Depuis une dizaine de jours, un tsunami dans un verre d’eau agite le microcosme politique. Celui-ci a été crée de toute pièce par robert ménard le nouveau caudillo de Béziers.
Bien triste affaire que cette affaire de statistiques ethniques et à plus d’un titre.
L’extrême droite s’est engouffrée dans l’affaire (bien entendu) et à agité le moulin à fantasmes, comme elle sait le faire.
Et nos hommes politiques, par ignorance et/ou incompétence, ont suivis.
Une fois de plus.
Petit résumé, florilège des absurdités, questions et démontage. Petite contribution
1) L’affaire du comptable de Béziers
Nous n’y reviendrons que peu, si ce n’est pour repositionner la polémique.
D’autant que le Monde fait un remarquable article sur le déroulé de cette histoire et qui à le mérite de replacer ménard devant les contradictions de ces déclarations successives :
Le maire reconnaissait déjà que « c’est interdit, ce genre de statistique », tout en expliquant au journal régional avoir « analysé les listes des écoles biterroises » pour les obtenir. Et ajoutant : « Les prénoms suffisent à vous indiquer l’origine. Si vous vous appelez Marie, vous n’êtes pas musulman. »
Ce qu’on peut en dire :
Les mots sont clairs : M. Ménard explique avoir « analysé les listes » des écoles de sa ville, auxquelles il a donc accès. Selon l’Insee, on comptait environ 14 000 élèves scolarisés à Béziers en 2011 (dont plus de la moitié ont entre 6 et 17 ans), ce qui exclut a priori une analyse faite en un coup d’œil : classer 14 000 noms en fonction de leur « consonance étrangère » présumée prend du temps.
[…]
C’est cette même version que Robert Ménard répète sur le plateau de l’émission « Mots croisés » lundi 4 mai, avec un chiffre plus précis : « 64,5 % des élèves » seraient musulmans, selon ses calculs. Quant à la méthode, il persiste :
« Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a les noms classe par classe, des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit mais on le fait. »
[…]
Alors que la polémique est déjà lancée, Robert Ménard change quelque peu de version, et se fait moins précis sur la méthode. Mais cette nouvelle affirmation, outre qu’elle est contradictoire avec les précédentes, pose d’autres questions : comment le maire peut-il, sur la foi de quelques « tours des écoles », établir un pourcentage précis à la décimale près ? De même, s’il s’agit « d’aider » les élèves, peut-on prendre pour seul critère un prénom pour déterminer qui a besoin d’assistance ?
[…]
Cette fois, la mairie contredit carrément le maire en expliquant n’avoir « jamais constitué de fichier » et n’en avoir « d’ailleurs pas les moyens », puisque selon elle les fichiers sont ceux de l’éducation nationale. Mais là encore, cette version pose question. Une mairie, qui gère les cantines scolaires et les centres de loisirs périscolaires, a forcément des listes d’élèves. Ensuite, M. Ménard a reconnu à plusieurs reprises que le maire « a les noms classe par classe, des enfants ».
[…]
Cette dernière version est encore différente : M. Ménard ne nie pas mais choisit la contre-attaque. Il n’explique plus, comme ses services, ne jamais avoir constitué de liste, mais plutôt ne jamais l’avoir conservée. Et tente d’élargir la question à celle de la constitution de statistiques ethniques, interdites en France mais régulièrement souhaitées par certains politiques ou chercheurs. Mais ici aussi, la version pose question : peut-on mettre sur le même plan l’étude par des chercheurs de la notion de diversité (qui ne tient pas à la religion mais plutôt à l’intégration de minorités) et la recherche par une mairie du nombre de prénoms d’enfants à « consonance musulmane » ?
Une semaine après celle-ci, après avoir abouti à sa conclusion ménard révèle enfin son intention première d’avoir agité le bocal :
Une semaine après avoir créé la polémique sur le fichage présumé des élèves «musulmans» de sa commune, Robert Ménard a adressé aujourd’hui un courrier aux députés pour leur demander de «créer les conditions d’un débat parlementaire» afin de déposer une proposition de loi pour «libéraliser les statistiques ethniques».
