L’extrême droite est toujours bien présente en Europe. Oui, mais de quelle façon ?
Nous avons l’habitude de considérer qu’il existe des extrêmes droites, et sur notre continent, on trouve différents courants qui correspondent à des particularités dues à l’histoire. Nous allons donc regarder, pays par pays, qui fait l’extrême droite en Europe.
Cet article vient en complément au dossier les extrêmes droite disponible sur notre site.
Préalable
Commençons avec un peu d’histoire
Notre histoire européenne commune est marquée par un trauma collectif lié à l’apogée des régimes autoritaires et la guerre qui a suivi. Les fascistes ont entraîné le monde dans la guerre et en 1945, le continent est exsangue. Nous n’en avions pas fini avec le fascisme pour autant.
D’abord, il reste des régimes autoritaires : Salazar au Portugal, Franco en Espagne. Mais surtout, il y a le bloc de l’est. Jusqu’à 1989, l’Europe est coupée en deux par un grand mur.
Alors que les pays de l’ouest commencent à s’organiser (fondation de la CEE en 1957), la bête immonde survit. Au lendemain de la guerre, il a fallu composer avec un appareil techno largement composé de collabos et d’anciens fascistes. La défaite allemande ne marque pas la fin de l’extrême droite, elle va se recomposer au fur et à mesure des années.
À l’est
La Yougoslavie est un cas à part. Non affiliée à l’URSS, le pays tient bon gré mal gré jusqu’à la mort de Tito, puis le communisme dégénéré va mettre dix ans à mourir. C’était le ciment d’une fédération qui ne pouvait pas tenir plus longtemps. En 1991, la Slovénie et la Croatie prennent leur indépendance. Slobodan Milosevic veut assoir son autorité sur les autres territoires de la fédération yougoslaves. C’est la guerre en Europe, la première depuis 1945. Comme en 1914, c’est à Sarajevo qu’elle éclate.
La Russie mettra des années pour se relever de la fin du bloc soviétique. La thérapie de choc imposée aux anciennes républiques socialistes va créer, en plus de terribles inégalités, un sentiment mitigé, mêlant une nostalgie tronquée et alimentant les nationalismes. L’impérialisme russe deviendra l’un des principaux soutiens des extrêmes droites européennes jusqu’à l’invasion de l’Ukraine le 24 février 2022.
Nous connaissons notre extrême droite française, ses collabos et anciens SS, Poujade, les négationnistes et Jean-Marie Le Pen. Regardons comment ça se passe dans les autres pays.
Nos choix
À partir de là, nous devons faire un choix : où commencer ? Comment délimiter ?
Le choix de l’année de départ
1945 aurait été un petit peu loin. Nous avons dont choisi 1995 pour plusieurs raisons :
- Une année importante :
En 1995, Jean-Marie le Pen fait 15% aux présidentielles. Mais en Italie, c’est la dissolution du MSI qui va donner un coup de fouet à l’extrême droite nationaliste italienne, et en Hongrie, le Fidesz commence à changer de ton. - Un choix équilibré :
Dans le bloc de l’est, les partis ne sont vraiment autorisés qu’en 1991. En 1992, le traité de Maastricht va permettre la création des premiers partis européens. Il fallait également prendre le cour des évènements avant les deux moments clé, les attentats du 11 septembre et le retour de Jörg Haider aux affaires en 1999.
Délimiter l’espace
Maintenant que nous avons définit notre champ d’observation dans le temps, définissons le dans l’espace.
L’Europe, c’est déjà l’Union Européenne, soit 27 pays. Ce à quoi nous avons ajouté les pays candidats, soit 10 de plus. Il restait donc 4 pays qui avaient été candidat ou membre de l’Union Européenne : la Norvège, la Suisse, l’Islande et évidemment le Royaume Uni.
Enfin, malgré la présence dans notre liste du Liechtenstein, nous n’avons pas listé les micro-pays (Andorre, Saint Marin, Monaco…).
Comment qualifier l’extrême droite
Il ne restait que le choix du format.
Les extrêmes droites ont des points communs, c’est vrai. Mais comme rien n’est simple, les partis ne se ressemblent pas. Nous avons donc choisi de représenter le spectre le plus à droite du pays, populiste, nationaliste et xénophobe. Il y a évidemment tout un tas de groupuscules violents et hyper radicaux, parfois illégaux. Ici nous avons choisi de ne garder que les partis qui ont une existence politique par les élections.
Enfin, nous avons pris les scores aux législatives, plus représentatifs que les présidentielles en général. Comme rien n’est jamais simple, chaque pays a son mode de scrutin. On distingue tout de même des tendances générales aussi sur ce point.
Liste par pays
Allemagne
Hasard de l’ordre alphabétique, notre liste commence avec l’Allemagne. Grande perdante de la seconde guerre mondiale, l’Allemagne s’est reconstruite avec ses cadres de la machine nazie, mais également des traumas, celui d’un pays en ruines, coupé en deux, et occupé par les vainqueurs.
Mais l’histoire est singulière. Dans ce contexte propice au sentiment nationaliste, ce n’est pas l’extrême droite qui domine. Le Bundestag (le parlement allemand) a depuis la fin de la guerre été dominé par une alternance SPD (social-démocrate) et CDU (centre droit, conservateur), en faveur de la CDU d’Adenaueur jusqu’à Merkel). Chat échaudé craint l’eau froide comme on a coutume de dire.
Dans ce contexte, l’extrême droite est marginalisée jusqu’aux années 2010. Sa représentation parlementaire est inexistante jusqu’à ces dernières années.
Parti national-démocrate – NPD
Fondé en 1964, le parti national-démocrate est l’héritier symbolique du NSDAP (le parti nazi dissout logiquement en 1945). Sa ligne est ultra-nationaliste, antisémite et révisionniste.
Nous avons affaire ici à un parti très minoritaire et impopulaire en Allemagne, au point qu’ils n’ont jamais eu un seul député au Bundestag. Seul en 2004 et 2005, le NPD arrive à faire de bons scores (autour de 10% dans deux länder, score, qu’ils auront du mal à maintenir). Pour exister, il se contente de coups médiatiques.
1998 | 0,3 |
0 / 669
|
---|---|---|
2002 | 0,4 |
0 / 603
|
2005 | 1,6 |
0 / 614
|
2009 | 1,5 |
0 / 620
|
2013 | 1,3 |
0 / 631
|
2017 | 0,4 |
0 / 709
|
2021 | 0,1 |
0 / 736
|
Alternative für Deutschland – AFD
Créé en 2013, le parti AfD se distingue par son populisme nourri par la crise grecque qui a poussé l’Europe a soutenir Athènes. L’AfD adopte une ligne eurosceptique, pas au point de la sortie de l’Europe cependant. Mais surtout il a agrégé tous les thèmes de l’époque : anti-immigration, anti-islam et même climato-sceptique.
Dés les premières législatives, le parti marque une percée mais n’obtient pas de sièges. En revanche en 2017, l’AfD devient une force politique conséquente. L’AfD entretient également des contacts avec Pegida, ce groupe identitaire né suite à l’arrivée de réfugiés de Syrie, ainsi que le NPD et d’autres groupuscules d’extrême droite traditionnelle (voir néo-nazi, ce qui est interdit en Allemagne).
2013 | 4,7 |
0 / 631
|
2017 | 12,6 |
94 / 709
|
2021 | 10,3 |
83 / 736
|
Albanie
C’est la gauche (parti socialiste) qui est aux manettes en Albanie. L’extrême droite semble inexistante, tout juste un Front national albanais incarne cette tendance mais n’a jamais été présente au parlement.
Autriche
L’Autriche est notre mètre-étalon dû au fait qu’il est le premier pays à être gouverné par l’extrême droite en Europe depuis la guerre. Historiquement, c’est une alternance gauche/droite tout ce qu’il y a de plus classique qui anime la vie politique autrichienne.
Parti de la liberté – FPÖ
Le FPÖ est un parti fondé ? par d’anciens nazis, et se maintient comme la 3ème force du pays depuis sa création en 1955. Sous l’impulsion de Jörg Haider, le nationalisme devient le cœur du programme. Les résultats ne se font pas attendre avec une percée en 1990, le parti passe les 16%. Par des jeux de coalition, le parti arrive à se placer. D’abord avec les sociaux-démocrates, puis avec le virage nationaliste, il trouve grâce auprès des conservateurs de l’ÖVP. En 1990, Haider prend la présidence de la Carinthie, mais doit démissionner après ses propos révisionnistes sur le IIIème Reich.
En 1999, Jörg Haider parvient à reprendre la Carinthie. Dans la foulée, via une coalition de droite, le FPÖ entre au gouvernement fédéral. Haider quitte le parti en 2002 puis se tue dans un accident en 2008. Après un creux, le FPÖ revient très fort en arrivant devant les autres formations au premier tour des présidentielles en 2016, il sera battu au second.
Les prochaines élections pourraient voir le FPÖ avancer encore un peu, voir devenir première force politique du pays.
D’abord conservatrice, le parti est devenu nationaliste et populiste, avec une ligne anti-immigration.
1995 | 21.9% | 41/183 |
1999 | 26.9% | 52/183 |
2002 | 10% | 18/183 |
2006 | 11% | 21/183 |
2008 | 17.5% | 34/183 |
2013 | 20,5% | 40/183 |
2017 | 26% | 51/183 |
2019 | 16.2% | 31/183 |
Alliance pour l’avenir de l’Autriche – BZÖ
Le BZÖ est le résultat d’une scission au sein du FPÖ initiée par Jörg Haider lui-même. Le parti ne rencontrera jamais le succès, et même le BZÖ de Carinthie re fusionnera avec le FPÖ local. Il deviendra confidentiel à la mort de Haider.
2006 | 4,1 |
7 / 183
|
2008 | 10,7 |
21 / 183
|
2013 | 3,5 |
0 / 183
|
2017 | ||
2019 | 0,0 |
0 / 183
|
Belgique
La Belgique a un paysage politique que nous pourrions résumer par « pour faire simple, c’est compliqué« . Ainsi, le royaume est divisé en deux parties : les flamands et les wallons (francophones). Jusqu’ici ça va. C’est la langue qui est l’élément déterminant pour comprendre la structure du pays. Donc dans un seul pays, nous avons deux extrêmes droites très différentes qui se détestent cordialement.
Commençons avec la partie wallonne.
L’extrême droite y est peu structurée, et les micro-partis pullulent sans pour autant trouver de dynamique électorale. Le seul parti qui a pu compter fut le Parti des forces nouvelles, parrainé par le SS Léon Degrelle et dissout en 1991.
L’histoire de l’extrême droite francophone se fait de scission et de trahison. Des plus petits groupes violents voulaient même en arriver au coup d’état comme le Westland New Post.
Le parti des travailleurs belge (PTB) propose de son côté une alternative de gauche populiste. Un parti qui cultive la controverse à l’image d’un Michel Collon, figure du confusionnisme.
Nous retiendrons malgré tout le petit nouveau Chez nous. Un micro-parti populiste qui a pour lui d’être soutenu à la fois par le Vlaams belang, le PVV et le RN.
Le Front National
Fondé en 1985 par Daniel Féret, le front national profite de la fin du PFN en 1991 pour tenter d’unir les forces d’extrême droite francophone belge. Sa ligne est un nationalisme inspiré du FN français.
