03 juillet 2022 | Temps de lecture : 16 minutes

3 exemples de narratifs de propagande russe: l’interview trafiquée de Zelensky, le Turkménistan, et les armes en Ukraine

Sa Tsaricité Poutine 1er (16)

Pas de jour, sans que le propagande poutinienne batte son plein tous les jours des inventions en veut tu en voilà. Impossible pour nous de s’attaquer à toutes. Alors nous faisons le tri avec celles que les médias n’ont pas encore décortiquées.
Voici un petit melting pot de certaines. 3 infoxs/propagandes passées un peu sous les radars.

1) Premier exemple de propagande russe : la vraie/fausse interview de Zelensky

Le personnage de Volodymyr Oleksandrovytch Zelensky est un véritable cauchemar pour la propagande russe. Les vidéos montrant le président ukrainien  Zelensky rester pour se battre pour son pays ont galvanisé le soutien populaire pour ce dirigeant jusqu’alors moins connu. Ses phrases du style « Je n’ai pas besoin d’un chauffeur, j’ai besoin de munitions.  » sont de véritables pied de nez à Poutine et ont certainement fait beaucoup pour l’opiniâtreté Ukrainienne. Bref il est un symbole de la résistance ukrainienne et c’est pourquoi la propagande poutinienne s’acharne contre lui.
C’est même l’objectif N°1 de celle-ci.
C’est pourquoi des vidéos/images remontant le passé de comique de Zélensky remontent à tout va pour le ridiculiser, des vidéos/images censées montrer sa duplicité; et plus grave des vidéos/images trafiquées. Comme c’est le cas de celle ci.
Nous avons constaté que beaucoup de comptes twitter/facebook publient une vidéo d’une interview de Zelensky censée montrer que dès 2019, celui ci préparait la guerre contre la Russie. Vieille technique de « l’inversion accusatoire » chère à toutes les extrêmes droites!

Tiens voilà tes 30 roubles

Il faut rappeler que le fait INDISCUTABLE que ce soit la Russie de Poutine qui ait agressé l’Ukraine sans sommation, sans déclaration de guerre, par surprise (et contrairement à ce qu’assurait Poutine) et au mépris de tous les engagements internationaux de la Russie est une grosse épine dans le pied du Kremlin.
Alors la technique est simple et rodée: renverser les faits pour montrer que l’agresseur est en fait l’Ukraine/l’occident/l’OTAN. Et toute la propagande russe poutinienne tourne indéfiniment autour de ce sujet, que ce soit:

Et ainsi de suite.
L’infox qui nous intéresse aujourd’hui concerne une interview de Zelensky à un média télé Ukrainien « Espreso TV » en 2019. Voici la traduction sous titrée qui circule:

Et effectivement cette vidéo existe bel et bien, mais elle n’est pas sous titrée:

Or il y a quelque chose qui nous a chiffonné. En effet Zelensky a été élu sur des promesses de règlement diplomatique du conflit avec la Russie et il a réussi à séduire les électeurs russophones du sud est de l’Ukraine. Qu’il connait bien, puisqu’il est né à Kryvyï Rih, une ville minière non loin de Zaporijjia. Bien sûr, ca n’est pas une preuve en soi et Zelensky aurait pu être élu sur un programe et allègrement le trahir. Sauf que cela nous a semblé bizarre.
Nous avons donc demandé une traduction à des contacts ukrainophone et le verdict est tombé. La traduction est fausse, complètement fausse et dit même l’inverse de ce que dit en réalité Zelensky.
Voici la traduction partielle:

En réponse à la question du journaliste sur la raison pour laquelle l’Ukraine n’enregistre pas légalement les actions militaires comme une agression russe et parle constamment d' »actions militaires ». Zelensky affirme qu’avec cette question, le journaliste lui offre en tant que président de l’Ukraine sa propre solution aux problèmes , ce qui change la stratégie politique avec laquelle il travaille en tant que président.