Dans cette lettre, le maire de Béziers se justifie une nouvelle fois et affirme ne pas avoir fiché les enfants : «Je n’avais eu nul besoin d’établir un fichier pour obtenir ce chiffre. Il existe dans toutes les communes un listing des élèves.» Peut-être. Mais à aucun moment ces fichiers ne disent quelle religion pratiquent les élèves. L’édile proche du Front national explique depuis le début qu’il a obtenu le chiffre de «64,6 % des enfants qui sont musulmans dans les écoles primaires et maternelles» de sa ville en scrutant les prénoms des élèves. Sauf qu’un prénom, comme un nom de famille, ne peut pas être assimilé à une religion.
Statistique Ethnique : Toute collecte de données concernant l’appartenance ethnique des individus.
Problème : qu’est ce qu’une « ethnie » ?
C’est le cœur du problème. Quel critère retient-on ? Il y a deux façons de le définir : « objectif » et « subjectif ».
Le critère objectif vient de l’extérieur du sujet, alors que le critère subjectif est un critère propre au sujet « d’auto reconnaissance » d’appartenance plus ou moins assumé du sujet à un groupe.
Le Conseil des droits de l’homme de l’ONU définis une « ethnie » comme un groupe humain d’une certaine densité qui n’a pas eu accès au statut d’État mais qui présente néanmoins de longue date plusieurs des caractéristiques suivantes :
– un territoire (à cheval ou non sur plusieurs États) ;
– une langue propre ;
– un nom collectif (parfois imposé par les sociétés voisines, souvent retourné par le groupe lui-même) ;
– une histoire singulière ;
– des traits culturels originaux (architecture, cuisine, musique, littérature orale ou écrite) ;
– une identité revendiquée et plus ou moins assumée.
Deuxième problème : qu’est ce qu’une « statistique ethnique » ?
Les statistiques ont un objet qui utilise une méthode, le Testing :
Technique qui, s’inspirant de la démarche expérimentale, cherche à créer in vitro une situation dont l’expérimentateur maîtriserait tous les éléments. L’objectif est d’observer, en ayant la certitude qu’elles jouent « toutes choses égales par ailleurs », le poids relatif des variables qu’on cherche à tester. Dans le cas du test de discrimination, on construira artificiellement des couples (de demandeurs d’emploi, de clients d’une banque, de candidats à la location d’un logement, etc.) dont les deux membres ne diffèrent que par une et une seule caractéristique. Si l’un des deux membres du couple est moins bien traité que l’autre, on imputera cette différence de traitement à l’unique caractéristique qui les distingue l’un de l’autre.
Source de la définition : Gwénaële Calvès (Professeure de droit à l’Université de Cergy-Pontoise et directrice scientifique du Centre d’Analyse Stratégique)
Dès lors il est bien évident que le choix des variables retenu est éminemment politique. Vous ne cherchez pas la même chose si vous établissez une statistique de réussite/échec aux études supérieures, suivant que vous reteniez, la nation d’origine, la religion ou un critère ethnique bidon du genre « les musulmans d’origine ».
En fait, tout dépend d’une chose :
-Votre paradigme politique
Le critère retenu, vos systèmes d’analyses, et donc vos conclusions, en découlent nécessairement.
En fait, suivant vos postulats de base, vous pouvez tordre le cou à la réalité en faisant dire N’IMPORTE QUOI aux statistiques ! C’est pourquoi il faut se méfier de TOUTE analyse politique d’une statistique qui ne partirait pas des conclusions de l’étude elle-même, mais lui attribuerait de nouvelles conclusions en fonction de l’appartenance politique !
Textes juridiques
En France, c’est la loi du 6 janvier 1978 relative à l’informatique, aux fichiers et aux libertés, modifiée par la loi relative à la protection des personnes physiques à l’égard des traitements de données à caractère personnel du 6 août 2004, qui constitue le principal texte réglementaire dans le domaine de la collecte des données et de la statistique. Le cas particulier des données à caractère sensible est traité dans l’article 8 :
« Chapitre II : Conditions de licéité des traitements de données à caractère personnel
Section 2 : Dispositions propres à certaines catégories de données
Article 8
I. Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses ou l’appartenance syndicale des personnes, ou qui sont relatives à la santé ou à la vie sexuelle de celles-ci. »
A partir de là, il est très intéressant de voir comment la deuxième partie du même article, en ajoutant des cas d’exception, fait émerger de fait un acteur puissant : la CNIL.