Le parti ne parviendra jamais à percer et disparaît en 2012.
Le parti populaire de Laurent Louis tentera de reprendre le flambeau en 2009. Mais ce dernier, seul parlementaire du parti, réussira à s’en faire exclure.
1995 | 2,3 |
2 / 150
|
1999 | 1,5 |
1 / 150
|
2003 | 1,98 |
1 / 150
|
2007 | 1,97 |
1 / 150
|
2010 | 0,51 |
0 / 150
|
Pour la partie flamande
En Flandres, l’extrême droite est beaucoup plus structurée et se montre comme une des mieux installées en Europe. Néanmoins son histoire est plus classique et il n’y a pas autant à dire.
La Nieuw-Vlaamse Alliantie – NVA
La NVA n’est pas un parti d’extrême droite à proprement parler, mais repose sur un logiciel nationaliste et identitaire. Fondé en 2001 après l’explosion du parti populiste Volksunie, la NVA incarne une ligne de droite libérale et conservatrice.
Le parti fait une percée en 2007, et ses bons scores réguliers depuis lui ont permis de participer aux coalitions au pouvoir. Les relations avec la NVA sont tendues.
2003 | 3,06 |
1 / 150
|
2007 | 18,51 |
8 / 150
|
2010 | 17,40 |
27 / 150
|
2014 | 20,36 |
33 / 150
|
2019 | 16,03 |
25 / 150
|
Vlaams belang
Le Vlaams belang est créé en 1978. À l’origine, il s’agit d’une scission de Volksunie, comme la NVA. Le parti est initialement nommé Vlaams Blok, puis devient Vlaams Belang en 2004. La ligne du parti repose sur l’ethno-nationalisme, le logiciel identitaire. Ce qui explique également la proximité du parti avec Génération Identitaire à Lille (cette partie du nord de la France fait historiquement parti des Flandres).
À partir de 2011, la NVA siphonnent l’électorat du VB dans plusieurs élections (en particulier les municipales à Anvers), mais le parti identitaire reste tout de même très influent dans les Flandres.
1995 | 7.8% |
11 / 150
|
1999 | 9.8% |
15 / 150
|
2003 | 11.6% |
18 / 150
|
2007 | 11.9 |
17 / 150
|
2010 | 7.8% |
12 / 150
|
2014 | 3.7% |
3 / 150
|
2019 | 11.9% |
18 / 150
|
Bosnie-Herzégovine
Le cas de la Bosnie Herzégovine est très complexe. Nous avons démarré notre historique alors que la capitale Sarajevo est assiégée. Le pays est composé de trois communautés qui cohabitent tant bien que mal : les bosniaques de culture musulmanes, les serbes de Bosnie et les croates de Bosnie. Des élections tous les 4 ans sont organisées pour élire trois présidents, un pour chaque communauté.
Il existe ensuite une assemblée, la chambre des représentants, composée de députés élus dans deux élections législatives distinctes, en république serbe de Bosnie et dans la fédération de Bosnie-Herzégovine.
Dans ce contexte, ce qui tient le pays est une forme de nationalisme bosnien qui se construit en opposition à ses voisins. Le pays est tenu longtemps par le SDA, un parti de centre droit, puis le SDP, un parti de centre gauche depuis 2022.
Ce nationalisme et ce curieux équilibre ne laissent finalement pas de place à un parti d’extrême droite, si ce ne sont des partis groupusculaires avec des revendications ethniques, mais qui n’ont pas d’existence aux élections.
Bulgarie
Après la chute du bloc soviétique, la Bulgarie suit une dynamique assez commune en Europe de l’est. Le monde politique se structurent autour de coalitions regroupant de nombreux partis politiques. On retrouve les deux grandes tendances s’opposer conservateurs de droite/centre droit et progressistes de gauche/centre gauche. La les années 2000 voient se structurer une extrême droite qui finit par faire coalition elle aussi. Le 3 août 2014, le front patriotique présente une union d’extrême droite assez singulière en Europe, mais disparaîtra en 2017, après une percée électorale.
En 2021, la corruption endémique entraîne une crise politique sans précédent. La conséquence, c’est trois élections législatives anticipées en moins d’un an, et 5 en tout entre 2021 et 2023. S’opère alors une recomposition, avec une gauche coalisée très faible, un parti anti-système qui perce, et un nouveau parti d’extrême droite qui s’impose, Renaissance.
VMRO – Mouvement national bulgare
Les années 2000 sont marquées par l’arrivée de partis d’extrême droite en Bulgarie, notamment le VMRO en 2001. Autour du nationalisme, on retrouve tous les thèmes du moment : immigration, islam et les Tziganes/Rroms.
Le VMRO qui fait figure de référence historique rallie le front patriotique, mais ses résultats ne dépassent jamais les 10%.
2001 | 3,63 % |
0 / 240
|
2005 | 5,19 % |
13 / 240
|
2009 | – |
0 / 240
|
2013 | 1,89 % |
0 / 240
|
2014 | 7,28 % |
19 / 240
|
2017 | 9,07 % |
27 / 240
|
04/2021 | 3,59 % |
0 / 240
|
07/2021 | 3,10 % |
0 / 240
|
11/2021 | 1,07 % |
0 / 240
|
2022 | 0,78 % |
0 / 240
|
Union nationale Attaque
Créé en 2005, Ataka reprend les thèmes du VMRO avec une ligne résolument antisémite et s’en prend à toutes les minorités, en particulier Rroms. Le parti s’inscrit dans la dynamique des partis nationalistes qui se verraient bien s’organiser à l’échelle de l’Europe. L’adhésion au discours d’une identité européenne s’impose.
Le parti bénéficie de l’effet nouveauté, mais perd rapidement son électorat au profit du nouveau parti facho à la mode.
2005 | 8,1 % |
21 / 240
|
2009 | 9,4 % |
21 / 240
|
2013 | 7,3 % |
23 / 240
|
2014 | 4,5 % |
11 / 240
|
2017 | Coalition |
6 / 240
|
04/2021 | 0,49 % |
0 / 240
|
07/2021 | 0,45 % |
0 / 240
|
11/2021 | 0,46 % |
0 / 240
|
2022 | 0,29 % |
0 / 240
|
Volya
Volya est une parti populiste fondé en 2017 qui a réussi une percée avec une ligne anti-corruption, sans vraiment réussir à tenir sa position.
2013 | 0,25 |
0 / 240
|
2017 | 4,15 |
12 / 240
|
04/2021 | 2,33 |
0 / 240
|
07/2021 | 3,10 |
0 / 240
|
11/2021 | 0,27 |
0 / 240
|
Front national pour le salut de la Bulgarie
Scission de Ataka, le parti est fondé en 2011. Il tient la même ligne politique sans pour autant connaître d’effet d’adhésion.
2013 | 3.7 % | 0/240 |
Renaissance
Fondé en 2014, le parti Renaissance n’est qu’un énième parti d’extrême droite ultra-nationaliste en Bulgarie. Il va se distinguer durant la crise Covid, puis la guerre en Ukraine pour affirmer ses positions antivax, anti-mesures sanitaires et pro-russe/anti-Otan. Il revendique également l’intégration de la Macédoine du Nord à la Bulgarie.
Avec ses positions durant les dernières crises, matérialisées par des manifestations anti-gouvernement, le parti Renaissance prend le leadership de l’extrême droite en Bulgarie en obtenant un nombre conséquent de sièges, grignotant même ceux de la droite conservatrice (minée par les scandales de corruption).
2017 | 1,08 | 0 / 240 |
04/2021 | 2,41 |
0 / 240
|
07/2021 | 2,97 |
0 / 240
|
11/2021 | 4,80 |
13 / 240
|
2022 | 9,83 |
27 / 240
|
2023 | 13,60 |
37 / 240
|
Chypre
Chypre a un paysage politique particulier dans une situation complexe et fragile. Du fait de la partition de l’ile en 1974, le parlement est composé comme ceci :
Elle est officiellement composée de 80 sièges, dont 70 % réservés aux Chypriotes grecs et 30 % aux Chypriotes turcs, soit respectivement 56 et 24 sièges.
Le pays est gouverné aujourd’hui par une coalition centriste, cernée par une opposition majoritaire mais désunie. Ce qui permet au parti nationaliste de commencer à percer.
Front Populaire National – ELAM
ELAM est créé en 2009 avec une ligne ultra-nationaliste, mais la particularité c’est qu’il s’agit d’un nationalisme grec résolument anti-turc. Le parti est proche d’Aube Dorée (voir Grèce), malgré des relations en dents de scie.
La crise de 2008 a également touché le pays, et la corruption endémique a beaucoup lassé les chypriotes qui permettent à ELAM une percée aux dernières législatives.
2011 | 1,08 |
0 / 56
|
---|---|---|
2016 | 3,71 |
2 / 56
|
2021 | 6,78 |
4 / 56
|
Croatie
Le cas de la Croatie est symptomatique des pays d’ex Yougoslavie. On trouve depuis 1991 et la fin de l’époque soviétique, plusieurs petits partis d’extrême droite qui ont tendance à se succéder en tablant sur l’anti-communisme. À commencer par le Mouvement de Libération Croate, dont l’histoire remonte à 1986 et sa création en exil en Argentine. Ses résultats sont anecdotiques et le parti est marginal, son existence est extraparlementaire.
Le pays est gouverné par l’alternance d’une gauche sociale et d’une droite libérale conservatrice (le HDZ qui est aux manettes actuellement). Pourtant depuis les années 2010, une extrême droite plus populiste et qui exploite les paniques morales européennes commence une percée.
Parti croate du droit – HSP
Le HSP a été fondé en 1861, c’est dire son ancrage historique. Le parti a une ligne néo-conservatrice et nationaliste. Ante Pavelić, ancien député du HSP est le fondateur des oustachis qui serviront aux nazis à exercer le pouvoir durant l’occupation.
Le parti scissionne en 2009 après des résultats en baisse. Aux élections de 2011, le parti est battu et disparaît de la chambre des députés. Le HSP-SA, une scission du HSP, vivra jusqu’en 2020 en tenant des accords avec d’autres partis conservateurs. Après l’échec de 2015, le parti ne présente aucune liste aux élections anticipées de 2016.
2003 | 6,4 % | 8/153 |
2007 | 3.5% | 1/153 |
2011 | 2.8% | 1/151 |
2015 | coalition 32.9% | 46/151 |
2016 (anticipée) | – |
Mouvement patriotique de Miroslav Škoro
Ancien membre du HDZ, le chanteur Miroslav Škoro se présente aux élections présidentielles en 2019 où il arrive troisième avec un discours populiste anti-serbe. Avec l’appui d’autres petits partis d’extrême droite, il passe les 10% aux législatives suivantes.
2020 | 10,89 % | 12/151 |
Danemark
Il y a un grand nombre de partis politiques au Danemark, mais le pays est tenu par une alternance gauche/droite. Les années 2010 ont vu le centre gauche social-démocrate tenir le parlement danois, ce qui n’a pas empêché par le jeu des coalitions d’avoir une succession de gouvernement plus ou moins conservateur, notamment avec l’appui du parti populaire danois.
A noter également l’apparition d’un parti extrêmement minoritaire, Ligne dure qui a une ligne ethno-nationaliste.
