On l’a échappé belle !
Nous aurions tort de bouder notre plaisir ce matin. Disons le tout net, nous avons eu peur pendant un mois. C’est une séquence étrange, où le sentiment qui l’a emporté est l’angoisse, celle de l’extrême droite au pouvoir. Restons lucides, nous avions raison d’avoir peur. La parole raciste ne semblait plus devoir rester cachée, à raser les murs. Les attaques racistes homophobes étaient de retour, avec un sentiment d impunité insoupçonné. Nous avons vu refleurir des « listes de personnes à abattre » ; sous un régime d extrême droite, il ne faut pas se tromper nous sommes des cibles. Quelques soient nos différences, notre élimination « améliorera le pays et résoudra les « problèmes ». L’accession du RN au pouvoir était la promesse d’une grande violence, la libération de cette agressivité nous laissait craindre le pire.
Et contre tout attente, mais conformément à nos espoirs, le RN a perdu. Ce n’est pas un raz de marée bleu marine sur l’Assemblée Nationale, c’est vrai. Mais le RN ne s’en sort pas si mal, il ne faisait entre que 2 députés en 2012, en 2022 ils étaient 88. Mais la défaite n’est que très relative, le parti du clan Le Pen continue sa croissance en obtenant 125 sièges, ce qui nous donne 143 députés d’extrême droite si on intègre les nouveaux alliés venus des ciottistes. Voilà pour l’aspect mathématique.
C’était inespéré. Mais ça ne doit pas nous faire oublier que la défaite du RN n’est due qu’à l’unité pour un barrage républicain, un barrage dont on pensait qu’il était moribond. Bonne nouvelle, sous l’impulsion du monde syndical, associatif, ce que on appelle la « société civile », il se porte bien. C’est là notre force, elle a permis l’unité entre les gauches mais aussi de favoriser un programme et un large espoir.
Seulement… Encore une fois, il a fallu faire barrage, bloquer l’extrême droite à la porte du pouvoir, mais nous sommes encore loin de les avoir relégués dans les poubelles de l’histoire. Jordan Bardella cachait mal sa déception, et annonçait déjà mettre le cap sur 2027. Et il y a des chances qu’à nouveau nous soyons confrontés aux mêmes enjeux dès 2026 pour les élections municipales. Nous en avions parlé, comme prévu, le FN/RN sort renforcé dans les campagnes et les zones péri-urbaines et c’est là aussi où nous devons agir.
Voilà pour les constats, et maintenant il faut regarder devant nous : le jeu parlementaire, pour dégager une majorité à l’assemblée, va nécessairement faire baisser les ambitions programmatiques. Il ne faudra pas être déçu, au contraire, ça sera le moment de continuer le combat. La lutte ne s’arrête jamais !
Nous avons beaucoup parlé des raisons qui ont crée les conditions favorables pour le vote RN, les symptômes n’ont pas disparu cette nuit. Bien au contraire, il est urgent de travailler à structurer tous les réseaux de solidarité, monter un collectif antiraciste, rejoindre une association, un syndicat, un parti, (re)commencer à militer et montrer qu’un autre avenir est possible, autre chose que la haine des autres et le repli sur soi. Quant à nous, Debunkers, nous allons continuer notre travail de décryptage des discours et élaborer des outils pour s’armer contre l’extrême droite.
Nous avons une responsabilité, celle de passer le témoin. Nous devons transmettre cette mémoire de lutte contre les racismes, l’antisémitisme, et toutes les discriminations. Remettre en avant cette éducation populaire qui structure et brise les mensonges des extrêmes droites est un impératif.
Cette victoire ne doit pas masquer que nous étions encore mal préparés. Cette séquence nous rappelle l’impératif d’un travail de fond sur le fascisme et les extrêmes droites, un travail de formation quand beaucoup d’électeurs, de citoyens et de travailleurs ont perdu de vue la nature réelle de la bête immonde.
Dans cette optique, les Debunkers seront encore plus disponibles pour proposer des formations militantes et des interventions.
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