« II. Dans la mesure où la finalité du traitement l’exige pour certaines catégories de données, ne sont pas soumis à l’interdiction prévue au I :
[…]
7° Les traitements statistiques réalisés par l’Institut national de la statistique et des études économiques ou l’un des services statistiques ministériels dans le respect de la loi n° 51-711 du 7 juin 1951 sur l’obligation, la coordination et le secret en matière de statistiques, après avis du Conseil national de l’information statistique et dans les conditions prévues à l’article 25 de la présente loi (autorisation de la CNIL);
[…]
Chapitre IV : Formalités préalables à la mise en œuvre des traitements
Section 2 : Autorisation
Article 25
I. Sont mis en œuvre après autorisation de la Commission nationale de l’informatique et des libertés, à l’exclusion de ceux qui sont mentionnés aux articles 26 (traitements Etat sécurité et infractions pénales) et 27 (traitements publics NIR – biométrie Etat – recensement – téléservices) :
1° Les traitements, automatisés ou non, mentionnés au 7° du II (traitements statistiques INSEE et ministères), au III (données à caractère politique, philosophique… anonymisées) et au IV de l’article 8 (traitement de données à caractère politique, philosophique…, justifiés par intérêt public) ;[…]
Troisième problème : à quoi servent-elles ?
Des associations comme le CRAN voudraient créer des statistiques ethniques.
Et à les lire, on comprend bien que là aussi ce n’est pas l’outil qui, a priori, fait le mal, mais l’intention. Si comme le CRAN, on veut utiliser ces outils pour lutter efficacement contre les discriminations : pas de soucis. Si comme ménard on veut en faire une preuve que l’intégration des enfants d’immigrés est impossible : gros soucis.
Dernier problème tout le monde ment
– Et oui, tout d’abord parce que ces statistiques existent déjà. Comme l’explique cet article de l’INED ; il est parfaitement possible en France d’effectuer ce genre d’enquêtes à des fins scientifiques, du moment que des processus d’anonymisation soient mis en place !
Qu’appelle-t-on une question sensible ?
Il est nécessaire de distinguer :
le point de vue des enquêtés :
La sensibilité des questions est appréciée au regard de la recevabilité des questions. Les questions sensibles peuvent être des questions que les personnes interrogées jugent, pour des motifs personnels, trop indiscrètes, inconvenantes et/ou des questions auxquelles ils ne souhaitent et/ou ne savent répondre. Ainsi, les questions sur les revenus sont souvent mal perçues en France.
le point de vue juridique :
Selon les termes de la loi « Informatique et Libertés » de 1978 amendée en 2004, une donnée sensible est une information qui révèle « les origines raciales ou ethniques, les opinions politiques, philosophiques ou religieuses, l’appartenance syndicale, ou des données relatives à la santé ou la vie sexuelle ».
Depuis 1978, le traitement de données sensibles (collecte, enregistrement, conservation) est interdit en l’absence de consentement exprès des personnes, sauf en de rares exceptions.
L’enquête TeO se situe précisément dans le cadre de ces exceptions.
Pour ces pros de la démographie, les techniques mathématiques de leur science agiraient comme un bouclier efficace contre la compromission politique et idéologique.
Angélisme scientifique dont Hervé Le Bras pense qu’il laisse la voie libre à la dérive, pavant l’enfer de ses bonnes intentions. Pour le démographe, la statistique n’est pas neutre. Il est utile, et même essentiel, de se demander ce que l’on compte et de quelle manière on le fait. Dans son dernier livre, Le Bras s’attarde sur une grande enquête de l’Ined sur les immigrés, menée en 1992 par Michèle Tribalat. Il lui reproche d’avoir introduit la notion d' » origine ethnique « , sans se rendre compte des dérives vers lesquelles elle pouvait conduire la démographie française.
Dans cette enquête, Michèle Tribalat ne se contente plus de demander la nationalité des enquêtés, comme dans les recensements faits par l’Insee. Elle recourt à deux nouveaux critères : » l’appartenance ethnique « , fondée sur la langue maternelle, et » l’origine ethnique « , définie par le lieu de naissance des parents. Elle finit par distinguer, d’après ses origines étrangères, une minorité immigrée d’une catégorie majoritaire qu’elle appelle » Français de souche « .