Parti populaire danois
Le parti populaire danois est fondé en 1995 à partir d’une scission du parti du progrès, sa ligne est nationaliste et ultra-libérale. Le parti peut faire alliance avec les autres partis de droite, cet appui se monnayant par une politique plus stricte sur l’immigration.
Si le parti populaire danois voit ses scores dégringoler ces dernières années, c’est à la fois parce que ses idées ont infusé dans la droite d’appareil et que d’autres partis d’extrême droite sont venus jouer sur ses terres. Une dynamique largement observée avec l’extrême droite dans plusieurs pays d’Europe.
1998 | 7,4 |
13 / 179
|
---|---|---|
2001 | 12,0 |
22 / 179
|
2005 | 13,3 |
24 / 179
|
2007 | 13,8 |
25 / 179
|
2011 | 12,3 |
22 / 179
|
2015 | 21,1 |
37 / 179
|
2019 | 8,7 |
16 / 179
|
2022 | 2,6 |
5 / 179
|
La nouvelle droite
Fondée en 2015 alors que les réfugiés syriens fuyaient leur pays, la nouvelle droite est un parti qui affiche une ligne libertarienne (moins d’état, moins d’impôts) et anti-immigration, en particulier musulmane.
2019 | 2,36 |
4 / 179
|
2022 | 3,67 |
6 / 179
|
Démocrates danois
Dernier né dans la fachosphère danoise, les démocrates danois est un parti de droite dure dont la ligne est orientée sur un discours populiste et nationaliste contre l’immigration et la politique européenne.
Pour ses premières élections, le parti siphonne les voix du parti populaire danois.
2022 | 8.12 % | 14/179 |
Espagne
Quand Franco meurt en 1975, le pays entame une transition démocratique. La phalange, le parti unique, est dissout. Les premières élections se tiennent en 1977, et mis à part une tentative de coup d’état en 1981, le paysage politique espagnol se normalise avec une opposition entre le PSOE (le parti socialiste) et le PP (parti de droite conservateur).
La spécificité espagnole tient en son organisation qui laisse une relative indépendance aux régions. Et ces dernières portent en elle un nationalisme qui relève plus de l’autonomie que d’un projet d’extrême droite.
Il faut attendre la moitié des années 90 pour voir une première formation d’extrême droite apparaître, la démocratie nationale. Un petit parti, qui se nomme FE – La falange est fondé en 1999, mais ne percera jamais.
Démocratie nationale
Fondé en 1994, Démocratie nationale est un micro-parti unioniste. Dans un pays où les régions ont une certaine autonomie, le nationalisme d’extrême droite est centraliste. Il est évidemment porteur de valeurs conservatrices, sécuritaires, anti-immigration…
Démocratie nationale existe toujours, mais peine à exister politiquement. Il est depuis 2002 concurrencé par Espagne 2000, une coalition à laquelle le parti participe qui se constitue en parti politique.
2000 | 0,04 % |
0 / 350
|
2004 | 0,06 % |
0 / 350
|
2008 | 0,05 % |
0 / 350
|
2011 | 0,01 % |
0 / 350
|
2015 | 0,01 % |
0 / 350
|
Vox
Fin 2013, des membres de l’aile droite du PP fonde Vox. Le parti est emblématique de l’évolution de l’extrême droite en Europe et dans le monde. Son discours est plus moderne, plus lisse et se présente comme compatible avec une coalition dans un gouvernement de droite. Sa ligne est centraliste et unioniste.
Mais il ne faut pas s’y fier, le parti entretient des liens avec d’autres partis d’extrême droite européens. Il s’affiche également islamophobe et adopte une ligne covidosceptique.
En 2018, l’Espagne rentre dans une crise politique faite de motions de censure et d’élections anticipées. C’est dans ce contexte que Vox fait une percée spectaculaire en 2019.
2015 | 0,23 % |
0 / 350
|
2016 | 0,20 % |
0 / 350
|
04/2019 | 10,26 % |
24 / 350
|
11/2019 | 15,09 % | 52 / 350 |
Estonie
En 1991, à la chute du bloc soviétique, le paysage politique des pays baltes se recompose. Depuis la chute du mur, l’Estonie est dirigée par des partis libéraux de centre droit. L’accent est mis sur une attractivité économique du pays. Le nationalisme est jusqu’à la naissance de l’EKRE exprimé par un rejet de l’influence russe.
L’Estonie rejoint l’UE en 2004.
Parti populaire conservateur d’Estonie – EKRE
Fondé en 2012, l’EKRE est un parti avec une ligne ethno-nationaliste, fusion de deux partis historiques conservateurs. Anti-Europe et anti-immigration, il se forme un an après l’intégration du pays à la zone euro. Jusqu’en 2019, le parti est radicalement anti-russe, puis décide de militer pour une normalisation des relations avec Moscou.
Le pays réussit une percée dès sa création. La nouvelle ligne intégrant la Russie à son logiciel ne grève pas ses résultats électoraux, et le parti est en 2023 la seconde force politique du pays.
2015 | 8,1 |
7 / 101
|
2019 | 17,8 |
19 / 101
|
2023 | 16,1 |
17 / 101
|
Finlande
En Finlande, le pouvoir alterne entre trois partis historiques, le SDP de centre gauche, le KESKE de centre droit et le parti de la coalition nationale. Les trois partis ont au moins un siècle d’existence.
En 2023, Sanna Marin est défaite par le parti de la coalition nationale, les conservateurs sont au coude à coude avec le parti d’extrême droite PS. Le SDP et le KESKE sont distancés. Les crises successives du Covid et de la guerre en Ukraine (la Finlande est voisine de la Russie et a déposé sa candidature pour son adhésion à l’OTAN) ont mis à mal les sociaux-démocrates.
Parti des finlandais – PS
Le Parti des finlandais (PS) est fondé en 1995 après la ruine du parti rural de Finlande (parti créé par des agriculteurs spoliés de leurs terres par l’URSS en 45). Le PS est un parti traditionnellement populiste et nationaliste qui s’oppose à l’intégration à l’Europe, contre l’adhésion à l’OTAN, et évidemment contre l’immigration.
En 2015, dans une coalition des droites, le PS participe au pouvoir, rendu crédible par ses précédents scores. Le PS arrive moins bien placé aux élections présidentielles, malgré une croissance constante.
1999 | 1% | 1/200 |
2003 | 1.6% | 3/200 |
2007 | 4% | 5/200 |
2011 | 19% | 39/200 |
2015 | 17,6% | 38/200 |
2019 | 17,5% | 39/200 |
2023 | 20 % | 48/200 |
France
La situation française, on la connaît par cœur, on ne va pas s’éterniser dessus. Pour résumer, La famille Le Pen a longtemps régné sans partage jusqu’au 21 avril 2002, où le père accède au second tour.
Front national/Rassemblement National
Fondé en 1972 sur les ruines du poujadisme par d’anciens collabos, la maison Le Pen est le principal parti d’extrême droite français. La ligne a été pendant longtemps conservatrice sur le plan économique, le tout construit autour du « la France aux français ». Depuis 2018, la ligne du parti se veut plus populaire du point de vue économique et social et table sur la récupération des colères. Le RN subira à la fin des 90’s une scission avec le départ en fanfare de Bruno Mégret. Son MNR ne donnera jamais de résultats tangibles.
Le RN obtient de meilleurs score depuis 2001 aux présidentielle qu’aux législatives. Néanmoins, le parti marque une percé à l’assemblée en 2017, et devient une force conséquente en 2022 avec 88 députés (un chiffre comme ça, ça ne s’invente pas).
1997 | 14.9% | 1/577 |
2002 | 11.3% | 0/577 |
2007 | 4.3% | 0/577 |
2012 | 13.6% | 1/577 |
2017 | 13.2% | 8/577 |
2022 | 18.6% | 88/577 |
Reconquête
Reconquête est créé par Eric Zemmour en 2021 pour se préparer aux présidentielles de l’année suivante. La ligne est identitaire et s’adresse aux classes moyennes supérieures avec un programme ultra-libéral.
Si Rec! fait un score modeste aux présidentielles (7%) et n’obtient aucun siège à l’assemblée, ils bénéficient de deux transfuges qui leur donnent deux sièges au Sénat.
2022 | 3.60% | 0/577 |
Géorgie
Pour comprendre la situation en Géorgie, il faut regarder une carte. Le pays se trouve tout contre la Russie et a déjà vu une partie de ses territoires annexés par cette dernière en 2008. Face à une corruption endémique, le pays se soulève en 2003 dans une révolution des roses, Mikheil Sakaachvili sera alors élu.
La situation est relativement semblable à cette de l’Ukraine (que nous verrons plus bas) : une opposition centre gauche/centre droit, avec en commun une tendance plutôt libérale et europhile. Une faible opposition conservatrice est ce qui se rapproche le plus de l’extrême droite, orthodoxe traditionaliste et pro-russe.
Il existe tout de même des groupes violents d’extrême droite qui s’étaient illustrés en s’en prenant à la pride de Tbilisi en 2018.
Grèce
La Grèce est l’un des rares pays du bloc de l’ouest a avoir été tenu par une junte après la guerre. C’est la dictature des colonels qui dure de 1967 à 1974. Sans surprise, la teneur politique de ce régime est autoritaire et ultra-conservateur.
Un soulèvement populaire et la crise chypriote fait tomber la junte. Le pays redevient une démocratie, et c’est un parti de droite, la nouvelle démocratie qui tiendra le pays en alternance avec le PASOK (le parti socialiste panhéllénique).
La crise de 2008 entraîne d’importantes turbulences dans le paysage politique grec. Les deux partis traditionnels perdent énormément d’influence. Le PASOK ne s’en relèvera pas.
La Nouvelle démocratie en revanche, qui s’est structurée dés 1974 avec des cadres de la dictatures, arrivera dans les années 2010 à proposer un discours conservateur et néolibéral. Son leader Kyriákos Mitsotákis arrive au pouvoir en 2019, et ses méthodes et discours sont contestés et contestables.
Aube dorée
Aube dorée est fondé en 1993. Le parti a une ligne proche du néo-nazisme et ses militants utilisent régulièrement des méthodes ultra-violentes. Son discours met en avant la pureté du sang, et tout le discours racialiste qui s’y adosse.
Le parti est eurosceptique, et cette position lui permet de remporter ses premiers succès dans une crise économique où l’Europe a imposé à la Grèce une politique austère.
Aube Dorée est longtemps un parti marginal. Mais la crise de 2008 lui permet de faire une percée, puis de se maintenir. En 2019, la concurrence de la ND qui a attiré certains de ses cadres renvoie le parti à des scores modestes, mais ses idées gagnent encore du terrain. Un parti minoritaire qui gagne en influence.
1996 | 0,1 |
0 / 300
|
2009 | 0,3 |
0 / 300
|
mai 2012 | 7,0 |
21 / 300
|
juin 2012 | 6,9 |
18 / 300
|
janvier 2015 | 6,3 |
17 / 300
|
septembre 2015 | 7,0 |
18 / 300
|
2019 | 2,9 |
0 / 300
|
Hongrie
La Hongrie est singulière en une chose. Si l’extrême droite est au pouvoir, on la trouve aussi dans la coalition d’opposition, mais également dans l’opposition hors coalition. C’est dire si ce pays est une locomotive en Europe.