De plus, l’affirmation de Zelensky est :

« Je viens en tant que président de la paix. Le public n’a pas voté pour un président qui viendra dire que… ».

Puis viennent les sous titres postés sur la vidéo originelle.

Ensuite Zelensky précise:

« En tant que président, je ne suis pas prêt à tuer/exécuter notre peuple. C’est pourquoi la voie diplomatique a été choisie. »

Ensuite, Zelensky parle des problèmes internes de l’Ukraine, qui ne sont pas résolus par des méthodes militaires. Enfin, Zelensky précise à nouveau:

« Je ne suis pas prêt à tuer des gens. Si on parle de territoires et de gens, les gens sont la première priorité ».

Conclusion?

La traduction est totalement bidon. Zelensky se positionne contre l’option militaire…
D’où vient cette vidéo trafiquée?
D’après nos recherches elle proviendrait de ce compte telegram:
Un troll pro poutine

Un compte hystériquement pro poutine qui relaie toutes les #FakeNews possible concernant la guerre Russo Ukrainienne. Peut-être un troll de fermes russes. Mais qui est en lien avec la fachosphère française, puisque par exemple il relaie l’infox sur les canons Caesars soit disant capturés et que nous avons démonté il y a quelques jours. En lien avec Régis de Castelnau donc.

Salade de Caesars

Il semble qu’ensuite cet infox soit passé par un compte youtube, puis facebook/twitter d’un complotiste francophone québécois « L’Aile à Stick » et qui a probablement aussi fait la traduction des sous titres:

Viralité conspirationniste

Antivax, Qanon, relayant la quasi totalité des infoxs existants. Un modèle du genre qui semble avoir quelque réputation dans le milieu conspirationniste. Présent bien sûr sur Vk, Odysee, Bitchute, Crowdbunker et même « Gab », le réseau social des nazis qui ont le swag!

Puis il finit relayé par des comptes de quinzième catégorie qui finirons d’augmenter sa diffusion:

Interview Zelensky EspresoTV

Petit détail, on remarque un petit logo en haut à droite de la vidéo après que celle-ci soit passée par « aile à stick ». Est ce lui qui l’a ajouté? Est elle passée par d’autres mains? Impossible de le savoir.

Et voici le deuxième.

2) Second exemple de propagande russe : le Turkménistan

Comme nous le disions plus haut, la propagande poutinienne a plusieurs « sujets » à faire passer et la totalité des infoxs peut se classer sous 4 ou 5 items différents. Celle-ci relève de « l’isolement » de la Russie. La propagande a à cœur de montrer que non la totalité du monde ne suit pas l’occident dans cette affaire, ce qui est vrai. Mais pour parvenir elle emploie souvent des moyens caricaturaux.
Exemple avec ce qui n’est ni tout à fait une véritable intox, une rumeur; il s’agit « juste » de vielles ficelles de propagande qui vont passer allègrement sur des « détails » absolument fondamentaux.
Le nouveau président du Turkménistan, Serdar Berdymoukhammedov, s’est rendu au Kremlin le 10 juin dernier pour rencontrer son homologue russe, Vladimir Poutine. Et alors? Nous direz vous? Et bien la rencontre a été l’occasion pour les trolls russes d’une assez incroyable propagande, celle-ci insistant sur un point négligeable de leur rencontre: leur proximité physique. Puis sur « l’importance stratégique » de la rencontre.

 

Sauf que…
Ils oublient  de montrer ces photos là:

Avec le ministre de la Défense, Sergueï Choïgou, et son chef d’état-major, Valéri Guérassimov

 

Poutine et son conseil de sécurité

Bref rien à voir avec de la « proximité » ou pas. C’est de la pure propagande, des images qui veulent signifier quelque chose au monde.

  • De bons rapports?