» L’expression « Français de souche », s’insurge Le Bras, était courante dans la rhétorique du FN. Mais elle n’existait pas en démographie ! En l’employant, Michèle Tribalat lui a conféré un semblant de vérité scientifique. » Michèle Tribalat ne ressent pas le besoin de se justifier sur le choix de l’expression litigieuse : » Français de souche, c’est une notion de facilité, dit-elle, dans laquelle je ne fais entrer aucune hiérarchie de valeurs. Faut-il cesser d’utiliser nos catégories parce que le FN s’en sert ? » Michèle Tribalat – et Le Bras insiste sur le fait – ne peut être soupçonnée de militer sciemment pour l’extrême-droite. Mais pour Hervé Le Bras, en cherchant à mettre en lumière les racines » ethniques » non françaises des enfants d’immigrés, Michèle Tribalat inaugure une catégorisation qui porte en germe une classification des Français selon leur origine, plus ou moins » assimilable « , plus ou moins » conforme » aux traditions et aux moeurs nationales.
Autrement dit la classification de Tribalat « [se contente] d’appliquer des instruments mathématiques à des catégories de populations sans se poser de question sur la pertinence scientifique de ces catégories »….
Ou plutôt si, elle le sait très bien…
–Et enfin parce que ménard à Béziers n’a pas fait de « statistiques ethniques »
Et non. Nous avons vu ce que c’était. Or qu’à fait ménard ?
Un fichage ethnique.
Il ne faut pas confondre les statistiques anonymes étudiées par des scientifiques et basées sur
de l’auto-déclaration avec un fichier où l’on impose de façon arbitraire une religion en fonction d’un prénom. «Le fichage sauvage de Robert Ménard sans aucune méthode et nominal avait un but stigmatisant», dénonce la sénatrice écologiste Esther Benbassa qui défend des statistiques ethniques sur le principe du volontariat et de l’anonymat, conduites par des chercheurs sous le contrôle de l’Etat. Des données indispensables pour étudier la réalité française.
«A partir du moment où vous avez des statistiques précises sur l’orientation scolaire, les jugements, vous pouvez travailler sur les discriminations», plaide Louis-George Tin, président du Conseil représentatif des associations noires (Cran). «Le fichage est un outil raciste, les statistiques un outil anti-raciste.»
3) Le relais de la fachosphère petits et très gros mensonges
Le premier prévisible souci de cette affaire, c’est que la fachosphère, relai d’opinion du fascistoïde moyen, allait forcément relayer. Ca n’a pas raté.
Deuxième prévisible souci, c’est que ces mêmes relais allaient raconter n’importe quoi. Ca n’a pas raté.
Troisième prévisible souci, ces gens là allaient éclairer le sujet à la lumière de leur opinion, sans se prendre la tête avec une quelconque méthodologie. Ca n’a pas raté.
La fin justifie les moyens.
La trame de rédaction du faf concernant cette affaire connait un modèle assez remarquablement immuable. A croire qu’ils se sont donné le mot.
-Ce que ménard a voulu réellement dire
-Parce que l’immigration, c’est le mal
-Parce que actuellement, on nous ment
Florilège :
a) « LGMT »
L’affaire Robert Ménard, un tsunami dans un verre d’eau, a le mérite de soulever le voile, si l’on peut dire, sur l’intérêt de savoir ou non quel est le pourcentage des écoliers en difficultés dans nos écoles…
Ce que Ménard a voulu souligner c’est que de plus en plus nombreux sont les écoliers de familles clandestines ne parlant pas, où très mal, notre langue. Ils ont donc de très grandes difficultés à se maintenir au niveau des autres écoliers.
Ce qui, forcément, entraîne vers le bas le niveau général et cela est contraire à l’intérêt général, y compris à celui des écoliers français d’origine maghrébine.
[…]
Encore une erreur car, bien au contraire, ces statistiques révèleront ce que l’on veut à tout prix nous cacher, c’est-à-dire le nombre exact de la population immigrée actuellement sur notre sol, notamment la population musulmane d’origine maghrébine.
Il est plus facile d’affirmer que seulement 3 millions, à peine, de musulmans (Français ou étrangers) vivent sur notre sol que de constater, grâce à ces statistiques, qu’ils dépassent les 8 millions.
Nous commençons avec le nouveau plumitif de la gauche m’a tuer. Dès le début le ton est mis.
