Nous avions vu comment certains fachos ont crée de faux profils sur facebook. Cette fois-ci, nous allons voir comment les trolls pro-Russes truandent sur Twitter.
1. Contexte
La cyber guerre, ça fait des cyber morts.
Cela fait des années que Kitetoa.com raconte cela, dans ses articles, dans des conférences… La cyber guerre, ça fait des cyber morts. Ce n’est donc pas bien grave. Il faut dire que la dramatisation d’un possible cyber Pearl Harbor, d’une putain de cyber guerre menée par des affreux pirates chinois terroristo-pédophilo-iraniens ne perd pas de terrain. Elle est remise à la Une de toute la presse en ligne assez régulièrement.
Fermes de trolls et magouilles politiques
Le tournant de la guerre en Ukraine
De toute évidence, la cyberguerre n’a pas disparu, et même au contraire elle est devenue une arme tactique dans une guerre qui se joue à tous les niveaux. Les fermes à trolls ne sont qu’une composantes de cette armée numérique, et l’Ukraine a subit un grand nombre d’attaques :
- 800 attaques informatiques Russes contre l’Ukraine en 4 mois – Numerama
- Des comptes suspects de prétendus journalistes – Observers
- Les tweets complotistes de l’ambassade Russe en France – Radio France
2. Étude de cas
Naturellement, il est impossible de gérer plus de 2 ou 3 comptes sérieusement. Heureusement (pour eux, pas pour nous), il existe des outils permettant de programmer des tweets, des retweets, et ça à une échelle industrielle. L’intervention humaine peut se réduire à presser sur un bouton.
Un exemple de compte Twitter pro-Russe
- Huit chiffres derrière un nom générique, c’est un premier indice pour identifier un compte généré en série.
- Un ratio abonnements/abonnés qui montre un compte actif à son lancement, en s’abonnant à un ensemble de comptes plus ou moins important, mais n’ayant pas trouvé son succès auprès d’abonnés.
- Crée pile poil pour l’invasion, on admirera le sens du timing !
- Russians with attitude
C’est un podcast hebdomadaire tenu par deux Russes qui se sont donnés comme mission de lutter contre la monoculture Américaine. Leur émission est en anglais et disponible sur toutes les plateformes qui héberge habituellement des podcasts. RWA est en fait un clin d’œil au groupe NWA (Niggers With Attitude, connu notamment à travers ses membres Dr Dre ou Ice Cube). Leur compte Twitter revendique 200 000 followers. - Garland Nixon est journaliste pour la station radio WPFW. Il y intervient en tant que chroniqueur politique et son compte est suivi par 50 000 followers. Sans surprise, une écrasante majorité de ses posts est consacré à la critique acerbe des démocrates. Pire, Nixon repartage des conspirationnistes notoires, comme Maram Susli, une propagandiste pro Bachar Al Assad.
Un autre exemple
3. Changement de méthode
Au bout de six mois de guerre, on peut faire un constat : la méthode consistant à faire masse avec des comptes fake ou fabriqués en série n’a pas eu un succès incroyable. On peut expliquer ça comme ça :
- Twitter accentue sa modération dés le début de la guerre en Ukraine
- Les profils « bot » n’ont finalement qu’une efficacité relative (il faut recréer une communauté de zéro avec chaque compte)
- Ces derniers n’améliorent pas la crédibilité de Moscou (ce qui n’est pas vraiment le plus important à leurs yeux)
- De vrais humains prennent la main, avec leurs comptes parfois certifiés et des communautés importantes.
Évidemment, ces deux comptes ne sont pas les seuls à assumer la propagande. Par contre, ils incarnent un changement de stratégie, dû au fait que des personnalités motivées ont pris le relais. C’est à dire ici, on remplace des profils qui partagent peu de contenus et de mauvaise qualité, par des militants acquis à la cause de Moscou et prêt à produire beaucoup de contenu, commentaire, memes, podcast, capsules, pour nourrir une propagande.
Les trolls auront donc eu une fonction d’amorce avant que tous les anti-impérialistes d’occident ne prennent le relais.