est le déshonneur de la droite classique d’aujourd’hui de rouvrir la boite de Pandore en stigmatisant des catégories de la population tout en prétendant que c’est « la gauche » qui provoque et donc crée cette stigmatisation. C’est bien connu, c’est de la faute de la femme qui porte la mini jupe qu’elle est violée…
C’est pourquoi nous demandons une réflexion et une réaction rapide sur les moyens de cesser ce genre de propagande en poursuivant et en punissant systématiquement les auteurs. C’est tout le sens de notre travail, il n’en a pas d’autre.
NB Nous apprenons ce soir (03/02/2014) le retrait de la loi sur la famille et donc du minimum que nécessitait ce projet : une discussion. Le gouvernement recule devant une ligue de gueulards qui agitent la peur.
On est très loin du compte…
Avec ce genre de politique, on ne peut qu’envisager que ce genre de méthodes se renforcera puisqu’on cède devant elle. Les rumeurs, que ça soit sur la théorie du genre ou un autre sujet continueront à circuler.
PS des Debunkers
Nous remercions tous ces talentueux dessinateurs qui ont contribué à faire de notre petit récapitulatif de cette rumeur, autre chose qu’un gros pavé qui donnerait envie d’aller se pendre devant tant de bêtise dégoulinante et rétrograde.
Nous remercions donc « Chimulus » d’Urtikan, Visant, Ranson et tous les autres dont nous ne connaissons pas le nom réel et dont les dessins nous sont tombés entre les pattes par des liens de copains.
S’ils veulent se signaler nous mettrons volontiers le crédit de leurs œuvres sur nos pages !
Antifascistement vôtre les amis !