Immigré=élève en difficulté
Puis, plus questions d’immigrés mais de « clandestins »
Diminution du niveau scolaire
On nous ment sur le nombre d’immigrés
Surtout sur les musulmans
Il y a 8 millions de musulmans, pas 3
Reprenons :
Nous le savons depuis un moment les fafs confondent « coefficient de corrélation » avec le « lien de causalité ». Pour eux si A et B sont corrélés, ALORS a est provoqué par B…
C’est un remarquable faux truisme.
Car ce n’est ABSOLUMENT pas le cas, nous en avions parlé la première fois dans cet article :
Les fronteux sont des débutants en sciences statistiques. Ou plus probablement, ils vous prennent pour des débutants en introduisant des notions fausses dans des calculs de statistiques.
Après tout, on peut toujours tenter de manipuler les maths. Si celui qui vous lit n’en connais pas un minimum, c’est bon, ca passe !
Et en l’occurrence, les droites extrêmes qui manipulent cette fameuse statistique « 70% des détenus sont musulmans » font exactement cela…
Ils établissent un rapport de corrélation entre deux données : musulmans/détenus puis en affirment d’autorité un rapport de causalité.
Qu’est ce qu’un coefficient de corrélation ?
En probabilités et en statistiques, étudier la corrélation entre deux ou plusieurs variables aléatoires ou statistiques numériques, c’est étudier l’intensité de la liaison qui peut exister entre ces variables. Il existe plusieurs moyens mathématiques de calculer cette corrélation entre les données que nous ne développerons pas ici.
Où est le problème ? C’est que calculer un coefficient de corrélation entre deux variables n’induit pas un rapport de causalité entre les deux. Cum hoc ergo propter hoc (latin signifiant avec ceci, donc à cause de ceci) est un sophisme qui consiste à prétendre que si deux événements sont corrélés alors il y a un lien de cause à effet entre les deux. La confusion entre corrélation et causalité est appelé effet cigognehttp://fr.wikipedia.org/wiki/Cum_hoc_ergo_propter_hoc en zététique (corrélation trompeuse entre le nombre de nids de cigognes et celui des naissances humaines); en science et particulièrement en statistique cette erreur est rappelée par la phrase « la corrélation n’implique pas la causalité ». Le contraire est Cum hoc sed non propter hoc.
Quelques exemples :
Il y a une corrélation entre la pointure et le niveau en mathématiques chez les collégiens (le troisième paramètre est l’âge des adolescents).
Il existe une corrélation entre la vente de crème glacée et le nombre de morts par noyade. (Le troisième paramètre est une température élevée probablement du à un été clément)
L’espérance de vie a augmenté depuis la découverte du plant de tabac…
Amusons nous un peu et nous aussi tripatouillons les statistiques fachotes.
Regardons cet exemple d’un soit disant géographe statisticien, bien proche de l’extrême droite et regardons une de ces constructions :
FAUSSES VRAIES STATISTIQUES
Voilà un bon exemple de tripatouillage statistique. Le but est d’établir un rapport de cause à effet entre immigration, islam et délinquance. D’un coup d’œil et par un artifice intellectuel vous suggérez dans l’esprit du lecteur que les trois ont un rapport de cause à effet.
Maintenant jouons un peu et comparons chacune des dites cartes avec une carte de la France du vote F N :
Voilà grâce au même type d’artifice, nous avons montré trois faits incontestables:
Carte A. : Nous voyons qu’il y a présence de musulmans dans les régions où on vote fn. Conclusion? Les électeurs du FN sont des musulmans.
Carte B. : Nous voyons qu’il y a une forte présence de maghrébins/turcs dans les régions où on vote fn. Conclusion? Les électeurs du FN sont des maghrébins/turcs.
Carte C. : Nous voyons qu’il y a une forte délinquance dans les régions où on vote fn. Conclusion? Les électeurs du FN sont des délinquants.
Et là bien sûr vous riez jaune. Vous savez TRÈS bien que les pseudos conclusions auxquelles nous arrivons sont fausses. Mais:
-Pourquoi savez vous qu’elles sont fausses?
-Pourquoi la première carte, elle ferait réfléchir certaines personnes?
En quoi le fait que l’immigration soit source de délinquance semble t’elle plus évidente? Pourtant sociologiquement c’est aussi improbable.
Et bien tout simplement parce que depuis des décennies, l’extrême droite nous rabâche le même chiffre sans se voir sérieusement contré. Et parce qu’une partie de la droite fait la même chose.