En effet, les posts qui insistent sur l’importance des bons rapports Russie/Turkménistan. Or rien n’est moins vrai. Les relations de ces pays sont pour le moins compliquées en raison de l’importante production de gaz turkmène. Et pas qu’avec ce pays mais aussi avec toutes les républiques centrasiatiques. Les restes de la dictature soviétique n’ont pas été oubliées.
Et d’ailleurs AUCUN de ces pays n’a pris partie pour la Russie (sans la désapprouver bien sûr). Pire:

les chancelleries d’Asie centrale ont toutes refusé de suivre Moscou dans sa reconnaissance, aux dépens de la souveraineté territoriale de l’Ukraine, de l’indépendance des deux républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk.

Autant dire qu’on est loin du beau fixe. Et on comprend mieux en ces temps difficiles pour la Russie de recherches d’alliance.

  • Et le Turkménistan dans tout ca?

Oui si Poutine cherche à ce point leur alliance, ce n’est pas que pour le gaz quand même? Ce pays doit avoir de hautes aspiration, une société sans tâche, une nation et un gouvernement intègres?
Et bien comment dire…
Le Turkménistan est une dictature. Une des pires de ce monde et des plus grotesques. Une caricature de chimère entre l’Albanie d’Enver Hoxha,

la Corée du Nord De Kim Jun Un

et la Roumanie de Ceaucescu.

 

Pour avoir une petite idée du « folklore local » on vous conseille cette petite vidéo:

La situation des droits de l’homme au Turkménistan est désastreuse. Le Turkménistan est l’un des pays les plus isolationnistes de la planète avec un culte de la personnalité très important, une absence totale de pluralité politique, de liberté de la presse ou encore de liberté religieuse. 178e au classement de Reporters sans frontières, le Turkménistan figure parmi les « trous noirs de l’information de la planète » et son président est classé parmi les « prédateurs de la liberté de la presse ». L’accès à internet fait l’objet d’une surveillance et le régime a mené une politique pour supprimer les antennes satellitaires et bloquer l’accès aux chaines étrangères. La torture reste courante dans le pays, peu d’informations existent sur le sort des prisonniers et des prisonniers politiques, qui meurent régulièrement en prison dans des circonstances troublantes.

En 2017, le Turkménistan occupe la 154e place sur une échelle de corruption de 176 pays testés par Transparency International. Pour l’ONG Human Rights Watch, « le Turkménistan reste l’un des pays les plus répressifs au monde, qui affiche un bilan désastreux sur les droits de l’homme ».
Un pays gai où l’on a de suite envie de vivre non?

3) Troisième exemple de propagande russe : les livraisons d’armes en Ukraine

Un des gros points noir pour la propagande poutinienne reste la livraison d’armes de l’occident vers l’Ukraine. Un des objectifs de cette propagande est donc de limiter au maximum (voire de renverser) le soutien des populations à l’Ukraine, afin que cette même population limite l’exportation d’armes.
Et pour cela, tout est bon.

  • Le fonctionnement de la propagande russe

C’est pourquoi, il y a quelques semaines, nous avons pu voir fleurir une campagne bien organisée sur le thème: les armes livrées à l’Ukraine seront revendues:

  • Au marché noir
  • Aux mafias européennes
  • Des criminels
  • Aux trafiquants de banlieues
  • A Daesh

On notera que certaines sources sont de gros poissons de la désinformation internationale comme « Réseau International » de Thierry Meyssan.
Certains parlent de leur source, mais attention, pas directement, passant par un proxy de la fachosphère qui aurait « analysé » la source principale: Interpol.
Et oui attention Interpol lui même.
En fait il s’agissait d’une conférence de presse du secrétaire général d’Interpol Jürgen Stock devant des journalistes de l’AAPA (The Anglo-American Press Association of Paris) ayant eu lieu le 11 juin de cette année tel que relaté sur leur site:

Une vague d’armes illégales en Europe et au-delà de la guerre entre l’Ukraine et la Russie se profile, a déclaré le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock, aux membres de l’AAPA le 1er juin. « C’est inévitable », a déclaré Stock, ajoutant que la grande disponibilité des armes « entraînera une prolifération des armes dans la phase post-conflit, renforçant les groupes criminels organisés dans la région ». L’Union européenne et la Scandinavie seront probablement des marchés de choix pour les armes illégales, a-t-il dit, et pas seulement les armes légères. Les criminels organisés ont déjà des plans sur les masses d’armes de qualité militaire qui arriveront certainement sur le marché noir, exhortant les pays à accéder à la base de données d’Interpol sur les armes manquantes. « Aucun pays ne peut y faire face isolément », a-t-il poursuivi.
Lors de la réunion qui a été aimablement organisée par Bloomberg, M. Stock a passé en revue les problèmes de lutte contre la criminalité auxquels les gouvernements membres d’Interpol sont confrontés aujourd’hui. Il a répondu aux questions sur la gouvernance de l’organisation basée à Lyon, soulignant qu’Interpol est strictement neutre, ne peut pas être utilisé comme un outil politique et son rôle est de partager des informations entre ses membres. Il a évoqué les efforts visant à lutter contre la cybercriminalité, notant que les criminels sont prompts à profiter de situations particulières pour gagner de l’argent illégalement. Il a noté que les groupes criminels organisés aux poches profondes ont profité de la pandémie de covid en finançant des petites et moyennes entreprises en difficulté et ont exploité des secteurs tels que l’agroalimentaire, les produits médicaux, les transports et l’élimination des déchets.

Qu’en tire « Réseau International »? Il répète mot pour mot un autre article tiré de « l’Observateur Continental ». Cet observateur se présente comme suit:

L’Observateur Continental

Assez innocent non? Oui sauf que voilà ce qu’en dit « Conspiracy Watch« :

Observateur Continental (observateurcontinental.fr) est un site de désinformation affilié à la Russie et géré anonymement.

Le responsable technique du site est une société russe basée à Moscou, Inforos, une organisation de façade notoirement dirigée par une unité du GRU, le renseignement militaire russe.

Le site se présente comme « un portail internet d’information indépendant et à but non lucratif  lancé en avril 2019 » ayant « pour objectif principal de fournir à ses lecteurs francophones les informations pertinentes sur les activités de l’OCS (Organisation de coopération de Shanghai), du groupe des BRICS (union politique et économique de 5 pays : Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) et du grand partenariat eurasien entre l’Union économique eurasiatique (UEEA) et d’autres pays, dont l’Inde, l’Iran, le Pakistan et les pays membres de la CEI et même de l’UE. »

En juin 2020, un rapport de l’ONG bruxelloise EU Disinfo Lab a montré qu’Observateur Continental diffusait des contenus conspirationnistes distillés au sein d’une myriade d’articles « s’alignant sur le narratif poussé par le Kremlin sur plusieurs dossiers internationaux » selon le site d’actualité Next Inpact. Le rapport révélait ainsi que le site faisait partie « de la stratégie de désinformation russe en France ».

Un site peu connu en France, mais régulièrement republié par … Réseau International et les « Moutons Enragés »… On sait donc à quoi s’en tenir…
Voila ce que « Réseau » affirme de la conférence de Jürgen Stock (nous avons surligné en rouge les ajouts « fantaisistes » de L’Observateur/Réseau:

Le conflit en Ukraine alimente le marché noir des armes de guerre. Des responsables d’Interpol ont mis en garde les autorités internationales de cette évolution. Les États-Unis, ayant décidé d’envoyer en masse des armes de guerre avec d’autres pays occidentaux à Kiev, l’Ukraine est devenue une plaque tournante du business des armes grâce aux réseaux criminels. Ces armes de guerre sont déjà en train d’alimenter diverses organisations criminelles à travers l’Europe et le monde.

Certaines de ces armes se retrouvent entre les mains d’autres armées et milices que les États-Unis n’avaient pas l’intention d’armer sans oublier les bandes se trouvant en France ou dans d’autres pays de l’UE alors que la France est déjà dans une situation très délicate en raison de la crise actuelle et de la partition du pays dans lequel une guerre civile couve.