Il faut noter que la coalition d’opposition court de la gauche socialiste jusqu’à l’extrême droite et n’arrive même pas à inquiéter le parti d’Orban qui écrase tout depuis 13 ans.
Fidesz
Créé en 1988, le Fidesz est le parti d’Orban et incarne en Europe un certain type d’extrême droite : une ligne national-conservatrice, mélange entre les démocrates chrétiens et l’extrême droite anti-communiste. Paradoxalement, à l’origine le parti était laïque, voir anticlérical, mais change de braquet en 1994.
L’immigration est un thème central du discours d’Orban. Eurosceptique modéré, il sait tirer avantage de l’ambiguïté qu’il entretient entre ses accointances avec Moscou et avec l’UE.
Le Fidesz obtient le pouvoir de 1998 à 2002, puis le tient depuis 2010.
1994 | 7,02 % |
20 / 386
|
---|---|---|
1998 | 28,18 % |
148 / 386
|
2002 | 41,07 % |
164 / 386
|
2006 | 42,03 % |
141 / 386
|
2010 | 52,73 % |
227 / 386
|
2014 | 44,11 % |
133 / 199
|
2018 | 47,89 % |
133 / 199
|
2022 | 52,52 % |
135 / 199
|
Jobbik
Le Jobbik est créé en 2003. Sa ligne est encore plus radicale que le Fidesz, nationalisme obsédé par l’ingérence cosmopolite, racisme anti musulmans et tziganes. Le reste est à l’avenant, avec même une milice paramilitaire, la garde hongroise.
Le Jobbik fait parti de la coalition d’opposition, ce qui paradoxalement lui fait perdre un certain nombre de sièges.
2006 | 2,20 |
0 / 386
|
---|---|---|
2010 | 16,67 |
47 / 386
|
2014 | 20,22 |
23 / 199
|
2018 | 19,06 |
26 / 199
|
2022 | Coalition : 34,4 % |
9 / 199
|
Mouvement notre patrie
Petit dernier dans la famille, le Mi Hazànk est créé en 2018. Il revendique une ligne encore plus à droite que les autres, antisémite, homophobe et pro-russe.
Ce parti d’opposition hors coalition arrive quand même à réaliser près de 6% contre d’autres formations qui officient sur le même terrain.
2022 | 5,88 | 6/199 |
Irlande
On ne peut pas dire qu’il existe à proprement parler d’extrême droite en Irlande. L’histoire politique rend tous les partis à la fois nationalistes et europhiles. La force principale du pays est le Fine Gael, qu’on pourrait comparer à un parti conservateur de centre droit et qui est majoritaire dans le pays depuis près d’un siècle. Il s’oppose au Sinn Féin qui pourrait incarner une gauche au sens large. Les deux pays sont unionistes.
Malgré quelques soubresauts contre l’immigration, aucun parti d’extrême droite n’a fait de scores aux législatives en république d’Irlande ces dernières années.
Italie
L’Italie a une longue histoire avec l’extrême droite. Bien entendu, elle est le berceau du fascisme, mais comme en France, l’Italie d’après guerre abrite une « nouvelle droite » qui prépare un renouveau nationaliste avec notamment Julius Evola.
La grande force historique d’extrême droite est le MSI, fondé au lendemain de la guerre et se revendiquant lui même néo-fasciste. Malgré tout, le parti réalisait des scores modestes, les choses vont changer à partir de 1995.
Nous allons voir ici les mutations des années 2000, les coalitions qui se forment et se défont, et l’arrivée du populiste et attrape tout M5S. Ces dernières décennies ont également été marquées par Casapound, aujourd’hui disparu, mais qui se revendiquait ouvertement néofasciste.
Alliance nationale
En 1995, l’Alliance Nationale est créée pour une raison stratégique, obtenir de meilleurs résultats avec un parti nationaliste moins marqué par le fascisme et ses valeurs racistes, antisémites, etc… L’AN reste tout de même un parti d’extrême droite, il s’agit ici seulement de « dédiaboliser ».
Les plus radicaux créeront le mouvement tricolore dont les résultats seront marginaux (mais le parti existe toujours).
Les résultats ne se font pas attendre, et tout de suite le parti gonfle ses scores.
1994 | 13.5 |
109 / 630 |
1996 | 15.7 |
93 / 630 |
2001 | 12.0 |
99 / 630 |
2006 | 12.3 |
71 / 630 |
Le peuple de la liberté
En 2008, Forza Italia et l’Alliance Nationale (ainsi que quelques partis de droite minoritaires) s’allient dans un nouveau parti, le peuple de la liberté. FI c’est le parti de Silvio Berlusconi, créé en 1994, il affiche une étiquette de centre droit, mais ne rechigne pas à s’allier avec cette extrême droite en quête de dédiabolisation.
Le peuple de la liberté est un parti de droite libérale/conservateur. Berlusconi n’aime pas trop partager le pouvoir et le torchon brûle avec Giovanni Fini, leader de l’AN.
2008 marque le retour au pouvoir de Berlusconi, mais permet l’accession à celui ci pour la première fois pour l’extrême droite depuis la fin du fascisme.
2008 | 37,4 |
276 / 630
|
2013 | 21,6 |
98 / 630
|
Frères d’Italie
Comme l’alliance entre l’alliance nationale et Forza Italia explose en plein vol, le premier parti reprend sa liberté et se recréé sous un nouveau nom, Frères d’Italie. Sa présidente est Georgia Meloni. La ligne reste plus ou moins la même, eurosceptique, raciste, islamophobe, post-fasciste, populiste… un pot pourri de tout ce que l’Europe produit comme extrême droite à ce moment là.
Le parti souffre de la fin de l’alliance avec Berlusconi et se fait laminer aux légilslatives suivantes. Avant de revenir fort en 2022 avec une nouvelle coalition avec la Lega de Salvini… et à nouveau Forza Italia de Berlusconi. Cette fois, Meloni l’emporte et devient donc présidente du conseil des ministres.
2013 | 2,0 |
9 / 630
|
2018 | 4,4 |
32 / 630
|
2022 | 26,00 |
119 / 400
|
A noter cette scission de Fratelli d’Italia, le laborieux et éphémère Futur et liberté pour l’Italie, dissout en 2017.
La Lega
Pour comprendre d’où vient la Lega, il faut comprendre que l’Italie actuelle est la somme de républiques historiques et que les régions du nord et du sud sont très différentes sur plein d’aspects. C’est sur ces différences et l’identité régionaliste des riches régions du nord que naît la ligue du nord, qui deviendra sous l’impulsion de Mattéo Salvini, la Lega.
La ligne politique de la Lega rappelle celle de la ligue du sud en France, identitaire, régionaliste, conservatrice en économie, anti immigration et minorités….
Pour comprendre l’ampleur des résultats électoraux de la Lega, il faut bien voir que ces scores nationaux sont ceux d’une liste régionaliste. Le succès de 2018 tient à l’alliance avec Forza Italia.
1994 | 8,4 |
118 / 630
|
1996 | 10,8 |
59 / 630
|
2001 | 3,9 |
30 / 630
|
2006 | 4,6 |
28 / 630
|
2008 | 8,3 |
60 / 630
|
2013 | 4,1 |
20 / 630
|
2018 | 17,4 |
125 / 630
|
2022 | 8,7 |
66 / 400
|
Le mouvement 5 étoiles – M5S
Les années 2000 marquent l’arrivée dans le champ politique de formations issus de mouvement populaires qui désirent s’inscrire hors des partis, c’est la dynamique des indignés en 2011 qui donnera Podemos en Espagne. En Italie, ce sont des problèmes structurels qui sont à l’origine de ce mouvement. Contre les partis traditionnels de gauche et de droite qui n’ont pas su régler des problèmes d’infrastructures et la corruption, un mouvement se forme autour de Bepe grillo, le mouvement 5 étoiles.
Au début la ligne est progressiste, pour plus de droits des LGBT, pour une répartition plus juste. mais très vite le M5S affiche une ligne anti-immigration et à l’échelle européenne s’allie avec les anglais de UKIP.
Les scores du M5S sont immédiatement élevés ce qui en fait une puissance politique du paysage italien actuel. Cependant, le parti accuse un net recul aux dernières législatives
2013 | 25,6 |
109 / 630
|
2018 | 32,7 |
228 / 630
|
2022 | 15,43 |
52 / 400
|
Islande
Le cas de l’Islande rappelle un peu celui de l’Irlande. Si l’extrême droite ne prolifère pas, c’est que toute la culture politique repose sur un nationalisme construit contre les puissances impérialistes historiques en Europe.
Front national islandais
Juste histoire de dire qu’il existe un parti d’extrême droite en Islande… Le front national islandais est créé en 2016 sur un schéma habituel en Europe, un sentiment eurosceptique après la crise de 2008 et une obsession anti-islam.
Après une percée spectaculaire de 0.2% en 2016, le parti ne présente pas de candidat en 2021
2016 | 0.2 % | 0/63 |
Kosovo
Le Kosovo est un cas à part. Le pays est le dernier à subir une guerre au sein des républiques de l’ex-Yougoslavie. L’ONU place le pays sous sa tutelle en 1998, et le Kosovo déclare son indépendance en 2008. Le problème est que cette indépendance est soutenue par la majeure partie des pays européens (le bloc occidental), mais l’UE ne la reconnaît pas. De l’autre côté, la Serbie s’y oppose fermement, soutenue par la Russie et ses alliés.
Dans ce contexte, le paysage politique adopte une ligne commune, celle de l’auto-détermination, un nationalisme qui ne laisse pas vraiment de place à une extrême droite. Les dernières élections législatives ont été remportées par un parti de gauche/centre gauche, battant un parti de centre droit.
Lettonie
Comme l’Estonie, la Lettonie touche la Russie et a construit son identité post-1991 sur un nationalisme en opposition à son voisin. On retrouve la traditionnelle opposition gauche/droite jusque dans les années 2010. Dans ce contexte, l’extrême droite balaie assez large, entre une ligne protectionniste et des thèmes populistes assez communs dans les pays baltes.
Notons l’apparition d’un parti anti-système nommé Qui possède l’État?, dont la raison d’être est de lutter contre la corruption qui fera un score spectaculaire en 2018 avant de redevenir marginal.
Alliance nationale
L’alliance nationale est la fusion de deux partis qui s’étaient vu refuser, en 2010, la participation à la coalition de centre droit. L’AN est un parti nationaliste, anti-communiste et russophobe. On retrouve également quelques traits révisionnistes à propos de la collaboration, au prisme de la lecture post-soviétique.
Le parti perce dès la première année et stabilise sa position. L’apparition récente de deux autres partis concurrents a fragilisé la position de NA, même si les idées d’extrême droite se répandent.
2010 | 7,8 |
8 / 100
|
2011 | 13,9 |
14 / 100
|
2014 | 16,6 |
17 / 100
|
2018 | 11,0 |
13 / 100
|
2022 | 9,29 |
13 / 100
|
Lettonie d’abord
Le parti Lettonie d’abord est créé en 2021, et affiche une ligne populiste anti-corruption et anti-mesures sanitaires
Le parti bénéficie du report des voix de la liste « Qui possède l’État? » et bénéficie d’emblée d’une certaine sympathie liée à son discours sur les mesures sanitaires.