Et dans le cas précis qui nous intéresse, c’est-à-dire le faux truisme : mauvais niveau scolaire=enfants immigrés ou issus de l’immigration (égal signifiant « causé par… » ) est une contre-vérité.
Oui les enfants immigrés ou issus de l’immigration connaissent une moins bonne réussite scolaire :
Cette situation est liée au niveau éducatif de la population immigrée. On sait depuis PISA que l’écart de niveau entre les jeunes issus de l’immigration et les autochtones est plus important en France que dans la moyenne des pays de l’OCDE. On voit même qu’en France non seulement l’écart entre autochtones et immigrés est très important, équivalent à une année d’étude, mais aussi il se maintient même pour la génération issue de l’immigration mais née en France dont les résultats sont à peine supérieurs à la première génération née à l’étranger.
Cela tient à la situation sociale des familles immigrées, nettement plus pauvres que la moyenne. Cela a à voir aussi avec la forte différenciation sociale des quartiers. Ce phénomène est aggravé par une ségrégation scolaire plus forte encore que la ségrégation urbaine. Concrètement, comme le dit PISA, « le fait de fréquenter un établissement défavorisé a souvent un impact nettement plus important que le milieu familial. Dans certains pays de l’OCDE, dont la France, l’Italie, le Japon, le Luxembourg, le Mexique, les Pays‑Bas, la Slovénie et la Suisse, et dans certains pays du G20, dont l’Argentine, le Brésil et Shanghai (Chine), l’impact associé au fait de fréquenter un établissement défavorisé représente même l’équivalent de plus de une année d’études… Ces constats montrent que la politique de l’éducation et la politique sociale se conjuguent pour limiter les possibilités de réussite scolaire qui s’offrent aux élèves issus de l’immigration ».
Une statistique ethnique de l’INSEE montre les vraies raisons :
Comme l’ont révélé des enquêtes sur l’éducation [Murat, 2009], la taille et la structure de
la famille influencent les trajectoires scolaires : avoir grandi dans une famille nombreuse constitue un facteur pénalisant, en particulier dans les milieux populaires, de même que la
monoparentalité. Avoir des parents bacheliers ou diplômés du supérieur constitue un atout pour la carrière scolaire et avoir des parents non diplômés est un désavantage. L’origine
sociale n’est pas non plus sans influence sur la réussite scolaire. Or, les enfants d’immigrés ont très souvent une origine sociale populaire (encadré 4), plus précisément des parents
classés parmi les employés et les ouvriers qualifiés ou non qualifiés.
Alors que 45 % des enfants ni immigrés ni enfants d’immigrés ont (ou ont eu) des parents employés et ouvriers, pour nombre de groupes d’enfants d’immigrés, cette part dépasse 70 % :
Algérie (78 %), Maroc ou Tunisie (76 %), Afrique sahélienne (76 %), Turquie (72 %), Portugal (72 %). Cette différence persiste si l’on se restreint aux seuls employés ou ouvriers non
qualifiés (encadré 4) qui représentent un tiers des situations professionnelles des parents d’origines algérienne, marocaine, tunisienne et turque, ainsi que 41 % des situations
professionnelles des parents d’origine sahélienne, contre 10 % dans la population ni immigrée ni issue de l’immigration. À l’inverse, les origines sociales supérieures sont très peu
représentées dans ces groupes.
[…]
L’inclusion des caractéristiques sociodémographiques dans l’analyse conduit à réduire fortement les effets liés à l’origine géographique chez les hommes comme chez les femmes
issues directement ou indirectement de l’immigration, mais elle ne les élimine pas totalement (figures 5 et 6)
[…]
Au final, avec des caractéristiques sociales et familiales semblables, dans la population masculine (figure 8), la plupart des inégalités observées entre les origines migratoires sous le
rapport de l’obtention du baccalauréat disparaissent (modèle 3). Seules persistent la surréussite des enfants d’immigrés du sud-est asiatique chez les garçons (OR=1,7) et la sous-réussite notable des enfants d’immigrés turcs.
Intéressants chiffres si il en est, qui posent un point primordial:
L’extrême droite et en particulier le FN, se posent en « nationalistes ». C’est-à-dire que pour eux, seule la nation compte. La preuve en est que jamais les fronteux ne demandent des statistiques ethniques basées sur les blonds, les catholiques, etc… Pour eux le peuple français « de souche » est invariant et uniforme.