Les armes de guerre destinées à l’Ukraine alimentent les pays européens. Interpol redoute cette évolution et s’inquiète de voir les armes envoyées en Ukraine pour participer à l’effort de guerre terminer à termes entre les mains de criminels. « La grande disponibilité d’armes pendant le conflit actuel entraînera la prolifération d’armes illicites dans la phase post-conflit », a déclaré, selon TF1, Jürgen Stock, le secrétaire général d’Interpol devant l’Association de la presse anglo-américaine à Paris, rajoutant : « Les criminels sont déjà en train, en ce moment même, de se concentrer sur cela ».

Le média français rapporte qu’il voit dans l’Union européenne « une destination probable pour ces armes, car les prix de ces armes à feu sur le marché noir sont nettement plus élevés en Europe, notamment dans les pays scandinaves ». « Même les armes qui sont utilisées par les militaires, les armes lourdes, seront disponibles sur le marché criminel », « les criminels dont je parle opèrent au niveau mondial, donc ces armes seront échangées à travers les continents », a averti Jürgen Stock .

Nous avons sous-estimé le danger. La chef d’Interpol, Catherine De Bolle, est allée encore plus loin quelques jours avant en avertissant que les pays européens risquent de connaître « des niveaux de violence dans les rues européennes comme nous n’en avons jamais vus auparavant ». Dans un entretien à Die Welt, Catherine De Bolle a déclaré vouloir empêcher que des armes en provenance d’Ukraine ne soient distribuées à travers l’Europe par des gangs criminels après la guerre [en Ukraine] car pendant longtemps, les autorités ont sous-estimé le pouvoir du crime organisé. Elle annonce que « nous avons sous-estimé le danger » en précisant que son organisation a intercepté des communications en France, notamment : « L’enquête a commencé en France et aux Pays-Bas. Nous avons aidé à accéder aux communications. Cela nous a donné un aperçu complètement nouveau de la façon dont le crime organisé met en danger la sécurité en Europe, l’État de droit et la démocratie ».

Jurgen Stock, a insisté sur la nécessité de créer des bases de données, retraçant le sort de chaque fusil ou missile envoyé en Ukraine. La situation actuelle va renforcer la position des groupes criminels organisés qui se mondialisent de plus en plus. De son côté Catherine De Bolle a tenu à spécifier : « Un jour la guerre finira et nous voulons empêcher la situation qui s’est développée, il y a 30 ans pendant la guerre des Balkans ». Selon elle, « les armes de cette guerre sont encore utilisées par des criminels ».

CNN faisait savoir en avril dernier que les États-Unis ne savent pas vraiment ce que deviennent les armes envoyées en Ukraine. Le média américain précise que « c’est un risque conscient que l’administration Biden est prête à prendre ». Un haut responsable de la défense [des États-Unis] a déclaré qu’il s’agissait « certainement de l’approvisionnement récent le plus important d’un pays partenaire dans un conflit », mais « le risque, selon les responsables américains actuels et les analystes de la défense, est qu’à long terme, certaines de ces armes se retrouvent entre les mains d’autres armées et milices que les États-Unis n’avaient pas l’intention d’armer ».

CNN avertissait déjà qu’ avec la guerre en Afghanistan « inévitablement, certaines armes se sont retrouvées sur le marché noir, notamment les missiles anti-aériens Stinger, du même type que les États-Unis fournissent actuellement à l’Ukraine ». Les États-Unis se sont précipités pour récupérer les Stinger après la guerre soviétique en Afghanistan, mais ils n’ont pas réussi à tous les trouver. Lorsque les États-Unis ont, eux-mêmes, envahi l’Afghanistan en 2001, certains responsables ont craint qu’ils ne soient utilisés par les talibans contre les États-Unis.

