Jean-Marie Le Pen est mort.
Ce n’est pas bien de se réjouir de la mort des gens, c’est vrai. Mais le borgne a cassé sa pipe et pour nous ça représente beaucoup de choses.
Ras l’front !
Si ces derniers temps, il s’était mis en retrait, nous n’avons pas oublié qui il était. Sous-lieutenant du 1er Rep en Algérie, il participe aux tortures et exécutions sommaires. De retour en France, il deviendra député pour Pierre Poujade. Sa fortune, il l’hérite d’Hubert Lambert, un industriel qui lui lèguera également le château de Montretout.
Mais pour nous, Jean-Marie Le Pen c’est surtout le Front National, ce parti qu’il lance en 1972 avec Roger Holeindre, un ancien de l’OAS, François Duprat, un négationniste notoire et Pierre Bousquet, ancien SS de la division Charlemagne.
Oui c’est ça le Front National, on ne parle pas de dédiabolisation pour rien. Ces gens faisaient de la politique avec les mains pleines de sang. Raciste, homophobe, négationniste, le vieux Le Pen n’a jamais raté une occasion de s’illustrer avec un mot immonde (« le détail de l’histoire », « les sidaïques »), ni avec les poings.
Le vieux à la tête du parti, c’était un règne sans partage. Ça avait les défauts de ses qualités, il a étouffé toute concurrence à l’extrême droite. Partout où le Front National se montrait, il trouvait des militants antifascistes pour s’opposer. Et quand un frisson nous a parcouru le dos ce soir d’avril 2002, le barrage républicain n’était pas une option.
Merci, mais c’est trop tard.
Son héritage est transmis.
Aujourd’hui, l’extrême droite française est une hydre, couper une tête, d’autres repoussent. Plus de vieux qui contrôle tout, l’offre est devenue pléthorique. Le front national, devenu Rassemblement National a 88 121 députés à l’assemblée et est arrivée trois fois au second tour des présidentielles.
Mais surtout, ses idées se sont répandues hors de son parti. Le patriarche brutal, à la stratégie aussi subtile qu’une blague antisémite n’est plus, mais il a transmis un parti, pas seulement à sa fille mais à une génération. Les théories racistes se sont affinées. Le parti libéral-conservateur sur le plan socio-économique a affiné son approche, s’est mis à parler aux classes populaires.
Le temps a fait son œuvre, Jean-Marie est devenu Marine. Sur ce site, nous en parlions peu, il ne sera exclu qu’en 2015 de son propre parti qui est déjà passé à la vitesse supérieure, se passant de cet encombrant pionnier. Pas de fausse nostalgie, nous le détestions. Il est l’artisan de ce qu’est devenu l’extrême droite en France aujourd’hui, mais cette dernière ne sera plus impactée par sa disparition.
Jean-Marie Le Pen est mort et c’est trop tard.