Ce qui pour eux n’est pas du tout le cas pour les étrangers. Avez-vous déjà vu un facho réclamer une statistique ethnique avec comme variable la nationalité ?
Non, ils les réclament pour l’islam, le nombre de mosquées, de musulmans présents dans les prisons, etc…
Ce qui nous montre deux choses.
-Que l’étranger est bien dans l’esprit de l’extrême droite un élément inassimilable du fait de ses différences
-qu’on peut choisir la variable qui vous chante pour tordre le cou à la réalité
Enfin donc « on » nous mentirait sur le nombre de musulmans en France.
Du fait de l’absence même de statistiques ethniques…Ce qui est faux nous l’avons vu plus haut…
Par contre oui on nous ment sur le nombre, c’est prouvé, comme nous le disions ici :
Suite aux évènements qui ont endeuillé la France et aux mesures de sécurité renforcées prises dans plusieurs pays européens, dont la Belgique, la perception de la population risque d’être encore plus erronée. C’est donc l’occasion de rétablir la vérité.
On constate que la France est le pays qui compte proportionnellement le plus de musulmans (8 %). C’est toutefois bien moins que l’estimation de la population qui pense qu’il y a 31 % de musulmans dans le pays.
Pas besoin d’être un expert de l’INSEE pour faire pièce à la méthodologie statistique de Valls. Ceci étant, cette façon d’humer le terrain est la seule manière de se faire une idée de la réalité, quitte à violer l’esprit de la loi, sinon sa lettre.
[…]
Le sociologue Hugues Lagrange ne dit pas autre chose dans son livre dont le titre Le déni des cultures – renvoie dans leurs cordes les indignés professionnels. Décrivant les émeutes urbaines de l’automne 2005, Lagrange explique que celles-ci « ont d’abord impliqué des adolescents masculins qui cumulent plus de difficultés scolaires que les filles. Ces réalités sont l’expression d’arrangements familiaux et de rapports entre les sexes qui tranchent radicalement avec l’évolution des mœurs en Europe […].” Mais ces réalités sont occultées par des pouvoirs publics, de gauche comme de droite, qui hésitent entre “l’affirmation d’une indifférence […] à la confession, à la couleur de la peau et à la culture d’origine et des actions ostentatoires pour refouler les “nouveaux barbares” “.
Lagrange fonde ses constats sur une connaissance fine de certains quartiers de Mantes-la-Jolie, en immersion parmi les habitants immigrés arrivés du Sahel ces vingt dernières années. Il met en évidence le choc des cultures et montre l’importance de facteurs telles que la polygamie, la taille des fratries, les relations intergénérationnelles qui assurent l’autorité du grand frère, ou la différence d’âge entre mari et femme. Le sociologue estime que sans la prise en compte de ces éléments ethnoculturels, il est impossible de comprendre l’échec des “politiques de la ville”, de proposer des solutions et d’allouer efficacement les moyens pour résoudre les difficultés des immigrés.
Et là, nous devons nous pincer pour voir que nous ne rêvons pas…
Puisqu’on ne parle plus de statistiques ethniques, ni même de statistiques tout court d’ailleurs, mais de « humer le terrain » et de « connaissance fine ».
Résumons : pour causeur la statistique c’est de la merde, tu mouilles ton doigt et tu le lèves ! Et t’as un résultat meilleur que ces putains de bobolchéviques nazislamistes !
Ce faisant d’ailleurs ils coulent complètement un autre sociologue égérie de l’extrême droite : Hugues Lagrange.
Avant même sa sortie en librairie, le nouveau livre d’Hugues Lagrange, intitulé Le déni des cultures, a bénéficié d’une promotion sans précédent pour un ouvrage sociologique – incluant y compris une invitation au JT de 20H00 ! Étrange destin pour un livre et un auteur qui se disent à contre-courant des analyses dominantes – et de fait, dès qu’on se penche sur le contenu dudit ouvrage, ce ne sont pas vraiment la nouveauté, l’originalité et l’audace du propos qui nous frappent, mais plutôt sa conformité aussi parfaite qu’écoeurante avec vingt ans de revivalsculturalistes et trois années de règne sarkozyste : les Noirs seraient plus délinquants que les autres, et l’explication serait « culturelle »… Comparable politiquement – et pas plus convaincant scientifiquement – au Discours de Dakar expliquant tous les « drames de l’Afrique » par la culture de l’homme africain, le diagnostic d’Hugues Lagrange et l’artillerie médiatique lourde qui le soutient appellent, a minima, quelques remarques critiques, et quelques rappels historiques.