2022 | 6.24 % | 9/100 |
Pour la stabilité
Pour la stabilité est créé en 2021 et s’illustrent dans l’opposition aux mesures sanitaires. Il s’oppose à absolument tout ce que fait le gouvernement, prône un rapprochement avec la Russie et porte des mesures démagogiques.
Même chose que Lettonie d’abord.
2022 | 6.80 % | 11/100 |
Lituanie
Dernier pays balte, la Lituanie suit le même destin que les deux autres pays, à une spécificité près, son voisin polonais. Cette minorité s’incarne politiquement dans des petits partis très conservateurs. En 2023, il n’y a plus de partis d’extrême droite à la Seimas, mais plusieurs partis de droite conservatrice qui se sont durcis.
Parti Ordre et justice
Le Parti Ordre et justice naît d’une scission d’un parti libéral en 2002. Dés le début de son existence, le parti rencontre des problèmes pour ses relations avec les milieux d’affaire russes. Cependant, dans le paysage de l’extrême droite en Europe, Ordre et justice paraît modéré ce qui lui permet de participer au gouvernement en 2016.
En 2020, le parti explose et ses membres rejoignent des partis libéraux et conservateurs, laissant un paysage politique sans parti d’extrême droite. Un nouveau parti liberté et justice a été fondé en 2020 mais n’a pas encore été confronté à des élections.
2004 | 11% | 10/141 |
2008 | 12.7% | 15/141 |
2012 | 7.4% | 11/141 |
2016 | 5.3% | 8/141 |
Liechtenstein
Parmi les plus petits pays d’Europe, le Liechtenstein est aussi l’un des plus riches. Si on rajoute à ça qu’il s’agit d’un paradis fiscal, ça ne devrait pas vous étonner si on vous dit que c’est un pays à droite avec une politique conservatrice économiquement libérale.
Dans ce contexte, nous allons trouvez un parti un peu plus à droite que les autres qui se construit surtout sur un sentiment eurosceptique, démocrates pour le Liechtenstein qui atteint 11% aux législatives de 2021.
Un parti avec comme seul objet de s’opposer aux mesures sanitaires est créé en 2022, mais reste marginal.
Luxembourg
Le Luxembourg fait parti de ces rares pays d’Europe qui n’a pas vraiment de problème d’extrême droite. Le Mouvement national, seul parti franchement xénophobe est dissout en 1995 après moins de dix ans d’existence et des résultats électoraux très faibles. Malgré tout, on retrouve un parti qui flirte avec ce logiciel.
Parti réformiste d’alternative démocratique
L’ADR est né en 1987 pour demander une revalorisation des retraites. Le parti s’inscrit avec le temps comme un parti anti-système avec une ligne nationaliste et conservatrice.
1999 | 10,4 |
7 / 60
|
2004 | 9,0 |
5 / 60
|
2009 | 8,1 |
4 / 60
|
2013 | 6,6 |
3 / 60
|
2018 | 8,3 |
4 / 60
|
Macédoine du Nord
La Macédoine est structuré autour de tensions entre la majorité macédonienne et la minorité albanaise qui représente un quart de la population. Dans ce contexte, le paysage politique est plutôt traditionnel, une gauche social-démocrate et une droite conservatrice mais europhile. Les albanais de Macédoine ont également leurs partis qui les représentent mais qui rentrent dans un jeu de coalition.
Dans la mesure où la loi interdit les partis qui incitent à la haine, au racisme ou à la guerre, il est difficile pour un parti franchement d’extrême droite d’exister (comme quoi, finalement, c’est facile).
Malte
Malte est habitué à un bipartisme calme avec d’un côté un centre droit europhile opposé à une gauche social-démocrate europhobe. L’île est sur la route entre la Libye et l’Italie et nombre de réfugiés finissent par toucher le sol européen à Malte.
L’accueil des réfugiés est devenu un sujet. Mis à part des milices violentes, l’extrême droite se résume à un parti extrêmement minoritaire.
Mouvement patriotique maltais
Le mouvement patriotique maltais est fondé en 2019 sur un programme anti-système, anti-islam et résolument contre l’immigration. Hormis un discours obsessionnel tourné autour du cosmopolitisme et de la responsabilité de l’Europe dans l’arrivée de réfugiés, il s’agit d’un parti conservateur sur les autres sujets.
Le score très faible du parti le maintient hors du parlement.
2017 | 0.36% | 0 / 65 |
Moldavie
La Moldavie est l’une de ces républiques du bloc de l’est qui a le plus souffert, devenant un des pays les plus pauvres d’Europe. Dés que le pays prend son indépendance, la question de la Transnistrie se repose (la Russie revendique cette région).
Le pays est candidat à son entrée dans l’union européenne depuis 2022, démarche menée par le centre droit europhile du pays. La coalition de gauche, comme en Ukraine, est largement russophile.
L’Alliance pour l’unité des Roumains, parti roumain d’extrême droite (voir Roumanie) a tenté de s’implanter en Moldavie, sans grand succès.
Parti Șor
Șor est fondé en 1998. L’identité de ce nationalisme est avant tout anti-roumain et se tourne vers la Russie. Sa ligne politique est calée sur l’autoritarisme de Poutine.
Le parti Șor finit par percer en 2019 après de longues années de résultats marginaux. La guerre en Ukraine va probablement avoir un impact très fort sur les prochaines élections (2025?).
2001 | 0,44 |
0 / 101
|
2005 | 2,83 |
0 / 101
|
avril 2009 | – | – |
juillet 2009 | – | – |
2010 | 0,10 |
0 / 101
|
2014 | – | – |
2019 | 8,32 |
7 / 101
|
2021 | 5,74 |
6 / 101
|
Nouvelle droite – Noua Dreaptă
Le parti Nouvelle droite est fondé en 2000. Ce parti est anti-communiste, antisémite, homophobe, religieux intégriste et voue une haine profonde aux Rroms. Mais sa spécificité tient dans la ligne opposée au parti Șor en revendiquant un rattachement à la Roumanie.
Le parti ne se montre pas si russophobe que ça, en tout cas pas autant que le rejet de l’UE et de l’OTAN.
2021 | 0,49% | 0/101 |
Monténégro
Le Monténégro est une jeune pays et sa population a choisit par référendum son indépendance en 2006. Les débats dans le pays tournent autour de la question serbe.
Le Front démocratique est une coalition de partis conservateurs qui militent pour un rapprochement avec Belgrade et Moscou. Ces partis s’opposent au parti socialiste qui revendique un nationalisme auto-déterministe. En 2020, le FD culmine à 32% des votes aux législatives.
Norvège
Comme en Finlande ou au Danemark, la Norvège dispose d’une offre politique importante. Le paysage politique est dominé depuis 30 ans par le parti travailliste, de centre gauche. Pourtant, avec le jeu des alliances, il arrive que le bloc bleu (conservateur) l’emporte sur le bloc rouge (de gauche).
Parti du progrès – FrP
Fondé en 1973, le parti du progrès est une formation politique conservatrice et libérale que l’on peut ranger dans la famille des populistes de droite. Il existe déjà un parti conservateur, et le FrP se retrouve à droite de celui ci au Storting (le nom de l’assemblée norvégienne).
Sa ligne politique repose sur une obsession de l’immigration et des questions sécuritaires. Le parti s’est déjà revendiqué climato-sceptique. Enfin, il adopte une position ultra-atlantiste et pro-OTAN.
Depuis les années 90, le FrP est devenu une formation politique qui compte. Le bloc bleu ne peut pas faire sans elle, mais des positions trop radicales effraierait ce même bloc.
1997 | 15,3 |
25 / 165
|
2001 | 14,6 |
26 / 165
|
2005 | 22,1 |
38 / 169
|
2009 | 22,9 |
41 / 169
|
2013 | 16,3 |
29 / 169
|
2017 | 15,2 |
27 / 169
|
2021 | 11,6 |
21 / 169
|
En 2002, une scission du FrP a lieu pour donner les Démocrates de Norvège. Le parti est toujours porté sur les mêmes thèmes, mais moins virulent. Ça ne prend pas. Le parti n’a jamais dépassé 1%.
Pays-Bas
L’histoire de l’extrême droite aux Pays Bas est délicate. L’offre politique est importante, mais jusqu’à l’arrivée de Pim Fortuym, il n’existe pas de parti d’extrême droite à proprement parler.
Le début des années 2000 va être marqué par les assassinats de ce dernier par un militant de gauche et celui de Théo van Gogh par un islamiste en 2004. Ce dernier épisode va d’ailleurs entraîner la parution l’année suivante au Danemark des caricatures de Mahomet, reprises par Charlie Hebdo ce qui nous mène aux attentats de Paris en 2015.
Malgré tout, l’extrême droite n’est pas plus présente qu’ailleurs.
Liste Pim Fortuyn
En 1999, un parti populiste « les Pays Bas vivables » est créé. La tête de liste est un certain Pim Fortuym, mais à peine prend-il la parole, qu’il est exclu pour son islamophobie. Il lance donc en urgence sa propre liste, tout aussi populiste. Il est assassiné quelques jours avant les élections qui sont maintenues.
Le parti fait alors une percée spectaculaire mais n’arrive pas à se maintenir. Le parti est dissout en 2007.
2002 | 17,0 |
26 / 150
|
2003 | 5,6 |
8 / 150
|
2006 | 0,2 |
0 / 150
|
Parti pour la liberté
Le PVV est fondé en 2006 par Geert Wilders qui décide d’une scission avec le parti VvD dont il trouve les positions sur l’immigration trop molles. La ligne du parti est celle d’un parti conservateur avec des ajouts identitaires et islamophobes. Nationaliste et eurosceptique, le parti prône un rattachement des Pays Bas aux Flandres belges et entretient de bons rapports avec le Vlaams Belang.
Le PVV fait tout de suite une percée et réussit à confirmer sa montée en puissance. Malgré tout, la concurrence du FvD montre que les intentions de vote pour cette aile politique est stable.
2006 | 5.98% | 9/150 |
2010 | 15.4% | 24/150 |
2012 | 10.1% | 15/150 |
2017 | 13.1% | 20/150 |
2021 | 10.8% | 17/150 |
Forum pour la démocratie
Le FvD est fondé en 2016 par Thierry Baudet, un député jeune qui se revendique complotiste et pro-Poutine. Son fondateur devra d’ailleurs démissionner de ses fonctions après que des membres du partis aient fait l’apologie du nazisme et tenus des propos antisémites. Moins racoleur sur l’Islam, le parti a en revanche misé sur des positions antivax et climato-sceptiques.
Le parti réclame plus de démocratie, un modèle à la suisse.
Le FvD fait une nette percée aux dernières législatives, mais sa marge de manœuvre semble limité à l’électorat du PVV.
2017 | 1.8% | 2/150 |
2021 | 5% | 8/150 |
Pologne
En 1991, la Pologne est déjà en pleine mutation politique. Le syndicat Solidarnosc a impulsé une dynamique qui va structurer le paysage politique du pays, avec une force non-violente, libérale et catholique, c’est une première à l’époque soviétique. En 2004, le centre gauche social démocrate s’effondre
La Pologne voit son paysage politique nettement partagé entre d’immenses espaces ruraux où les conservateurs dominent, et les villes plus libérales tant sur le plan économique que sociétal. C’est justement là que va percer le PiS.