Le problème n’est pas propre à l’Afghanistan. Des armes vendues à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU) se sont retrouvées entre les mains de combattants liés à Al-Qaïda et à l’Iran. Le risque qu’un scénario similaire se produise en Ukraine existe également, a reconnu le responsable de la défense. « Déjà en 2020, l’inspecteur général du ministère de la Défense des États-Unis a publié un rapport faisant part de ses inquiétudes quant à la surveillance de l’utilisation finale des armes envoyées en Ukraine », rapporte CNN. Mais, étant donné les besoins à court terme presque insatiables des forces ukrainiennes en plus d’armes et de munitions, le risque à long terme que des armes se retrouvent sur le marché noir ou entre de mauvaises mains a été jugé acceptable, a déclaré le responsable.

Ces armes peuvent ainsi être utilisées, par exemple, par ceux en France qui se préparent à la guerre civile. Henri Guaino, suite aux événements du Stade de France avertissait : « La guerre civile peut nous arriver ».

  • Narratif conspirationniste

On voit très bien où ces deux organismes de propagande veulent arriver:
-Seules les armes envoyées en Ukraine sont concernées
-Seule l’Ukraine est concernée (mais pas la Russie)
-L’occident (en particulier la France) sont au bord de la guerre civile
-Si vous armez l’Ukraine ces armes finirons dans les mains de ceux qui veulent la guerre civile

Et tout ceci est du bobard flagrant.
Tout d’abord Stock dit bien que ce risque de prolifération des armes n’arrivera que post guerre. Nulle part il ne dit que seule l’Ukraine est concernée. Car la Russie l’est aussi! Contrairement à ce qu’affirment nos hoaxeurs c’est la Russie qui est la plaque tournante mondiale du trafic d’armes!
Bien entendu, cela n’enlève nullement les légitimes inquiétudes d’Interpol sur cette expansion du trafic d’armes post guerre russo ukrainienne , et d’ailleurs Stock propose d’ors et déjà de prendre des contre mesures pour lutter contre ce fléau. Phénomène déjà bien connu lors de l’éclatement de l’URSS.
Mais nos hoaxeurs s’en moquent bien, ce n’est pas ca qui les intéressent mais la propagande qu’ils vont pouvoir en retirer…
D’ailleurs ce qu’ils oublient de relater c’est que si trafic il y a, les premiers effets se sont fait sentir…en Russie:

Il existe pour l’instant peu de traces de détournements en Ukraine. A la mi-mai, des témoignages ont évoqué l’explosion d’une voiture civile (en russe) en banlieue de Moscou, avec deux missiles suédois antichar à son bord. Le propriétaire du véhicule a été placé en détention provisoire, selon l’agence russe Tass (en russe), précisant que cet homme de 52 ans revenait d’une mission humanitaire dans le Donbass. Cet épisode isolé suggère déjà des flux irréguliers.

Reste que les Russes « parviennent à mettre la main sur du matériel occidental », embraye Stéphane Audrand. Il dresse une hypothèse : « Ils le retourneront contre leurs adversaires et il alimentera des réseaux criminels russes, de manière sporadique. » L’expert envisage également la possibilité de retrouver certaines de ces armes saisies par les Russes « dans des réseaux terroristes et jihadistes pour ensuite accuser les Occidentaux d’alimenter les réseaux criminels ».

  • Les ventes d’armes Ukrainiennes sur le DarkNet

Enfin pour conclure sur ce sujet, et notre article par la même occasion, jetons un coup d’œil aux « petites annonces » de ces fameuses armes. En effet nos hoaxeurs auraient trouvé profusion de ces annonces sur le « Dark Net » pour prouver leurs dires:

Plusieurs marchés en lignes illégaux proposent déjà des armes à feu militaires. Selon les vendeurs, ces armes ont été envoyées à l’Ukraine par les pays occidentaux dans le but de résister à l’invasion russe.