Ceux qui aujourd’hui dénoncent l’initiative de Robert Ménard sont les mêmes qui tentent, par tous les moyens, de cacher la réalité du Grand Remplacement…
Ahhhhhhhhhh le grand remplacement cher aux identitaires, que réfute soit disant le fn, mais que relaie ménard, lui-même soutenu par le fn…. C’est compliqué chez les fafs.
Oui oui le grand remplacement fantasme horrifique ultime du faf de base.
Et complètement bidon comme le prouve cet article :
Pour Hervé Le Bras, le fait de considérer les descendants d’immigrés nés de mariages mixtes comme des « allogènes extra-européens » relève d’une « théorie raciste ». « Les rédacteurs de ce texte pensent que si une personne a un ancêtre arabe, elle reste arabe. C’était le principe de la “one drop rule” américaine pendant la période de la Ségrégation : une seule goutte de sang noir vous définissait comme noir et donc comme inférieur. C’était pareil pour les juifs pendant l’Occupation. Ajoutons qu’aux Etats-Unis les Arabes sont considérés comme “Blancs” ! »
Comment réagissent les historiens de l’immigration au « grand remplacement » ? Pour Gérard Noiriel, auteur du Creuset français (Seuil, 1988), ces textes alarmistes prophétisant la destruction de la « race » et de la « civilisation » françaises existent depuis la fin du XIXe siècle. Avant-guerre, en France comme en Allemagne, les nationalistes qui ont mené l’Europe au désastre affirmaient que les juifs, les Arméniens et les « Levantins » menaçaient l’intégrité de la patrie. Après-guerre, ce furent les Maghrébins. « A partir des années 1960, constate Gérard Noiriel, les arguments culturels et religieux ont remplacé les arguments biologiques, mais le discours du déclin national par leur faute demeure. Pourtant, dans aucun pays d’immigration les prédictions catastrophistes ne se sont concrétisées. »
Article que nous vous conseillons fortement de lire complètement !
d) Bdvoltaire fait le service après vente
Si le journal de la ville de Béziers (en toute illégalité) lance une pétition de soutien à son nouveau caudillo http://lelab.europe1.fr/la-mairie-de-robert-menard-relaye-une-petition-de-soutien-a-robert-menard-lancee-sur-le-site-cree-par-robert-menard-939536 il était alors normal que la presse appartenant à ménard fasse de même.
Mais on ne s’attendait pas à ce qu’elle le fasse aussi mal :
La vérité est que Robert Ménard s’est contenté, en maire responsable, de faire au début de l’année un rapide calcul empirique, au vu des prénoms, le même calcul empirique que font les directeurs d’école responsables au mois de juin quand ils constituent leurs classes, les professeurs responsables au mois de septembre quand ils accueillent leurs élèves, parce qu’évidemment, les apprentissages ne se font pas de la même façon et au même rythme dans une classe où tous les enfants parlent la langue de Molière depuis qu’ils sont au berceau, et dans une classe où les trois quarts des élèves ont une autre langue maternelle. Que refuser de le prendre en compte serait une faute professionnelle grave, un aveuglement coupable dont les premières victimes seraient d’ailleurs ceux que l’on aurait fait mine de ne pas voir, condamnés à l’échec scolaire.
Un joli délire qui rejoint les expressions « né musulman ». Quand vous vous appelez « Mohamed » forcément la langue de Molière n’est pas votre langue d’origine…
Même si vos parents ne parlent pas un mot d’arabe et que leurs familles vivent sur le sol Français depuis 5 générations !
Ensuite, nous avons bien vu les versions successives contradictoires que nous a servis ménard…
L’explication est donc pour le moins douteuse.
CONCLUSION
-Oui les statistiques ethniques existent déjà en France et sont légales
-Non, ménard n’a pas fait de statistiques ethniques mais un fichage ethnique
-Oui les statistiques ethniques, comme toutes statistiques sont soumises à des impératifs méthodologiques et non aux bidouillages de doxa politique
-Oui dans cette affaire, tout le monde ment, mais l’extrême droite infiniment plus que les autres.
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