Parti droit et justice – PiS
Quand le PiS est fondé en 2001, c’est l’alliance d’un parti de centre droit avec ce qu’il reste de Solidarnosc. Mais le parti va tabler sur sa ligne conservatrice, catholique, eurosceptique et anti-immigration pour séduire l’électorat paysan qui est une force conséquente en Pologne. Le parti s’est construit sur une ligne anti-russe et atlantiste.
Une fois arrivée au pouvoir, le parti pratique une politique économique inspirée de la Hongrie d’Orban, en taxant les capitaux étrangers.
Dés 2001 le Pis marque une percée, et accèdera au pouvoir à plusieurs reprises.
2001 | 9,50 |
44 / 460
|
2005 | 26,99 |
155 / 460
|
2007 | 32,11 |
166 / 460
|
2011 | 29,89 |
157 / 460
|
2015 | 37,58 |
235 / 460
|
2019 | 43,59 |
235 / 460
|
Ligue des familles polonaises – LPR
Fondé en 2001, la LPR est un parti d’extrême droite proche des cathos intégristes.
Malgré un départ en fanfare, le parti s’effondre en 2007 et se range derrière le PiS.
2001 | 7,9 |
38 / 460
|
2005 | 8,0 |
34 / 460
|
2007 | 1,3 |
0 / 460
|
Confédération Liberté et Indépendance
La confédération est une alliance ouvertement d’extrême droite et se positionne dés son lancement comme 5ème force du pays.
2019 | 6,8 | 11/460 |
Portugal
Avec le franquisme, le Portugal était l’un des derniers régimes autoritaires d’Europe. En 1974, c’est la révolution des œillets, l' »État nouveau » de Salazar (mort en 1968) est défait. A partir de ce moment là, le pays vit au rythme de l’alternance classique de la seconde moitié du XXème siècle. L’extrême droite n’a aucune représentation parlementaire jusqu’en 2019 où le parti Chega fait une première percée, confirmée aux législatives de 2022.
Chega !
La ligne de Chega (ça suffit !), parti créé en 2019 est proche de celle du RN d’aujourd’hui. Populiste, nationaliste dans un cadre européen, stigmatisant les minorités et plutôt libéral-conservateur sur le plan socio-économique. Son leader, Andre Ventura, est un ancien commentateur sportif (comme Pascal Praud), il est le garant de l’unité d’un parti où règnent les tensions.
2019 | 1,29 % |
1 / 230
|
2022 | 7,38 % |
12 / 230
|
République tchèque
Entre 1991 et les années 2010, la République tchèque vit une alternance entre deux formations, l’ODS conservateur et le ČSSD social-démocrate. Les élections de 2013 vont bousculer cette routine, avec l’apparition d’une formation populiste ANO, plutôt de centre droit qui talonne le ČSSD. En 2017, toutes les cartes sont rebattues, les formations historiques reculent au profit du parti pirate, du SPD d’extrême droite, et surtout de ANO. En 2021, c’est une coalition autour de l’ODS qui remporte les élections, le CSSD est lui largement battu.
Une recomposition où les partis historiques ne survivent que grâce aux coalitions.
Liberté et démocratie directe – SPD
Le SPD est issu d’une scission du parti Aube. Le parti est créé en 2015 dans un contexte d’arrivées massives de réfugiés. Bien entendu, le parti mise sur la lutte contre l’immigration. Le parti a également des revendications autour de la démocratie directe, un modèle inspiré de la Suisse.
Le parti s’impose tout de suite comme une formation moyenne autour de 10%.
2017 | 10,64 |
22 / 200
|
2021 | 9,56 |
20 / 200
|
Parti ouvrier de justice sociale – DS
Ses résultats sont marginaux, mais le DS, créé en 2003 existe toujours et s’est présenté à plusieurs élections. C’est probablement l’une des formations politiques d’extrême droite parmi les plus ancrées dans la violence, plusieurs de ses cadres sont issus de l’organisation néonazie Combat 18.
La ligne politique est à l’avenant, un ultra nationalisme brutal.
Les résultats électoraux de DS n’en font pas une formation qui compte.
2010 | 1,14 |
0 / 200
|
2013 | 0,86 |
0 / 200
|
2017 | 0,20 |
0 / 200
|
Roumanie
La Roumanie post-Ceausescu est dirigée pendant très longtemps par le PSD (Parti social-démocrate). Pourtant en 2020, le pays bascule et une coalition conservatrice déloge le parti du pouvoir.
Le pays fait face à une corruption endémique, ce qui alimente la défiance et le populisme. Mais la spécificité des partis d’extrême droite roumains est l’irrédentisme, c’est à dire à la revendication du rattachement de la Moldavie.
Parti de la grande Roumanie – PRM
Le PRM est le parti d’extrême droite historique en Roumanie. Il a longtemps milité pour un nationalisme et un irrédentisme roumain, avec connotation franchement fasciste, mais se tourne vers une politique plus modérée et conservatrice avec une position pro-union européenne.
Après une percée importante au début des années 2000, le parti s’effondre après son tournant conservateur.
1996 | 4,46 |
19 / 343
|
2000 | 19,48 |
84 / 345
|
2004 | 12,92 |
48 / 332
|
2008 | 3,16 |
0 / 334
|
2012 | 1,25 |
0 / 412
|
2016 | 1,04 |
0 / 329
|
2020 | 0,55 |
0 / 330
|
Alliance pour l’unité des roumains
L’AUR est un parti fondé en 2020 qui récupère le thème de l’irrédentisme roumain. Le parti mise sur les valeurs conservatrices et un programme économique néo libéral. C’est pendant la pandémie que le parti s’illustre avec un discours populiste contre les mesures sanitaires.
L’AUR est soupçonné d’être lié à la Russie.
Les premiers résultats de l’AUR peuvent être considéré comme une percée.
2020 | 9.08% | 33/330 |
Royaume Uni
Le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour favorise un bipartisme quasi rigide. Deux grands partis cohabitent, les conservateurs et le parti travailliste. Dans ce contexte, les partis d’extrême droite ne percent pas, et seul UKIP a réussi à faire entrer un député à la chambre des communes. Ce qui s’explique en parti par le fait que les conservateurs ont un discours populiste (notamment avec Boris Johnson) qui répond aux attentes de l’électorat réactionnaire.
Le pays doit composer également avec l’Écosse, le pays de Galles et l’Irlande du Nord dont les partis sont surtout autonomistes, voir indépendantistes. Ce nationalisme tire plutôt à gauche.
En 2016, les anglais votent par référendum la sortie de l’Union Européenne, c’est le Brexit.
Parti national britannique
Le BNP est un parti fondé en 1982 et a une ligne conforme aux partis d’extrême droite de son époque : suprémaciste, homophobe, protectionniste et sécuritaire.
En 2010, le PNB réalise le meilleur score de son histoire, loin d’être suffisant pour être considéré comme une percée.
1997 | 0,1 |
0 / 659
|
2001 | 0,2 |
0 / 650
|
2005 | 0,7 |
0 / 646
|
2010 | 1,9 |
0 / 650
|
2015 | 0,0 |
0 / 650
|
2017 | 0,0 |
0 / 650
|
2019 | 0,0 |
0 / 650
|
UKIP
Fondé en 1993, UKIP est un parti dont l’obsession est de sortir de l’UE. Le parti est populiste et s’aligne sur les grands thèmes de son époque, en particulier l’islamophobie.
Le parti n’arrivent pas plus à percer que le BNP, excepté aux européennes où il devient la première force politique du pays représentée au parlement européen au moment du Brexit.
1997 | 0,3 |
0 / 659
|
2001 | 1,5 |
0 / 659
|
2005 | 2,2 |
0 / 646
|
2010 | 3,1 |
0 / 650
|
2015 | 12,6 |
1 / 650
|
2017 | 1,8 |
0 / 650
|
2019 | 0,1 |
0 / 650
|
Reform UK
Reform UK est une scission de UKIP. En 2019, Nigel Farage décide de créer son propre parti, en désaccord avec la ligne tenue par UKIP. C’est la naissance du parti du Brexit qui deviendra Reform UK au lendemain de la sortie définitive du Royaume Uni.
La ligne est plus populiste et anti-système, moins centrée sur l’islam que UKIP.
Le parti n’obtient aucun député à la chambre des communes, mais réalise un score spectaculaire pour les dernières élections européennes du pays avec 30% des suffrages.
2019 | 2% | 0 / 650 |
Serbie
Dans l’ancienne Yougoslavie, la Serbie est un cas singulier. Le pays est profondément marqué par les années 90 où son ambition d’une grande Serbie a été contrarié par la volonté d’indépendance des républiques qui la composaient. Slobodan Milosevic est renversé en 2000 par la révolution des bulldozers.
Le pays est tenu par une alternance gauche/droite faite de coalitions. Ce qui va varier des autres pays, c’est la russophilie. La droite conservatrice et le centre progressiste mais aussi le SPS (le parti socialiste, celui de Milosevic et qui tourne autour de 10% des voix) sont plutôt europhiles. Les extrêmes sont russophiles, que ça soit à gauche ou à droite. Mais tout le monde est nationaliste.
On trouve plusieurs partis d’extrême droite, mais le pays compte un grand nombre de groupuscules extrêmement violents.
L’OTAN, qui a bombardé l’armée serbe dans les années 1990, cristallise les tensions, ainsi que la question du Kosovo.
Parti radical serbe – SRS
Le SRS est le plus gros parti d’extrême droite en Serbie, fondé en 1991. Ses membres ont largement contribué à l’épuration ethnique pendant la guerre, et le parti se retrouve minoritaire et à l’écart des coalitions. Il se renforce après la révolution des bulldozers.
Sa ligne est ultra nationaliste, mais avec le temps et l’improbabilité d’un retour en arrière, le parti fait des concessions sur ses revendications de grande Serbie.
Bien entendu, le parti est anti-immigration, anti-tziganes, anti-américain et très russophile.
Passé l’excellent score de 2008, le SRS devient un parti minoritaire qui ne compte plus de députés. En 2016, une coalition des partis d’extrême droite derrière le SRS permet d’emporter 22 députés.
2008 | 29,45 % |
78 / 250
|
---|---|---|
2012 | 4,61 % |
0 / 250
|
2014 | 2,01 % |
0 / 250
|
2016 | 8,10 % |
22 / 250
|
2020 | 2,05 % |
0 / 250
|
2022 | 2,22 % |
0 / 250
|
Parti serbe des gardiens du serment – SSZ
Fondé en 2014, le SSZ est une scission du SRS. Sa ligne est à peu près identique, mais s’affiche un peu plus radicale notamment sur sa volonté de rapprochement avec la Russie.
On ne peut parler de percée franche, malgré tout le SSZ fait entrer 10 députés au parlement en 2022.
2014 | 0,13 |
0 / 250
|
---|---|---|
2016 | 0,73 |
0 / 250
|
2020 | 1,43 |
0 / 250
|
2022 | 3,82 |
10 / 250
|
Mouvement Dveri
Fondé en 1999, le mouvement Dveri est sur la même ligne que les deux précédents. Il a pour spcificité de faire passerelle avec la droite conservatrice.
Le parti arrive à obtenir des députés, sans pour autant percer, la concurrence étant rude.