Sur  l’un d’entre eux, on retrouve un total de 9 offres liées à l’Ukraine proposées par trois vendeurs. Le premier est surnommé « Weapons Ukraine » et vend des fusils, des grenades et des gilets pare-balles pour un prix situé entre 1100 et 3600 dollars. Il propose des livraisons sur tout le territoire ukrainien.

Selon les statistiques affichées publiquement sur la plateforme, 32 internautes ont déjà effectué un achat auprès de ce vendeur. Toutefois, aucun n’a laissé d’avis pour le moment.

Le second vendeur de ce site est surnommé « Big Discounts on Weapons » et propose un système de missile antichar Javelin ATGM fabriqué aux États-Unis pour la somme de 30 000 dollars. Ce marchand serait basé à Kyiv.

On retrouve également des armes fournies à l’Ukraine par les pays de l’OTAN sur le marché « Black Market Guns ». Des missiles antichars NLAW sont proposés pour 15 000 dollars, et le drone américain Switchblade 600 Kamikaze est disponible pour 7000 dollars.

dark web switchblade drone

D’une manière que l’on ignore, ces armes auraient été mises à l’écart des stocks fournis par l’Occident. À présent, elles sont mises à disposition des terroristes et autres criminels qui vont pouvoir s’acheter des lance-roquettes et des armes de guerre…

Si les offres semblent authentiques et affichent des prix réalistes, il est possible qu’il s’agisse de fausses annonces. Selon la startup de cyberespionnage KELA, elles auraient été créées par des Russes à des fins de propagande.

Les experts de KELA ont examiné plusieurs offres d’armes à feu supposément publiées par des Ukrainiens sur plusieurs marchés du Dark Web. Certaines de ces plateformes étant spécialisées dans le trafic d’armes. KELA a partagé son enquête avec « BleepingComputer » et leur avis est assez catégorique:

KELA a confirmé que bon nombre de ces listes sont publiées sur les chaînes Telegram pro-russes et même sur les médias russes peu de temps après leur publication sur les marchés du darknet.

Dans certains cas, les affirmations faites sur ces canaux sont que les armes sont passées en contrebande à travers la Moldavie par des camions transportant des cargaisons « classifiées », ce qui implique que l’État ukrainien a connaissance de l’affaire.

La chaîne pro-russe Telegram diffuse des informations sur les ventes de fusils
La chaîne russe Telegram diffuse des informations sur les ventes de fusils

Cependant, la publication coordonnée sur plusieurs plateformes augmente la probabilité que cela fasse partie d’une campagne de désinformation visant à présenter les Ukrainiens comme contraires à l’éthique et indignes de confiance.

Enfin, il y a toujours la possibilité que ces listes soient ajoutées par des escrocs voulant profiter de la situation et faire un profit à partir de rien.

Si tel est le cas, les médias pro-russes pourraient simplement les récupérer, en supposant qu’ils sont réels, ou les utiliser pour promouvoir leur récit.

À ce stade, l’authenticité des listes d’armes ukrainiennes sur le dark web ne peut pas être vérifiée, mais à en juger par les informations disponibles et les indices qui les accompagnent, la plupart semblent être faux.

La publication coordonnée de ces annonces sur de multiples plateformes est très suspecte. Tout porte à croire qu’il s’agit d’une vaste campagne de désinformation visant à discréditer les Ukrainiens aux yeux des Occidentaux.

En outre, ces offres peuvent avoir été publiées par de vulgaires escrocs cherchant à tirer profit de la situation géopolitique en montant des arnaques crédibles. Les médias russes pourraient tout simplement exploiter ces fausses annonces pour servir leur narratif.

A suivre donc!

CONCLUSION:

Nous avons effleuré par 3 exemples successifs les types de campagne de propagande qui pouvaient être montées par les services de propagande russe jusqu’au gogo de consommateurs fanatiques de Poutine.
Et malheureusement au vu de la longueur de la guerre russo Ukrainienne qui ne prévoit pas de stopper prochainement, nous y reviendrons nécessairement.

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