2012 | 4,33 % | 0 / 250 |
2014 | 3.58 % | 0 / 250 |
2016 | 5 % | 13 / 250 |
2022 | 3.80 % | 10 / 250 |
Slovaquie
Depuis 1991, la Slovaquie est animée par une alternance gauche/droite tout à fait classique.
Parti populaire Notre Slovaquie – ĽSNS
Fondé en 2015, L’SNS est un parti qui s’est construit sur l’idée que la corruption et les ingérences étrangères empêchaient le pays de fonctionner comme il devrait. Évidemment, pour le parti la menace vient des USA, de l’UE, d’Israël et le salut se trouve à Moscou.
Les références du parti sont néo-fascistes, souvent antisémites et ils en ont après les LGBT, les musulmans et les gens du voyage.
Le parti marque une nette percée à partir de 2016.
2010 | 1,33 |
0 / 150
|
2012 | 1,58 |
0 / 150
|
2016 | 8,04 |
14 / 150
|
2020 | 7,97 |
17 / 150
|
Parti national slovaque – SNS
Parti historique de l’extrême droite slovaque, le SNS revendique une hérédité avec les mouvements nationalistes du XIXème siècle, mais il est fondé en 1989.
Le parti affiche une ligne nationaliste, moins populiste que les autres, mais malgré tout réactionnaire.
Après une percé au début des années 2000, le parti n’arrive plus à dépasser les 10%.
1994 | 5,4 |
9 / 150
|
1998 | 9,1 |
14 / 150
|
2002 | 3,3 |
0 / 150
|
2006 | 11,7 |
20 / 150
|
2010 | 5,1 |
9 / 150
|
2012 | 4,6 |
0 / 150
|
2016 | 8,6 |
15 / 150
|
2020 | 3,16 |
0 / 150
|
Nous sommes une famille – Sme Rodinia
Le parti Sme Rodinia, créé en 2015, a tout misé sur l’immigration avec une ligne hyper populiste et des partenaires européens de poids (Marine Le Pen et Mattéo Salvini).
C’est le parti qui fait une nette percée au détriment des autres.
2012 | 0,15 |
0 / 150
|
2016 | 6,63 |
11 / 150
|
2020 | 8,24 |
17 / 150
|
Slovénie
La Slovénie est la dernière république issue de l’ex-Yougoslavie, et de loin la plus stable. Une alternance droite/gauche somme toute classique, malgré un parti de droite qui rogne du côté du populisme hongrois.
Parti démocratique slovène – SDS
Le cas du SDS est singulier. Nous avons ici un parti de droite tout à fait traditionnel, dans sa ligne conservatrice et libérale. Mais l’arrivée d’un nouveau dirigeant Janez Janša qui règne sans partage depuis 1996, va changer petit à petit la ligne du parti. Son leader adopte une ligne populiste et nationaliste et se revendique proche de Viktor Orban. Le SDS remporte les législatives en 2004 et en 2018.
Si ce n’est pas à proprement parler un parti d’extrême droite, son leader Janša a amené son parti à une ligne plus radicale que les partis d’appareil de centre droit ailleurs en Europe.
1996 | 16,13 |
16 / 90
|
2000 | 15,81 |
14 / 90
|
2004 | 29,08 |
29 / 90
|
20008 | 29,26 |
28 / 90
|
2011 | 26,18 |
26 / 90
|
2014 | 20,71 |
21 / 90
|
2018 | 24,92 |
25 / 90
|
2022 | 23,52 |
27 / 90
|
Parti national Slovène – SNS
Le SNS par contre est un authentique parti d’extrême droite. Populiste et nationaliste, il se montre eurosceptique, contre les droits des LGBT et l’adhésion à l’OTAN. En parallèle, son programme économique repose sur une nostalgie du titisme et prône de grandes nationalisations.
Paradoxalement, le SNS est issu d’une culture antifasciste, trouvant ses racines dans l’organisation TIGR, un mouvement qui luttait contre l’occupation italienne de la Slovénie au début du XXème siècle. Le parti se revendique parfois de gauche, parfois « ni de droite ni de gauche », mais se montre très marqué à l’extrême droite.
Malgré une percée à 10% en 1992, le SNS est toujours resté proche des 5% et voit même son score baisser dans les années 2010. On note que les années où le SDS a remporté les élections, les scores de SNS ne sont pas les plus faibles.
1996 | 3,2 |
4 / 90
|
2000 | 4,4 |
4 / 90
|
2004 | 6,3 |
6 / 90
|
2008 | 5,5 |
5 / 90
|
2011 | 1,8 |
0 / 90
|
2014 | 2,2 |
0 / 90
|
2018 | 4,2 |
4 / 90
|
2022 | 1,5 |
0 / 90
|
Suède
La Suède a un paysage politique très classique. Comme les autres pays scandinaves, il y a de nombreux partis politiques qui forment des coalitions au Riksdag (le parlement suédois). Historiquement, les sociaux démocrates sont la première force politique du pays, mais encore une fois le jeu des coalitions peuvent pousser une autre formation aux responsabilités.
L’extrême droite y a longtemps été marginale avec beaucoup de groupuscules violents ou de petites formations comme les pan-scandinaves du mouvement de résistance nordique ou le populiste nouvelle démocratie qui a réussi une incursion au parlement dans les 90’s.
Mais la Suède n’échappe pas à la dynamique de l’extrême droite en Europe, avec un parti qui est arrivé à percer dernièrement.
Démocrates de Suède – SD
Le SD est un parti nationaliste fondé en 1988 par des néo-nazis. Il est à sa création l’un des plus radicaux des pays nordiques. Mais il commence un processus de dédiabolisation en commençant par épurer ses rangs des éléments les plus violents dans les années 90. Puis en 2005, avec une nouvelle génération de dirigeants, le parti commence à réaliser des scores de plus en plus importants.
La ligne du parti est tournée sur le thème de l’immigration et utilise les angoisses de déclassement de la classe moyenne suédoise. D’abord eurosceptique, le parti tient maintenant un discours plus modéré sur l’UE.
Le SD marque une percée en 2006 et verra ses scores au parlement en constante augmentation. En 2022, c’est la seconde formation politique du pays et le parti est enfin accepté par une coalition. Les premiers résultats sont mitigés.
1994 | 0,25 |
0 / 349
|
1998 | 0,37 |
0 / 349
|
2002 | 1,44 |
0 / 349
|
2006 | 2,93 |
0 / 349
|
2010 | 5,70 |
20 / 349
|
2014 | 12,86 |
49 / 349
|
2018 | 17,53 |
62 / 349
|
2022 | 20,54 |
73 / 349
|
Suisse
La Suisse est un cas à part en Europe. De par son histoire, mais aussi son mode de fonctionnement. L’extrême droite existe mais est étouffée par l’UDC, un parti de droite au pouvoir depuis 1999. Cinq partis politiques sont ouvertement d’extrême droite mais n’arrivent pas à percer.
Le système suisse intègre un système de référendum, les initiatives populaires. L’une d’elle, qui avait particulièrement fait parler d’elle en 2009 proposait une loi contre la construction de minarets, et a été largement adoptée.
Union démocratique du centre – UDC
L’UDC est un parti historique créé en 1971 et est depuis une formation de premier plan. Sa ligne est conservatrice mais teintée de xénophobie et de nationalisme. Le parti a proposé plusieurs initiatives populaires contre l’immigration qui est au cœur de leur politique. La ligne est essentiellement conservatrice et construite en opposition au reste du monde.
Le parti réalise de scores importants depuis sa création, et est la première formation du pays depuis 1999.
1995 | 14,9 |
29 / 200
|
1999 | 22,6 |
44 / 200
|
2003 | 26,7 |
55 / 200
|
2007 | 28,9 |
62 / 200
|
2011 | 26,6 |
54 / 200
|
2015 | 29,4 |
65 / 200
|
2019 | 25,6 |
53 / 200
|
Turquie
L’offre politique est pléthorique en Turquie. Le pays est à cheval sur deux continents et est multi-culturel. Depuis Attatürk, la Turquie est un pays laïque, mais c’est l’AKP, un parti islamo-nationaliste qui est passé du centre droit à une droite dure entre 2001 et aujourd’hui. Recep Tayyip Erdoğan, qui mène le pays depuis 2012 (il était premier ministre depuis 2003) accuse les kemalistes du coup d’état de 2016 et se tourne vers le MHP pour obtenir la majorité à l’assemblée.
Parti d’action nationaliste – MHP
Le MHP est fondé en 1969 sur le logiciel du pan-turquisme, une idéologie impérialiste turcophone. Le parti est radicalement anti-communisme et ultra-nationaliste. Il affiche des sympathies pour le (post)fascisme et est adepte du coup de force. Le parti est responsable de plusieurs centaines d’assassinats dans les 70’s, ainsi que des agressions de syndicalistes ou toute personne supposée être de gauche. Le parti est interdit en 1980 après avoir soutenu une tentative de coup d’état militaire.
Il se refonde en 1993, avec une ligne politique islamo-nationaliste et pan-turc, mais avec une pratique moins violente. Sa milice historique, y compris dans la diaspora turque est nommée les loups gris.
Le MHP est la 4ème formation du pays.
1995 | 8,18 |
0 / 550
|
1999 | 17,98 |
129 / 550
|
2002 | 8,35 |
0 / 550
|
2007 | 14,27 |
71 / 550
|
2011 | 13,01 |
53 / 550
|
juin 2015 | 16,29 |
80 / 550
|
novembre 2015 | 11,90 |
40 / 550
|
2018 | 11,10 |
49 / 600
|
Parti de la grande unité – BBP
Quand le MHP reprend son nom en 1993, une scission se fait sur la question religieuse. Le BBP qui adopte la même ligne est juste un peu plus rigoriste sur la question religieuse.
Le parti ne rencontre pas un grand succès et se rapproche de l’AKP dans les années 2010.
2011 | 0,73 |
0 / 550
|
novembre 2015 | 0,53 |
0 / 550
|
2018 | avec l’AKP |
1 / 600
|
Ukraine
La situation politique ukrainienne est aujourd’hui particulièrement délicate. La mafia de Donetsk longtemps au pouvoir a été chassé en 2014 après l’époque Euromaïdan et le début de la guerre au Donbass. Jusqu’à ce moment là, le pays était dirigé par des dirigeants favorables à Moscou, mais à partir de 2014, Kyiv se tourne vers l’ouest et l’Europe.
Les élections de 2019 voient la liste de Volodymir Zelensky arriver en tête sur un programme reposant sur la lutte contre la corruption.
La singularité ukrainienne réside dans le fait que les partis pro-russes étaient les partis de gauche. Lorsque le 22 février 2022, la Russie lance son invasion, plusieurs partis sont interdits et leurs biens saisis (comme le PKU, le parti communiste ukrainien ou le parti socialiste).
Svoboda
Longtemps seul parti d’extrême droite en Ukraine, Svoboda est né en 1991. Homophobe, antisémite, raciste, suprémaciste, on retrouve les canons de l’extrême droite en Europe. En revanche, l’ultra-nationalisme de Svoboda repose sur une profonde haine de la Russie, avant celle pour l’OTAN et l’Europe.
Si ce n’est un succès électoral en 2012, le parti reste modeste. Son implication durant Euromaïdan, puis contre l’influence Russe font que le parti n’a pas été interdit. Il fait ses meilleurs scores dans l’ouest du pays, à la frontière polonaise.
1994 | 0,20% |
0 / 450
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1998 | 0,16 % |
1 / 450
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2006 | 0,36 % |
0 / 450
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2007 | 0,76 % |
0 / 450
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2012 | 10,45 % |
37 / 450
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2014 | 4,71 % |
6 / 450
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2019 | 2,15 % |
1 / 450
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Secteur droit (Pravyï sektor)
Fondé en 2014 suite à Euromaïdan, Secteur droit est la fusion de plusieurs groupuscules ultra-nationalistes. Plus violent et plus radical, le parti n’est pas loin de la ligne de Svoboda.
Ce parti est plus marginal et ses militants s’illustrent surtout par leur violence.
2014 | 2,48 |
1 / 450
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2019 | 0,04 |
0 / 450
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Les élections européennes
Une fois qu’on a fait le tour des partis par pays, il faut voir les affiliations de chacun aux partis européens. Nous retrouvons les grandes familles politiques à gauche et à droite.
Pour avoir des repères, Renaissance, le parti au pouvoir en France est dans le groupe parlementaire européen « Renew », où on retrouve des chrétiens démocrates et des libéraux.
Nos LR sont dans le groupe PPE, majoritaire au parlement européen, aux côtés du SDS slovène, la CDU allemande ou le Forz Italia de Berlusconi. Le Fidesz d’Orban a quitté le PPE en 2021. La couleur de ce groupe parlementaire est assez conservatrice. Tout ce qui est à droite du PPE est l’extrême droite.
De fait, quand dans de nombreux pays, les partis conservateurs intègrent l’extrême droite dans des coalitions, les groupes européens se retrouvent impregnés de thématiques nouvelles.
Les PID et CRE ont le même nombre de sièges au parlement européen (63 chacun). Une union des deux en ferait la troisième force politique d’Europe.
Parti Identité et démocratie – PID
Anciennement ENL, le PID est le parti de l’extrême droite dure, présidée par un membre du Vlaams Belang. C’est le groupe auquel est affilié le RN.
Alliance pour la paix et la liberté
Son président d’honneur est Jean-Marie Le Pen. Le parti est minoritaire et n’a pas de groupe au parlement européen. Il est composé de partis minoritaires, limite groupusculaires. L’Aube dorée a quitté le groupe (et n’est plus affilié).
Parti des conservateurs et réformistes européens
Le plus gros d’entre eux, avec une tonalité globalement conservatrice en apparence. En effet, plusieurs de ces partis sont au pouvoir dans différents pays et se donnent une coloration plus modérée que le néo-fascisme. Néanmoins le CRE est présidé par Georgia Meloni et compte des partis à la ligne très dure comme l’alliance nationale lettone, le PiS polonais, Vox en espagne, le VMRO bulgare ou le HKS croate…
Analyse
Nous venons de voir ce que les extrêmes droites en Europe donnent pays par pays, puis au niveau du parlement européen. Nous allons voir quels enseignements en tirer.
Des tendances générales
Ethno-nationalisme contre nationalisme
Une fois le bloc de l’est démantelé, de nouvelles dynamiques nationalistes se sont imposées. L’irrédentisme s’impose dans plusieurs régions, des blocs s’imposent, et les extrêmes droites revendiquent : la serbe veut recréer la grande Yougoslavie autour de Belgrade, la turque a des visées impérialistes pan-turcs, les roumains veulent une grande Roumanie, les flamands veulent une unité flamande…
Le discours anti-islam trouve de plus en plus le grand remplacement comme référence intellectuelle.
Mais dans cette Europe, le nationalisme est un mot valise. En Espagne par exemple, l’extrême droite se veut unioniste quand les progressistes revendiquent plus d’autonomie régionale. Alors qu’en Irlande, les principaux partis sont nationalistes et unionistes. Tandis qu’en Ukraine, le nationalisme est la voie pour sortir de l’influence Russe.
Le nationalisme n’est pas toujours d’extrême droite, mais l’extrême droite est toujours nationaliste. Mais cette dernière est souvent ethno-nationaliste (à l’image de nos identitaires), avec des valeurs suprémacistes : droit du sang, langue et appartenance ethnique.
Des tendances dans le temps
Les crises boostent les populismes
Les années 2000 n’ont pas apporté les voitures volantes mais ont démarré avec un gigantesque attentat. La menace terroriste va conditionner les années suivantes.
En 2008, la crise des subprimes va avoir des conséquences terribles. La Grèce est à deux doigts de couler, mais pas seulement. Les effets de cette crise vont aussi servir de détonateur en Tunisie, puis dans le monde arabe. La suite, c’est une répression terrible en Syrie et un afflux de réfugiés.
Enfin en 2020, le monde est confiné et les états doivent prendre des décisions très fortes. L’opposition aux mesures sanitaires va galvaniser des partis populistes.
Sans surprises, les extrêmes droites ont exploité les inquiétudes liées à ces crises.
La corruption
Une des grandes dynamiques, particulièrement en Europe de l’est, c’est la dénonciation de la corruption. Nous l’avons vu en Roumanie et en Bulgarie, avec des partis populistes qui se sont nourris des mobilisations populaires. En particulier contre un parti comme le PS en Roumanie qui est inamovible depuis la chute de Caeucescu.
On retrouve ce discours contre la corruption dans beaucoup de ces nouveaux partis attrape tout qui piochent dans les colères à la mode, contre les mesures sanitaires par exemple.
Les grands partis s’effondrent
Les pays d’Europe sont quasiment tous strucurés sur une opposition sociaux démocrates contre réformistes conservateurs. C’est la tendance dominante au parlement européen.
Mais on voit une double dynamique :
- Les grands partis perdent du terrain. Pour des tas de raisons, les grands partis ont une certaine tendance à avoir du mal à se renouveler et à se diviser. Les gauches populaires (Syriza, Podémos) gagnent du terrain, tous comme les écologistes. Pour la droite, la dynamique est similaire, les vieux partis sont concurrencés par les populistes.
- Les partis populistes de droite ont su proposer des discours racoleurs, nouveaux à défaut d’être modernes. Ces partis ont d’ailleurs du mal à durer dans le temps, ne reposant que sur des effets temporaires.
Le grand remplacement et autres fadaises
Les années 2000 ont commencé par un attentat commis par ce qu’il y a de plus radicaux comme islamistes à ce moment là. La décennie suivante est marquée par l’émergence de cette mouvance, un cran au dessus en terme de violence et de persécution avec Daesh. Conjugués avec les guerres américaines et les révolutions arabes (qui ont entraîné une décennie de crimes contre l’humanité dans la Syrie d’Assad avec l’aide de la Russie), ces évènements ont poussé des millions de gens sur les routes.
En 2010, Camus publie sa thèse du grand remplacement. En 2015, l’Allemagne accepte d’accueillir un million de réfugiés, c’est l’affaire du marché de Cologne. Cette même année, l’ONG SOS Méditérranée est créée. La crise des subprimes a frappé l’Europe (la Grèce notamment), mais aussi la Tunisie, par exemple, entraînant une hausse du prix des aliments et au bout, c’est la révolution.
Cette Europe de Pegida s’est nourrie de ces images de milliers de réfugiés (appelés migrants) arrivés à pied pour fuire la guerre, prophétisant un grand remplacement imaginaire et poussant les conservateurs à des mesures plus strictes qui ne facilitent pas l’accueil de ces personnes.
Des tendances dans l’espace
Les extrêmes droites sont aussi l’objet de dynamiques dans l’espace :
- Bloc de l’est
Plus on se rapproche de la Russie, plus les partis d’extrême droite ont une ligne radicale vis à vis de la Russie. Les pays confrontés à l’impérialisme russe sont opposés (Ukraine, Géorgie), les autres fantasment sur la grande Russie. - Balkans
La Serbie concentre les tensions dans les Balkans. Tout le monde est nationaliste, mais ce mot prend une dimension différente selon la république. - Pays baltes
Les partis des trois pays se sont trouvés et ont signé la déclaration de Bauska. Mais la position de certains partis populistes vis à vis de la Russie pourrait faire bouger les lignes. - Scandinavie
Les partis populistes ont gagné du terrain, notamment en tablant sur le thème de l’immigration. Le cordon sanitaire n’est plus si inflexible. - Europe centrale
Les extrêmes droites voient les ingérences étrangères et la corruption comme la menace essentielle. Ils se calent sur le modèle hongrois ou polonais, bien qu’ils ne partagent pas le même avis sur la Russie ou les USA. - Europe de l’ouest
Les partis historiques se retrouvent en concurrence avec les partis populistes qui ont un discours anti-système qui balaie plus large.
L’importance de la Russie
D’un point de vue général, les partis d’extrême droite en Europe se positionnent par rapport aux puissances impérialistes. En règle général, ils proposent une lecture campiste de l’histoire, c’est à dire une version périmée à deux blocs.
Mais les américains ne sont pas les plus agressifs ces dernières années. S’ils ont financé largement toute tentative de déstabilisation du bloc soviétique, c’est la Russie qui a repris le flambeau ces dernières années.
Nous l’avons vu en France avec le prêt accordé par une banque russe au Front National de Marine Le Pen. Mais il semblerait que ça soit des partis à travers toute l’Europe qui ont touché des subsides du Kremlin, à hauteur de 300 millions d’euros. C’est également la logique d’un soft power via les médias Sputnik et Russia Today (interdits en 2022), ainsi que tous les relais de propagande sur le continent.
Le discours de Vladimir Poutine, ainsi que celui d’un Douguine, trouvent écho chez les partis d’extrême droite en Europe.
Mécanisme
La dynamique d’un parti, qu’il soit créé dans les années 1980 ou en 2017 suit le même schéma :
- Fondation du parti
Une fusion, une refondation ou une colère populaire débouchent sur la création d’un parti politique, avec une ambition électorale. - La percée
Le parti finit par percer, que ça soit au bout de 20 ans ou pour sa première élection. Les résultats électoraux permettent un remboursement de la campagne ou une subvention. Le parti a une voix au parlement et peut influer sur la politique du pays. - La stabilisation…. ou pas
À partir de là le parti va se stabiliser et s’inscrire dans la durée. Ce n’est pas définitif, le risque pour un parti populiste qui a capté un électorat volatil est élevé, n’importe quel autre parti populiste peut venir le lui piquer.
Conclusion
Malgré toutes les nuances que nous avons apporté, il faut tout de même rappeler une chose essentielle : l’extrême droite progresse. Tous les partis ne voient pas leurs scores augmenter. Néanmoins, les idées propres à l’extrême droite infusent en Europe. L’offre est plus variée, mais d’un point de vue arithmétique, les idées réactionnaires grignotent à la fois la droite conservatrice et la gauche progressiste.
Nous pouvons observer des spécificités locales. En revanche, celles-ci s’intègrent dans des dynamiques régionales. En fin de compte, à l’échelle du continent, les idées conservatrices et libérales dominent les débats. Malgré tout, la peur de l’avenir et les crises successives sont un carburant pour les nationalismes violents et les populismes.
Pour en savoir plus :
- Les extrêmes droite dans les Balkans – Le courrier des Balkans
Merci à VR pourson aide sur la Belgique.